La monnaie, un grand livre français - article ; n°1 ; vol.3, pg 29-39
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Description

Mélanges d'histoire sociale - Année 1943 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 29-39
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1943
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles Morazé
La monnaie, un grand livre français
In: Mélanges d'histoire sociale, N°3, 1943. pp. 29-39.
Citer ce document / Cite this document :
Morazé Charles. La monnaie, un grand livre français. In: Mélanges d'histoire sociale, N°3, 1943. pp. 29-39.
doi : 10.3406/ahess.1943.3076
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_1243-2571_1943_num_3_1_3076— LA MONNAIE
Un grand livre français
présente institutions1. Un livre une en originalité Ainsi, deux volumes cette qu'à fois, vient lui la seul monnaie de paraître souligne n'est aux le titre plus Presses : séparée la Universitaires Monnaie des et orga; ses il
nismes qui la créent, qui en règlent la circulation ; elle n'est plus un
phénomène palpable et mystérieux, capable d'agir profondément sur
l'homme et devant lequel pourtant l'homme serait resté impuissant ; la
monnaie nous est donnée comme une création humaine qui a suggéré des
théories diverses et des techniques précises dont les effets entraînent des
résultats économiques ou sociaux, dont l'étude objective permet d'apprécier
la valeur.
C'est la grande nouveauté de ce livre, c'est le grand mérite de son
auteur, que d'avoir voulu nous faire pénétrer dans ce temple de la valeur,
dont on nous parlait avec beaucoup d'égard, mais dont personne ne nous
avait montré, de l'intérieur, l'architecture. Grâce à M. Pose nous entrons
dans la banque, dans les banques ; nous les voyons au travail ; nous sai
sissons les inquiétudes, les audaces qui animent leurs chefs ; nous mesur
ons en même temps l'étendue de leurs succès ou de leurs échecs ; nous
prenons conscience des obstacles auxquels se heurtent les techniciens —
et c'est à travers les résistances qu'ils rencontrent que nous pouvons
apprécier les qualités de la monnaie. Directeur d'un de nos plus grande
établissements de crédit, l'auteur nous dit, en homme qui a fait see
preuves, pourquoi Péreire a échoué, pourquoi Henri Germain a* réussi —
et les réflexions naissent d'elles-mêmes, à mesure que se développent les
tableaux saisissants qu'il trace de l'activité bancaire. Les idées ne
se surajoutent pas au texte ; elles sortent des faits : du moins les idées
de l'auteur, toutes tournées vers l'action. Car la Théorie, dont on nous a
jusqu'ici étourdi l'oreille, est renvoyée à sa place : c'est un élément d'opi
nion publique. Chaque époque a ses théories, nées de conditions fugitives
et réagissant sur les esprits à la manière des traditions et des modes. —
Aussi edt-ce avec un merveilleux étonnement que les lecteurs peuvent enfin
pénétrer les secrets auxquels ils n'étaient pas encore initiés, puisque lee
meilleurs professeurs d'économie politique ne pouvaient avoir, pour nous
révéler le rôle des différents compartiments bancaires, cette assurance
tranquille d.e l'homme d'action qui les dirige.
Il est malaisé de présenter brièvemertt un livre si riche et si nouveau.
L'auteur nous pardonnera, pensons-nous, de forcer un peu sur le sens de
son texte et de dépasser peut-être, parfois, sa propre pensée. C'est que
nous sommes persuadés qu'il ouvre la bonne voie ; c'est aussi qu'un texte
si abondant ne nous permettait guère de choisir sans sacrifier les nuanc
es nombreuses qu'il comporte.
Quelques mots, d'abord, sur la méthode. Elle nous paraît caractérisée
par dpux traits. Elle unit à un procédé technique de recherche une syn
thèse historique. Le procédé de recherche est celui d'un homme habitué à
т. La Monnaie et ses institutions ; histoire, théorie et technique, par A. Pose ;
Paris, Presses Universitaires, iqIh ; in-8°, t. I, vni-478 p. ; t. II, p. 4&З-947. 30 ANNALES D'HISTOIRE SOCIALE
préparer, à lire, à peser des comptes, et qui, s'il montre de l'indulgence
pour les procédés abstraits des théoriciens, sait très bien qu'une création
humaine ne se laisse malheureusement pas réduire aux cadres de la pensée
mathématique. Aussi, peu de statistiques, pas de graphiques, mais des
bilans. Ce livre prolonge l'action : il est donc préparé avec le même esprit
qu'elle, avec la même méthode, et le lecteur est invité à se pencher sur
les résultats de l'exercice d'une société de crédit, à en étudier les éléments,
que commente un style pittoresque, d'ailleurs plus souvent parlé qu'écrit
et qui évoque plutôt le conseil d'administration que la chaire. Mais cela
même est une nouveauté qui n'est ni sans charme ni sans avantages. Ces
bilans sont volontiers combinés, soit que pour un seul établissement ils
soient présentés sur plusieurs années, soit même qu'ils représentent la
totalisation des posées de banques. Dans ce dernier cas la lecture
en devient assurément plus difficile, peut-être aussi plus abstraite, parce
que comment limiter le nombre d'établissements dits « principaux » ?
Pour les lecteurs peu familiarisés avec les bilans il n'eût pas été inutile
d'en présenter certains sous forme graphique. Quoi qu'il en soit, l'avan
tage du procédé choisi est évident : il «st l'expression directe de la réalité
technique.
Second aspectt de la méthode : la présentation historique des résultats.
C'est la réalité de l'évolution qui guide le plan de l'ouvrage, et non
les étapes d'un raisonnement ; les théories classiques s'inscrivent donc dans
leur cadre historique ; les expériences monétaires se rattachent aux év
énements et les conclusions se dégagent avec une force de persuasion que
ne peut atteindre la plus solide construction abstraite. La méthode histo
rique, l'esprit historique, ne sont pas des instruments intellectuels mi»
seulement à la disposition d'une discipline, toutes les activités peuvent
s'en inspirer. Il est un« manière historique de poser les problèmes qui
exclut les termes généraux mais appelle les précisions de dates, de lieux,
de circonstances qui détourne l'esprit des conclusions simplistes de forme
universelle. L'histoire est la science de l'objectivité. Que l'Economie Poli
tique puisse être autre chose que l'histoire des faits économiques, c'est ce
dont nous tombons volontiers d'accord — mais il nous paraît heureux
qu'enfin, avant d'échafauder des théories et des systèmes, comme de les
criticruer, on nous invite à étudier l'évolution des faits passés et la sagesse
contenue dans toutes ses expériences multipliées, dont il nous est loisible,
connaissant les suites, d'apprécier l'efficacité et l'intérêt.
D'ailleurs méthode historique ou méthode analrtique ne sont pas-
seulement deux attitudes de l'esprit ; elles correspondent aussi à deux
besoins de la Raison. Il est des époques où les problèmes se trouvent
obligatoirement posés en termes nouveaux et l'esprit est alors conduit à
ce retour sur soi, à cette révision du passé humain qui lui permet de
faire le point de sa position dans l'évolution générale. Qui peut douter
que nous en soyons là ?
II
Passons aux résultats, aux précieux résultats que ce livre novateur
nous apporte. Le premier, c'est que « la monnaie, institution humaine et
d.ont l'objet n'est que la commodité sociale, ne saurait Être une idole
qu'il nous faut révérer » (p. З09). Et l'auteur d'accuser les théoriciens de
la traditionnelle « bonne monnaie » d'avoir été comme paralysés par son
prestige. De là cette « incapacité d'agir » dont trop de gouvernements en LA MONNAIE 31
France ont été saisis en présence des problèmes monétaires. Aussi,
cette idée est-elle soulignée, que la monnaie est au service de la société,
qu'il s'agisse de la monnaie métallique dont les rois usent comme d'une
source de revenus, faute de pouvoir assurer l'alimentation de leur trésor
par des procédés réguliers — ou du billet de banque, qui trouve un écla
tant succès en Angleterre : au lendemain de la révolution de 1688, les
puissants marchands, satisfaits de la nouvelle dynastie qu'ils viennent de

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