La méthodologie du métissage - article ; n°2 ; vol.7, pg 145-157
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1971 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 145-157
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. Twiesselmann
La méthodologie du métissage
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XII° Série, tome 7 fascicule 2, 1971. pp. 145-157.
Citer ce document / Cite this document :
Twiesselmann F. La méthodologie du métissage. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XII° Série,
tome 7 fascicule 2, 1971. pp. 145-157.
doi : 10.3406/bmsap.1971.2015
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1971_num_7_2_2015Bull, et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, t. 7, série XII, 1971, pp. 145-157
LA MÉTHODOLOGIE DU MÉTISSAGE
par
F. TWIESSELMANN
{Bruxelles)
Donner une définition de la notion de métissage est tâche malaisée. On dit
qu'un sujet est un métis de première génération FI quand ses deux progéniteurs
sont issus de populations jugées suffisamment différentes par l'ensemble de leur
patrimoine héréditaire. On dit qu'une population métissée résulte d'unions contract
ées entre des individus provenant de telles populations. Ces définitions sont utiles,
mais leur contenu est imprécis. A partir de quand les patrimoines de deux popul
ations peuvent-ils être censés suffisamment différents et les gamètes progéniteurs
qui y sont prélevés, capables de produire un zygote méritant, par quelle sorte d'hé-
térozygotie, la qualité de zygote « métis » ? Incapable de poser le problème dans
des termes stricts, l'anthropologie a dû aborder ses recherches sur le métissage en
partant de concepts mal définis, qui d'ailleurs alourdissent toujours sa démarche
et dont il convient de discerner la signification.
I. — Notion de race humaine.
L'humanité est une espèce zoologique en ce sens que tous les individus sont
potentiellement interféconds. La variation géographique des caractères physiques
les plus immédiatement observables (taille, couleur des yeux et de la peau, forme
et couleur des cheveux, forme de la tête, forme du nez, conformation de la face
et des oreilles et, accessoirement, forme des paupières) a conduit à un classement
de l'humanité en catégories hiérarchisées : grand-races ou races fondamentales,
races, sous-races, races métissées, races marginales. L'idée fondamentale est que la
diversité humaine résulte d'une sélection exercée pendant le développement du
phylum ; y est subordonné un autre postulat, c'est que les « races actuelles » sont
en réalité un mélange à des degrés divers de races autrefois plus « pures ».
J. Deniker (1926), prémendélien, bon connaisseur de la variation naturelle
des critères classiques de classification, a recours à la notion d'unité somatologique :
des groupements sociaux sont formés par la réunion d'individus appartenant d'or
dinaire à deux, trois ou à un plus grand nombre de ces unités. Celles-ci sont des
« types théoriques » ; « il est bien rare de tomber sur un individu représentant le
type de l'unité somatologique à laquelle il appartient », le plus souvent les « formes »
des sujets sont altérées « par les mélanges et les métissages » et, « à deux ou trois 146 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS
traits typiques près, tout n'est qu'un mélange confus de caractères n'offrant rien
de saillant ». Deniker voit l'origine de ses unités somatologiques dans l'évolution
du phylum humain en plusieurs troncs primitifs ou unités somatologiques qui vont
ensuite se mélanger entre eux et former les peuples.
Les six races dites principales et les quatre races dites secondaires dont le mélange
en diverses proportions constitue les différents peuples européens sont en réalité
des populations habitant une aire géographique au sein de laquelle se trouvent en
majorité des individus conformes au type théorique. Ainsi, dans les populations de
la Scandinavie, on trouve presque exclusivement une forte proportion de grands
blonds dolichocéphales représentant la race nordique. Les critères de l'apparte
nance à cette « unité somatologique » ne sont que la possession par le sujet des
caractères (cheveux blonds, souvent roussâtres, ondulés ; yeux clairs, pour la plu
part bleus ; tête allongée, dolichocéphale : indice céphalique sur le vivant de 76 à
79 ; peau d'un blanc rosé ; face allongée ; nez proéminent, droit) par lesquels les
populations Scandinaves se distinguent statistiquement d'autres groupes ethniques.
L'unité somatologique nordique admises par Deniker n'est qu'une notion spéculat
ive qui admet comme démontrée une association héréditairement transmise de
caractères rencontrés plus souvent en Scandinavie, plus rares chez d'autres popul
ations d'Europe ou de régions voisines, absents en d'autres points du monde ; la
fréquence de cette association théorique serait la mesure du degré de métissage des
populations avec la « race nordique ».
La notion d'unité somatologique a été reprise sous d'autres formes par J. Czeka-
nowski (1928, 1954) et par B. Skerlj (1936), notamment.
Skerlj a tenté lui aussi d'analyser la composition « raciale » de l'Europe en
utilisant une hypothèse mendélienne. 11 part de quatre couples de caractères mendé-
liens et suppose la dominance de la haute stature sur la basse, de la brachycéphalie
sur la dolichocéphalie, de l'iris pigmenté sur l'iris clair, des cheveux sombres sur les
cheveux clairs ; il doit en résulter 256 combinaisons génotypiques, dont 85 différentes,
auxquelles correspondent 16 phénotypes dont 12, de la race dinaride à la vistulide,
ont été reconnus par les anthropologues. La dinaride possède à l'état homozygote
ou à l'état hétérozygote les 4 gènes dominants ; la vistulide est homozygote pour
les 4 gènes récessifs.
Czekanowski se fonde sur la classification de Deniker : il réduit à 4 le nombre
des races principales de l'Europe ; le croisement entre ces 4 races donnerait 6 co-
races ; tout se passe comme si la transmission des caractères associés s 'exprimant
dans un phénotype « racial » était assurée selon le mode monomérique mendélien.
De Deniker à Skerlj, on le voit, la pensée anthropologique s'enrichit des don
nées de la génétique ; actuellement, anthropologie et génétique se sont rejointes
et tout le monde admet que les communautés de reproduction dont l'ensemble
constitue l'humanité ne seront un jour définies que par l'appréciation quantitative
des gènes qu'elles véhiculent vers les générations ultérieures.
Si, de ces gènes, nous n'en connaissons pas même le nombre, du moins pou
vons-nous les étudier par classes en tenant compte de ce que nous savons de leur
mode d'action au niveau moléculaire ou au niveau d'états phénotypiques distincts
ou fluctuants et aussi selon leur degré de liaison mutuelle.
Les travaux sur le métissage, ou plus simplement dit les recherches sur l'apport
de gènes à une population donnée par des individus qui sont issus d'une autre com
munauté biologique, se doivent de considérer l'ensemble des gènes accessibles à TWIESSELMANN. — LA METHODOLOGIE DU METISSAGE 147 F.
notre analyse ; la synthèse des faits observés, nous pouvons le penser, montrera
que le système de classification en races, dont les anthropologistes ont si longtemps
discuté, n'était qu'un classement préalable au véritable travail, c'est-à-dire à l'étude
des fluctuations de l'état d'équilibre des gènes dans les communautés de repro
duction.
II. — Gènes mendéliens et métissage.
Les problèmes du métissage se posent en termes différents selon qu'on se pro
pose d'étudier le devenir ou l'histoire des gènes mendéliens (gènes majeurs) à effet
« visible » reconnu, ou de gènes létaux, ou de facteurs multiples.
A. La notion de panmixie.
On dispose pour de très nombreuses populations de décomptes de la fréquence
des allèles gouvernant le polymorphisme de divers systèmes antigéniques érythro-
cytaires, de protéines sériques, de divers enzymes, etc. Ces estimations de fréquences
peuvent parfois être faites directement à parti

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