La perception des mouvements de nos membres - article ; n°1 ; vol.18, pg 33-46
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 33-46
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 33
Langue Français
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Extrait

B. Bourdon
La perception des mouvements de nos membres
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 33-46.
Citer ce document / Cite this document :
Bourdon B. La perception des mouvements de nos membres. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 33-46.
doi : 10.3406/psy.1911.3851
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3851Ill
LA PERCEPTION DES MOUVEMENTS
DE NOS MEMBRES
La question que je me propose d'étudier ici est celle de la
perception des mouvements de nos membres par les sensa
tions « kinesthésiques ».
Si l'on parcourt les traités les plus récents de physiologie ou
de psychologie, on constate que les doctrines qui s'y trouvent
exposées relativement à la perception de ces mouvements sont
encore, en général, très hésitantes. En somme, physiologistes
et'psychologues ne savent pas encore exactement, aujourd'hui,
quels organes nous renseignent, à défaut des yeux, sur nos
mouvements; parler de sensations « kinesthésiques », comme le
font certains, c'est dissimuler son ignorance, ce n'est pas
résoudre la question. Les organes les plus souvent cités sont
les muscles, les articulations, la peau. Examinons les argu
ments que l'on invoque pour ou contre le rôle de chacun d'eux
dans les perceptions en cause.
Rôle de la sensibilité musculaire. — Un fait remarquable,
aujourd'hui, c'est qu'on est à peu près unanime pour ne plus
considérer la musculaire comme nous fournissant
ces perceptions, alors qu'il y a une trentaine d'années la doc
trine qui les rattachait au « sens musculaire » était admise par
beaucoup presque comme un dogme définitif. D'ailleurs, aucun
argument quelque peu probant n'a jamais été cité en faveur du
rôle de la sensibilité musculaire dans ces perceptions ; les his-
tologistes ont constaté, à vrai dire, l'existence de nerfs sen
sibles dans les muscles, mais il faut distinguer entre la sensib
ilité musculaire vague, comme celle qui se manifeste sous
l'influence de la fatigue physique, et une sensibilité délicat
ement différenciée, comme celle que supposent les perceptions
des mouvements de nos membres. Les nerfs sensibles des
muscles ne donnent peut-être que la première.
l'année psychologique, xtiii. 3 MÉMOIRES ORIGINAUX 34
II a été fourni, au contraire, par Duchenne1, un argument
très grave contre le rôle de la sensibilité musculaire. Duchenne
a constaté que, chez certains malades, la perception des mou
vements est abolie, alors que la sensibilité des muscles per
siste : « Je découvris, dit-il, dans certains cas d'ataxie locomot
rice, que des sujets qui avaient conservé, à un degré assez
prononcé, la sensibilité cutanée et musculaire d'un membre ne
percevaient plus, dans l'obscurité, les mouvements imprimés
aux articulations de ce membre ».
Certaines expériences qui ont été faites sur l'homme normal
prouvent, d'autre part, sinon que la sensibilité musculaire ne
joue aucun rôle dans la perception de nos mouvements, du
moins que ce n'est pas elle qui nous renseigne sur nos mouve
ments délicats; on connaît celles qu'a faites Goldscheider en
hypesthésiant un doigt par la faradisation. J'ai rapporté moi-
même les résultats d'expériences d'anesthésie d'une articulation
par le chlorure d'éthyle qui confirment ceux de Goldscheider 2.
Duchenne a cité aussi des cas où, la sensibilité des muscles
étant abolie, la perception des mouvements des membres subs
istait. Mais de tels cas ne prouvent pas que la sensibilité des
muscles ne joue aucun rôle dans cette perception; d'autres
organes que les muscles peuvent, en effet, contribuer, en même
temps qu'eux, à cette perception ; s'il en est ainsi, l'insensibil
ité musculaire n'entraînera pas, naturellement, la perte de
cette perception. De même, si notre peau devenait insensible,
nous continuerions de percevoir le poids des objets, parce que
des sensations venant d'autres organes nous le feraient perce
voir; il est incontestable, pourtant, que la peau, par les sensa
tions de pression qu'elle nous fournit, nous renseigne elle-
même, à l'état normal, sur le poids des objets.
La sensibilité des muscles, associée à celle des tendons, nous
fait connaître surtout, semble-t-il, le poids, la résistance, la
consistance des objets. Ces deux sensibilités réunies paraissent
nous fournir, d'une manière générale, la sensation d'effort. Cette
sensation s'associe d'ailleurs, dans beaucoup de cas, intime
ment à celle de mouvement; mais il est à remarquer, et ce fait
vient encore appuyer la doctrine d'après laquelle la sensation
de mouvement n'est pas une sensation des muscles, que, quel
que soit l'effort que nous fassions en exécutant un mouve-
1. Duchenne. De V electrisation localisée, 3* édition, 1872, p. 770.
2. B. Bourdon. Sensibilité cutanée ou sensibilité articulaire? Année
psychologique, 1907, p. 139. B. BOURDON. — LA PERCEPTION DES MOUVEMENTS 35
ment, la perception du mouvement reste la même et aussi pré
cise, ou à peu près, lorsque nous soulevons un poids que
lorsque nous n'avons à vaincre aucune résistance autre que le
poids de nos membres l.
En somme, la conclusion la plus probable, relativement aux
muscles, est que ce n'est pas eux qui nous font connaître les
mouvements de nos membres.
Rôle de la sensibilité articulaire. — La doctrine d'après
laquelle nous percevrions ces mouvements par des sensations
venant des surfaces articulaires a été formulée nettement pour
la première fois par Duchenne. Elle a été reprise, comme on
sait, par Goldscheîder. Ce physiologiste ne s'est d'ailleurs pas
borné à affirmer le rôle à peu près exclusif dans les perceptions
en question de sensations fournies par les surfaces articulaires,
il a admis que la sensation de mouvement considérée est une
sensation spécifique : « La sensation du mouvement est une spéciale et immédiate, localisée dans l'articulation.
Elle ne rappelle pas les sensations qui nous viennent de la
peau, et elle n'a rien à faire avec la sensation de la position du
doigt *. »
Les arguments principaux en faveur de la sensibilité articu
laire sont les suivants :
Chez des malades présentant de l'insensibilité de la peau et
des muscles, la perception des mouvements peut subsister
1. J'ai constaté, pourtant, que, lorsque le poids à soulever est relativ
ement lourd, la précision de la perception du mouvement diminue un peu.
J'expérimentais avec l'instrument décrit dans L'Année psychologique, 1905,
p. 47 et suiv. La baguette était fixée à la deuxième phalange de mon
médius droit. Dans une série d'expériences, le mouvement du doigt était
libre (je fais abstraction du poids, très faible, de la baguette); dans une
autre, le doigt devait soulever un poids de 2 kilos, fixé à la baguette
à 5 cm. environ de l'articulation intéressée dans le mouvement. Un aide
disposait deux butoirs mobiles que devait heurter la baguette à la fin du
mouvement. J'exécutais successivement, en partant d'un troisième butoir
fixe, deux mouvements, séparés par un court intervalle (1 seconde
environ) : il s'agissait pour moi de distinguer si le deuxième mouvement
avait été plus ample ou moins ample que le premier; les amplitudes
considérées étaient 3 degrés et 3 degrés et demi. Chaque série a compris
40 expériences. Les résultats d'ensemble ont été : 26 perceptions justes,
5 fausses, 9 douteuses dans le cas de mouvement libre; 19 perceptions
justes, 5 fausses et 16 douteuses dans le cas de poids soulevé; le nombre
des perceptions justes a, d'ailleurs, été dans les deux cas plus grand
lorsque le deuxième mouvement était le moins ample. La diminution de
précision dans le cas de poids soulevé peut s'expliquer par la plus grande
difficulté d'exécution du et aussi par la plus grande difficulté
d'observation, l'attention étant sollicitée par l'intense sensation d'effort
associée à la sensation de mouvement.
2. A. Goldscheideb. Gesammelte Abhandlungen, II. Bd., p. 20. 36 MÉMOIRES ORIGINAUX
(Duchenne, ouvrage cité). Mais ce fait ne prouve pas non plus
que les sensibilités cutanée et musculaire ne j

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