La maladie et son double. La suette miliaire et son traitement au XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.48, pg 203-225
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1993 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 203-225
Disease and its Representation: The Suette Miliaire and its Treatment During the 19th Century
Outbreaks of the disease known as suette miliaire — an ailment probably of infections origin that has now disappeared — were occasions of intense panic during the nineteenth century. Doctors of the period have left behind strange accounts concerning this malady, account that reveal the symbolic treatment of the disease. The author explores the impact of the representation of the illness on the relations between the doctor and the patients.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 106
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Chantal Beauchamp
La maladie et son double. La suette miliaire et son traitement au
XIXe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 48e année, N. 1, 1993. pp. 203-225.
Abstract
Disease and its Representation: The Suette Miliaire and its Treatment During the 19th Century
Outbreaks of the disease known as suette miliaire — an ailment probably of infections origin that has now disappeared — were
occasions of intense panic during the nineteenth century. Doctors of the period have left behind strange accounts concerning this
malady, account that reveal the symbolic treatment of the disease. The author explores the impact of the representation of the
illness on the relations between the doctor and the patients.
Citer ce document / Cite this document :
Beauchamp Chantal. La maladie et son double. La suette miliaire et son traitement au XIXe siècle. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 48e année, N. 1, 1993. pp. 203-225.
doi : 10.3406/ahess.1993.279125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1993_num_48_1_279125REPRESENTATIONS SOCIALES
LA MALADIE ET SON DOUBLE
La suette miliaire et son traitement au xixe siècle
Chantai Beauchamp
Moins armés techniquement que les praticiens d'aujourd'hui, mais plus
proches que leurs successeurs de la réalité sensible et vécue de la maladie,
les médecins du xixe siècle donnent souvent l'impression que le combat
qu'ils mènent exige d'eux un important engagement personnel, notamment
dans ces moments critiques où la présence d'une épidémie demande une dis
ponibilité sans faille, quand le corps social ébranlé attend de ses médecins
qu'ils lui prodiguent autant d'attentions que de soins*.
Sans doute faut-il voir dans cette forte implication la raison pour laquelle
ils ont tant observé, tant écouté, et surtout tant écrit. Du plus humble officier
de santé de village, adressant au sous-préfet un manuscrit souvent ignoré, au
plus prestigieux clinicien de la capitale, lisant son rapport de commande à la
séance de l'Académie1, qui n'a pas été un jour tenté d'écrire ce qu'il avait vu
et vécu ? Car les épidémies sont l'occasion d'une profusion d'analyses et
d'interprétations, voire de polémiques passionnées, répercutées par la
presse, aussi bien savante que profane.
Les justifications explicites de ces récits sont évidentes : décrire la malad
ie régnante, éclairer un point obscur concernant sa nature ou son mode de
propagation, proposer des règles d'hygiène, promouvoir un mode de trait
ement, montrer au public et aux autorités le dévouement des hommes de
l'art. Mais il s'agit aussi, pour le médecin qui compose sa relation, de déga-
* Ce texte est la reprise d'une communication présentée et discutée au séminaire de Jean-
Pierre Peter (Histoire et Anthropologie de la médecine, EHESS) en février 1992.
1. Ces rapports sont le plus souvent l'œuvre des médecins des épidémies, créés par la loi du
12 floréal an XIII (5-05-1805), nommés par les préfets dans chaque arrondissement. Ce ne sont
pas des fonctionnaires, mais des praticiens libéraux, honorablement connus, amenés ponctuelle
ment à se soustraire à leur clientèle privée pour répondre à la mission que leur confie le préfet.
Sur l'esprit dans lequel elles sont accomplies, sur leur impact tant pratique qu'idéologique, voir
C. Beauchamp, Délivrez-nous du mal ! Épidémies, endémies, médecine et hygiène au
XIXe siècle, Maulévrier, Hérault éditions, 1990, 400 p.
203
Annales ESC, janvier-février 1993, n° 1, pp. 203-225. REPRESENTATIONS SOCIALES
ger une logique de l'action au travers d'expériences ponctuelles et éclatées,
de proposer une représentation cohérente de l'événement. Pour qu'il appar
aisse clairement qu'à la maladie, aux symptômes et aux réactions des
malades, les médecins et les responsables sanitaires ont donné des réponses
pertinentes. Car l'épidémie est porteuse de sens :
Ce qui ne se voit qu'imparfaitement et par lettres détachées dans les
maladies sporadiques, se lit en gros caractères et en mots tout formés dans
les épidémiques. [...] Les épidémies sont en quelque façon des
généralisations toutes faites, [...] de [...] grandes révélations morbides2.
Nous avons choisi d'étudier les relations médicales des principales épidé
mies de suette miliaire en France au xixe siècle3. Ces récits4 transcrivent des
suites de symptômes, vécus par les malades à la fois comme des manifesta
tions sensibles et comme des messages qui interprètent ces sensations. Au
2. Jules Guérin, « Études sur la suette miliaire épidémique, et en particulier sur l'épidémie
de 1849 », dans Gazette médicale de Paris, 1851, pp. 578-585.
3. Les spécialistes de la suette la rattachent à ce que les médecins antiques appelaient « car
dia passio » (voir sur ce point les remarques qui suivent l'article « Suette miliaire » du Diction
naire encyclopédique des Sciences sociales de Dechambre, article de Léon Colin). Disparue au
Bas-Empire, elle reparaîtrait brusquement en Angleterre en 1485, sous le nom de « Sudor
Anglicus », « sweating sickness », ou « suette anglaise ». La mortalité causée par ses brusques
poussées épidémiques semble considérable, aussi bien en Angleterre que sur le continent où
elle fait plusieurs incursions au xvie siècle. En France, on la désigne du nom étrange de
« trousse-galant » (cf. J. Brossolet, « Expansion européenne de la suette anglaise », dans
Proc. XIII, International Congress of History of Medicine, 1972, Londres, 1974, 1. 1, pp. 595-600).
Après un autre silence au xvir siècle, l'épidémie de Montbéliard de 1712 est l'annonce d'un
nouvel essor. Elle parcourt alors la Normandie et la Picardie, d'où son nom de « suette
picarde ». Son ère de diffusion s'élargit à l'ensemble du territoire français ; on la rencontre éga
lement dans les États allemands et en Italie.
A partir des années 1830-1840, la suette semble se cantonner à la France. Peu de régions
sont épargnées. Il ne se passe guère d'année sans qu'une épidémie ne soit signalée ici ou là, avec
une expansion géographique variable. Après 1880, elle semble se rétracter, limitant ses atteintes
au sud du Berry, au Poitou et aux Charentes, où elle persiste à l'état endémique jusque dans les
années 1950.
4. Citons rapidement la suette en Picardie étudiée par Rayer dans Hist, de l'ép. de s. m. qui a
régné en 1821 dans les départements de l'Oise et de Seine-et-Oise, Paris, 1822, 480 p. Ce travail
est une référence obligée pour les études ultérieures, notamment celle de A. Foucart, De la
suette miliaire, de sa nature et de son traitement (ép. de la Somme et de l'Aisne de 1849), Paris,
1854, 405 p. Un autre classique est constitué par l'ouvrage de Parrot, Hist, de l'ép. de s. m. qui
a régné en 1841 et 1842 dans le département de la Dordogne, Paris, 1843, 300 p. La suette du Poi
tou a été étudiée par plusieurs médecins locaux, dont Orillard, « Rapport sur l'ép. de s. m.
qui a régné dans l'arrondissement de Poitiers en 1845 », dans Bulletin de la société de médecine
de Poitiers, 1846, 104 p. Toujours sur le Poitou, l'épidémie de 1887 est relatée en détail dans
Poitou médical d'octobre et novembre 1887, et celle de 1926 a été décrite par Rousseau, « la s.
m. dans le Montmorillonnais », dans Bulletin de l'Académie de médecine, t. 113, 1935, pp. 293-
302. L'épidémie du département de l'Hérault en 1851 a fait l'objet d'une série d'articles par
Alquié dans les Annales cliniques de Montpellier, 1853 et 1854. Celle de l'île d'Oléron fut
décrite par Ardouin dans sa « Relation d'une ép. de s. m. qui a régné à l'île d'Oléron au mois
de juillet 1880 », dans Archives de médecine navale, t. XXXVI, juillet et août 1881, pp. 45-59 et
137-147. « L'ép. de s. m. des Charentes (mai-juillet 1906) », est racontée par Haury dans Revue
de médecine, t. XXVII, février et mars 1907, pp. 97-126 et 209-236.
Dans sa thèse soutenue à Paris

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