La transition de l'économie roumaine vers l'économie de marché : réformes économiques et institutionnelles - article ; n°2 ; vol.23, pg 105-136

Daniel Labaronne

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1992 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 105-136
The Rumanian economy in transition to a market economy : economic and institutional reforms.
Since the fall of Ceausescu in 1989, Rumania has been engaged in a process of radical economic and political reform. The Rumanian economy's passage to a market economy should be seen in a context which, although not specific to Rumania, nevertheless enables one to single out for consideration certain characteristics of this particular East European country. The purpose of this article is to examine the economic and political implications of this transition, along with the associated macro-economic and institutional aspects of the reform.
Depuis la chute de Ceausescu en 1989, la Roumanie est engagée dans un processus de réformes politiques et économiques radicales. La transition de l'économie roumaine vers l'économie de marché s'inscrit dans un contexte qui, s'il n'est pas spécifique à la Roumanie, permet cependant de mettre en évidence des caractéristiques propres à ce pays de l'Europe de l'Est. L'article se propose d'examiner le contexte économique et politique de cette transition ainsi que les aspects macro-économiques et institutionnels des réformes qui y sont associées.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Daniel Labaronne
La transition de l'économie roumaine vers l'économie de marché
: réformes économiques et institutionnelles
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 23, 1992, N°2-3. pp. 105-136.
Abstract
The Rumanian economy in transition to a market economy : economic and institutional reforms.
Since the fall of Ceausescu in 1989, Rumania has been engaged in a process of radical economic and political reform. The
Rumanian economy's passage to a market economy should be seen in a context which, although not specific to Rumania,
nevertheless enables one to single out for consideration certain characteristics of this particular East European country. The
purpose of this article is to examine the economic and political implications of this transition, along with the associated macro-
economic and institutional aspects of the reform.
Résumé
Depuis la chute de Ceausescu en 1989, la Roumanie est engagée dans un processus de réformes politiques et économiques
radicales. La transition de l'économie roumaine vers l'économie de marché s'inscrit dans un contexte qui, s'il n'est pas spécifique
à la Roumanie, permet cependant de mettre en évidence des caractéristiques propres à ce pays de l'Europe de l'Est. L'article se
propose d'examiner le contexte économique et politique de cette transition ainsi que les aspects macro-économiques et
institutionnels des réformes qui y sont associées.
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Labaronne Daniel. La transition de l'économie roumaine vers l'économie de marché : réformes économiques et institutionnelles.
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 23, 1992, N°2-3. pp. 105-136.
doi : 10.3406/receo.1992.1552
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1992_num_23_2_1552Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1992, 2-3 Guin-septembre)
pp. 105-136 - Daniel LABARONNE
La transition de l'économie roumaine
vers l'économie de marché :
réformes économiques et institutionnelles
Daniel LABARONNE*
I. INTRODUCTION
Depuis la chute de Ceausescu en 1989, à la suite de la « Révolution de
Décembre», la Roumanie est engagée dans un processus de réformes
politiques et économiques radicales.
La transition de l'économie roumaine vers l'économie de marché s'inscrit
dans un contexte qui, s'il n'est pas spécifique à la Roumanie, permet
cependant de mettre en évidence des caractéristiques propres à ce pays de
l'Europe de l'Est.
Cette transition est rendue particulièrement difficile si l'on tient compte
de:
- l'effondrement la rigidité des structures général de économiques l'activité économique provenant roumaine d'un système ; hyper-
centralisé et planifié ;
- l'absence de consensus politique et social ;
- l'inexpérience des responsables en matière de réforme ;
- les chocs économiques externes : crise dans l'ex-U.R.S.S., disparition du
Comecon, chute des échanges commerciaux intra-pays de l'Est, crise du
Golfe, augmentation du prix des matières premières et de l'énergie sur le
marché mondial ;
- la pénurie globale de ressources financières ;
- une méfiance des investisseurs occidentaux à l'égard des dirigeants dont
les orientations libérales ne sont pas apparues toujours très clairement.
* Maître de conférences à l'Université de Bordeaux 1.
105 Daniel Labaronne
Au terme de plus de deux années d'exercice du nouveau pouvoir issu de
la Révolution et des élections de mai 1990, et à la veille de nouvelles
échéances électorales pour les deux chambres du Parlement et la Présidence
de la République, en septembre 1992, il est possible d'examiner le processus
de reconversion de l'économie planifiée roumaine en économie de marché et
ses tentatives d'intégration dans le système de l'économie mondiale.
Notre article se propose d'examiner le contexte économique et politique
de la transition de l'économie roumaine et les aspects macro-économiques
et institutionnels des réformes associées à cette transition.
II. LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE ROUMAIN
DE LA TRANSITION VERS L'ÉCONOMIE DE MARCHÉ
La conjoncture économique roumaine est marquée par la récession et les
séquelles de l'ère Ceausescu. L'appréciation du contexte économique est
rendue difficile par les carences de l'appareil statistique roumain. Le
contexte politique demeure incertain.
II. 1. Le contexte économique
Une première difficulté dans l'appréciation du contexte économique
roumain réside dans les données statistiques disponibles.
II. 1 . 1 . Les statistiques roumaines
Andreff [2] a souligné les carences de l'appareil statistique dans les
économies socialistes, avant leur transition vers l'économie de marché. Cette
carence, mise en évidence également dans un rapport de la Banque des
Règlements Internationaux [9], rend difficile l'évaluation précise de la crise
économique au sein des économies planifiées.
Cette carence, étudiée dans une étude récente de l'OCDE [67], est due en
partie au rôle des offices statistiques dans les pays de l'Est.
- Chargés de surveiller l'exécution du plan central, établi en unités
physiques, les offices recueillaient peu de données exprimées en termes
monétaires. Si le volume de la production était connu, par contre, la valeur
de la production, les prix et les coûts étaient absents des publications
statistiques.
- En tant qu'intermédiaires entre les entreprises et les planificateurs, les
offices statistiques étaient souvent tentés de transiger sur la qualité de leur
production : les entreprises à l'origine des statistiques et les offices se
mettaient d'accord pour annoncer le succès, plutôt que l'échec, des objectifs
fixés par le planificateur.
106 La transition de l'économie roumaine
- Les chiffres fournis par les offices statistiques, en particulier le taux de
croissance du revenu national (ou produit national net), remplissaient une
fonction de propagande. Ils étaient une valeur de légitimation économique,
sociale et politique du « socialisme réellement existant », selon l'expression
de Roland [85].
Dans le cas de la Roumanie, l'office statistique national n'hésitait pas à
supprimer des chiffres indésirables et à manipuler les données conduisant à
une désinformation et à une indisponibilité des séries statistiques :
- la Roumanie ne publiait pratiquement plus aucune statistique depuis le
milieu des années 80 [67] ;
- l'annuaire démographique, de taille de plus en plus réduite, ne contenait
plus de pyramide des âges depuis 1986 comme le met en évidence Levy [51]
dans une étude démographique sur la Roumanie.
Quand elles étaient publiées, les séries statistiques faisaient l'objet de
trucages et de falsifications :
- l'enregistrement des naissances se faisait trois semaines après l'accou
chement, biaisant les chiffres de la mortalité infantile comme le révèle Le
Cacheux [49] ;
- les chiffres de la production agricole étaient multipliés par quatre ; dans
le cas du blé, ils avaient été multipliés par trois et dans celui du maïs par sept.
Le chiffre réel des récoltes de céréales en 1990 atteint au mieux 17 millions
de tonnes et non 60 millions, chiffre attendu en fonction des « résultats » des
années antérieures [6].
La raréfaction des données et leur manipulation sont à l'origine des
problèmes rencontrés par les émissaires internationaux (tels que le FMI) lors
de leur enquête pour évaluer la situation vraie de l'économie roumaine.
Les statistiques roumaines avaient la réputation, au sein même du CAEM,
d'être « fabriquées » ou fantaisistes [2], de présenter la fiabilité la plus
douteuse [49].
Depuis 1990, l'annuaire statistique roumain est à nouveau publié. Il
contient un nombre important de rubriques qui avaient été abandonnées
depuis plusieurs années. Celles qui avaient été établies, mais non publiées
pendant la période de silence, sont maintenant diffusées.
Malgré l'assistance des experts français de l'INSEE, cet annuaire n'est pas
encore en mes