La notion de pratiques langagières : un outil heuristique pour une linguistique des dialectes sociaux - article ; n°1 ; vol.15, pg 3-35
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Description

Langage et société - Année 1981 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 3-35
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Elisabeth Bautier-Castaing
La notion de pratiques langagières : un outil heuristique pour
une linguistique des dialectes sociaux
In: Langage et société, n°15, 1981. pp. 3-35.
Citer ce document / Cite this document :
Bautier-Castaing Elisabeth. La notion de pratiques langagières : un outil heuristique pour une linguistique des dialectes sociaux.
In: Langage et société, n°15, 1981. pp. 3-35.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1981_num_15_1_1308La NOTION oE PRATIQUES LANGAGIERES
CuTIL HEURISTIQUE PU; H UNE LINGUISTIQUE DES
DIALECTES SOCIAUX
ELISABETH BAUTIER-CASTAING
UNIVERSITE DE PARIS III
L'analyse du medium linguistique et de son rôle dans la
transmission des connaissances conduit à plusieurs remarques.
Les unes, méthodologiques, concernent les limites des analyses
linguistiques pour étudier des phénomènes qui débordent large
ment leur réalisation symbolique pour atteindre le social, le
psychologique, l'institutionnel, même si l'on fait appel à des
développements pluridisciplinaires comme la psycholinguistique,
la sociolinguis tique, la pragmatique. D'autres, plus théoriques,
mais dans le même sens, ont trait à la relativisation à opérer
quant à la place, au rôle des sous-codes linguistiques dans les
processus différenciés d'acquisition des connaissances. Une tel
le relativisation met d'ailleurs également en cause, au moins
pour une part, les explications des échecs scolaires en termes
d'écarts entre code de l'élève et code du maître (code est pris
ici dans le sens restreint de combinatoire d'éléments linguis
tiques ) .
L'analyse des phénomènes en cause conduit donc à ne pou
voir dissocier les composantes linguistiques, psychologiques,
éducatives, sociales, affectives que tout individu mobilise consciemment ou non dans chacun de ses actes langagiers ou non.
Par voie de conséquences, il s'agit de reposer le problème du
rôle et des modalités d'appropriation et d'utilisation effecti
vement différenciées des connaissances en le situant dans ce
réseau d'interactions et d'évacuer ainsi la notion de quantité
de savoir comme discriminante. Corrélativement, retrouve ainsi
toute sa complexité le phénomène transmission-acquisition des
connaissances que la conception dominante simplificatrice a
constitué comme l'une des bases de la sélection scolaire.
Les recherches qui privilégient la place de la langue
comme principe explicatif ne doivent pas être abandonnées mais
se construire un nouvel objet d'étude - partant de nouveaux
outils d'analyse - : les pratiques langagières.
Nous définissons les "pratiques langagières" comme les
manifestations résultantes dans les activités de langage de
l'interaction des différents facteurs linguistiques, psychologi
ques, sociologiques, culturels, éducatifs, affectifs... qui
sont constitutifs des caractéristiques individuelles et de grou
pe.
En tant que linguiste, nous nous attachons en premier
lieu à l'étude de ces pratiques. Cependant, à partir de l'hypo
thèse, théoriquement étayée, de la faible spécificité des phé
nomènes sous-jacents aux diverses activités d'un individu,
d'une part, et de la nature essentiellement interactionnelle de
tout comportement d'autre part, nous supposons que d'autres ma
nifestations non langagières peuvent mettre à jour, de par leur
cohérence, c'est-à-dire la récurrence des réalisations à même
de recevoir des interprétations de même type, l'existence d'une
caractérisation globalisante d'un individu ou plus vraisembla
blement d'un groupe. Les pratiques langagières sont alors un des
biais par lequel il est possible de l'atteindre.
Une telle démarche, parce qu'elle permet la prise en
considération de l'ensemble des facteurs en cause, nous semble - - 5
plus adéquate dès lors qu'il s'agit d'étudier des différences
qui deviennent clés inégalités.
Il n'est évidemment pas question de nier tout rôle
aux codes linguistiques dans leurs caractéristiques lexi
cales, syntaxiques et discursives; celles-ci , comme cela été
mis en évidence, interviennent et y dès lors, les pratiques de
transmissions des connaissances dans le cadre scolaire comme
extrascolaire doivent en tenir compte.
Mais il s'agit de ne pas considérer que la seule modi
fication de la place, des caractéristiques et du fonctionne
ment de la langue de cette transmission (cf. certaines rénova
tions pédagogiques) suffirait à résoudre des problèmes qui se
situent aussi ailleurs. Une analyse même rapide de l'introduc
tion, dans cette perspective, d'une technologie audiovisuelle
par exemple suffit à montrer que tout est sujet à appropriation
différenciée parce que tout mobilise la totalité de l'individu.
De plus, il est clair que les limites des analyses lin
guistiques ne sont pas à imputer aux insuffisances des outils
utilisés, ce qui supposerait qu'un meilleur modèle serait mieux
à même de rendre compte des phénomènes observés.
Une telle démarche préside sans doute à la modélisation
des nouveaux courants linguistiques tels que la pragmatique.
Bien que prenant en compte des élément s extracodiques du fonc
tionnement de la langue, il apparait que l'orientation même de
ces travaux, les places relatives accordées à la langue, aux
locuteurs, à la communication et surtout aux phénomènes dus à
leur interaction ne sont en rien modifiées.
Plus qu'une rupture méthodologique, c'est sans doute une ruptu
re épistémologique qu'il s'agit d'introduire.
Afin d'étayer autrement que théoriquement l'existence
des pratiques langagières telles que nous venons de les définir,
nous avons mené une pré-enquête dont les hypothèses se sont révélées assez validées pour confirmer la légitimité de ainsi
la définition et d'une étude de ces pratiques.
C'est cette pré— enquête que nous présentons ci-dessous.
SÜUS-CÜDES ET PRATIQUES LANGAGIERES
II semble donc possible de remettre en cause le rôle
central que l'on attribue habituellement à la langue elle-même
(en tant que système) et aux conséquences qu'elle entraînerait,
en particulier dans le domaine cognitif, mais aussi dans la dé
termination des aptitudes à la communication et à l'expression
(fonctions auxquelles se trouve fréquemment assimilée l'acti
vité linguistique, y compris dans les représentations que s'en
font les locuteurs eux-mêmes) comme origine des difficultés que
certains individus, que certains groupes rencontrent dans les
différentes étapes de leur vie sociale et professionnelle.
Cependant, ces difficultés restent réelles, de même que
les échecs scolaires, et le langage participe de ces difficultés,
de ces échecs. Mais c'est sans doute le langage plus que la
langue qui pourrait effectivement jouer ici le rôle différen-
ciateur. Distinguer "langue" et "langage" permet d'introduire
(dans l'analyse) l'ensemble des facteurs liés à l'acquisition
et au fonctionnement du langage tels qu'ils apparaissent dans
1 le développement de 1 ' enfant apprenant à parler; la complexité
du processus, la dyssymétrie production-compréhension évitent
l'établissement de relations trop simplistes (souvent bi-uni-
voques) entre structures syntaxiques et structures cognitives,
entre langue et pensée, entre langue et intelligence ; de plus
S parce que "naître au langage" n'est pas uniquement apprendre à
mettre en mots pour communiquer ou exprimer^ mais constitue pour
l'être humain, quel que soit le code qui la réalise, l'ouvertu
re d'un large champ d'activités et de comportements, tels que
la mémorisation, la représentation, la régulation des activités ,
le jeu, etc ., celui-ci ne peut être sans liens avec le milieu
qui les suscite. - - 7
Des lors, ce ne sont plus seulement les caractéristiques d'un
système linguistique qui seraient déterminantes. En tout état
de cause, elles ne constituent qu'une variable, et ne peuvent
en être dissociés les activités et les comportements ainsi
autorisés et manifestés (pas obligatoirement d'

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