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Publié par | POPULATION0 |
Publié le | 01 janvier 1973 |
Nombre de lectures | 21 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Extrait
Françoise Depoid
La mortalité des grands vieillards
In: Population, 28e année, n°4-5, 1973 pp. 755-792.
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Depoid Françoise. La mortalité des grands vieillards. In: Population, 28e année, n°4-5, 1973 pp. 755-792.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1973_num_28_4_15519Résumé
La mortalité aux âges élevés a longtemps été du seul domaine de la légende. Celle-ci est universelle,
s'exerce toujours dans le même sens et subsiste encore de nos jours, dans certains pays où la tenue
de l'état civil est relativement récente. Les statistiques de décès et les recensements ont été longtemps
déficients, soit que les nombres fussent erronés, soit que l'âge ne fût pas correctement indiqué. Ces
défauts n'ont d'ailleurs pas totalement disparu. Pendant longtemps, les tables de survie se sont arrêtées
à 85 ans; pour aller au-delà, les compagnies ď assurances utilisent les formules de Gompertz et de
Makeham. Le premier travail scientifique important remonte à M. Paul Vincent, qui a réussi à établir des
tables, au moyen de renseignements obtenus pour quatre pays. Mlle Françoise Depoid a repris, sous
sa direction, les calculs sur de nouvelles données et en commente les résultats.
Abstract
SUMMARY The study of registered deaths since the last war in France, the Netherlands, Sweden and
Switzerland, enables the author to build mortality tables by sex of old people over 85 for each of the
above mentioned countries and for all of them together. Compared with similar tables built by P. Vincent
for the same countries and the pre-war period, there is a sizeable decline in mortality even for very old
ages. The result is an increased longevity probably never observed so far in history.
Resumen
RESUMÉN La explotación de las defunciones registr adas desde la ultima guerra mundial en Francia,
Suecia, Suiza y en los Paises Bajos permite al autor presentar las tablas de mortalidad рог sexo de los
ancianos de 85 aňos y más para cada pais y para el conjunto de ellos. La comparación de estas tablas
con las que estableció P. Vincent por los mismos paises y por el periodo antes de la segunda guerra,
pone de relieve una baja importante de la mortalidad en las edades más ele- vadas que se traduce por
un alargamiento de la duración maxima de la vida humana.LA MORTALITE
DES GRANDS VIEILLARDS
domaine La mortalité de la légende. aux âges Celle-ci élevés est a universelle, longtemps s'exerce été du touseul
jours dans le même sens et subsiste encore de nos jours, dans
certains pays où la tenue de l'état civil est relativement
récente.
Les statistiques de décès et les recensements ont été long
temps déficients, soit que les nombres fussent erronés, soit
que l'âge ne fût pas correctement indiqué. Ces défauts n'ont
d'ailleurs pas totalement disparu.
Pendant longtemps, les tables de survie se sont arrêtées
à 85 ans; pour aller au-delà, les compagnies ď assurances util
isent les formules de Gompertz et de Makeham.
Le premier travail scientifique important remonte à
M. Paul Vincent111, qui a réussi à établir des tables, au
moyen de renseignements obtenus pour quatre pays. Mlle Fran
çoise Depoid a repris, sous sa direction, les calculs sur de
nouvelles données et en commente les résultats.
Dans les pays développés, les progrès incessants de la médecine
et de l'hygiène, l'amélioration générale des conditions de vie, ont entraîné
une augmentation considérable de la probabilité d'atteindre un âge avancé.
D'autre part, l'urbanisation croissante, la diminution de la dimension
des familles, ont retiré une grande part de leur efficacité aux usages
anciens de sécurité individuelle ou familiale, et ont conduit à élaborer
de véritables systèmes de sécurité collective : en France, par exemple,
le vieux ménage d'agriculteurs qui reste dans la ferme exploitée par
son fils aîné, la veuve réfugiée au foyer d'un de ses enfants, sont de
moins en moins nombreux en face des retraités de la sécurité sociale.
Tout ceci est ressenti plus ou moins consciemment par chacun, et l'impor
tance que le public attache aux problèmes de la retraite en témoigne.
«La mortalité des vieillards», Population, 1951, n° 2. 756 LA MORTALITÉ DES GRANDS VIEILLARDS
Cette évolution n'est sans doute pas étrangère au fait que les ques
tions intéressant les personnes âgées affleurent désormais au premier plan
de l'actualité, et ne sont plus l'apanage des seuls démographes, écono
mistes ou autres sociologues.
Parallèlement, le vieillissement de la population — c'est-à-dire l'au
gmentation de la proportion des vieillards — qui accompagne actuelle
ment, dans la plupart des pays développés, l'augmentation de l'espérance
de vie, rend plus aigus, du point de vue socio-économique, les problèmes
du « troisième âge ». Ce vieillissement n'est pourtant pas, contrairement
à ce qu'on pourrait penser a priori, une conséquence directe de la baisse
de la mortalité. En effet, celle-ci, telle qu'elle s'est produite depuis un
siècle (plus forte aux jeunes âges qu'aux âges élevés), n'aurait pas
entraîné à elle seule un vieillissement de la population, mais plutôt un
rajeunissement. C'est la baisse de la fécondité qui, rétrécissant la base
de la pyramide des âges, provoque le vieillissement de la population n>.
Mais, la baisse de la mortalité se traduisant généralement par une baisse
de fécondité à plus ou moins longue échéance, on peut dire qu'elle est
indirectement, à terme, à l'origine du vieillissement de la population.
L'objet de la présente étude est de préciser l'intensité de la mortalité
aux grands âges et son évolution '-'.
Méthode classique. Pour mesurer l'intensité de la mortalité à un
âge x donné, démographes et actuaires utilisent
ce qu'on appelle le quotient annuel de mortalité à cet âge. Montrons, sur
un exemple, la signification de cet indice q.c. Appelons S85 l'effectif d'un
groupe d'individus atteignant leur 85e anniversaire, et D8.-, le nombre des
décès survenus, dans ce groupe, entre 85 et 86 ans (avant 86 ans). Le
quotient annuel de mortalité à 85 ans, observé dans ce groupe, ressort à :
qH7} = Dsr/Ss.v
II représente la fréquence des décès observés entre 85 et 86 ans au
sein du groupe des survivants à l'âge exact de 85 ans; fréquence qui
mesure statistiquement la probabilité qu'avait un individu du groupe,
lorsqu'il atteignait son 85e anniversaire, de décéder avant le 86e.
L'important, pour déterminer avec exactitude la valeur d'un tel
quotient, c'est de comprendre, dans la quantité D figurant au numérateur,
tous les décès et rien que les décès observés parmi les S survivants du
dénominateur. Le procédé pratique pour y parvenir consiste à identifier
des groupes d'individus par leur année de naissance. En d'autres termes,
'D Cf. Jean Bourgeois-Pichat. «Evolution générale de la population fran
çaise depuis le xviii* siècle », Population, 1951, n" 4, p. 656.
<2> Nous tenons à exprimer notre gratitude à M. Paul Vincent, qui nous
a guidée dans notre travail sans jamais nous ménager son concours. 1
LA MORTALITE DES GRANDS VIEILLARDS 757
le quotient à un âge donné, est déterminé pour une « génération », ou
pour un groupe de générations.
Pour pouvoir étudier l'évolution de la mortalité d'une période à
une autre, on est conduit à calculer ce qu'on appelle des tables de mort
alité du moment, qui donnent l'intensité de la mortalité observée aux
différents âges pendant une même période d'observation. Dans une telle
table, les quotients consignés à des âges différents ne se rapportent pas
aux mêmes groupes de générations ni.
La façon dont on calcule généralement ces quotients peut être
illustrée par le diagramme de Lexis, dont le graphique 1 offre un
exemple <2). On voit tout de suite, sur ce graphique, que les décès
D (FGLK) sont survenus, pour une partie D (FGK) en 1950, et pour
l'autre D