La découverte de l art russe en France, 1879-1914 - article ; n°2 ; vol.71, pg 391-405
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La découverte de l'art russe en France, 1879-1914 - article ; n°2 ; vol.71, pg 391-405

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Revue des études slaves - Année 1999 - Volume 71 - Numéro 2 - Pages 391-405
Unlike literature, Russian art enjoyed only marginal interest in France throughout the 19th century. The lack of intermediaries, ignorance of Russian artistic traditions, and the global perception of Russia as a backwater, kept on hindering the discovery of Russian art. The World Fair organized in Paris in 1900 marked a renewed contact with and a reinterpretation of Russian art. Consequently considered in its dual dimension both historical and contemporary, this art has been clearly defined and has contributed to identify the essence, spirit and characteristics of Russian culture. Actually, the go-betweens who recognized the value of an art widely considered until then as unexceptional were Russians: artists, collectors, entrepreneurs. In 1914, Russian art largely contributed to the renewal of European artistic forms and trends. Its acknowledgement by France, following the example of the constituent nations of 'old Europe', was definitive.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 309
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur GIANNI CARIANI
La découverte de l'art russe en France, 1879-1914
In: Revue des études slaves, Tome 71, fascicule 2, 1999. pp. 391-405.
Abstract
Unlike literature, Russian art enjoyed only marginal interest in France throughout the 19th century. The lack of intermediaries,
ignorance of Russian artistic traditions, and the global perception of Russia as a backwater, kept on hindering the discovery of
Russian art. The World Fair organized in Paris in 1900 marked a renewed contact with and a reinterpretation of Russian art.
Consequently considered in its dual dimension both historical and contemporary, this art has been clearly defined and has
contributed to identify the essence, spirit and characteristics of Russian culture. Actually, the go-betweens who recognized the
value of an art widely considered until then as unexceptional were Russians: artists, collectors, entrepreneurs. In 1914, Russian
art largely contributed to the renewal of European artistic forms and trends. Its acknowledgement by France, following the
example of the constituent nations of 'old Europe', was definitive.
Citer ce document / Cite this document :
CARIANI GIANNI. La découverte de l'art russe en France, 1879-1914. In: Revue des études slaves, Tome 71, fascicule 2,
1999. pp. 391-405.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1999_num_71_2_6602LA DÉCOUVERTE DE L'ART RUSSE EN FRANCE
1879-1914
PAR
GIANNI CARIANI
L'art russe n'a pas bénéficié, au cours du XIXe siècle, de l'engouement sus
cité par les romanciers russes. Aux œuvres célébrées des Tołstoj et Dostoevskij
ne peut être associée aucune œuvre du champ artistique. Ce n'est qu'avec
l'Exposition universelle de 1900 qu'émerge un intérêt plus profond et plus suivi
pour l'art russe pris dans une définition large comprenant la peinture, la sculp
ture et l'architecture, les arts décoratifs, les arts populaires et le patrimoine artis
tique de la Russie1. Cet intérêt va aller croissant jusqu'en 1914. L'art russe à ce
terme est totalement intégré au mouvement artistique de l'Europe et cela à un
double titre. D'une part, l'héritage artistique séculaire de la Russie est distingué,
différencié et reconnu pour ses dimensions intrinsèques et originales, tant sty
listiques que thématiques, d'autre part, la contribution des artistes russes aux
plus récents développements de l'art contemporain est validée. Notre ambition
dans les pages suivantes vise à mettre en évidence cette évolution2.
LES PRÉMICES D'UNE DÉCOUVERTE (1879-1899)
Entre 1879 et 1899, les jugements et les opinions émis par les critiques
manifestent un sentiment identique : il n'existe pas d'école artistique russe dont
les contours pourraient être délimités finement. Si certaines individualités appa-
1. Les rares tentatives d'introduction et d'interprétation des arts russes s'étaient sol
dées par un échec. Les initiatives de Théophile Gautier comme celles d'Eugène Viollet-le-
Duc et du vicomte de Vogiié étaient restées sans écho réel. Le contexte intellectuel et culturel
russe lui-même, rétracté et en quête d'une identité dégagée de l'imitation d'un modèle occi
dental ne se prêtait guère à la diffusion, s 'appliquant avant tout à redécouvrir une inspiration
nationale et originale. Le groupe des Ambulants en représentait, dans ses ambitions, sinon la
forme aboutie, du moins l'esprit emblématique. Surtout, à cette volonté d'isolement et de
repli, s'ajoutait l'absence de médiateurs capables de jouer le rôle de passeurs entre les deux
pays.
2. Pour une perspective globale relative à la réception de la culture russe en France,
voir notre thèse, Une France russophile ? : découverte, réception, impact : la diffusion de la
culture russe en France de 1881 à 1914, Strasbourg, Université des sciences humaines, 1998,
406 p.
Rev. Etud. slaves, Paris, LXXI/2, 1999, p. 391-405. 392 GIANNI CARIANI
raissent sur la scène européenne, aucune tendance générale qui serait d'essence
proprement russe, remarquable par ses conséquences sur le mouvement des arts
en Europe, n'est dégagée. En 1879, L. Clément de Ris souligne que si la Russie
possède des artistes distingués, elle ne dispose pas toutefois d'une école de pein
ture, qu'il définit comme « un groupe d'artistes fidèles à un ensemble de tradi
tions où se réfléchisse le génie national, possédant des caractères communs,
reconnaissables à un accent général, tout en conservant l'originalité particulière
à chacun d'eux ; en un mot, suivant dans des voies diverses le même courant et
tendant au même but3 ». Selon lui, les artistes contemporains ont encore beau
coup à faire pour égaler leurs émules de France, d'Angleterre et de Belgique et
constituer une école. Cependant, il précise également qu'un mouvement se
développe devant permettre l'émergence d'une école picturale typiquement
russe à la suite des tendances qui se sont déjà manifestées en architecture et dans
les arts industriels. Cette tentative de délimitation d'un art russe national, restée
inachevée chez L. Clément de Ris, est reprise en 1882 par Eugène-Melchior de
Vogué. Avant d'établir un parallèle entre les développements de la littérature et
ceux de l'art, celui-ci souligne qu'en peinture, les artistes ont commencé à manif
ester une nouvelle vigueur, en s' attachant à la représentation de la Russie4. Il
situe leur originalité commune dans leur manière de ne pas répondre au seul cri
tère de l'art pour l'art sachant, avant tout chose, traduire une vision nette du réel,
la recherche de la vérité et la défense d'une idée morale5. Ces contributions tr
aduisent une idée dominante : un art russe national est en voie de constitution
3. « Musées du Nord : musée impérial de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg (deuxième
article) », Gazette des beaux-arts [GBA], 1er avr. 1879, p. 347-348. Critique d'art, collabora
teur de l'Artiste dès 1841, puis du Moniteur et de la Gazette des beaux-arts, L. Clément de
Ris (pseud. du comte Athanase-Louis Clément de Ris, 1820-1882) a été nommé conservateur
du musée de Versailles en 1876. Il a notamment publié en 1859, le Musée royal de Madrid ;
en 1862, Critiques d'art et de littérature ; en 1877, les Amateurs d'autrefois ; enfin en 1880,
le Musée impérial de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
4. Les artistes auxquels se réfère le vicomte de Vogiié sont, principalement, des
représentants du mouvement des Ambulants, I. N. Kramskoj (1837-1887), I. E. Repin (1844-
1930), V. E. Makovskij (1846-1920) et V. V. Vereščagin (1842-1904). Voir également
J. Fleury, « L'exposition de Moscou », la Nouvelle Revue [NR], 1er nov. 1882, p. 165-167 :
« Mais le triomphe des peintres russes, ce ne sont pas les tableaux d'histoire, où presque
jamais ils ne se sentent complètement à leur aise ; ce sont les toiles reproduisant les paysages
de la Russie, ou des scènes, généralement un peu chargées, de la vie nationale. » Jean Fleury
(1816-1894), après avoir débuté dans la carrière journalistique comme rédacteur du Journal
de Cherbourg, quitta la France et se rendit à Saint-Pétersbourg en 1859, pour y enseigner la
langue et la littérature françaises. Il y demeura une quinzaine d'années. Il fit paraître, en 1869,
des Fables choisies de I. A. Krylov, Paris, Hachette, 152 p. Après son retour en France, il
donna plusieurs contributions à la Nouvelle Revue traitant notamment de la littérature russe.
5. « L'exposition de Moscou et l'art russe », Revue des deux mondes [RDM], 1er sept.
1882, p. 38-40. Diplomate à Saint-Pétersbourg de 1877 à 1882, le vicomte Eugène-Melchior
de Vogiié (1848-1910) a ensuite mené une carrière de publiciste et d'écrivain, notamment en
collaborant à la Revue des deux mondes et au Journal des débats. Son œuvre maîtresse, le
Roman russe, a largement contribué à la révélation et à la reconnaissance des romanciers
russes. Le vicomte de Vogiié est l'un des intermédiaires de la culture russe en France qui
exerça une influence indéniable, durant la période, à un niveau tant politique qu'intellectuel et
religieux. Le Roman russe peut être considéré comme une œuvre

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