La psychanalyse et les institutions familiales - article ; n°4 ; vol.27, pg 1091-1104
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La psychanalyse et les institutions familiales - article ; n°4 ; vol.27, pg 1091-1104

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 4 - Pages 1091-1104
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Edmond Ortigues
La psychanalyse et les institutions familiales
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N. 4-5, 1972. pp. 1091-1104.
Citer ce document / Cite this document :
Ortigues Edmond. La psychanalyse et les institutions familiales. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N.
4-5, 1972. pp. 1091-1104.
doi : 10.3406/ahess.1972.422585
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1972_num_27_4_422585NORMES ET DÉVIANCES
La psychanalyse et les institutions
familiales
se que commun? ou être réducteur, situer institutionnelles, Les Chaque Montaigne considérées leçons institutions à trop Sans mi-chemin espèce qu'à pauvre, appelait doute, comme familiales ce vivante mais entre propos pour le l'humaine il vocabulaire autant peut l'ethologie a suffire décrites on sa peut néanmoins façon de condition. à par tirer rendre solutions de animale propre l'ethnologue de la servir psychologie compte la d'associer et clinique possibles l'ethnologie. à dissoudre des ou psychanalytique les est-il l'historien particularités à sexes quelque l'exotisme trop et peuvent-elles général, les culturelles problème semblent dans génératrop ce
tions : certaines ont des couples monogames, saisonniers ou stables; d'autres
ont des harems polygames, et il n'est pas rare que, dans les troupeaux, un patriarche,
suivant le vieux mythe freudien, accapare toutes les femelles en réduisant les
jeunes mâles à la stérilité. Essaims et fourmilières ont préféré le règne de la mère.
Dans certaines espèces le mâle n'est qu'un parasite, et chez d'autres, comme
les anguilles migratoires, tout se ramène à un voyage de noces... Pour varier les
instincts de reproduction la nature s'est laissée aller à un stratagème que les
disciples de Lorenz appellent la « dérivation » des comportements. Ainsi par
exemple chez telle espèce d'oiseaux, le comportement de la becquée, qui a une
fonction utilitaire dans le nourrissage des oisillons, réapparaît sous une forme
plus ou moins stylisée dans la parade amoureuse des adultes. Cette apparition
dans la nature d'un « sens dérivé » a donné lieu à toutes sortes de « prestations »
qui préludent aux accouplements comme chez nous aux alliances :
d'aliments, de couleurs vestimentaires, d'odeurs, de chants, de danses et de
rites...
L'humanité ayant eu la bonne ou mauvaise fortune de se spécialiser dans la
dérivation des formes vivantes vers les formes symboliques, s'est comportée
comme si elle était à elle seule plusieurs espèces endogames, ayant chacune
leurs institutions familiales, du moins jusqu'au jour où l'art matrimonial, en passant
des villageois (c'est-à-dire des hommes qui se connaissent sur plusieurs génér
ations) aux citadins (c'est-à-dire aux hommes sans arrières) s'est rapproché
de l'art d'aimer sans pouvoir s'y réduire.
1091 NORMES ET DEVIANCES
La culture dérive de la nature. Mais comment? Ce problème, qui est celui de
la psychologie, est commun aux anthropologues et aux psychanalystes.
Les anthropologues aujourd'hui semblent avoir deux façons très différentes
d'aborder le problème des systèmes de parenté. Je n'ai pas compétence pour
intervenir dans les controverses qui divisent les disciples de Radcliffe- Brown
et ceux de Claude Lévi-Strauss. Sans prétendre résumer la théorie des uns et
des autres, je voudrais simplement classer mes impressions de lecture en soul
ignant un contraste saisissant entre deux points de vue possibles.
Les Anglais parlent comme nos historiens du droit privé; ils sont restés
fidèles au vocabulaire traditionnel. Pour eux, ce qui fait la parenté c'est avant tout
« la descendance » c'est-à-dire la reconnaissance officielle de la filiation. Ce qui
se transmet par là ce n'est pas seulement la vie, ce sont aussi des biens, et plus
encore ce sont des noms, des droits et des devoirs, des titres tels que la national
ité, etc. On hérite d'une langue, d'une civilisation. Et dire qu'il existe dans une
société des règles de mariage revient à dire qu'on hérite de l'affinité, non pas
seulement de la consanguinité. Même aujourd'hui en Europe on ne se marie pas
tout à fait avec n'importe qui. L'affinité ne s'improvise pas. L'abolition des règles
de mariage préférentiel n'a pas suffi à abolir toute nostalgie répétitive dans le
choix des conjoints. Du côté de Cambridge, donc, ce qui compte avant tout,
c'est le segment de lignage où s'emmêlent !e sang, le sol, !e sexe et le signe.
Un lignage pourtant n'existe que par opposition à un autre lignage. C'est
pourquoi, de même que Jean-Jacques Rousseau a rêvé de rendre compte du
droit public (l'État) à partir du droit privé (le contrat), de même Claude Lévi-
Strauss réhabilite les contractants du mariage en face des titulaires de l'héritage.
!! rattache !a question des structures de parenté à un principe beaucoup plus
général, le principe de réciprocité à l'œuvre dans l'échange de dons, de presta
tions, par quoi les hommes se trouvent associés en positions de débiteurs ou
d'ayants droit. C'est à partir de ce principe qu'est interprétée l'alliance de mariage :
« Ce sont les hommes qui échangent les femmes ». Telle que je la comprends,
cette petite phrase n'identifie pas mais subordonne un concept moins général,
celui d'alliance, à un concept plus général, celui d'échange. En effet Lévi-Strauss
dit que l'obligation de donner une fille ou une sœur est la fonction positive que
remplit l'interdiction de l'inceste. Or l'idée de fonction se définit par une subor
dination de concepts : l'un est fonction de l'autre, s'inscrit dans l'autre. Le
concept d'alliance s'inscrit dans celui d'échange, lequel le principe
de réciprocité, lui-même subordonné au principe plus général des oppositions
distinctives entre valeurs formelles d'un même système. Le concept générique
d'échange serait trop général pour expliquer les particularités de l'alliance; il
faut ici introduire une différence spécifique, ce que l'on fait en se référant à
l'interdiction de l'inceste.
Meyer Fortes se refuse à interpréter le mariage comme un échange des
femmes entre les lignages. Pourtant il est bien connu que les droits anciens,
pour tout ce qui est domestique, ne différenciaient pas comme nous le droit réel
et le droit personnel. « Tu ne prendras pas la femme de ton prochain, ni son
esclave mâle ou femelle, ni son bœuf ni son âne, ni rien de ce qui appartient à
ton prochain » (Ex. XX, 17). Et comme ici-bas rien n'est sans possesseur : « Les
mâles appartiennent à Yahweh » (Ex. XIII, 12), le dieu des armées, en sorte que
1092 ET PSYCHANALYSE E. ORTIGUES FAMILLE
tout se paye, fût-ce par sacrifice ou circoncision. L'échange matrimonial n'est
donc pas n'importe lequel, mais celui précisément qui répond à l'interdiction de
l'inceste.
Nous avons en somme deux points de vue possibles sur les systèmes de
parenté suivant que l'on privilégie « ce qui se transmet » ou bien « ce qui s'échange ».
Dans le premier cas, ce qui est au centre du débat, ce sont les morts; dans le
second cas, ce sont les femmes. Dans tous les cas on se heurte à une aporie.
En effet, dans la perspective de ce qui se transmet, on rattache l'interdiction de
l'inceste à un principe de hiérarchisation des statuts qui, joint à la succession des
générations, énonce qu'un fleuve ne remonte pas à sa source. Il reste cependant
que dans cette explication on a supposé l'existence d'un lignage, ce qui ne
pouvait se faire sans présupposer les règles de mariage par quoi un lignage se
situe relativement à un autre. Au contraire dans la perspective de ce qui s'échange,
on rattache l'interdiction de l'inceste à un principe de réciprocité qui, avec
l'échange, introduit en droit une mobilité des positions de dette ou de créance,
mobilité nécessaire à la formation des lignages comme aux changements de
statuts individuels, alors que le principe de hiérarchie assurait au contraire la
stabilité juridique des statuts en ne rec

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents