- La respiration et la personne - article ; n°1 ; vol.50, pg 461-483
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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 461-483
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Ponzo
XIV. - La respiration et la personne
In: L'année psychologique. 1949 vol. 50. pp. 461-483.
Citer ce document / Cite this document :
Ponzo M. XIV. - La respiration et la personne. In: L'année psychologique. 1949 vol. 50. pp. 461-483.
doi : 10.3406/psy.1949.8467
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_hos_50_1_8467XIV
LA RESPIRATION ET LA PERSONNE
par Mario Ponzo
Université de Rome.
Vicissitudes des études sur la valeur symptomatique
des mouvements respiratoires en psychologie.
Les études sur les mouvements respiratoires et cardiovascu-
laires en psychologie ne semblent pas, jusqu'à présent, avoir
gagné beaucoup de considération après le discrédit dans lequel
ils étaient tombés à la suite de la période momentanée d'enthou
siasme créée par leur introduction dans le domaine de la psychop
hysiologie.
Le grand physiologiste italien, Angelo Mosso, avait porté au
plus haut degré l'intérêt pour ces études avec l'enregistrement
du pouls cérébral de personnes ayant des fentes de la boîte
crânienne et par la construction de son plétysmographe, qui ren
dait possible l'enregistrement des mouvements des vaisseaux
indépendamment de ceux du pouls. Et pendant quelques années
il sembla possible de révéler au moyen des nouvelles techniques
les aspects les plus intimes des mouvements de l'âme et des acti
vités de l'esprit.
W. Wundt, le créateur de la psychologie expérimentale, voyant
dans les signes des mouvements vasculaires et dans ceux de la res
piration les manifestations organiques spécifiques et parallèles
au développement des sentiments les plus ténus, Wundt crut
pouvoir fonder sur ces manifestations la démonstration de sa
doctrine sur la polydimensionalité des sentiments.
De plus, les concomitances des mouvements cardiovasculaires PSYCHOLOGIE EXPERIMENTALE 462
et respiratoires constituaient pour Wundt la meilleure document
ation pour son parallélisme psychophysique.
En peu d'années les constructions de Wundt se révélèrent
fondées sur une documentation incertaine et pleine de contra
dictions. Les spécificités des manifestations cardiovasculaires
et respiratoires dans des situations affectives de plaisir, chagrin,
tension, soulagement, excitation et calme ne furent point con
firmées.
Tout se réduisit enfin à reconnaître que des variations non cons
tantes du pouls et de l'acte respiratoire, aussi bien chez la même
personne que chez des personnes différentes, étaient accompa
gnées par des changements, même très légers, des états de l'âme.
On reconnut ensuite, en particulier pour la respiration, que la
sensibilité même de la manifestation la rendait inutilisable pour
en fixer la signification dans des situations particulières.
Plus tard l'intérêt des psychologues fut attiré par l'étude des
mouvements respiratoires de V. Benussi, sur les symptômes
respiratoires du mensonge rapportés aux variations des rapports
entre la durée de la période inspiratoire et de celle expiratoire
(quotient respiratoire de Störring.) On put constater la constance
du symptôme découvert par Benussi pour un pourcentage très
élevé de cas. Mais un si beau résultat, de même que les études
successives de Benussi sur les courbes respiratoires pendant le
sommeil de base ne rendirent point au symptôme respiratoire
cette reconnaissance de valeur de signal de l'activité psychique
de la personne dans des situations très différentes. Pour que cela
arrive, il est nécessaire, à mon avis, d'intégrer les manifestations
respiratoires dans une perspective différente qui commence par
leur donner non seulement la valeur de symptôme, mais aussi
celle de véritables comportements dans le domaine d'une psychol
ogie dynamique. Pour qui dépasse les limitations de l'école
behavioriste et admet de nouveau une valeur scientifique aux
données introspectives, l'acte respiratoire n'est plus seulement
concomitant au fait psychique, mais il participe comme facteur
indispensable à de nombreuses activités psychiques de la per
sonne, activités conscientes, inconscientes, in tellectives, voli-
tives, affectives.
C'est uniquement cette manière de concevoir le mouvement
respiratoire qui rend compréhensible, pour nous modernes, la
pensée des hommes très anciens qui créèrent les termes d'âme et
d'esprit, en rapport avec la fonction respiratoire.
La psychologie a tendance aujourd'hui à revenir à des concep- PONZO. LA RESPIRATION ET LA PERSONNE 463 M.
tions analogues quand elle ne prend plus comme objets de ses
études des éléments, ou des facultés, ou des phénomènes, ou leur
ensemble réuni, mais la personne humaine dans son unité psy
chique et organique, considérée dans ses propres penchants, ses
propres actions.
J'espère que cela se verra assez clairement dans cette étude qui
considère d'un point de vue perspectif les différentes recherches
que j'ai continuées à développer dans le champ de la respiration,
avec les méthodes graphiques vers lesquelles je fus énormément
attiré sous l'influence de mes deux grands et inoubliables maîtres
Federico Kiesow et Angelo Mosso, à l'Université de Turin, qui
fut le premier grand centre de la psychologie italienne.
L'adaptation respiratoire
dans l'observation visuelle des mouvements.
Mes expériences sur ce sujet ont commencé il y a longtemps
quand, encore étudiant, je m'aperçus, en comptant chaque jour
la respiration des malades, que pendant cette opération pas
toujours facile ma respiration semblait s'adapter à celle du
patient, si bien que, jusqu'à un certain point, je ne savais plus
si je faisais le calcul sur le malade ou sur moi-même, tellement
les deux respirations semblaient parfois s'être accordées entre
elles dans leur succession rythmique.
J'exécutai alors le contrôle expérimental avec l'enregistr
ement graphique de la respiration et avec le calcul de la fréquence
respiratoire des sujets qui faisaient le relevé respiratoire d'une
autre personne (pour laquelle aussi on prenait le même enregis
trement.) J'eus ainsi l'occasion de vérifier, d'après la compar
aison des résultats que, dans chaque expérience, pendant l'opé
ration du comptage chez les différents sujets, la fréquence
respiratoire se modifiait constamment, s'adaptant à la de la personne sur laquelle se faisait le comptage.
Dans une deuxième série d'expériences les deux sujets parti
cipants étaient chargés du comptage réciproque de leur respi
ration. On put constater que pendant le calcul respiratoire
mutuel, les différences entre les fréquences respiratoires des
deux sujets, qu'on avait observées avant l'expérimentation, ten
daient à s'atténuer et à disparaître.
De même, j'ai trouvé très intéressants les phénomènes d'adap
tation respiratoire pendant l'observation attentive ou le calcul 464 PSYCHOLOGIE EXPERIMENTALE
des oscillations, lentes ou rapides, d'un grand pendule pourvu
d'un disque bien visible en cuivre jaune.
Dans toutes ces expériences on doit penser que l'action de
la représentation visuell« du mouvement rythmique se propage,
c'est-à-dire que tous les autres contenus de conscience en subissent
les effets dans le sens d'une tendance à s'accorder à cette repré
sentation. Cet effet est subi d'une manière particulièrement
intense pour chacun de nos mouvements accomplis dans ces
conditions. On comprend aisément comme les mouvements
mêmes deviennent facilités par le développement de cette ten
dance à l'adaptation au rythme objectif de nos qui
réussiraient plus difficilement si nous cherchions volontairement
à les exécuter avec une fréquence différente de celle de la repré
sentation du mouvement objectif.
C'est d'après une telle interprétation des faits constatés qu'on
peut parler, dans mes expériences, en un sens général, de phé
nomènes de suggestibilité respiratoire.
Une représentation de mouvement impose son influence sur
les autres événements de la conscience par l'effet de l'attention
concentrée sur elle. A une telle action inductive nous ne pou
vons nous soustraire qu'en partie, et par un grand effort. A

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