La nutrition humaine - article ; n°20 ; vol.5, pg 795-814
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Description

Tiers-Monde - Année 1964 - Volume 5 - Numéro 20 - Pages 795-814
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Trémolières
La nutrition humaine
In: Tiers-Monde. 1964, tome 5 n°20. pp. 795-814.
Citer ce document / Cite this document :
Trémolières Jean. La nutrition humaine. In: Tiers-Monde. 1964, tome 5 n°20. pp. 795-814.
doi : 10.3406/tiers.1964.1150
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1964_num_5_20_1150LA NUTRITION HUMAINE
par Jean Trémolières (i)
INTRODUCTION
II ne sera guère question de sous-développement; ce n'est pas
une dizaine de missions en Asie ou en Afrique qui m'y autoriserait.
Surtout il n'y a pas la nutrition pour l'Afrique et la nutrition pour la
France. Il y a la nutrition et ses applications. Pour rendre cette nutrition
utile, pour éviter les confusions et les gaspillages auxquels elle donne
lieu, il est évident pour quiconque est sur le tas, que le besoin fondamenta
l, le besoin préliminaire, est de la définir, de faire que les jeunes qui
s'y destinent et les rares groupes cahotés qui s'y consacrent, s'entendent,
approfondissent ensemble cette sève nouvelle dans notre vieille terre.
On sait combien il est difficile d'implanter du neuf dans de vieilles
structures, surtout lorsque l'Université est participante et encore plus
quand il s'agit d'une science et d'une technique qui est très nouvelle,
révolutionnairement, et qui oblige à s'interroger sur eUes-mêmes la
plupart des disciplines biologiques classiques.
Amener les éléments réellement actifs à la base des diverses sociétés
à travailler ensemble, entre eux et entre pays, me paraît jusqu'ici résumer
toute la politique de développement. C'est à une entente sur ce qu'il
s'agit de faire en nutrition que ces propositions voudraient contribuer.
Pour être présentable, un programme de développement doit
comporter une rubrique de nutrition. Ainsi va la mode. La science
(i) Né en 1914. Médecin-assistant des hôpitaux de Paris. Docteur ès-sciences. Directeur
de la Section de Nutrition de l'Institut national d'Hygiène ; a créé le premier laboratoire de
nutrition humaine en France ; a participé au sein de la Fondation Rockefeller en 1948, à the
general survey of Crete, dont le but était l'étude des transformations d'une économie tradition
nelle ; a contribué à organiser le programme d'alimentation collective de ГА. J.D.C. au Maroc ;
coopère avec l'Institut de nutrition Iranien et l'O.R.A.N.A. à Dakar. Membre du Comité
sur les besoins caloriques de la F.A.O.
795 JEAN TRÉMOLIÈRES
actuelle est ainsi traversée par des mots dont le succès tient au flou
qu'ils recouvrent (physiologie spatiale, biologie moléculaire, etc.).
La présente étude propose une définition des objectifs, des méthodes,
du contenu didactique de la nutrition humaine. Définir une science
nouvelle nous a amené à en évoquer le contenu à un niveau insuffisant
pour en faire un traité utilisable, suffisant pour évoquer ce dont il s'agit des non-spécialistes. C'est parce qu'il est évident, pour qui a
pratiqué le métier, que le premier besoin est de sortir de la confusion
actuelle sur le contenu de la nutrition, que nous avons tenté cette étude
doublement à contre-courant. Elle est académique puisqu'elle tente
seulement de définir. Elle est insuffisamment spécialisée pour être dire
ctement applicable.
I. — Le contexte
La science des besoins humains ne pourrait-elle être la pierre angul
aire du développement ?
La nutrition apparaît comme une « science espoir » de laquelle
notre monde attend la solution d'une série de ses problèmes : des al
iments pour la paix; campagne contre la faim; les besoins de l'homme,
base du commerce et de l'économie alimentaire; la santé et le bien-être
par une bonne alimentation; valoriser par la qualité la production al
imentaire insuffisamment rétribuée.
Au moins en intention, notre temps désire que ce soit sur les besoins
réels de l'homme que repose la politique de production et d'échanges
des aliments à l'échelon national et international.
Ces désirs sont louables. Sont-ils viables ? Ce n'est pas facile pour
une science de se développer sainement dans un climat si émotionnelle-
ment chargé.
— Il y a là, le désir de voir la science, avec la sécurité que sa logique
confère, définir les besoins de l'homme. L'éternelle nostalgie d'un para
dis où l'homme, ayant évacué son mystère crucifiant, serait enfin tran
quille dans un ordre où tout serait prévisible. Cronos aurait tué Zeus.
— Il y a aussi une prise de conscience. Le développement anar-
chique des sciences et des techniques conduit à un monde schizophrène.
On produit, mais on ne peut plus vendre. La pointe du développement
scientifique a, symboliquement, un sous-produit, la bombe. Les concent
rations urbaines sont laides et pathogènes.
— On cherche donc dans une connaissance « scientifique » des
796 LA NUTRITION HUMAINE
besoins de l'homme une réponse apaisante pour échapper au cercle infer
nal du développement. D'un côté, il faut industrialiser pour produire
davantage avec moins de travail humain ; d'un autre côté, cette industria
lisation accroît de plus en plus une population qui cherche du travail
de plus en plus anxieusement. Industrialiser donne la puissance, mais
chasse le travail. Il faut donc découvrir de nouveaux besoins pour pou
voir travailler car, jusqu'ici, il n'est pas possible de vivre sans travailler.
Or, l'homme n'est pas infini dans ses besoins matériels. La connais
sance des besoins matériels de l'homme est donc la matrice de référence
du développement industriel. Le développement en lui-même est un
cancer s'il n'est pas organisé, formé, basé sur des besoins réels de
l'homme, le besoin alimentaire étant le plus impérieux.
La technologie demande à la nutrition de garantir
l'innocuité de ses procédés.
La production alimentaire demande à la nutrition de définir les
propriétés des aliments et de l'orienter vers les denrées les plus valorisées,
à juste titre.
L'économie demande à la nutrition de définir les besoins des popul
ations, en quantité et en qualité pour ordonner les échanges.
La santé publique demande à la nutrition de prévenir les maladies
de malnutrition.
La médecine demande à la nutrition de guérir par bonne diététique.
Qu'est-elle donc cette science des besoins alimentaires ? Que peut-
elle réellement donner?
IL — DÉFINITIONS : LA NUTRITION, UN CONCEPT ET NON UNE SCIENCE
Avant d'être une science, la nutrition est un concept qui caractérise
la matière vivante, comme la masse et l'énergie la matière minérale.
— « La nutrition est parfaite assimilation de la chose qui doit
nourrir avec la partie qui doit être nourrie » (A. Paré).
— « Propriété élémentaire des corps organisés, caractérisée par le
double mouvement continu de combinaison et de décombinaison que
présentent sans se détruire les végétaux et les animaux. Le radical
sanscrit signifie « couler, goutter, celle qui fait couler le lait, la nourrice »
(Littré).
— Le phénomène de nutrition, traduisant le fait que tout ce qui
vit se maintient identique à lui-même sur un flux permanent d'échange
797 JEAN TRÉMOLIÈRES
avec le milieu extérieur, est un des caractères les plus fondamentaux
de la matière vivante, au même titre que masse et énergie sont des carac
tères fondamentaux de la matière minérale.
Si humiliant que cela soit, les nutritionnistes s'entendent fort mal
entre eux sur ce qu'est leur science. Chacun veut l'annexer à sa disci
pline d'origine. Beaucoup sont des zootechniciens transposant à l'homme
leur expérience de l'élevage du poulet ou du porc. D'autres sont des
physiologistes et des biochimistes ayant isolé des vitamines ou équilibré
des bilans. Il y a aussi des médecins de santé publique à qui il faut des
statistiques. C'est un besoin premier que d'essayer de se mettre d'accord.
Nous définirons la nutrition en examinant d'abord à quoi et comment
elle sert :
— définir les standards alimentaires ;
— dégager les facteurs nutritionnels des maladies ;
— définir les innocuités et les qualité

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