La famine de 1932-1933 en Ukraine dans le roman le Prince jaune de Vasyl´ Barka - article ; n°1 ; vol.68, pg 23-35
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La famine de 1932-1933 en Ukraine dans le roman le Prince jaune de Vasyl´ Barka - article ; n°1 ; vol.68, pg 23-35

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Description

Revue des études slaves - Année 1996 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 23-35
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Olga Mandzukova-
Camel
La famine de 1932-1933 en Ukraine dans le roman le Prince
jaune de Vasyl´ Barka
In: Revue des études slaves, Tome 68, fascicule 1, 1996. pp. 23-35.
Citer ce document / Cite this document :
Mandzukova-Camel Olga. La famine de 1932-1933 en Ukraine dans le roman le Prince jaune de Vasyl´ Barka. In: Revue des
études slaves, Tome 68, fascicule 1, 1996. pp. 23-35.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1996_num_68_1_6305LA FAMINE DE 1932-1933 EN UKRAINE
DANS LE ROMAN LE PRINCE JAUNE
DE VASYĽ BARKA
PAR
OLGA CAMEL-MANDZUKOVA
Le Prince jaune de Vasyľ Barka ne constitue pas seulement un livre émouv
ant sur la grande famine de 1932-1933, mais aussi un témoignage et une source
d'informations importante sur cette tragédie au centre de ľhistoire de l'Ukraine.
Cette famine a été peu étudiée et reste encore ignorée de nos jours en France. Le
démenti et la désinformation perpétuelle pratiquée par les Soviétiques est en
partie responsable de l'ignorance de l'Occident. Avec la parution du roman le
Prince jaune, Vasyľ Barka, auteur en exil, nous rappelle une page oubliée de
l'histoire contemporaine. L'écrivain, interdit et inconnu jusqu'à tout récemment
dans son pays natal, fut d'abord révélé aux lecteurs français par la traduction.
Poète, prosateur, essayiste, penseur, spécialiste de littérature médiévale, de son
vrai nom Oceret, il publiera sous deux pseudonymes, Barka et Veršyna.
Né en 1908 à Solonycja, dans la région de Poltava, il fît ses études secon
daires à Lubny, et suivit des cours de pédagogie dans une école spécialisée. En
1927, il commença à travailler comme instituteur à Nyžnij (Donbass), mais peu
de temps après, il entra en conflit avec les membres locaux du Parti et du soviet
municipal. Lors d'une réunion de parents d'élèves, il leur reprocha de s'être
approprié tout ce qui était destiné à la coopérative des enfants, les traitant de
voleurs et de criminels. Il sera emprisonné à la suite de cet incident par les auto
rités et déclaré fou, mais heureusement libéré grâce à une femme neuropsyc
hiatre qui refusa de confirmer ce diagnostic douteux.
Puis, il s'installa au Kouban et poursuivit ses études à l'Institut pédago
gique de Krasnodar. En 1 940, il termina son doctorat à Moscou par une thèse
sur le style de la Divine comédie de Dante. Il enseigna l'histoire et la littérature
européenne dans le Caucase du Nord, puis les mathématiques et la physique
dans un lycée du Donbass.
Après avoir été mobilisé dans l'Armée rouge et grièvement blessé, Barka
fut déporté en Allemagne, où il vécut de 1945 à 1949. A Berlin, il travailla dans
Rev. Étud. slaves, Paris, LXVIII/1, 1996, p. 23-35. 24 OLGA CAMEL-MANDZUKOVA
une maison d'édition ukrainienne, avant d'obtenir l'asile politique pour s'instal
ler définitivement aux U.S.A., près de New York.
Ses premiers essais de plume datent de sa jeunesse, où il commença sa car
rière littéraire par la poésie. Il se signala d'abord par deux recueils de poèmes :
le premier, les Routes (Šljaxy), paru en 1930, et le second, les Guildes (Cexy,
1932), qui connut une attaque virulente de la part des critiques. Un article à ce
sujet fut publié dans la Gazette littéraire (Literaturna hazeta) à Xarkiv, intitulé
« Tous contre l'ennemi de classe dans la poésie » (Proty vylazky klasovoho
voroha v poeziji), à propos duquel Barka répondit :
Cet article me prédestinait à être un écrivain soviétique. Or, je me suis aperçu
que, dans le cadre de la littérature marxiste, ma poésie ne pouvait être acceptée. Donc,
j'ai commencé à construire ma propre conception du monde, une conception idéaliste.1
En effet, son œuvre tout entière fut marquée par la spiritualité chrétienne, et
nous ne savons pas ce qui a été à l'origine de ses sentiments religieux. Est-ce le
fait d'avoir vécu une mort clinique, lorsque, enfant, il est tombé d'un rocher et a
été laissé pour mort ? Peut-être est-ce arrivé le jour où, blessé, il reprit connais
sance dans d'horribles convulsions ? C'est ainsi qu'il perçut « sa deuxième
mort ». Ou peut-être aussi cette révélation de la force et de la sagesse divine
s'est-elle manifestée lorsque, prisonnier de guerre en Allemagne, il survécut
miraculeusement à un bombardement.
Certes, les idées de Barka sur la poésie ne sont pas nouvelles, elles pren
nent leurs racines dans l'esthétique idéaliste des penseurs et des poètes chrétiens
ainsi que chez les poètes romantiques. Il n'invente rien, mais s'identifie simple
ment aux auteurs dont les idées correspondent à sa structure poétique spirituelle,
fondée sur la philosophie chrétienne idéaliste.
C'est en Allemagne, en exil, seize ans plus tard, que paraîtra son troisième
recueil de poèmes, intitulé les Apôtres (Apoštoly, 1946), qui suscita de vives
polémiques, car certains critiques voyaient en lui un grand poète plein de talent,
tandis que d'autres trouvaient sa poésie « criarde », preuve que Barka ne laissait
pas indifférent. Le critique Hordyns'kyj voit dans la poésie de une cer
taine pureté, une légère transparence et un penchant pour le mysticisme. Le
poète est à la recherche de Dieu, qu'on lui a caché depuis longtemps, ou dont on
a nié l'existence, en lui interdisant d'y croire.
En 1947, Barka publia à Munich son deuxième recueil en exil, le Monde
blanc (Bilyj svit), où il s'aventure dans la poésie abstraite, phénomène tout à fait
nouveau dans la littérature ukrainienne. Il cherche dans les mots leur substance
primitive et, pour ce faire, il puise dans l'art populaire, afin de retrouver leur
sens ancestral. Pour un simple lecteur, cette poésie est peu accessible car
abstraite, et la pensée du poète semble n'être connue que de lui-même.
Aux U.S. A., en 1957 paraît le recueil le Roman de la rose (Trojandnyj ro
man), plein de paraboles bibliques, et en 1958 le Psaume des colombes (Psalom
holubynoho polja), où il évoque un monde mystique qui s'ouvre vers le monde
extérieur. Sa poésie naît du subconscient, comme si le poète n'était qu'un
instrument de la vérité, inspiré malgré lui par une force supérieure, d'où la comp
araison avec les prophètes, eux-mêmes conduits par une force supérieure.
1. V. Barka, préf. à l'édition ukrainienne Жовтий князь, Kyjiv, Dnipro, 1991,
p. 17. LA FAMINE DE 1932-1933 EN UKRAINE 25
Vasyľ Barka est également l'auteur d'une monumentale épopée en vers, en
quatre tomes, intitulée le Témoin (Svidok, 1958), où il est question entre autres
de l'extermination des Juifs en Ukraine sous Hitler. Nous citerons aussi le livre
syncrétique en deux tomes l'Océan (Okean, 1959) et le recueil le Royaume
(Carstvo), paru en 1979.
Inspiré par les premiers poèmes de Pavlo Tyčyna2, plus particulièrement
dans ses descriptions de la nature panthéiste et dans l'utilisation des idiomes
populaires, Barka fait preuve d'originalité par son abstraction et ses puissantes
métaphores. Ses poèmes et surtout ses romans en vers sont d'une lecture
difficile qui demande de la part du lecteur une préparation particulière pour dia
loguer avec le poète et mieux pénétrer dans son monde spirituel.
Outre de nombreux recueils de poèmes, on doit encore à Barka le roman le
Paradis (Raj, 1953), une traduction en ukrainien du Roi Lear de Shakespeare
(1969), les Révélations de saint Jean (1975) pour la publication de la Bible en
ukrainien, la pièce de théâtre le Maître de la ville (Hospodar mista, 1980). Il
s'adonna sa vie durant à une intense création littéraire. Son œuvre sera réunie en
vingt volumes et elle est traduite dans une dizaine de langues.
Mais c'est avec son roman le Prince jaune (Žovtyj knjaz') que Barka s'im
posa dans la littérature ukrainienne, ce qui lui vaudra une renommée internatio
nale. Cette œuvre, écrite aux U.S.A. entre 1958 et 1961, fut publiée pour la
première fois en 1962. Le roman fut traduit en français en 1981 par Olga Jawor-
skyj et publié chez Gallimard. En Ukraine, les lecteurs ne le découvriront qu'en
1991 et il se

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