- La perception tachisloscopique chez les sourds-muets - article ; n°1 ; vol.49, pg 43-62
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Description

L'année psychologique - Année 1948 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 43-62
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Oléron
III. - La perception tachisloscopique chez les sourds-muets
In: L'année psychologique. 1948 vol. 49. pp. 43-62.
Citer ce document / Cite this document :
Oléron Pierre. III. - La perception tachisloscopique chez les sourds-muets. In: L'année psychologique. 1948 vol. 49. pp. 43-62.
doi : 10.3406/psy.1948.8353
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1948_num_49_1_8353Ill
Laboratoire de Psychologie expérimentale
de V École des Hautes Études.
LA PERCEPTION TACHISTOSCOPIQUE
CHEZ LES SOURDS-MUETS1
par Pierre Oléron
Introduction.
La suppléance sensorielle est un fait bien connu. Elle se manif
este dans tous les cas où l'exercice normal d'un sens est total
ement empêché ou gravement réduit. D'autres sens viennent alors
exercer une partie des fonctions qui se trouvent ainsi détruites
ou diminuées.
Dans le cas des aveugles le toucher, comme l'ouïe, apporte
d'importantes informations. Il permet l'identification des objets
et en particulier la lecture grâce à l'emploi des caractères Braille.
L'étude expérimentale de cette forme de suppléance a fourni
un renseignement intéressant. Elle a montré que l'habileté ainsi
acquise ne correspondait nullement à un accroissement du pou
voir discriminateur du tact. Les seuils, mesurés par exemple au
compas de Weber, ne manifestent pas chez les aveugles de supér
iorité sur ceux des clairvoyants.
Ce fait signifie que la suppléance ici n'est pas un phénomène
d'ordre purement sensoriel, mais qu'elle se situe à un niveau
1. L'auteur doit une particulière reconnaissance à M. P. Fraisse dont
les conseils et les critiques lui ont été des plus précieux pour la réalisation
de cette recherche. Il remercie bien vivement M. le Directeur de l'Institu
tion nationale des Sourds-Muets de Paris, M. Fourgon, inspecteur des
études, et M. Porcher, directeur du laboratoire de phonétique, pour le eon-
cours qu'ils ont bien voulu lui apporter, ainsi que M. le directeur de l'École
normale nationale d'apprentissage et M. Marchand, du Centre
d'apprentissage où une partie de l'expérience a été réalisée. 44 MÉMOIRES 'ORIGINAUX
d'opération plus élevé, celui de l'utilisation et de l'interprétation
des données.
Si l'étude expérimentale de la suppléance sensorielle est sus
ceptible d'apporter des enseignements sur le mécanisme même
de cette suppléance, en particulier de déterminer le niveau auquel
elle s'exerce, cet enseignement n'est pas le seul. Il est possible
de se servir aussi des faits de suppléance comme d'un moyen
pour éprouver l'aptitude d'une activité psychologique définie
à subir des modifications — améliorations en l'occurrence — sous
l'effet d'un exercice continu. L'exemple des aveugles montre
que l'acuité tactile n'est pas susceptible de bénéficier d'un tel
exercice.
Il y a là une méthode d'investigation d'une certaine portée.
Elle ne diffère pas dans sa nature des méthodes d'exercice et
d'apprentissage employées en laboratoire. Mais ici la situation
est particulière. Les conditions d'exercice comportent une durée
qui peut compter depuis la naissance et une continuité qui peut
être de tous les instants. La motivation est également très intense,
puisque des intérêts vitaux sont parfois en jeu.
Parmi les diverses formes de suppléance, celle où la fonction
principale de réception à distance est confiée à la vue, par suite
de la déficience de l'audition, paraît pouvoir fournir matière à
un certain nombre d'investigations, étant donné la diversité des
aspects que l'on peut envisager dans la perception visuelle.
On ne s'attendra pas, par analogie avec le cas des aveugles, à
trouver ici un accroissement de l'acuité visuelle. Les mesures
réalisées sur les enfants sourds-muets ont parfois révélé une infé
riorité moyenne de cette acuité. Mais un tel fait n'a aucune signi
fication psychologique; il marque seulement l'effet d'une même
cause organique qui s'exerce, avec une intensité inégale, sur les
deux organes récepteurs et qui aboutit, dans les cas extrêmes, à
la réunion de la cécité à la surdité.
Par contre, on s'attendra à trouver une supériorité des sourds
dans le domaine de l'interprétation, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit
de reconnaître et d'utiliser des données visuelles pourvues de
significations et liées à un savoir ou un usage habituel (le cas de
la lecture sur les lèvres fournissant un remarquable exemple).
Mais ne trouvera-t-on de supériorité que là? Seule l'expé
rience peut fournir une réponse. Or jusqu'à présent un seul aspect,
semble-t-il, de la perception visuelle a été étudié sur des sujets
sourds : le champ d'appréhension dans la perception tachis-
toscopique (5). L'intérêt donné au champ d'appréhension visuel OLÉBON. LA PERCEPTION TACHISTOSCOPIQUE 45 P.
paraît d'ailleurs justifié. L'observation courante montre que les
enfants sourds-muets ont une particulière vivacité de coup d'œil.
Ils saisissent avec une remarquable exactitude les détails d'une
personne, d'un objet ou d'une scène. On ne saurait s'en étonner
puisqu'ils ont constamment à guider leurs actes et leurs juge
ments sur l'ensemble des données qui leur sont fournies par la
vue à un moment déterminé.
L'étude à laquelle on vient de se référer, réalisée par Hofmarks-
richter, portait sur 23 sourds et 14 entendants, sans indication
d'âge (d'après le contexte il s'agit d'âge scolaire). Elle comportait
la présentation de cartes portant de 3 à 12 points de dimension
inégale, la présentation étant réalisée à 4 vitesses différentes
(1/10, 1/25, 1/50, 1/100 de s.). Les résultats marquent une supér
iorité très nette des sourds, surtout lorsque le nombre de points
est élevé. Les résultats sont groupés, d'une part, pour les cartes
portant de 3 à 6 points et, d'autre part, pour celles qui en por
tent de 7 à 12. Dans le premier cas le pourcentage de réponses
justes est, pour les 4 vitesses respectivement, de 88,5, 95, 93,
90 chez les sourds-muets contre 67,5, 54,5, 42,4 et 32,8 chez les
entendants et dans le deuxième cas de 71,8, 72,8, 75, 54,5 chez
les sourds-muets et de 33,9, 10, 10 et 4,5 chez les enten
dants.
De tels résultats posent évidemment un problème. Le fait que
le champ d'appréhension soit développé dans une proportion
qui, à lire Hofmarksrichter, est considérable indique que cette
capacité serait susceptible d'un accroissement très notable par
l'exercice. Les auteurs qui ont étudié le champ d'appréhension
tachistoscopique (Fernberger (1), Oberly (10), Saltzman et Garner
(12) ont bien constaté l'accroissement de celui-ci avec la pra
tique. Mais il s'agit là d'un entraînement spécifique à l'intérieur
de l'expérience avec le matériel utilisé dans celle-ci. Les objets
de la vie réelle sur lesquels joue la suppléance sensorielle,
dotés de signification et d'intérêt, ne ressemblent pas en général
au matériel des expériences tachistoscopiques et l'on peut se
demander si l'entraînement acquis avec les premiers est automa
tiquement transférable au second. D'autre part Fraisse (2) a
montré que la capacité d'appréhension des sons n'était pas supé
rieure chez des adultes à ce qu'elle est chez des enfants de 5
à 6 ans.
Aussi a-t-il paru souhaitable de réaliser une nouvelle expé
rience qui, tout en portant sur le même problème que celle d'Hof-
marksrichter, soit conduite avec une méthode différente, se 46 MÉMOIRES ORIGINAUX
propose l'expression plus précise des résultats et tente d'envi
sager, à côté des limites de l'appréhension, la précision de celle-ci.
Technique expérimentale et sujets.
L'expérimentation tachistoscopique se réalise classiquement en
demandant au sujet un énoncé verbal présentant une description
des objets exposés ou de certaines de leurs caractéristiques

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