Le café : prix imposés ou prix négociés? - article ; n°66 ; vol.17, pg 433-445
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Description

Tiers-Monde - Année 1976 - Volume 17 - Numéro 66 - Pages 433-445
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Delaporte
Le café : prix imposés ou prix négociés?
In: Tiers-Monde. 1976, tome 17 n°66. pp. 433-445.
Citer ce document / Cite this document :
Delaporte Guy. Le café : prix imposés ou prix négociés?. In: Tiers-Monde. 1976, tome 17 n°66. pp. 433-445.
doi : 10.3406/tiers.1976.2643
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1976_num_17_66_2643LE CAFÉ :
PRIX IMPOSÉS OU PRIX NÉGOCIÉS ?
par Guy Delaporte*
Jusqu'en 1972, le café s'est classé au deuxième rang des produits entrant
dans le commerce international. Depuis 1973, il a été détrôné par le blé et a rétro
gradé à la troisième place. C'est un marché de 4,7 milliards de dollars. Rares
sont les consommateurs qui ont conscience de l'importance de cette denrée.
Produit ni énergétique, ni de première nécessité, le café n'est pour eux qu'un
des mille petits plaisirs de l'existence, et rien de plus.
Pour les producteurs Д en va tout autrement. Le café est une culture de
rapport, la principale souvent, et parfois la seule qui puisse assurer leur
subsistance. La part du café dans le montant en valeur du commerce extérieur
du Burundi était, en 1973, de 93,1 %. C'est là un cas limite, mais d'autres
pourcentages ne sont pas moins significatifs : 66,3 % en Ouganda, 61,7 % au
Rwanda, 52,1 % au Salvador, 39,8 % en Colombie, 39 % en Angola, 35,5 %
à Haïti... Et l'on pourrait continuer longtemps cette liste I Pour la Côte-
d'Ivoire, dont l'économie repose sur quatre piliers (café, cacao, bois, huile de
palme), le pourcentage est de 25,2 %. Pour le Brésil, premier producteur mond
ial, mais dont est beaucoup plus diversifiée, il est encore de 21,7 %.
Il est bien évident, dans ces conditions, que tout ce qui a trait à la product
ion et au commerce du café prend valeur d'exemple de par le monde. Aussi
cette denrée a-t-elle été le premier des produits alimentaires pour lequel une
organisation du marché particulièrement élaborée a été mise en place.
La production
Les caféiers ne prospèrent que dans des conditions bien précises, en
Amérique, en Afrique et en Asie/Océanie, tout au long de la ceinture inter
tropicale. Quelle que soit l'espèce à laquelle ils appartiennent — Arabica ou
* Chef du service « Produits » à « Marchés tropicaux et méditerranéens », Paris.
Renie Tien-Monde, t. XVII, n° 66, avril-juin 76 43 3 GUY DELAPORTE
Robusta — ils détestent le froid (ce qui explique pourquoi les gelées au Brésil
ont toujours une influence si marquée sur la conjoncture) et ont besoin d'un
régime alterné de relative sécheresse, qui leur procure un repos végétatif,
et de précipitations.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, la caféiculture n'est pas affaire
de grandes plantations : il n'y a guère qu'une douzaine de pays sur la soixan
taine d'Etats producteurs où elle est conduite de cette façon. Encore ces Etats
ne sont-ils pas toujours ceux que l'on croit, car le plus grand domaine caféier
ne se trouve pas en Amérique latine^ mais en Angola (celui de la Companhia
Angolana de Agricultura qui couvre 17000 ha). Même dans les grands
domaines, la culture n'est pas fortement mécanisée. En réalité — et c'est très
important — le café est essentiellement une entreprise de petits exploitants
dans plus de la moitié des pays producteurs et, dans la plupart des autres, ce
sont les exploitations moyennes et petites qui prédominent. Au total, il y a,
de par le monde, quelque 3 à 4 millions d'exploitations caféières. Et la caféi
culture procure un emploi à plus de 20 millions de personnes.
Ces données de base étant précisées, il nous faut examiner comment a
évolué la production. Avant tout, une remarque : on a l'habitude de ne retenir,
sur le plan statistique, que les chiffres dits de « production exportable »,
c'est-à-dire les tonnages susceptibles de passer dans les circuits commerciaux,
une fois déduite la consommation intérieure dans les Etats producteurs,
laquelle varie sensiblement de pays à pays. Cette consommation intérieure est
actuellement de l'ordre de 20 000 000 de sacs de 60 kg (l'unité internationale
en matière de café), c'est-à-dire, en gros, le quart de la production totale mond
iale. Elle se décompose ainsi : un peu plus de 1 5 000 000 de sacs en Amérique
(dont 9 000 000 au Brésil), 1 300 000 sacs en Afrique (dont 700 000 en Ethiopie)
et environ 3 000 000 en Asie/Océanie (dont 950 000 en Indonésie et 860 000
aux Philippines).
Au cours de la décennie précédant immédiatement la deuxième guerre
mondiale (1929-1939), la moyenne annuelle de la production exportable avait été de 37 700000 sacs. Au lendemain du conflit, lors de la
saison 1945 -1946 (Г « année caféière » part du ier octobre pour se terminer
le 30 septembre et est donc à cheval sur deux années civiles), la production
était tombée à 2 5 700 000 sacs ; ce recul de 8 000 000 sacs était essentiell
ement imputable au Brésil qui avait laissé tomber sa capacité au niveau de ce
qu'il estimait devoir être la demande; en revanche, la production africaine
avait triplé par rapport à l'avant-guerre.
Les années qui ont suivi ont été marquées par une expansion impression
nante des récoltes, culminant en 1965-1966 (après une première pointe
en 1 959-1 960). Une diminution s'est produite ensuite, suivie d'une reprise
toute récente. On trouvera les chiffres détaillés dans le tableau I.
434 LE CAFÉ
Tableau I. — "Production mondiale exportable
(En millions de sacs de 60 kg)
Moyenne
1955-1956 37.5 43,7 1929-1939 44,5 1 1967- 966-1 1968 967
34,6 1945-1946 25,7 1956-1957 5Ь7
1957-1958 1968- 1969 1946-1947 29.З 46,3 43
1947-1948 28 52 1 969-1 970 48 1958-1959
195 9-1 960 1970-1971 40 66,4 1948-1949 3°,9
1 960-1 961 1971-1972 1949-1950 52,8 23,9 53
1961-1962 1950-1951 58,2 57,i 3°,3 1972-1973
1951-1952 43,8 29,7 1962-1963 53,4 1973-1974
32,8 61,2 1 963-1964 1952-1953 56,9 1974-1975
33,6 35,8 i975'I976 1953-1954 1964-1965 53,4
33,8 1965-1966 1954-1955 66,3
L'expansion des années 1945 -1946/196 5 -1966 a eu pour point de départ
la forte demande qui s'est dessinée dès 1945, après les armées de restrictions.
Pendant neuf ans l'offre a été inférieure à la demande, entraînant une hausse
des prix qui a favorisé la plantation de caféiers. Comme il fallait de quatre à
sept ans selon l'espèce pour que ces arbres commencent à produire (depuis,
les progrès de la génétique ont permis de réduire ce délai), on a mis du temps
pour s'apercevoir qu'on courait au-devant d'une surproduction comme on
en avait connue entre 19 14 et 1940. Quand on en a pris conscience, il était trop
tard : de 1954 à 1966, le volume des récoltes exportables a, de façon constante,
dépassé celui des importations mondiales, provoquant une accumulation
d'excédents d'autant plus considérable que, stocké dans des conditions
normales, le café vert se conserve indéfiniment, même en climat tropical. La
surproduction a entraîné une chute irrémédiable des prix qui a découragé
les planteurs et a été à l'origine de la diminution des récoltes des années 1968-
1969 et postérieures.
La courbe de la production n'a toutefois pas été régulière, ce qui n'a rien
de surprenant puisque le café est une denrée agricole qui subit les aléas clima
tiques. On l'a constaté à diverses reprises en Afrique, lors de saisons trop
sèches ou trop humides. Mais, dans une très large mesure, c'est le plus gros
producteur mondial, le Brésil, qui a été responsable de ces variations : sa récolte
tend en effet à se localiser en dessous du Tropique du Capricorne, ce qui a
pour effet d'accuser les influences climatiques qu'elle subit. A six reprises
(1953, 1955, 1963, 1969, 1972 et 1975), pour ne pas remonter au-delà, des
gelées ont provoqué une perte considérable de production. En outre, depuis
435 GUY DELAPORTE
quelques années, les caféiers brésiliens sont attaqués par la redoutable « rouille »
(Hemileia Vastatrix) qui semble toutefois provoquer des dégâts moindres
qu'on n'avait pu le craindre.
La suprématie brésilienne en matière de product

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