La collaboration des pays de l'Est à l'équipement des pays non communistes en voie de développement - article ; n°1 ; vol.13, pg 117-141

Claude Altersohn

Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 117-141
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1962
• Nombre de lectures: 6
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Claude Altersohn
La collaboration des pays de l'Est à l'équipement des pays non
communistes en voie de développement
In: Revue économique. Volume 13, n°1, 1962. pp. 117-141.
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Altersohn Claude. La collaboration des pays de l'Est à l'équipement des pays non communistes en voie de développement. In:
Revue économique. Volume 13, n°1, 1962. pp. 117-141.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_1_407499LA COLLABORATION DES PAYS DE L'EST
A L'EQUIPEMENT DES PAYS
NON COMMUNISTES
EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
La contribution de l'U.R.S.S. au programme d'assistance technique des
Nations-Unies est très faible. Elle atteint seulement huit millions de dollars
depuis 1954. Encore cette somme est-elle représentée par des roubles incon
vertibles qui ne peuvent servir qu'au règlement de prestations fournies par
l'Union Soviétique.
Les crédits affectés par l'U.R.S.S. et ses alliés politiques à l'assistance
technique bilatérale en faveur des pays non communistes sont infiniment
plus importants; mais il est difficile de les isoler statistiquement, car cette
assistance s'intègre dans une politique d'aide économique et financière
fondée sur la conclusion d'accords de coopération avec les pays bénéficiaires.
Ces accords prévoient la réalisation de projets qui comportent presque
toujours une part importante d'assistance technique, précédant et complét
ant la fourniture des prestations matérielles. Mais les ventilations effec
tuées entre les fournitures d'assistance technique (travaux d'études et d'en
gineering, concours d'experts et de techniciens, formation des cadres et
de la main-d'œuvre nationaux) et les livraisons d'équipement destinées à la
réalisation des projets de coopération restent généralement secrètes.
C'est donc à travers les manifestations de l'aide économique qu'il est
possible de mesurer l'intensité de l'effort accompli dans le domaine de
l'assistance technique par l'Union Soviétique, les démocraties populaires
et la Chine. L'analyse de ces manifestations offre, malgré son caractère
approximatif, un très grand intérêt, car elle attire l'attention sur la gravité
de la menace que la politique d'expansion du bloc communiste commence
à faire peser sur les relations de l'Occident avec les pays en voie de déve
loppement. REVUE ÉCONOMIQUE 118
Toutefois pour établir une comparaison objective des aides apportées
par l'Ouest et l'Est à ces pays, il convient de ne pas s'en tenir à l'enr
egistrement des données globales actuellement connues : montant des crédits
engagés ou des dépenses effectuées par chacune des parties.
Le bilan de l'expérience soviétique, complété par le recensement des
aides économiques accordées par les autres pays communistes, témoigne
en effet du caractère progressif et sélectif de l'effort accompli. En outre,
il apparaît qu'un certain nombre de traits originaux rendent la collabo
ration des pays de l'Est particulièrement attrayante pour les pays suscep
tibles d'en bénéficier.
Le bloc soviétique compense donc l'infériorité des moyens mis en œuvre
par un dynamisme qui, dans la compétition engagée avec les nations occi
dentales, le met dans une position spécialement favorable.
I. L'EFFORT DES PAYS DE L'EST
Le montant des aides bilatérales de caractère non militaire consenties
par les membres du bloc oriental en faveur de pays insuffisamment déve
loppés (Yougoslavie exclue) peut être estimé à 3 500 millions de dollars
environ depuis le l'er janvier 1954.
Les crédits soviétiques représentent 85 Çr de cette somme. L'aide sovié
tique ayant servi en quelque sorte de modèle aux autres pays communi
stes, sa structure paraît justifier une analyse plus détaillée.
A. Bilan de l'expérience soviétique
En matière de collaboration économique avec des pays non communi
stes, la doctrine soviétique était déjà, semble-t-il, en voie d'élaboration
avant la mort de Staline. Elle ne fut présentée officiellement qu'en 1955
à la conférence de Bandoeng. L'effort de pénétration en Asie ne com
mença à s'intensifier qu'en 1956 à l'occasion du premier voyage de
M. Khrouchtchev en Extrême-Orient.
Sans doute, les dirigeants soviétiques durent-ils longtemps hésiter devant
l'idée d'une action économique susceptible de renforcer des régimes poli- ÉQUIPEMENT DES PAYS NON COMMUNISTES 119
tiques non communistes et parfois même anticommunistes. Mais surtout,
le Bloc oriental ne leur paraissait pas encore disposer d'une capacité de
production suffisante pour qu'il lui soit possible d'affecter une partie
notable de ses moyens en techniciens et en équipements à des aides exté
rieures.
C'est également à ce manque de moyens qu'il convient d'attribuer la
modeste ampleur de l'effort initial qui ne pouvait, en toute hypothèse,
toucher qu'un nombre limité de pays, la plupart des gouvernements solli
cités restant dans l'expectative.
Mais la portée de l'effort s'est élargie progressivement, et le rythme
de la progression tend à compenser sa médiocrité initiale.
Cette se mesure : sur le plan financier, par l'augmentation
des crédits engagés et des dépenses effectives ; — sur le plan géogra
phique, par l'extension de la liste des pays aidés; — sur le plan technique,
par la diversification des secteurs économiques appelés à bénéficier de l'a
ssistance soviétique.
1° L'aide soviétique considérée sur le plan financier.
Le montant des dépenses soviétiques engagées depuis 1954 était légè
rement inférieur à 2 850 millions de dollars au 31 décembre I960.
Le tableau figurant à l'annexe n° 1 rend compte de la répartition par
années et par pays des crédits octroyés.
Il est difficile d'évaluer le pourcentage actuel d'utilisation de ces
crédits. La valeur des exportations soviétiques d'équipements et de matériels
divers livrés aux pays aidés atteint pour la période 1955-1960 environ
600 millions de dollars, mais une partie de ces matériels semble avoir été
vendue dans le cadre d'opérations commerciales courantes. Les diverses pres
tations effectuées au titre de l'assistance technique (études et travaux d'en
gineering, en missions de formation, stages en U.R. S. S.) sont encore plus
difficiles à évaluer. Précédant la réalisation matérielle des projets, les pro
grammes d'assistance technique sont certainement plus avancés que l'exé
cution matérielle des projets de développement. En définitive, le chiffre
d'un milliard de dollars pour la fin de l'année 1961 paraît susceptible
d'être avancé comme un minimum.
En valeur absolue, l'effort soviétique paraît donc très inférieur à celui
des Etats-Unis et des principaux pays occidentaux. Leur réalisation s'éche- REVUE ÉCONOMIQUE 120
lonnant sur cinq ou six ans, les engagements actuellement contractés par
l'U.R.S.S. semblent correspondre à une dépense effective de 4 à 500 mil-
lions de dollars au cours de chacune des deux ou trois prochaines années.
Mais cette appréciation doit être corrigée pour tenir compte de plusieurs
considérations.
En premier lieu, le taux de croissance de l'effort soviétique, tel qu'il
résulte de la progression d'année en année des crédits engagés, est très
élevé. Le volume des engagements souscrits en I960 a été supérieur au
milliard de dollars, mais le crédit consenti à l'Inde avait déjà fait l'objet
d'un accord de principe en 1959. Nous verrons également ci-après que la
listes des pays bénéficiaires de l'aide soviétique n'est pas close.
Deuxième élément de correction : l'aide soviétique est, en dépit dp
cette tendance à l'extension, moins dispersée géographiquement que les aides
occidentales. L'effort accompli sur certains pays est déjà supérieur à celui
du monde libre, ou devient d'un ordre de grandeur qui peut lui être,
comparé.
L'aide sovié