La science d un quindécemvir au Ier siècle après J.-C. - article ; n°1 ; vol.11, pg 347-358
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La science d'un quindécemvir au Ier siècle après J.-C. - article ; n°1 ; vol.11, pg 347-358

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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1972 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 347-358
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

La science d'un quindécemvir au Ier siècle après J.-C.
In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de Rome, 1972. pp. 347-358. (Publications de l'École
française de Rome, 11)
Citer ce document / Cite this document :
Boyancé Pierre.La science d'un quindécemvir au Ier siècle après J.-C. In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École
Française de Rome, 1972. pp. 347-358. (Publications de l'École française de Rome, 11)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1972_ant_11_1_1551SGIENGE D'UN QUINDÉCEMVIR * LA
AU I« SIÈCLE APRÈS J.-C.
J'ai étudié, il y a bien des années, un très curieux épisode de purifi- 334
cation qui se trouve dans les Argonautiques de Valerius Flaccus i1). Je
crois en avoir montré la riche substance qui fait voir cet héritier de Virgile
en possession d'une science religieuse véritablement remarquable et digne
de son maître. C'est , à mon avis aujourd'hui encore, un des documents
les plus éloquents que nous ayons sur les rites de cette nature dans l'An
tiquité (2).
Il y avait toutefois dans les rapprochements que j'avais faits pour
éclairer ce texte un certain paradoxe, qui est que beaucoup étaient avec la
religion grecque, et même la religion grecque d'une époque ancienne. Com
ment expliquer cette singularité? Comment, en l'expliquant, triompher des
hésitations qui peut-être pourraient arrêter quelqu'un devant une inter
prétation qui, par exemple, fait intervenir à l'occasion la cathartique des
orphiques1? Comment attribuer à ce poète du Ier siècle, contemporain des
Flaviens, une sorte de divination rétrospective, sans violer les lois de la
vraisemblance de l'histoire et de la chronologie?
En réalité, je pense aujourd'hui que tout s'éclaire si nous considérons
la personnalité du poète. Je n'avais pas pris garde, dans cet article, que
Valerius Flaccus avait été quindécemvir. Dès lors, ses pages sur la puri- 335
fìcation des Argonautes après le meurtre involontaire de Cyzique et de
son peuple nous apparaissent comme un témoignage sans doute unique
de la science religieuse d'un prêtre appartenant à un grand collège sacer
dotal à l'époque des Flaviens. Le Mopsus qu'il met en scène dans l'épisode
que j'ai commenté représente une sorte de figure idéale du purificateur,
du catharte, tel qu'on le concevait au sein de ce corps, dont l'activité était
vouée pour une bonne part à la procuration des prodiges et à des purifica
tions collectives.
* BEL, 1965, p. 334-346.
(x) On rite de purificatio7i dans les Argonautiques de Valerius Flaccus, BEL,
13e année, 1935, p. 107 et suiv. [Ici, p. 317 et suiv.].
(2) Je regrette d'autant plus le peu d'attention qui a été accordé à ce mémoire. 348 ÉTUDES SUE LA ÎÎELIGION ROMAINE
Que Valerius Maccus ait été quindécemvir, c'est ce qu'on déduit à
bon droit de l'invocation que, au début de ce poème, il adresse à Apollon:
« Phoebus, inspire-moi, s'il est vrai que dans ma pure demeure se
dresse le trépied confident de la prophétesse de Cymé, si sur mon front
qui en est digne verdoie le rameau de laurier (x) ».
Le trépied confident de la de Cymé est une allusion manif
este aux oracles sibyllins dont les quindécemvirs avaient la garde, et
l'on n'ignore pas que le trépied est l'insigne de ces prêtres, en même temps
que le dauphin. Servius nous dit que « aujourd'hui, aux trépieds des quin
décemvirs, le dauphin est placé au sommet » (2). Sur les monnaies, le
trépied est leur symbole. Ainsi les revers monétaires de Manlius Torquatus
(environ 60-50 avant J.-C), comme ceux de l'empereur Vitellius (69 après
J.-C), montrent le trépied, au-dessus le dauphin, à l'intérieur le corbeau (3).
Il convient d'ajouter qu'à l'avers Vitellius apparaît lauré, que figure l'in
scription rappelant le quindécemvirat de ce prince (4). Ce laurier aussi a
son parallèle chez Valerius, et nous avons une inscription grecque qui nous
confirme que ces prêtres portaient une couronne, évidemment de laurier (5).
Pour ce qui est du trépied, les vers du poète suggèrent évidemment qu'on
n'y voyait pas seulement un symbole apollinien, emprunté à Delphes,
mais qu'on a imaginé la Sibylle, telle la Pythie, en faisant usage. Ils sug-
(x) Ch. i, v. 5-7: Phoebe, mone, si Cymaeae mihi conscia uatis
stai casta cortina domo, si laurea digna
fronte uiret, tuque...
(2) G. Wissowa, Religion und Kultus der Borner, 2e éd., 1912, Munich, p. 541, n. 1,
citant Servius, in Aen., III, 332 (hodieque quindecimuirorum cortinis delphinus in summo
ponitur et pridie quant sacrificium faciunt uelut symbolutn delphinus circumfertur, ob
hoc scilicet quia quindecimuiri librorum Sibyllinorum sunt antistites, Sibylla autem Apol·
Unis uates et delphinus Apollinis sacer est). De quel sacrifice, auquel président les quin
décemvirs, peut-il être question? Le rite, en tout cas, implique l'existence et l'usage
de trépieds réels, et non pas seulement figurés sur les monnaies.
(3) Jean Gagé, Apollon Romain, Paris, 1955, pi. iv, n° 17: denier de L. Manlius
Torquatus, monétaire vers 60-54 avant J.-C: tête de la Sibylle, ceinte d'un bandeau:
Sibulla. K.: trépied surmonté d'un praefericulum entre deux étoiles (?), à l'intérieur
d'une couronne de laurier: L. Torquatus, πι vir (Babelon, II, p. 180, n° 11; le trépied
aussi sur les nos 13, 18). — PI. V, n° 5: aureus de Vitellius (Cohen, I, p. 365, n° 110).
(4) H. Mattingly-E. Λ. Sydenham, The Roman imperial coinage, I, Londres,
1923, p. 222, donnent de la mention, un peu insolite, de ce quindécemvirat une expli
cation qui me semble aussi savoureuse que peu vraisemblable: rappeler l'apparte
nance à l'un des quatre grands collèges était en soi peu de chose, mais les prêtres
donnaient de bons dîners et cela, pour Vitellius, c'était beaucoup!
(5) I. G., XIV, 1020: εις δεκάπεντ* ανδρών Φοίβου στεφανηφόρος ίρεύς. SCIENCE D'UN QUINDÉCEMVIR AU Ier SIÈCLE APRÈS J.-C. 349 LA
gèrent aussi, et le commentaire de Servius paraît également le dire, que
chaque prêtre avait chez lui, « dans sa pure demeure » un tel objet.
Vitellius est contemporain de Valerius Flaccus, qui écrira son poème 336
sous les Flaviens, exaltant le divus Vespasianus et faisant allusion au
culte de la Domus Flavia, qui paraît avoir été institué par Domitien (x).
Vers 95, Quintilien écrira: « Nous avons récemment beaucoup perdu en
Valerius Flaccus » (2). Or, on sait que les quindécemvirs avaient dans leurs
attributions la haute main sur les Jeux séculaires. On sait aussi que Domit
ien fit procéder en 88, en avance sur la date prévue, à la suite de calculs
plutôt arbitraires, à la célébration des Jeux (3). Les poètes contemporains,
Stace, Martial, n'eurent garde d'oublier l'événement et en ont parlé, le
second en termes d'une flagornerie éhontée (4). Que le quindécemvir Vale
rius Flaccus, dans le passage où il exalte la domus Flavia, n'y fasse aucune
allusion me paraît un indice que son poème a été composé auparavant. Ici,
il me semble que l'on peut donner quelque force à l'argument ex silentio.
On nous dit que le temple de la gens Flavia ne fut pas achevé avant 93 (5),
mais il avait été voué bien auparavant et, du reste, le poète parle au futur
de l'intention de celui (Domitien probablement) qui projette de l'élever (6). 337
Quoi qu'il en soit de cette précision que je propose d'ajouter au peu
que nous savons de la vie de Valerius Flaccus, celui-ci devait se souvenir
de deux circonstances où les livres sibyllins avaient, dans un passé récent,
ordonné de procéder à de grandes cérémonies de purification collective.
En 38 d'abord, à la suite de divers prodiges énumérés par Dion Cassius (7):
la cabane de Eomulus prend feu au cours de cérémonies exécutées par les
pontifes; la statue de Virtus, placée en avant d'une porte, tombe sur la
bouche (sic); des possédés par la Mère des dieux déclarent que cette déesse
i1) Ch. i, v. 15 et suiv.:
Ille libi (Vespasien) cultusque deum delubraque gentis
instituet...
Sur le culte de la gens Mavia, cf. Wissowa, op. laud., p. 346, 348.
(2) Inst. Or., X, I, 90.
(3) G. Wissowa,

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