La désétatisation en Afrique subsaharienne. Enjeux et perspectives - article ; n°114 ; vol.29, pg 271-293
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Description

Tiers-Monde - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 114 - Pages 271-293
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Jacquemot
La désétatisation en Afrique subsaharienne. Enjeux et
perspectives
In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°114. pp. 271-293.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquemot Pierre. La désétatisation en Afrique subsaharienne. Enjeux et perspectives. In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°114.
pp. 271-293.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1988_num_29_114_3540LA DÉSÉTATISATION
EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
ENJEUX ET PERSPECTIVES
par Pierre Jacquemot*
Jusqu'en 1980, la tendance dominante en Afrique subsaharienne a été
celle d'une extension continue de l'emprise étatique. Certes, le phénomène
n'a pas atteint le même degré dans tous les pays, en raison notamment
de la diversité de leurs options politiques; mais même dans ceux où le projet
défendu par les groupes au pouvoir était de créer à terme une économie
fondée sur les mécanismes de marché et de faciliter l'éclosion d'un secteur
national privé associé aux capitaux étrangers, les interventions de l'Etat
apparaissaient comme le vecteur naturel du développement. Affirmé de
manière officielle ou diffuse, le rôle prééminent de l'Etat et de son administ
ration relevait de l'évidente nécessité.
A partir du début de l'actuelle décennie, un consensus de plus en plus
large s'est formé autour du constat selon lequel l'excès d'Etat constitue
l'un des freins majeurs au développement des économies africaines.
Puissamment porté par certaines institutions internationales de finance
ment — le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale au premier
chef — , le thème du désengagement de l'Etat est depuis quelques années
au centre de la réflexion politique sur les perspectives d'ajustement struc
turel des économies du continent1.
Des critiques sévères s'élèvent d'horizons divers pour fustiger les impé-
rities des administrations et des entreprises publiques ou pour dénoncer les
dysfonctionnements engendrés par l'action intempestive de l'Etat dans la
production et les échanges.
* Maître de conférences, cedre, Université de Paris-Dauphine.
1 . L'influence du rapport d'E. Berg (Le développement accéléré en Afrique au sud du Sahara,
Banque Mondiale, 1980) a certainement été déterminante dans la prise de conscience des limites
de l'intervention étatique. Les thèses de la Banque Mondiale ont été confirmées dans Un pro
gramme d'action concertée pour le développement stable de V Afrique au sud du Sahara (1984).
Revue Tiers Monde, t. XXIX, n° 111, Avril-Juin 1988 PIERRE JACQUEMOT 272
Cette désillusion sur l'efficacité du rôle de l'Etat, succédant à une
période d'étatisme euphorique et généralisé, mérite dans le cas africain
un examen particulier. On ne conteste pas la fonction centrale exercée par
l'Etat dans les expériences économiques du Japon, de la Corée, de Taiwan,
de l'Inde ou des pays semi-industrialisés d'Amérique latine. Pourquoi ce
rôle est-il contesté pour l'Afrique subsaharienne?
Cette question amènerait à s'interroger sur la pertinence des modèles
développementalistes d'inspiration néo-keynésienne qui ont amplement
influencé les politiques économiques africaines pendant deux décennies.
Toutefois, le débat sur les modèles théoriques de référence est d'une modeste
utilité et risquerait de détourner l'attention du véritable objet de l'analyse,
à savoir l'Etat africain considéré en tant que tel et qu'il convient d'étudier
en mettant en évidence son impuissance particulière à se renforcer dura
blement et à porter le développement à long terme2.
La remise en cause des politiques interventionnistes a été suivie
après 1980 par une série de réformes institutionnelles inscrites dans des
programmes de désengagement et de libéralisation économiques, conduits
par un certain nombre de gouvernements, le plus souvent contraints au
« moins d'Etat » par les aides extérieures. Les modalités techniques et
juridiques de la désétatisation sont relativement uniformes. Les obstacles
rencontrés sont également d'une grande similitude d'un pays à l'autre. Dans
tous les cas, la difficulté soulevée est celle de l'identification des acteurs éco
nomiques, relais ou substituts possibles d'un Etat qui se désengage de
certaines de ses fonctions. Sur ce problème décisif de la nouvelle répar
tition des attributions et des rôles dans le champ des activités productives,
commerciales et financières, force est de reconnaître actuellement le peu
de réalisme de la plupart des hypothèses de travail.
I. — La critique de l'interventionnisme
PAR LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES DE FINANCEMENT
« L'Afrique au sud du Sahara est de plus en plus consciente de la
nécessité des réformes de sa politique économique. »3 Cette observation
de 1984 de la Banque Mondiale n'est pas dénuée de fondement. A cette date,
2. Avec justesse, J. Copans écrit que « de tous les "objets" des études africaines, l'Etat
contemporain est le plus fantomatique. Tout le monde en parle mais personne ne sait finalement
de quoi il s'agit », dans Une crise conceptuelle opportune, Politique africaine, n° 26, juin 1987,
p. 2.
3. Banque Mondiale, Un programme ď action concertée..., op. cit., p. 40. LA DÉSÉTATISATION EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 273
de nombreux pays s'étaient en effet déjà engagés dans des opérations de
limitation des emplois publics, de privatisation d'entreprises d'Etat ou
encore de libéralisation du commerce des céréales.
La Commission Economique pour l'Afrique avait la même année ouvert
la brèche dans les positions étatistes de I'oua, alors symbolisées par le Plan
d'Action de Lagos de 1980. On peut lire dans son Rapport économique
de 1984 : « Les conditions de la croissance sont l'amélioration de la
gestion des économies nationales, des réformes profondes dans le fonc
tionnement du secteur public et la promotion de l'initiative privée grâce
à un système d'incitations efficaces. »*
L'influence du fmi dans cette prise de conscience des limites de l'inte
rvention de l'Etat a été très importante à compter des années charnières 1979-
1980, période à partir de laquelle il commença à être sollicité par un nombre
croissant de pays africains pour la mise en place de programmes d'aide
à la balance des paiements.
Toutefois, lors de ses premières interventions, le fmi ne s'intéressait
qu'à identifier le symptôme de la crise (les déficits budgétaires et extérieurs)
et son diagnostic demeurait étriqué : expansion excessive du crédit, crois
sance incontrôlée des effectifs publics, subventions aux produits essentiels
à la charge de l'Etat et régime de change artificiel5.
Les seuils de V étatisation outrancière
Avec l'instauration de ses crédits d'ajustement structurel, la Banque
Mondiale a ouvert le diagnostic aux causes non exclusivement monétaires et
financières. S'intéressant aux politiques sectorielles, aux choix en matière
d'investissements publics et aux rôles respectifs de l'Etat et du secteur
privé dans l'allocation des ressources, la bird a efficacement incité à la
remise en cause du modèle économique global qui prévalait dans les pays
où son expertise et ses crédits étaient demandés". Les approches des deux
institutions internationales sont désormais complémentaires davantage que
différentes. Elles permettent aujourd'hui d'isoler ce que l'on pourrait
convenir d'appeler, du point de vue de ces institutions, « les quatre seuils
de l'étatisation outrancière » en Afrique subsaharienne.
4. Rapport économique sur l'Afrique, cea et bad, Addis-Abeba, 1984, § 122.
5. Cf. G. K. Heillener, The imf and Africa in the 1980's, Canadian Journal of African Studies,
vol. 17, n° 1, 1983 ; Ph. Hugon, La crise financière en Afrique subsaharienne et l'intervention
du fmi, Cahiers du CERNEA, n° 13, juin 1985 (Université Paris X - Nanterre) et P. Jacquemot
et M. Raffinot, Accumulation et développement, Paris, L'Harma

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