La Pologne et l expédition de Varna en 1444 - article ; n°1 ; vol.10, pg 57-75
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La Pologne et l'expédition de Varna en 1444 - article ; n°1 ; vol.10, pg 57-75

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Description

Revue des études slaves - Année 1930 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 57-75
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jan Dbrowski
La Pologne et l'expédition de Varna en 1444
In: Revue des études slaves, Tome 10, fascicule 1-2, 1930. pp. 57-75.
Citer ce document / Cite this document :
Dąbrowski Jan. La Pologne et l'expédition de Varna en 1444. In: Revue des études slaves, Tome 10, fascicule 1-2, 1930. pp.
57-75.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1930_num_10_1_7459POLOGNE LA
ET L'EXPÉDITION DE VARNA
EN 1444,
PAR
JAN DĄBROWSKI.
A partir du début du xv" siècle, la politique extérieure de la
Pologne fut marquée de plus en plus nettement par le conflit de
deux conceptions. La première se proposait de poursuivre la poli
tique des derniers des Piast et des Anjou; elle avait pour repré
sentants essentiels des aristocrates de Gracovie. Il s'agissait de
fonder, avec l'aide de la dynastie des Jagellons, un état puissant
et unifié de Pologne et de Lituanie en exploitant l'acte de Krewo
(i385), qui incorporait la Lituanie à la Pologne; puis on voulait
étendre cette Pologne par la reprise des anciens pays polonais
perdus au xiv" siècle, Silésie et Pomeranie, et lui assurer un rôle
prépondérant dans le Centre et dans l'Est de l'Europe. La disloca
tion du patrimoine des Luxembourg eût été une première étape
en ce sens : on devait obtenir ainsi la Silésie, et peut-être la cou
ronne de Hongrie reviendrait-elle à la dynastie des Jagellons.
La seconde conception s'inspirait des désirs de la nouvelle dynastie
jagellonienne qui voulait utiliser la Pologne pour une politique
purement dynastique, à l'exemple de la grande dynastie d'alors.
Il fallait bien aspirer à l'héritage des Luxembourg, mais de ma
nière à ne pas empiéter sur leurs conquêtes accomplies à l'Est et
même à ne pas leur créer des difficultés dans ces régions. Au de
dans, cette conception visait à maintenir l'indépendance de la
Lituanie envers la Pologne de façon à renforcer le prestige de la
dynastie. La première conception était basée sur un attachement
bien net à la doctrine catholique : elle s'opposait à toute liaison
Revue de* Étude* *lwe*> tome X, 1980, fasc. i-a. JAN DĄBROWSKI. 58
avec les Tchèques hussites, lesquels gênaient d'ailleurs la revendi
cation de la Silésie, et elle s'orientait vers la Hongrie. La seconde,
au contraire, étant donné le tout récent catholicisme de la dynastie
et l'influence de l'église orthodoxe en Lituanie, avait sur ce point
moins de scrupules, et elle était prête, pour le trône de Bohême, à
seconder les hussites.
Le grand-duc de Lituanie, Witold, fut le principal moteur de
cette dernière conception politique, tant au point de vue extérieur
qu'intérieur. Le roi Ladislas Jagellon le soutint avec plus ou moins
de fermeté. Au déclin de leur vie, tous deux furent fortement con
trariés dans leurs projets, aussi bien touchant le trône de Bohême
que l'érection de la Lituanie en royaume, par l'opposition du parti
oligarchique de Cracovie. Celui-ci tirait sa force de l'insuccès de la
politique dynastique en Bohême et de l'apparition d'un chef remar
quablement doué, l'évêque de Cracovie Zbigniew Oleśnicki.
La mort de Witold et la décrépitude du vieux roi permirent a
Zbigniew de prendre le gouvernement presque absolu de l'Etat;
et il était décidé à le garder après l'avènement au trône du jeune
roi mineur Ladislas III (iů3ů). La victoire remportée en i Д 3 9 à
Grotniki sur l'opposition commandée par Spytek de Melsztyn fil de
lui pendant les années suivantes le chef effectif de la politique
polonaise. La mort d'Albrecht de Habsbourg lui permit également
d'exploiter ce succès immédiatement dans la réalisation de son
programme extérieur : l'héritage des Luxembourg fut partagé et le
roi de Pologne Ladislas III y âgé alors (iu4o) de seize ans, monta
sur le trône de Hongrie. La politique des seigneurs de la Petite
Pologne semblait près de triompher : ce n'était pas la Pologne qui
allait servir les intérêts et les aspirations de la dynastie; c'était
celle-ci, au contraire, qui devait devenir un instrument grâce
auquel l'Etat polonais atteindrait tout son développement.
Comment fut donc envisagé ce programme par l'évêque Oleś
nicki? Représentant de la hiérarchie ecclésiastique, il comprenait
que la Pologne ne pouvait pas assister indifférente à la lutte
engagée entre le concile et le pape qui atteignait alors son point
culminant, et cela surtout au moment où la mise en question de
l'union des églises orientale et occidentale mettait en relief le rôle
important tant politique que religieux de la Pologne dans les pays
ruthènes. Il désirait donc donner à la Pologne, dans l'affaire du
concile comme dans celle de l'union, une voix prépondérante, et
cela, en prenant en mains la question orientale. Constantinoplé, qui
appelait l'Occident à son secours, devait être sauvée, non par le LA POLOGNE ET L'EXPEDITION DE VARNA EN Шй. 59
pape, mais par le roi de Pologne, roi de Hongrie. Ses armes pou
vaient atteindre jusqu'au Bosphore, protégeant la Hongrie et écar
tant de la Pologne le péril turc chaque jour plus menaçant. Si ce
plan eût réussi, le roi de Pologne, conduit par la main d'Oles-
nicki, aurait pu jouer, à l'égard du concile, à Baie, un rôle beau
coup plus grand que celui que Sigismond de Luxembourg avait
tenu à Constance, et la Pologne aurait pu ainsi obtenir la première
place parmi les puissances catholiques.
C'est dans ce sens que l'action fut conduite du côté polonais à
l'avènement du roi Ladislas III sur le trône de Hongrie. On n'avait
pas oublié non plus, lors de cette élection, de formuler des condi
tions, d'après lesquelles la Pologne, moyennant un sacrifice rel
ativement minime, aurait repris Spisz mis en gage. Autre arrange
ment favorable : la Hongrie renonçait à ses prétentions sur les
terres ruthènes, la Podolie et la Moldavie. L'entente polono-hon-
groise s'élaborait non seulement contre les Turcs, mais encore
contre les Tatars qui menaçaient directement la Pologne. On se
réservait enfin la possibilité de revendiquer la Silésie. Ainsi, on
tenait compte des intérêts de la Pologne en prêtant aide au roi
dans sa lutte avec les Habsbourg pour le trône de Hongrie, et on
espérait que, cette lutte rapidement et heureusement terminée,
on se saisirait plus énergiquement que jamais de la question
d'Orient.
Toutefois, les calculs qui faisaient envisager comme rapide la
fin de la guerre civile en Hongrie et de la lutte contre les Habs
bourg apparurent comme illusoires. Et, au fur et à mesure que la
guerre se prolongeait, contrariant toute action en Orient, le désir
grandissait en Pologne de la terminer le plus vite possible , même
au prix de la renonciation à quelques droits de Ladislas Jagel-
lon en Hongrie. C'était du reste la conséquence naturelle des
principes dont s'inspiraient les dirigeants de la politique polonaise
d'alors.
Nous savons quels motifs guidèrent Oleśnicki quand il réussit
enfin à faire prévaloir sa conception et qu'au lieu d'encourager
Ladislas à une union avec les Tchèques, il le décida à solliciter la
couronne de Hongrie. La Hongrie n'avait pas pour lui, le moins
du monde , un intérêt particulier, mais on pouvait se servir de ce
rapprochement, à la fois pour mener une politique dirigée contre
la Turquie, préparer la grande marche sur Byzance, et du même
coup pour résoudre favorablement pour la Pologne les problèmes
ruthène et silésien. On peut dire que, dès les premiers pas de 60 JAN DĄBROWSKI.
Ladislas sur le sol hongrois, lui-même ainsi que son entourage
polonais étaient tout entiers tendus vers la pensée d'une expédition
contre les Turcs. Aussi virent-ils avec désespoir l'armée royale verser
le meilleur de son sang dans la guerre avec les Habsbourg, sans
aucun profit pour le roi ni pour la Pologne. Aux portes méridio
nales de la Hongrie, on usait ses dernières forces à repousser les
attaques de l'ennemi, etil arrivait encore qu'on fût obligé d'y pré
lever des troupes pour sauver la situation en Occident. C'est bien
plutôt parce qu'il menait la lutte à contre-cœur que parce que la
situation du roi de Pologne était f

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