Le contenu historique du Contre Pison - article ; n°1 ; vol.110, pg 95-107
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1966 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 95-107
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Grimal
Le contenu historique du Contre Pison
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 110e année, N. 1, 1966. pp. 95-
107.
Citer ce document / Cite this document :
Grimal Pierre. Le contenu historique du Contre Pison. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 110e année, N. 1, 1966. pp. 95-107.
doi : 10.3406/crai.1966.11946
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1966_num_110_1_11946LE CONTENU HISTORIQUE DU CONTRE PISON 95
Le Président fait connaître que l'Académie en comité secret
vient d'élire un associé étranger en remplacement de M. Alf Sommer-
felt, décédé.
M. Otto Eissfeldt ayant obtenu la majorité absolue des suffrages
est proclamé élu. Son élection sera soumise à l'approbation du Pré
sident de la République française.
M. Pierre Grimai expose à l'Académie le contenu historique du
Contre Pison.
COMMUNICATION
LE CONTENU HISTORIQUE DU CONTRE PISON,
PAR M. PIERRE GRIMAL.
Dans les discours qu'il prononça après son retour, et pendant
plusieurs années, Cicéron ne se lasse pas de reprendre le récit des
événements qui avaient précédé son exil. Tantôt il évoque telle ou
telle période, tantôt il se contente d'allusions, qui s'éclairent pour
nous grâce à des secours extérieurs, comme le commentaire d'Asco-
nius, ou par la comparaison des textes cicéroniens eux-mêmes. Ces
discours se révèlent, à l'examen, comme de précieuses sources pour
la connaissance, au jour le jour, des événements qui ont précédé
la fin de la République. Malheureusement, tout n'est pas clair, et
l'on rencontre bien souvent des zones d'ombre, que les recherches
des historiens ne sont pas encore parvenues à dissiper. C'est ainsi que
l'on hésite encore sur la date exacte à laquelle Cicéron quitta Rome
— date qu'il serait d'autant plus important de connaître d'une façon
précise qu'elle nous servirait à fixer le moment où César commença
la première campagne de son aventure en Gaule.
Nous pensons qu'une étude minutieuse des renseignements conte
nus dans le discours contre Pison permet sinon de résoudre avec
une absolue certitude ce petit problème, du moins de choisir
plus de sûreté entre les différentes hypothèses qui ont été jusqu'ici
proposées. Mais ce n'est pas là le seul profit que peut comporter
cette étude. Les événements qui sont évoqués, directement ou par
allusion ou prétention, dans ce discours s'étendent sur toute la
période de l'exil, c'est-à-dire les dix derniers mois de l'année 58 et
les neuf premiers de l'année 57 — de mars 58 à septembre 57. Il
serait précieux de pouvoir discerner avec précision quelle fut la
chronologie de la vie politique romaine au cours de cette année et
demie. Chronologie établie dans une perspective cicéronienne, puis
que, finalement, c'est l'orateur qui parle de lui-même, mais il est
possible d'élargir ce point de vue et de retrouver les problèmes
généraux, dont les préoccupations personnelles de Cicéron ne sont
qu'un aspect. COMPTES' RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 96
Mais avant d'examiner la chronologie de l'année 58, peut-être
vaut-il la peine de reprendre une question débattue, concernant
l'année 55 au cours de laquelle fut prononcé le discours. Asconius
nous apprend, après Cicéron lui-même, que les jeux par lesquels
Pompée inaugura son théâtre suivirent de peu la séance du sénat
où Cicéron prit si vivement à partie le malheureux Pison1. Malheu
reusement, nous ne savons pas exactement la date de ces jeux. La
question est compliquée par le fait que cette inauguration ne peut
avoir coïncidé avec la dédicace du temple de Venus Victrix, dont le
théâtre devait apparaître comme une dépendance — puisque,
selon Aulu-Gelle2, Pompée se trouvait, lors de cette dédicace, avoir
été consul pour la troisième fois — ce qui ne se produisit, au plus
tôt, qu'en 52. La date du 12 août, dédicace de ce temple3, ne saurait
donc être rapportée à l'année 55. Mais cette dédicace, pourtant,
eut lieu en été4. L. A. Constans, dans son excellente édition de la
Correspondance de Cicéron5, penche pour « (la) fin d'août ou (le)
début de septembre de l'année réelle (c'est-à-dire) (le) début d'octo
bre du calendrier officiel ». Un coup d'œil sur celui-ci suggère une
hypothèse. Puisque, malgré tout, le théâtre dont la construction
devait immortaliser les victoires de Pompée en Orient, était placé
sous l'invocation de Venus Victrix, il est naturel de penser que
Pompée, puisque le temple même n'était pas encore achevé, choisit
le natalis du sanctuaire que possédait déjà la déesse sur le Capitole,
c'est-à-dire le 9 octobre6. Si l'on accepte d'envisager cette hypothèse,
les jeux de Pompée auraient été célébrés dans le courant de sep
tembre de l'année réelle, donc, largement après le passage du Rhin
par César, s'il est vrai que celui-ci eut lieu dans les derniers jours
de juin7.
Que l'expédition de César sur la rive droite du fleuve, en pays
germain, ait été connue de Cicéron lorsqu'il prononça son discours,
c'est ce dont il n'est guère permis de douter. Il écrit au chapitre 81 :
« je considère que c'est le commandement qu'il exerce, et non le
rempart des Alpes qui est l'obstacle empêchant la montée et le
passage des Gaulois en Italie, que c'est lui, et non le fossé du Rhin
aux gouffres bouillonnants, qui arrête les tribus si barbares des Ger
mains. Il a réussi à faire que, les montagnes s'abaisseraient-elles,
les fleuves s'assécheraient-ils, l'Italie, que la nature ne défendrait
plus, n'en serait pas moins protégée par sa victoire et ses exploits ».
1. Asconius, in Pisonianam, commentant in Pis., 65.
2. X, 1, 7. Cf. Platner-Ashby, Top. Dict., s. u. Theatrum Pompet.
3. G. Wissowa, Rom. Relig., p. 506.
4. Val. Max., II, 4, 6.
5. III, p. 16.
6. G. Wissowa, op. cit., p. 511.
7. Napoléon III, Histoire de Jules César, U, Paris, 1866, p. 157. CONTENU HISTORIQUE DU" CONTRE PISON 97 LE
Sans doute on peut penser que cette mention du Rhin n'a pas besoin
d'être justifiée par une allusion à la récente expédition1. Pourtant,
jusque-là, les Germains s'étaient montrés rien moins que retenus
par la valeur de César. Au début de l'année 55, la menace s'était
précisée. Les avaient conclu une trêve, puis l'avaient
rompue, et c'est précisément pour répondre aux provocations des
barbares que César avait monté cette expédition destinée à montrer
la puissance romaine, que n'arrêtait pas la violence du Rhin2. C'est
seulement après ce raid d'intimidation que l'on obtint quelque répit
sur le front rhénan.
Si l'on tient compte des délais de transmission nécessaires, et
aussi du temps de réflexion indispensable pour que les conséquences
de l'opération soient comprises et acceptées par tous, et si l'on
admet d'autre part que le retour de César en Gaule date du 9 juillet3,
on pensera que le discours contre Pison fut prononcé au cours de
la seconde quinzaine de ce mois4, tandis que César et ses légions
étaient en marche vers la lointaine Bretagne, ce qui rend lourdes
d'ironie les paroles de Cicéron, invitant son ennemi à « envoyer à
César une dissertation et, s'il peut maintenant le rencontrer en per
sonne »5, à lui présenter les arguments des philosophes contre le
triomphe6.
Un mois et demi, au plus, sépare donc le contre Pison et l'inaugu
ration du théâtre de Pompée, le discours violent (et injuste) et la
lettre à Marius, où s'exprime une ironie discrète à l'égard de Pomp
ée7, et où l'on discerne une satisfaction secrète de la désapprobat
ion témoignée par la foule à celui-ci8. On se souviendra que Cicéron
mettait Pison au défi d'affronter, précisément à ces jeux annoncés <

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