La formation des cadres syndicaux : l école de Bernau - article ; n°4 ; vol.20, pg 107-125
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1989 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 107-125
Training of trade union cadres : the Bernau school
In the classification of training establishments, the Bernau school occupied a place in the first category. Its role was to provide union officials from all over the country with a three-year training course, basically centred on « ideological services ». The author shows that, significant though this training was, it could not equip the unions to keep pace effectively with the changes in enterprises, particularly in respect of technological innovation.
Dans la nomenclature des instituts de formation, l'école de Bernau se situait dans la première catégorie. Sa vocation était d'offrir à des fonctionnaires syndicaux venus de tout le pays une formation de trois ans, essentiellement axée sur « le service idéologique ». L'auteur montre que cette formation, pour aussi importante qu'elle ait été, ne pouvait permettre aux syndicats d'accompagner le changement, de manière efficace, dans l'entreprise, surtout en ce qui concernait les nouvelles technologies.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Bafoil
La formation des cadres syndicaux : l'école de Bernau
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 20, 1989, N°4. pp. 107-125.
Abstract
Training of trade union cadres : the Bernau school
In the classification of training establishments, the Bernau school occupied a place in the first category. Its role was to provide
union officials from all over the country with a three-year training course, basically centred on « ideological services ». The author
shows that, significant though this training was, it could not equip the unions to keep pace effectively with the changes in
enterprises, particularly in respect of technological innovation.
Résumé
Dans la nomenclature des instituts de formation, l'école de Bernau se situait dans la première catégorie. Sa vocation était d'offrir
à des fonctionnaires syndicaux venus de tout le pays une formation de trois ans, essentiellement axée sur « le service
idéologique ». L'auteur montre que cette formation, pour aussi importante qu'elle ait été, ne pouvait permettre aux syndicats
d'accompagner le changement, de manière efficace, dans l'entreprise, surtout en ce qui concernait les nouvelles technologies.
Citer ce document / Cite this document :
Bafoil François. La formation des cadres syndicaux : l'école de Bernau. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 20,
1989, N°4. pp. 107-125.
doi : 10.3406/receo.1989.1440
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1989_num_20_4_1440La formation des cadres syndicaux
l'école de Bernau
François BAFOIL*
La crise qui affecte l'organisation syndicale depuis le mois d'octobre
1989 met en question sa capacité à représenter efficacement les intérêts des
travailleurs. Or, pour autant que les syndicats entendent désormais se poser
comme des organisations indépendantes, sont-ils prêts à abandonner
l'alliance privilégiée qui les lie au SED ? Alors « changer de style », comme
le réclament les militants de base ', qu'est-ce que cela signifie lorsque l'on
sait le poids de la tradition politique dans la formation syndicale ?
L'examen du contenu de la formation des cadres syndicaux à laquelle
nous allons nous livrer dans cet article2 est intéressante pour trois raisons :
— pour connaître d'abord les réponses qui ont été apportées durant l'ère
Honecker aux défis posés par l'introduction des nouvelles techniques, les
syndicats étant posés comme l'un des vecteurs de leur mise en place ;
— pour mesurer ensuite le poids de la contrainte politique sur les
organisations sociales, le type de comportement requis et de loyauté
attendue ;
— pour évaluer les faiblesses, enfin, de ces organisations sociales, leur
inadaptation au changement et, finalement, leur mise à l'écart de l'entre
prise et leur responsabilité dans le déclenchement de la crise.
* Docteur en sociologie, Ingénieur au C.N.R.S., Berlin.
1. Tribune, 2 novembre 1989.
2. L'auteur a pu séjourner en mars et en juin 1989 durant deux semaines, à l'invitation
de la Confédération Syndicale des Syndicats Allemands (FDGB), dans cette école
supérieure, « Fritz Eckert », fondée avant la dernière guerre pour la formation des
activistes ouvriers. Lors de ce séjour, l'auteur a pu s'entretenir avec ces étudiants-
syndicalistes ainsi qu'avec les cadres responsables de cette formation qui dure trois ans.
il a pu avoir accès aux mémoires de fin d'études que chaque étudiant doit remettre après
avoir réalisé une enquête de type sociologique dans une entreprise soumise à un
processus de rationalisation des postes. L'auteur de cet article tient à remercier les
autorités qui ont rendu possible un tel travail : le C.N.R.S., le Ministère des affaires
étrangères, l'Académie des sciences est-allemande et tout particulièrement le Dr Klaus
Grehn.
107 Bafoil François
I. LA FORMATION DE BERNAU
Les étudiants qui fréquentent Bernau sont des syndicalistes venus de
toutes les régions de R.D.A. et de tous les échelons de l'organisation
syndicale : de l'homme de confiance du groupe syndical de base au
responsable d'une section de région en passant par le représentant d'une
commission executive d'entreprise3. Ceux qui sont envoyés ici sont parmi
les meilleurs que compte l'organisation syndicale et la formation dispensée
à Bernau est la plus importante en la matière. Si, en effet, la quasi-totalité
des fonctionnaires de suit les cours d'un trimestre dispensés
par chaque région (au nombre de 15, ce sont les Bezirk), ils sont déjà moins
nombreux à suivre les cours spécialisés qui durent un an, dispensés soit
dans le cadre de l'école du parti, soit dans celui, là encore, de la région
syndicale. De ce fait, la centaine d'élus désignés chaque année pour se
former à Bernau constitue l'élite des syndicats. Relevons enfin que depuis
deux ans, l'école supérieure de Bernau est habilitée à dispenser le titre de
Docteur à ceux qui — mais ils sont rares — auront l'intention d'enseigner
dans le supérieur.
Le programme que doivent suivre les étudiants est établi sur la base d'un
cycle de trois ans comprenant 60 heures d'études par semaine. On relève
d'emblée la place prépondérante occupée par les matières « idéologi
ques », c'est-à-dire chargées de fournir à l'étudiant un bagage politique.
L'ambition qui anime un tel projet est bien de former non pas tant un
technicien qu'un individu « fiable », pouvant conserver un type donné
d'autorité sur la technique elle-même.
S'y ajoutent le cycle de politique militaire de 23 heures, celui de l'appren
tissage (ou du perfectionnement) de la langue russe de 210 heures et celui
du sport de 190 heures. La formation comprend enfin de surcroît 40 jours
de recherche et 80 jours de pratique au cours desquels l'étudiant réalise des
travaux écrits, résultant notamment des enquêtes en entreprises. Au total,
le cycle de trois ans s'élève en 1989 à 1 302 heures (compte non tenu des
jours consacrés à la recherche) pour un total de 1 838 heures en 1 98 1 . Quant
aux heures requises pour le travail personnel de l'étudiant, elles s'élèvent
à 4 472 heures en 1989 pour un total de 3 124 en 1981.
3. Les étudiants sont au nombre de 300 : 220 Allemands et 80 environ en provenance
des autres continents, en majorité du Viêt-nam, du Mozambique et de Corée du Nord.
Logés à deux par chambre, ils conservent 90% de leur traitement précédent et,
naturellement, le poste qui était le leur. Mieux encore, les études menées à Bernau
sanctionnées par un diplôme de l'enseignement supérieur sont pour la quasi-totalité des
intéressés une occasion de promotion très importante. Par ailleurs, le prix des chambres
est modique, celui des dépenses sur place — alimentation et boisson — également. La
possibilité d'épargner s'ajoute ainsi aux autres avantages qu'une telle formation procure.
108 des cadres syndicaux : école du Bernau Formation
Tableau I
Plan d'enseignement pour les études syndicales d'une durée de trois ans
à l'École supérieure des syndicats de Bernau, établi par le Presidium
de l'organisation syndicale centrale (FDGB) le 22 août 1986
Études Disciplines scientifiques Cours personnelles
Heures % Heures
14 Cycle introductif 1,1 76
HISTOIRE 228 17,5 762
Hist, mouvem. ouvrier allem. 105 8,1 380 et syndic, internation. 123 9,4 382
PHILOSOPHIE 381 1469 29,3
Philosophie 99 7,6 392
Communisme scientifique 97 7,5 364
Culture politique 94 7,2 374
Constitution du syndicalisme 91 7,0 339
ÉCONOMIE 409 31,4 1 561
Économie pol. du capitalisme 5,4 284 71 du socialisme 131 10,1 414
Technologie et syndicats 60 4,6 120
Économie de l'entreprise socialiste 5,6 312 73 du travail 74 5,7 431
POLITIQUE SOCIALE 270 20,7 680
Politique sociale 77 5,9 234
Protection du travail 6,1 232 79
Droit du travail 114 8,7 214
Le séjour à Bernau est sanctionné par l'obtention d'un diplôme supérieur
en sciences sociales : Diplom-Gesellschaftswissenschaftler. Ce diplôme
récompense : a) une connaissance scientifique et théorique du marxisme-
léninisme, celle des classiques du SED et celle des directives de la FDGB,
b) une capacité d'analyse de la situation sociale et de s

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