La population de Cuba et ses problèmes - article ; n°1 ; vol.22, pg 99-110

Juan Perezdelariva

Description

Population - Année 1967 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 99-110
Les données sur la population de Cuba sont fragmentaires et souvent incertaines. L'article qu'a rédigé M. Juan Perez de la Riva, professeur de géographie et de démographie à l'Université de La Havane présente un intérêt considérable, notamment par les précisions qu'il donne sur le peuplement rural et les migrations internes. Bien que le risque de surpeuplement soit évoqué ou, tout au moins, la difficulté de réaliser les importants investissements démographiques nécessités par la croissance rapide, aucune allusion n'est faite à une intervention éventuelle du gouvernement en matière de prévention des naissances. A titre d'information, on peut rappeler qu'au cours de l'Assemblée générale des Nations-Unies en 1962 qui, sur la prévention des naissances, avait vu les quelques 110 pays se diviser en trois groupes à peu près égaux en nombre, la République de Cuba s'était abstenue.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1967
• Nombre de lectures: 10
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Juan Perez De La Riva
La population de Cuba et ses problèmes
In: Population, 22e année, n°1, 1967 pp. 99-110.
Résumé
Les données sur la population de Cuba sont fragmentaires et souvent incertaines. L'article qu'a rédigé M. Juan Perez de la Riva,
professeur de géographie et de démographie à l'Université de La Havane présente un intérêt considérable, notamment par les
précisions qu'il donne sur le peuplement rural et les migrations internes. Bien que le risque de surpeuplement soit évoqué ou,
tout au moins, la difficulté de réaliser les importants investissements démographiques nécessités par la croissance rapide,
aucune allusion n'est faite à une intervention éventuelle du gouvernement en matière de prévention des naissances. A titre
d'information, on peut rappeler qu'au cours de l'Assemblée générale des Nations-Unies en 1962 qui, sur la prévention des
naissances, avait vu les quelques 110 pays se diviser en trois groupes à peu près égaux en nombre, la République de Cuba
s'était abstenue.
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Perez De La Riva Juan. La population de Cuba et ses problèmes. In: Population, 22e année, n°1, 1967 pp. 99-110.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1967_num_22_1_10871LA POPULATION DE CUBA
ET SES PROBLÈMES
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Riva, professeur de géographie et de démographie à l'Université
de La Havane présente un intérêt considérable, notamment par
les précisions qu'il donne sur le peuplement rural et les migrat
ions internes.
Bien que le risque de surpeuplement soit évoqué ou, tout au
moins, la difficulté de réaliser les importants investissements
démographiques nécessités par la croissance rapide, aucune allu
sion n'est faite à une intervention éventuelle du gouvernement
en matière de prévention des naissances.
A titre d'information, on peut rappeler qu'au cours de l'As
semblée générale des Nations-Unies en 1962 qui, sur la prévention
des naissances, avait vu les quelques 110 pays se diviser en trois
groupes à peu près égaux en nombre, la République de Cuba
s'était abstenue.
Dans un archipel connu depuis longtemps pour ses grandes densités,
Cuba fit longtemps figure de territoire presque vide. Aujourd'hui avec ses
8.000.000 d'habitants sur 110.920 km2, la grande île apparaît déjà comme un
territoire densément peuplé; et sans que l'on puisse parler d'entassement, les
Cubains se demandent, pour la première fois, s'ils ne sont pas sur le chemin
du surpeuplement. Pour la plupart d'entre eux et à plus forte raison pour les
étrangers, les chiffres donnés plus haut constituent une double surprise :
d'abord l'archipel cubain apparaît avec près de 4.000 km2 en moins, alors que
la population, malgré une émigration importante, monte en flèche : 2.171.000
individus de plus depuis le dernier recensement de 1953, soit 167.000 par an.
Superficie. Au xixe siècle, d'après les mesures prises sur la carte au 20.000e,
dite de Pichardo, la surface officiellement admise était 124.148 km2 ;
en 1909, de nouvelles mesures, cette fois d'après la carte des États-Unis au
63.500e, donnèrent 113.910 km2 et une rectification en 1925, 114.540, chiffre
qui parut alors définitif. Mais il y a deux ans l'Académie des Sciences s'avisa
de faire un nouveau calcul, cette fois sur la récente carte au 50.000e, bien
meilleure que les précédentes, avec le résultat signalé plus haut. Les Cubains
eurent ainsi la désagréable surprise de constater que leur île allait en se rétré
cissant à mesure que sa population augmentait...
7. 100 LA POPULATION DE CUBA ET SES PROBLÈMES
Évolution générale Le recensement fait pendant l'occupation américaine
de 1900 à 1953. donna un total de 1.572.797 habitants; les premières
décades du siècle virent arriver un flot continu d'im
migrants, 1.200.000 jusqu'à 1929, dont plus de 80 °/0 Espagnols, ce qui
permit d'arriver à 3.962.344 habitants en 1931. Dès lors la croissance va
diminuer, par renversement du courant migratoire : près de 400.000 départs
pendant la grande crise (1930-1935). En 1943 (1), la population atteignait
seulement 4.778.583, le taux de croissance avait diminué de moitié, s'établis-
sant en moyenne à 1,6 % par an. Le nouveau recensement de 1953 ^2^ donna
cependant 5.829.029 habitants, relevant le taux de croissance à 2 °/0 par an.
La fausse prospérité de l'après-guerre fit croire à la bourgeoisie que Cuba
était en train de devenir une sorte de Suisse américaine, avec une population
à croissance ralentie. C'est ainsi qu'un économiste bourgeois de réputation
aussi bien établie que M. Juliàn Aliènes, ^3^ assesseur de la Banque nationale,
prévoyait en 1950, en basant sa projection sur la courbe logistique (4), que la
population cubaine arriverait à 7 millions en l'an 2000. L'augmentation du
taux net de croissance révélée par le recensement de 1953 n'éveilla cependant
aucun commentaire, bien qu'elle fit apparaître 550 enfants de moins de
5 ans par 1.000 femmes de 15 à 44 ans, contre 472 la décade d'avant et bien
que le taux de masculinité descendît de 113 à 107,6 de 1931 à 1953. En réalité,
si le taux arithmétique de croissance entre 1943 et 1953 était de 2 °/0, le taux
des années 1950-1953 devait être de l'ordre de 2,3 ou 2,4 °/0; cette tendance
s'est encore accélérée après la Révolution socialiste.
Le départ d'anciens immigrants, dans les années 30, contribua à rajeunir
la population; en 1931 il y avait 54,9 °/o de personnes âgées de 15 à 60 ans.
Cette proportion est passée à 50,1 °/o en 1953, sans augmentation parallèle
du nombre de vieillards, malgré l'abaissement du taux de mortalité, qui fléchit
de 15 à 9 °/Oo pendant les mêmes années. On pouvait donc conclure à une
natalité croissante, déterminée par la nouvelle structure par âges et par sexes.
A l'heure actuelle le taux de natalité serait d'au moins 36 °/Oo et celui de crois
sance très voisin de 2,9 °/o, avec tendance à augmenter.
La population actuelle. On n'a pas fait de recensement depuis 1953, mais
le blocus impérialiste a obligé à rationner cer
tains produits essentiels et à établir un Registre national de Consommateurs
(OFICODA) qui tient lieu, jusqu'à un certain point, de recensement. D'après
celui-ci, la population se présentait ainsi au 31 décembre 1965 ^5'.
<!> Cuba. Informe général del censo de 1943 (La Habana, 1945), 1.373 p.
<2> Censos de población, viviendas y electoral. La Habana (1955), xlviii, 325 p.
(3' Aliènes y Urosa Julian. Características fundamentales de la economia cubana.
(La Habana) Banco Nacionál de Cuba (1950), 405 p.
<4> Op. cit. ut supra., p. 77.
<5> Cuba. Ministeriu del Comercio Interior. Registre de consumidores. BuL mensuel
polycopié. LA POPULATION DE CUBA ET SES PROBLÈMES 101
Nombre p. 100
Moins de 2 ans 675.786 8,6
2 à 6 ans 1.038.972 13,2
7 à 13 ans 1.115.956 14,1
14 à 64 ans 4.666.750 59,2
Plus de 65 ans 389.791 4,9
Total .... . . 7.887.255 100,0
Natalité, mortalité. En 1965, 270.000 naissances ont été déclarées
(35°/00) et 49.000 décès (6,4°/00). Compte tenu du
solde migratoire négatif, environ 20.000 individus, le taux d'augmentation
nette serait ainsi un peu supérieur à 2,6 °/0.
La Direction des Statistiques démographiques de Juceplan (Ministère de
l'Économie nationale et de la Planification) emploie d'autres indices, en
particulier le nombre d'enfants de moins de 5 ans par 1 000 femmes de 14 à
44 ans, actuellement supérieur à 600, et estime le taux de natalité compris
entre 35 et 38 °/Oo et le taux d'accroissement net à 28 ou 29 °/Oo ^. Une telle
expansion poserait évidemment de graves problèmes que l'émigration,
si importante qu'elle soit, ne saurait résoudre.
La mortalité. Le taux officiel de mortalité générale est de 6,4 °/oo; des
corrections, pour tenir compte de possibles omissions,
portent le chiffre à 7 °/Oo&