La politique du taux de change dans les pays membres de la Banque internationale de coopération économique - article ; n°4 ; vol.10, pg 159-176

Michael Kaser

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1979 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 159-176
Cet article retrace l'histoire du monopole des transactions de change parallèle à celui du commerce extérieur, en U.R.S.S. depuis 1918 et examine l'adoption par les Soviétiques de la méthode du « Preisausgleich » qui a eu pour résultat l'instauration d'un taux de change pour chaque produit échangé. L'unification des taux de change sur une base directionnelle (membres du CAEM et autres partenaires) a commencé peu après la création de la BICE en 1964 et le degré actuel de multiplicité des taux est décrit en détails.
Exchange-Rate Policy in Member-Countries of the International Bank for Economic Cooperation.
The paper traces the history of the monopoly of foreign exchange dealings parallel with that of foreign trade in the USSR since 1918 and discusses the adoption of the Soviet Preisausgleich method whereby a different exchange rate was adopted for every traded product. Unification of exchange rates on a directional basis (CMEA members and other partners) began soon after the creation of IBEC in 1964 and the present degree of multiplicity of rates is described in detail.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1979
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Michael Kaser
La politique du taux de change dans les pays membres de la
Banque internationale de coopération économique
In: Revue d'études comparatives Est-Ouest. Volume 10, 1979, N°4. pp. 159-176.
Résumé
Cet article retrace l'histoire du monopole des transactions de change parallèle à celui du commerce extérieur, en U.R.S.S. depuis
1918 et examine l'adoption par les Soviétiques de la méthode du « Preisausgleich » qui a eu pour résultat l'instauration d'un taux
de change pour chaque produit échangé. L'unification des taux de change sur une base directionnelle (membres du CAEM et
autres partenaires) a commencé peu après la création de la BICE en 1964 et le degré actuel de multiplicité des taux est décrit en
détails.
Abstract
Exchange-Rate Policy in Member-Countries of the International Bank for Economic Cooperation.
The paper traces the history of the monopoly of foreign exchange dealings parallel with that of foreign trade in the USSR since
1918 and discusses the adoption of the Soviet "Preisausgleich" method whereby a different exchange rate was adopted for every
traded product. Unification of exchange rates on a directional basis (CMEA members and other partners) began soon after the
creation of IBEC in 1964 and the present degree of multiplicity of rates is described in detail.
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Kaser Michael. La politique du taux de change dans les pays membres de la Banque internationale de coopération
économique. In: Revue d'études comparatives Est-Ouest. Volume 10, 1979, N°4. pp. 159-176.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1979_num_10_4_2256politique du taux de change La
dans les pays membres de la Banque
internationale de coopération économique1
Michael KASER*
En décrétant le monopole du commerce extérieur le 22 avril 1918,
le gouvernement soviétique obéissait à plusieurs motivations. L'objectif
premier de Lénine était de « se débarrasser du capital étranger » ; son
commissaire au commerce et à l'industrie, M. Bronsky, a défendu cette
mesure qui revenait à ce que « aucune opération d'achat ou de vente
avec les autres pays ne s'effectue en dehors de l'appareil de régulation
d'Etat... nous pourrons utiliser les exportations plus économiquement
pour les besoins de l'économie nationale >, et selon V.P. Miljutin, membre
du presidium du Conseil suprême de l'économie nationale, le monopole
se justifiait par « la nécessité économique d'exporter des produits de base
et des matières premières afin d'obtenir en échange des matériaux
* Professeur d'économie, Saint-Antony's College, Université d'Oxford.
(1) L'article se limite aux membres européens de la Banque internationale de
coopération économique (BICE), les membres non-européens étant Cuba, la Mongolie et
le Vietnam ; depuis l'entrée de ce dernier au CAEM en juin 1978, les mêmes pays sont
membres du CAEM et de la Banque (le Vietnam a été admis dans ce dernier organisme
en 1977). La littérature scientifique sur les taux de change utilisés par les membres
de la Banque est plus rare que celle qui concerne des sujets liés tels le commerce, les
paiements et les prix, mais après une longue période de négligence, un certain nombre
d'études ont paru récemment, notamment en anglais, français, allemand, hongrois,
polonais et russe. Les références dans cet article sont limitées aux ouvrages dont des
passages ou des chiffres sont directement cités mais on peut attirer l'attention sur les
études suivantes :
M. Baumer, Zur Multilateralisierung des Aussenhandels der RWG-Mitgliedstaaten,
Ebenhausen, 1975 (Partie D. II sur les taux de change) ;
H. Bourguignat et S. Raczkowski (avant-propos de J. Goormaghtigh et préface de
R. TrifBn), La crise des paiements internationaux et le développement du commerce
Est-Ouest, Bruxelles, 1976 (trad, anglais, The International Payments Crisis and the Deve
lopment of East-West Trade, Bruxelles, 1977) ;
159 Michael Kaser
et des produits dont le pays a réellement besoin »*. L'objectif immédiat,
bien sûr, était de garantir que, dans la situation d'un commerce devenu
très réduit et d'une absence totale de crédit, les exportations s'effectuent
selon un ordre conforme aux priorités du gouvernement, mais on pourrait
suggérer que le gouvernement soviétique aurait institué un monopole
sur les flux physiques parce qu'il n'avait pas les possibilités techniques
de contrôler les changes. En outre, l'idéologie du « communisme de
guerre » considérait le contrôle des changes et le taux de change comme
inadéquats, puisque la monnaie, elle-même était perçue comme telle.
Selon l'aphorisme bien connu d'Evgueni Preobrajensky, la planche qui a
servi à imprimer le flot inflationniste de billets de banque pendant le
« communisme de guerre » était la « mitraillette du prolétariat », destinée
à annihiler la bourgeoisie financière.
Cependant, à mesure que les conditions extérieures changeaient, le
monopole du commerce restait le seul moyen permettant de planifier
la balance extérieure soviétique : les devises étaient automatiquement
octroyées pour toute importation de biens ou de services acquis dans
le cadre du plan et le produit des exportations ou des ventes de services
était tout aussi automatiquement versé au budget. Ce n'est que ces dix
dernières années que la décentralisation de certaines décisions écono-
V. Garbusov et al., Mezdunarodnaja socialistiëeskaja vaîjuta stran-ëlenov SEV {La
monnaie socialiste internationale des pays membres du CAEM), Moscou, 1972 (notam
ment les textes de A. Rotlejder et de B. Karpiô) ;
E.A. Hewett, Foreign Trade Prices in the Council for Mutual Economic Assistance,
Cambridge, 1974 (chap. IV sur les calculs d'efficacité du commerce extérieur) ;
M.-L. La vigne, Le Programme du Comecon et V intégration socialiste, Paris, 1973
(chap. II.5 sur les rapports monétaires et financiers) ;
A. Lebahn, Socialistische Wirtschaftsintegration und Ost-West-Handel im sowjetischen
internationalen Recht, Berlin, 1976 (chap. Ill sur le bilatéralisme et le multilatéralisme) ;
K. Pecsi, A KGST termelési integrâciô kôzgazdasâgi kérdései (Questions économiques
de l'intégration de la production au sein du CAEM), Budapest, 1977 ;
J. Wesolowski, Kurs waluty w gospodarce socjalistycznej (Le cours du change en
économie socialiste), Varsovie, 1975 (notamment chap. Ill et IV) ;
J. System walutowy krajôw RWPG (Le système monétaire des pays
membres du CAEM), 1977 chap. Ill et IV) ;
J. Wilczynski, Comparative Monetary Economies, Londres, 1978 (chap. XI sur les
taux de change et la convertibilité) ;
P. Wiles, Communist International Economies, Oxford, 1969 (chap. VI).
On peut s'étonner du très faible nombre d'articles publiés sur les monnaies et les
taux de change dans la revue du CAEM, Ekonomiëeskoe sotrudnicestvo stran-ëlenov SEV
(Coopération économique des pays membres du CAEM), malgré l'importance en ce
domaine de sa Commission monétaire et financière. Depuis la première parution
de la revue en janvier 1975, un article a été publié sur la Commission elle-même (n° 1,
1975, p. 91), un autre sur le rouble transférable (n° 3, 1975, p. 92), trois articles sur la
Banque internationale de coopération économique (n° 1, 1975, p. 102, n° 1, 1977,
p. 86 et n° 3, 1977, p. 70) et une sur la Banque internationale d'investissement (n° 1,
1977, p. 82).
(1) J. Quigley, The Soviet Foreign Trade Monopoly, Colombus, Ohio, 1974, chap. I.
Son analyse du fonctionnement du monopole s'accompagne, comme celle de W.N.
Turpin, Soviet Foreign Trade, Lexington, Mass., 1977, d'une longue bibliographie qui
inclut des références au contrôle des changes et à la politique en matière de devises.
160 Politique du taux de change dans les pays membres de la BICE
miques a fait apparaître la nécessité de séparer les modes de contrôle
des paiements de la transaction réelle d'un bien ou d'un service. La
première dévolution du monopole du Ministère du commerce extérieur
a été inscrite dans un décret d'août 1976.
Le fait de planifier l'économie soviétique à l'aide de balances matér
ielles (introduites au cours du 1er plan quinquennal) a minimisé le rôle
interne du taux de change. Des slogans tels «