La céramique de Cajamarquilla-Niveria - article ; n°1 ; vol.14, pg 107-118
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1922 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 107-118
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raoul d'Harcourt
La céramique de Cajamarquilla-Niveria
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 14-15, 1922. pp. 107-118.
Citer ce document / Cite this document :
d'Harcourt Raoul. La céramique de Cajamarquilla-Niveria. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 14-15, 1922. pp.
107-118.
doi : 10.3406/jsa.1922.3910
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1922_num_14_1_3910LA CÉRAMIQUE
DE
CAJAMARQUILLA-NIVERIA,
par Raoul d'HARCOURT.
(Planches'I-VII.)
Les styles dans la céramique de la Costa péruvienne sont par leur
diversité un sujet d'étonnement pour ceux qui les étudient. Quoique pos
sédant des traits communs, un véritable air de famille, chacun d'eux
garde des caractères bien distincts, des particularités très nettes.
Il semble que les Yunka, les « habitants des vallées chaudes », comme
les appelaient les Quechua, aient concentré leur imagination créatrice
sur les poteries funéraires et qu'entre tribus, entre pueblos, ils aient tenu
à se bien distinguer les uns des autres par la facture, la couleur ou la
décoration des vases qui sortaient des mains de leurs céramistes. Les
manifestations artistiques des peuples côtiers, il est vrai, ne nous sont
surtout connues aujourd'hui que par les poteries et les tissus ; trop rares
sont les sculptures sur pierre et les fresques peintes que l'on pourrait
mettre en parallèle.
Cette diversité dans la céramique a amené souvent une confusion chez
ceux qui cherchaient à l'expliquer ; on a cru voir les signes d'époques
reculées là où il n'y avait que procédés d'école, marques d'atelier. On
ne pouvait croire qu'entre des agglomérations voisines qu'aucun obstacle
ne séparait, l'esprit d'imitation n'ait pas entraîné une uniformisation plus
grande, ou tout au moins une pénétration, un mélange plus intime des
caractères. Sur l'ancienneté des vases de Nazca, que n'avait-on pas dit,
lorsqu'ils furent découverts, il y a une vingtaine d'années ? Il a fallu la
rencontre de formes incasiques réelles; telles que l'aryballe ou l'assiette
pédonculée, de dessins géométriques familiers aux Quechua du temps de
l'empire, pour ouvrir les yeux et montrer que si l'art des Ica et des Nazca
pouvait remonter loin dans le passé, il s'était conservé bien vivant jus
qu'à une époque voisine de la conquête. 108 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
A quoi attribuer cette conservation des styles, ce besoin d'unité au
sein du groupement et de distinction à l'égard des voisins? Il y a sans
doute là une conséquence des conditions de vie sur la Costa et peut-être
un but religieux, une idée rituelle où la référence au totem générateur
de la tribu apparaît souvent. Bien des manifestations s'y rapportaient : la
forme des vêtements, des coiffures, les insignes, les ornements des armes,
les genres de danses même. Les Chroniques nous font le récit des fêtes
auxquelles l'Inca, chaque année, conviait certains éléments des peuples
qui reconnaissaient sa souveraineté. Dans ces réjouissances, chacun tenait
à honneur de se distinguer des autres par ses déguisements, ses prouesses
chorégraphiques ou ses chants. Peut-être cette pensée de singularisation
s'est-elle fait sentir jusque dans la céramique funéraire.
Les conditions de vie durent également contribuer dans une large
mesure à la persistance des caractères. La Costa n'est qu'un étroit et
plat ruban de terrain resserré entre les premières Andes et le Pacifique ;
aucun obstacle, semble-t-il, n'empêchait les tribus de communiquer entre
elles. Pourtant qu'on se représente cette côte : lorsque du bateau, elle se déroule"
sous les yeux, on ne voit qu'une bande de sable jaune aux pieds
des monts ; à peine si de loin en loin apparaissent des taches vert de
gris, oasis de ce long désert qui sont les aboutissements à la mer des
vallées fertiles arrosées par les torrents andins. Or la vie chez les Yunka
sédentaires- et agricoles, bien que belliqueux, était concentrée autour
des points d'eau. Et l'on constate, — ce qui à. première vue peut paraître
étonnant, — que les relations entre tribus s'établirent plutôt de l'Est à
l'Ouest que du Nord au Sud. Les montagnes, loin d'avoir été une bar
rière pour les peuples indigènes, ont offert le fond de leurs quebradas
comme routes naturelles aux migrations et aux échanges. Citons ici,
sans sortir de notre sujet, la diffusion du style de Tiahuanaco et celle de
la figuration dans la céramique des rites cruels relatifs aux têtes cou
pées et aux trophées dont elles faisaient l'objet ; on les suit des régions
chaudes de l'Equateur au callejon de Huaylas et plus au sud jusqu'à
Nazca.
Si l'on se place au point de vue des formes ďart, la céramique côtière
peut être groupée autour de deux centres : Chan-chan dans le nord et
Nazca dans le sud. Ces deux groupes se rejoignent à peu près à hauteur
de Pachacamac. Au premier appartiennent les poteries où l'emporte la
représentation, des formes par le modelage, avec des tendances nette
ment réalistes, ayant abouti à ces vases-portraits d'une technique si forte,
d'une vérité si saisissante ; dans le second sont compris les vases où les
préoccupations picturales et la stylisation avanbée des représentations
tiennent la première place. Toute la céramique de la Costa n'est paš LA CÉRAMIQUE DE CAJAMARQUILLA-NIVERÍA 109
encore connue, bien des lieux restent à fouiller et des échelons peuvent1
faire défaut, mais dans l'état actuel de nos connaissances et à quelques
exceptions près, — nous pensons aux lecy thés en camaïeu de la région de
Trujillo, — on peut dire, d'une manière volontairement simpliste :
au nord la sculpture, au sud la peinture. Cette grande division ne con
tredit pas ce que nous avancions tout à l'heure sur la diversité des caract
ères,- chacun des deux groupes comprend en effet des sous-groupements
bien définis.
Nul endroit de la côte n'est plus typique à ce point de vue que la région-
de Lima. Des écoles d'art distinctes, malgré certains emprunts, s'y ren
contrent en des lieux éloignés les uns des autres de moins de cinquante
kilomètres; leur plein développement a pu, il est vrai, ne pas être simul
tané. Ces styles appartiennent notamment à la région de Huacho-Ancon,
à Pachacamac et à la vallée du Rimac. Les deux premiers sont connus,
ils ont été étudiés en des œuvres importantes l, le troisième, bien que
mentionné quelquefois, n'a pas encore été décrit ; nous allons l'examin
er, dans la céramique de Gajamarquilla-Niveria qui le représente le plus
dignement.
Cajamarquilla est une cité morte. Quel nom portait-elle? Nous l'igno
rons et les livres compulsés ne l'ont pas révélé. Peut-être la ville, mal
gré sa désinence à sonorité espagnole,, était-elle déjà en ruines au
temps de Pizarro ; certains indices incitent1 à le croire ; les compagnons
du conquistador envoyés par lui pour rechercher non loin de Pachacamac
l'emplacement de la future capitale péruvienne — Jauja était trop élo
ignée de la côte et d'accès trop difficile, — ne la mentionnent pas dans
leur rapport sur la reconnaissance qu'ils exécutèrent dans la vallée du
Rimac. On ne semble pas, non plus, y avoir découvert des vases, aux
formes incasiques bien déterminées.
La ville est située à quelque vingt-cinq kilomètres de Lima, dans
une quebrada adjacente à la vallée du Rimac et à une altitude de quatre
cents mètres environ. Elle dort aux pieds de cerros impressionnants par
leui\ à-pic et leur rude nudité. Un petit torrent tributaire du Rimac coulait*
autrefois sous ses murs ; des dérivations et des éboulis l'ont aujourd'hui
tari et son lit desséché sert de piste aux Indiens qui remontent la vallée.
Aucune trace de végétation; les seuls êtres animés sont quelques lézards
et quelques chouettes, au mimétisme parfait, celles-ci vivant de ceux-là.
1. Voir notamment : ReisB et S tiibel, Das Todtenfeld von Ancon in Peru, Berlin,
1887, et Uhle, Pachacamac, Philadelphie, 1903. SOCI

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