La mesure de la sensibilité - article ; n°1 ; vol.9, pg 79-128
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Description

L'année psychologique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 79-128
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Alfred Binet
La mesure de la sensibilité
In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 79-128.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. La mesure de la sensibilité. In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 79-128.
doi : 10.3406/psy.1902.3428
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1902_num_9_1_3428IV
LA MESURE DE LA SENSIBILITE
J'ai publié déjà dans l'Année différentes recherches sur la
sensibilité tactile. Je reprends ces recherches pour en tirer une
théorie cohérente relativement à la mesure de la sensibilité
tactile et de la sensibilité en général. Ce sont des questions très
importantes pour la psychologie, comme je le montrerai en
détail.
Avant d'entrer en matière, j'exposerai dans ce chapitre d'i
ntroduction quelques considérations générales sur la Mesure de
la sensibilité. C'est une expression dont nous nous servirons
bien souvent, et il est d'une bonne méthode de la définir avant
de nous en servir. Ce soin est d'autant plus nécessaire que
l'expression n'est pas très claire ; elle peut être prise, dans plu
sieurs sens différents. La lecture attentive de quelques auteurs
qui font autorité parmi les psycho-physiciens m'a montré qu'il
est possible de donner deux sens différents à la mesure de la
sensibilité : ce sont des conceptions qui ont bien un fond ana
logue ; cependant on peut les distinguer les unes des autres; et
même, c'est un devoir de les distinguer, car si l'une de ces con
ceptions est exacte et raisonnable, l'autre me paraît être, au
contraire, tout à fait chimérique; elle ne peut être acceptée
que par des personnes qui sont étrangères à la psychologie et
ne se rendent pas un compte exact de la nature des phénomènes
mentaux. Je remarque donc qu'on a pris le mot sensibilité dans
deux sens différents que je résume brièvement ainsi :
1° La sensibilité est l'aptitude que nous possédons à nous
rendre compte des objets qui nous environnent, et en particul
ier des excitants qui agissent sur notre organisme ;
2° La sensibilité est le nom collectif des sensations qui se
produisent en nous, à la suite des excitations qui agissent sur
notre organisme.
Suivant qu'on adopte explicitement ou implicitement l'une
ou l'autre de ces deux définitions de la sensibilité, on est amené
à donner un sens différent à la mesure de la sensibilité. ' MÉMOIRES ORIGINAUX 80
1° Parlons d'abord delà première acception. La sensibilité
consiste dans notre aptitude à nous rendre compte des exci
tants qui agissent sur notre organisme. C'est, à ce qu'il semble
tout d'abord, une définition bien étrange de la sensibilité; le
biologiste trouvera cette définition trop intellectuelle; j'entends
par là qu'il sera d'avis que cette conception de la sensibilité
fait la part trop grande au facteur intelligence ; il est habitué
par ses études à voir dans la sensibilité une propriété plus
élémentaire. Cependant je crois, je suis sûr que l'acception que
je viens d'indiquer est la plus usuelle, quoiqu'elle soit le plus
souvent sous-entendue; la sensibilité d'une personne, par
exemple, est la connaissance qu'elle a du monde extérieur;
c'est dans ce sens-là que la d'une personne est étu
diée pratiquement dans un laboratoire de psychologie ou dans
une clinique. Étudier la sensibilité de cette consiste
toujours à rendre une certaine connaissance du monde extérieur
très difficile, et à savoir si la personne arrive, malgré la difficulté,
à en avoir une connaissance exacte. L'intervention de la mesure
consiste simplement à doser cette difficulté en employant des
excitations très faibles, ou des différences d'excitation très
faibles; on recherche alors quel est le minimum qui
peut être perçu exactement; et Ton dit, après avoir fait la mesure
de cet excitant minimum que tel individu aune sensibilité plus
fine qu'une autre, plus aiguë, s'il est capable de reconnaître
exactement un excitant plus faible que celui qui est nécessaire
à l'autre individu.
Dans cette étude de la sensibilité, la mesure porte unique
ment sur l'excitant, qui est une force physique, mesurable dans
le sens technique du mot; c'est en effet. un poids, ou un son,
ou un rayon de lumière, ou un courant électrique, ou une forme
visible, des caractères d'imprimerie, par exemple.
Le procédé de la mesure consiste à déterminer le minimum
d'excitation qui peut être exactement perçu; ce minimum,
cette limite au-dessous de laquelle aucune excitation n'est
reconnue, porte le' nom de seuil. On cherche donc, par diff
érentes méthodes, à déterminer le seuil, en employant des exci
tations de diverse force, jusqu'à ce qu'on trouve la limite où la
perception ne se fait plus. On peut se poser deux questions
différentes : savoir quel est le minimum d'excitation qui est
nécessaire pour être perçue exactement ; le sujet cherche alors
à percevoir si l'excitation a eu lieu ou non, si elle est présente
ou absente; c'est le seuil initial; ou bien, on veut déterminer BIN ET. — LA MESURE ET LA SENSIBILITÉ 81 A.
quelle différence doit exister entre deux excitants pour que
cette soit perçue exactement ; on a alors à répondre
à une question un peu différente, si les deux excitants sont
égaux ou différents : c'est alors le seuil différentiel. Dans les deux
cas, le jugement porte sur une question qu'on a rendue aussi
claire et aussi précisé que possible, l'existence (et son contraire
la non-existence) — d'un excitant et l'identité (et son
l'inégalité ou la différence), de deux excitants. L'acte de juge
ment est apprécié à deux points de vue un peu différents, celui
de la finesse et celui de l'exactitude; la finesse est d'autant plus*
grande que l'excitation minimum perçue est plus faible, ou
que les accroissements d'excitations perçues sont plus faibles,
ou encore, en d'autres termes la finesse est d'autant plus
grande que les accroissements d'excitations perçus entre deux
termes quelconques sont plus nombreux; l'exactitude du juge
ment prend moins en considération la petitesse de l'excitant à
percevoir, et davantage le nombre des erreurs commises en per
cevant cet excitant; une perception sera d'autant plus exacte,
cela va de soi, que les erreurs seront moins nombreuses. Parmi
les diverses méthodes employées en psycho-physique, celle que
nous décrirons plus loin sous le nom de méthode des change
ments minima permet surtout de connaître la finesse de la
perception, tandis que celle des cas vrais et faux donne sur
tout des renseignements sur l'exactitude des perceptions ; mais
atout prendre, chacune des deux méthodes fournit des données
sur les qualités du jugement que nous venons de distinguer ;
cette distinction n'a pas été souvent prise en considération ;
cependant je la crois plus importante qu'une simple vue théo
rique. Je suppose que la qualité de finesse doit, en psychologie
individuelle, ne pas être confondue avec la qualité d'exactitude.
Il n'est pas douteux que certains individus auront plus de
finesse, dans leur manière de percevoir, et d'autres auront plus
d'exactitude. Ce n'est donc pas un abus d'analyse de faire une
distinction entre ces deux qualités.
On comprend que la détermination du seuil initial et celle
du seuil différentiel relèvent de l'expérience; ce sont là des
faits. Il serait donc possible, si du moins les expériences sont
satisfaisantes, de mesurer la sensibilité d'une personne et
aussi de comparer les sensibilités de deux régions ou de deux
personnes différentes. S'il est bien démontré, par exemple, que
le seuil de l'une des deux personnes est déterminé par un exci
tant égal à 1, et le seuil de l'autre par un excitant égala 3, on
l'année psychologique, ix. 6 MÉMOIRES ORIGINAUX 82
sera en droit de conclure que la sensibilité de la première est
plus grande, ou plus fine, que celle de la seconde. Cette mesure
de la sensibilité, à mon sens, équivaut à un classement*. C'est
une question de savoir s'il faut la considérer comme une mesure
véritable. Beau

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