La cession de Santo-Domingo à la France (1795-1802) - article ; n°2 ; vol.30, pg 49-75
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1994 - Volume 30 - Numéro 2 - Pages 49-75
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Itamar Olivares-Iribarren
La cession de Santo-Domingo à la France (1795-1802)
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 30-2, 1994. pp. 49-75.
Citer ce document / Cite this document :
Olivares-Iribarren Itamar. La cession de Santo-Domingo à la France (1795-1802). In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome
30-2, 1994. pp. 49-75.
doi : 10.3406/casa.1994.2697
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1994_num_30_2_2697LA CESSION DE SANTO-DOMINGO À LA FRANCE (1795-1802)
Itamar OLIVARES
Université de Paris IV
Pendant que se déroulait l'offensive victorieuse des troupes de la République
contre les forces de la première coalition, les membres de la Convention nationale
envisagèrent sérieusement, une fois la paix signée, l'acquisition de la colonie
espagnole de Santo-Domingo.
Il s'agissait néanmoins d'un ancien projet que la diplomatie française
caressait depuis la fondation de la Compagnie des îles d'Amérique, en 1635, et
surtout, après la paix de Ryswick, en 1697, époque à partir de laquelle Espagnols
et Français se partagèrent l'île de Saint-Domingue. L'avènement de Philippe V au
trône d'Espagne fit diminuer l'intérêt des Français pour l'acquisition de la colonie
espagnole : dorénavant les cours de Madrid et de Paris marcheraient parallèlement
sous le règne des Bourbons. Mais l'exécution de Louis XVI, puis l'occupation de
la Catalogne et de la Navarre par les armées françaises, créèrent des conditions
diplomatiques favorables à la réalisation du projet colonial français.
Ainsi, au cours des négociations de paix en 1795, le Comité de salut public
demanda à l'Espagne, pour dédommagement des frais de guerre, l'annexion de la
partie espagnole de Saint-Domingue. L'acquisition de ce domaine présentait, aux
yeux des conventionnels, des avantages importants qui leurs auraient permis
d'affermir la puissance de la République : il leur offrait de grandes richesses
territoriales, des ressources immenses pour le commerce et la sûreté des autres
colonies ainsi qu'un abri assuré et permanent pour les escadres de guerre et les
flottes marchandes. Restaient les considérations politiques : la République
pourrait envoyer sur l'île une colonie d'officiers et de soldats licenciés qui se
trouveraient, dès le retour de la paix, sans état et sans profession. Cette force
considérable défendrait la colonie des invasions étrangères, materait les
agissements des colons blancs contre la République et contiendrait les ardeurs
indépendantistes des Noirs. Il s'agissait donc de récompenser le mérite de « ces
braves guerriers » et en même temps, d'éloigner de la métropole une foule instable
et dangereuse, en la plaçant au cœur même de la Révolution antillaise.
Mélanges de la Casa de Velàzquez (MCV), 1994, t. XXX (2), p. 49-75. 50 ITAMAR OLIVARES
LES CONSÉQUENCES IMMÉDIATES DE L'APPLICATION DU TRAITÉ DE
PAIX FRANCO-ESPAGNOL DE 1795
Le 4 thermidor an III (22 juillet 1795), les ambassadeurs François de
Barthélémy et Domingo de Iriarte signèrent à Bâle le traité de paix entre la France
et l'Espagne en vertu duquel la République s'engageait à restituer à la couronne
espagnole toutes les conquêtes qu'elle avait faites au-delà des Pyrénées (Art. 4).
En contrepartie, Charles IV cédait à la France la partie espagnole de l'île de Saint-
Domingue (Art. 9). La nouvelle prise de possession devait s'effectuer un mois
après la diffusion de la ratification du traité dans l'île. Les troupes espagnoles
devaient se tenir prêtes à évacuer les places, ports et établissements qu'elles y
occupaient afin de les remettre aux troupes françaises lorsque celles-ci se
présenteraient pour en prendre possession. Tous ces emplacements militaires
seraient remis tels qu'ils étaient au moment où le traité serait connu à Saint-
Domingue, à savoir avec les canons, les munitions de guerre et les effets
nécessaires à leur défense. Les habitants de la partie espagnole qui, pour des
raisons d'intérêt personnel, préféraient être transportés avec leurs biens dans les
possessions de l'Espagne, pouvaient le faire dans le délai d'un an à compter de la
date de la signature du traité. Les généraux et commandants de chacune des deux
nations étaient également tenus de se concerter sur les mesures à prendre pour la
mise en œuvre de cette prise de possession1.
Le 8 septembre 1795, le Premier ministre espagnol, Manuel Godoy - élevé
alors à la dignité de Prince de la Paix - envoya à Joaquin Garcia, gouverneur de
Santo-Domingo, les clauses du traité et lui donna l'ordre de faire transporter à
Cuba ses vassaux ainsi que les autorités civiles et ecclésiastiques. Ce transport se
fit à bord des vaisseaux de l'escadre commandée par le général Gabriel de
Aristizâbal. Godoy demanda également à Garcia que la Real Audiencia, ou
Audience Royale, et les troupes fussent les dernières à quitter l'île afin de répondre
aux besoins de tous les colons. Enfin, le Prince de la Paix fit savoir au gouverneur
que le roi désirait qu'il remît la partie espagnole de Saint-Domingue au général
français ou au représentant du peuple qui se présenterait muni des pouvoirs
spéciaux de la Convention nationale .
Un mois après, la nouvelle de la paix fut publiée officiellement à Santo-
Domingo. L'étonnement et la confusion s'emparèrent de l'esprit des habitants qui,
mal informés, se préparèrent à quitter l'île. Cependant, l'évacuation immédiate de
la colonie posa au pouvoir local une série de problèmes que les autorités
madrilènes n'avaient pas prévus : celui du sort des militaires noirs de Saint-
Domingue qui, lors de la dernière guerre, avaient combattu dans les rangs
espagnols et dont les manuscrits officiels ne faisaient aucune mention du transfert,
1 . Alexandre de Clercq (éd.), Recueil des Traités de la France, Paris, 1 864, 1. 1, p. 246.
2. Emilio Rodriguez Demorizi (éd.), Cesiôn de Santo Domingo a Francia. Correspondencia de
Godoy, Garcia, Roume, Hédouville, Louverture, Rigaud y otros, 1795-1802, Ciudad Trujillo,
1958, p. 10-11. LA CESSION DE SANTO-DOMINGO À LA FRANCE 5 1
ainsi que celui posé par les protestations des colons contre la brièveté du délai
d'évacuation.
En ce qui concerne les militaires noirs, Garcia signala au Prince de la Paix,
le 21 octobre 1795, que Jean-François Papillon, Georges Biassou et d'autres chefs
« auxiliaires » voulaient continuer à servir dans l'armée de Sa Majesté Catholique
mais que leur présence dans l'île serait nuisible tant à la République qu'aux
Espagnols qui décideraient d'y rester. Il suggéra donc que tous les chefs des Noirs
« auxiliaires » fussent embarqués pour La Havane, où le gouverneur Luis de Las
Casas avait déjà envisagé leur établissement à l'île de Pinos ou dans tout autre
endroit plus confortable3.
Le 9 novembre, avant même de connaître la réponse du Premier ministre,
Garcia communiqua à Las Casas sa résolution d'envoyer à La Havane tous les
chefs noirs qui, dès le début de la guerre, avaient épousé la cause du roi4. Cette
nouvelle sema la terreur parmi les propriétaires cubains qui voyaient dans la
présence de Jean-François la menace d'une insurrection générale de leurs esclaves
et celle d'une éventuelle subversion de la « populace » et des gens de couleur. La
municipalité de La Havane, se faisant l'écho de ces craintes, s'opposa à l'entrée du
général noir et proposa d'envoyer quelques chefs noirs à Cadix et les autres en
Floride, dans l'île de Pinos ou aux Canaries. « Jamais je ne consentirai, écrit Las
Casas, à l'entrée de ces gens à Cuba sans l'ordre exprès de Sa Majesté »5.
Finalement, après s'être vu proposé par les Anglais de se mettre à leur service, le
chef noir accepta d'être transféré dans l'île de la Trinité. Mais avant de partir, il
exprima le désir d'obtenir du roi l'autorisation de venir en Espagne. Il obtint cette
grâce et finit ses jours à Cadix où il mourut « Grand d'Espagne ». Quant à Biassou,
nous perdons sa trace vers

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