La Conférence mondiale de l Alimentation ou le triomphe de la rhétorique. Rome, 5-16 novembre 1974 - article ; n°63 ; vol.16, pg 671-684
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La Conférence mondiale de l'Alimentation ou le triomphe de la rhétorique. Rome, 5-16 novembre 1974 - article ; n°63 ; vol.16, pg 671-684

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Tiers-Monde - Année 1975 - Volume 16 - Numéro 63 - Pages 671-684
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Rondeau
La Conférence mondiale de l'Alimentation ou le triomphe de la
rhétorique. Rome, 5-16 novembre 1974
In: Tiers-Monde. 1975, tome 16 n°63. pp. 671-684.
Citer ce document / Cite this document :
Rondeau Alain. La Conférence mondiale de l'Alimentation ou le triomphe de la rhétorique. Rome, 5-16 novembre 1974. In:
Tiers-Monde. 1975, tome 16 n°63. pp. 671-684.
doi : 10.3406/tiers.1975.2578
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1975_num_16_63_2578CHRONIQUE INTERNATIONALE
La Conférence mondiale de l'Alimentation
ou le triomphe de la rhétorique
Rome, 5-16 novembre 1974
par Alain Rondeau
L'optimisme qu'experts et gouvernements partageaient à la fin des
années 60, à la lumière des premiers résultats de la « Révolution Verte », quant
aux perspectives de la situation alimentaire mondiale a laissé place depuis 1972
à une profonde anxiété à mesure que s'accumulaient les signes d'une crise
d'une ampleur exceptionnelle.
Pour la première fois depuis vingt ans, en effet, la production alimentaire
mondiale a diminué en 1972; en particulier, la céréalière (blé,
céréales secondaires et riz) a accusé un recul considérable de l'ordre de
3 3 millions de tonnes, alors qu'elle devrait connaître chaque année une augment
ation de l'ordre de 25 millions de tonnes pour répondre à l'augmentation
régulière de la demande.
Cette situation a été le fruit d'une conjonction exceptionnelle de catas
trophes climatiques aux quatre coins de la planète : gel des récoltes en Union
soviétique, inondations dans le continent indien, sécheresse au Sahel et, dans
une moindre mesure, dans les pays exportateurs de l'hémisphère Sud.
Dans ces conditions, les stocks mondiaux, que les Etats-Unis, principal
« grenier » du monde avaient déjà entrepris de réduire depuis quelques années,
ont connu de très fortes contractions, passant de 49 millions de tonnes en 1971-
1972, à 29 millions en 1 972-1 973 et 20 millions en 1 973-1 974, soit environ
trois semaines de consommation mondiale. Mais la ponction sur les stocks
n'a pas suffi à contrecarrer la flamblée des cours, inévitable sur des marchés
étroits, par conséquent très sensibles aux moindres fluctuations de l'offre et
de la demande. En deux ans, entre janvier 1972 et décembre 1973, les prix du
blé et du soja ont plus que triplé, ceux du riz quadruplé, ceux du maïs plus
que doublé.
Dans ces conditions, il était inévitable que les pays pauvres, dont les
besoins d'importation s'étaient brusquement accrus, connussent une dété-
Remus Tiers Monde, t. XVI, n° 63, juillet-septembre 75 67 1 TIERS MONDE
rioration profonde de leur situation alimentaire. Frappés de plein fouet par
les effets conjugués de la hausse des prix des produits agricoles et par le quadru-
plement des prix des produits pétroliers et dérivés, beaucoup d'entre eux se
sont rapidement trouvés dans l'impossibilité de dégager les ressources néces
saires pour combler leurs besoins alimentaires dans l'immédiat, ainsi que pour
assurer leur approvisionnement en engrais compromettant ainsi sérieusement
l'avenir. Bien plus, c'est au moment précis où leurs besoins étaient les plus
massifs et les plus urgents que l'aide alimentaire, traditionnellement conçue
par les pays exportateurs développés comme un moyen d'écouler les excédents,
commença de leur faire défaut.
C'est dans ces conditions que fut prise en décembre 1973 par l'Assemblée
générale des Nations Unies la décision de réunir, avant la fin de l'année 1974,
une Conférence mondiale de l'Alimentation. L'idée avait été d'abord lancée
par l'Algérie lors de la Conférence des Non-Alignés d'Alger en septembre 1973,
puis reprise sous une forme légèrement différente deux semaines plus tard
par M. Kissinger devant l'Assemblée générale des Nations Unies.
La préparation de cette Conférence s'est déroulée, pendant toute
l'année 1974, sous la responsabilité du Conseil économique et social. Un
Comité préparatoire, ouvert à tous les Etats-membres des Nations Unies, a
tenu trois sessions entre février et septembre 1974. La Conférence elle-même
a eu lieu à Rome du 5 au 16 novembre.
Un diagnostic ambigu sur la crise
C'est au comité préparatoire qu'il est revenu d'établir un diagnostic sur
l'ampleur et les causes de la crise alimentaire mondiale. Débat capital, car de
son issue dépendaient en effet directement les orientations que les gouver
nements pourraient retenir lors de la Conférence. A vrai dire, les discussions
sur ce thème ne donnèrent lieu à aucun affrontement majeur, et progressi
vement, par retouches successives, le document intitulé Examen de la situation
alimentaire mondiale et élaboré par le secrétariat put faire l'objet d'un accord
général.
Ce texte — c'est la loi du genre — loin de trancher nettement entre
plusieurs types d'explications possibles opère entre elles une synthèse ambiguë
qui masque plus qu'elle ne les surmonte les divergences d'appréciations. Tout
en faisant ressortir le caractère exceptionnel et conjoncturel de la crise, il met
en lumière un certain nombre de tendances d'ordre plus structurel qui carac
térisent la situation alimentaire actuelle et prévisible. La conclusion générale
à laquelle tous les Etats se sont peu ou prou ralliés est que, pour autant que
l'on puisse parvenir à établir dans un domaine aussi mouvant et aléatoire des
prévisions solides, la situation alimentaire risque de demeurer très incertaine
au cours des prochaines années. Un diagnostic extrêmement prudent donc,
67z CHRONIQUE INTERNATIONALE
mais comment eût-il pu en être autrement alors que les opinions et les intérêts
des divers Etats étaient manifestement contradictoires : volonté des pays en
voie de développement les plus touchés d'insister sur la gravité durable de
la crise, désir des pays industriels ou exportateurs de céréales ainsi que des
pays pétroliers d'éviter de faire les frais d'une action internationale d'enver
gure, souci des Etats-Unis de conserver leur maîtrise du marché solvable et de
limiter leurs engagements éventuels en matière d'aide, refus des pays social
istes d'envisager la moindre participation au règlement d'une crise imputable,
selon eux, au dérèglement du système capitaliste, etc. Pour ce qui la concerne,
la France, en insistant sur la permanence d'une situation de déséquilibre grave,
traduisait les convictions tirées des analyses auxquelles avaient pu se livrer ses
économistes, mais songeait également aux possibilités de promouvoir le
développement de sa production agricole.
Ceci étant, les pays qui, comme les Etats-Unis, entendaient éviter toute
prévision de caractère catastrophique, ne pouvaient contester de front l'idée
selon laquelle l'équilibre entre l'offre et la demande au plan mondial était
condamné à rester très précaire au cours des prochaines années. Tout au plus
pouvaient-ils s'efforcer de limiter l'estimation du déficit probable des pays en
voie de développement. Car c'est bien là la conclusion essentielle à laquelle
aboutirent les discussions : en tout état de cause, même si un équilibre relatif
pouvait être maintenu au plan mondial, entre l'offre et la demande solvable,
les pays en développement continueraient de voir leurs besoins croître à un
rythme plus rapide que leur propre production et connaîtraient donc un
déficit important. Restait à savoir comment essayer de le combler, et tel fut
le thème essentiel de la Conférence elle-même.
Un plan très ambitieux
C'est sur la base des orientations et propositions contenues dans le volu
mineux rapport préparé par M. Marei, secrétaire général de la Conférence,
que les discussions au fond se sont engagées à Rome.
Le « Plan Marei » comprenait trois volets essentiels :
i. Accroissement de la production agricole dans les pays en voie de développement. —
Selon M. Marei, l'analyse prospective la plus rudimentaire suffisait à montrer
qu'il n'y avait pas raisonnablement d'autre solution pour la communauté
internationale que

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