Le contrôle démographique - article ; n°53 ; vol.14, pg 103-120
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Description

Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 53 - Pages 103-120
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard-Marie Grossat
Le contrôle démographique
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°53. pp. 103-120.
Citer ce document / Cite this document :
Grossat Bernard-Marie. Le contrôle démographique. In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°53. pp. 103-120.
doi : 10.3406/tiers.1973.1906
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_53_1906LE CONTROLE DÉMOGRAPHIQUE
par Bernard-Marie Grossat*
En un milliard d'années aucun événement géolo
gique, ni le soulèvement de puissantes chaînes de
montagnes, ni l'effondrement de continents entiers,
ni la succession de périodes glacières n'a représenté
pour la vie de la terre une menace comparable à
celle du surpeuplement humain.
Paul et Anne Emrlich,
Population, ressources, environnement.
Sous l'expression contrôle démographique se cachent de nombreux
concepts attachés à des politiques plus ou moins incitatives et dont
l'objectif va d'une limitation organisée des naissances à une recherche
du bien-être du couple en général et de la femme en particulier, excluant
toute référence préalable à une dimension optimale de la famille.
Pour lever toute ambiguïté, nous poserons ex abrupto, comme le
font certains ouvrages récemment publiés par des organismes interna
tionaux (i), que la planification familiale consiste en la mise à la dispo
sition des populations de services de protection maternelle et infantile
dans des dispensaires spécialisés, alors que la limitation des naissances a
pour but d'exercer une pression sur la fécondité afin de limiter le taux
de croissance démographique.
Avec l'accession à l'indépendance de la grande majorité des nations
colonisées s'est posée, à partir des années 1950, une série de problèmes
dont la dimension, la quotidienneté, l'acuité, marquent profondément
la fin de ce siècle.
* Docteur es Sciences économiques, expert démographe.
(1) Les programmes de planning familial en Afrique, O.C.D.E., 1970.
IO} BERNARD-MARIE GROSSAT
Face aux structures industrielles, au développement, car il faut bien
employer ce terme que chacun attend sans toujours en saisir la dange
reuse généralisation, les pays du Tiers Monde dont l'équilibre culturel
et social a été bouleversé par le colonisateur ont pris, il était difficile
de faire autrement, pour objectif prioritaire de copier ce modèle qui
s'offrait à leurs yeux et qu'ils avaient plus ou moins côtoyé avant l'ind
épendance. Quand bien même certains auraient hésité, les rapports de
forces, tant à l'extérieur, néo-colonialisme, domination économique,
qu'à l'intérieur, phénomène d'imitation, luttes pour le pouvoir, étaient
tels qu'aucune voie spécifique n'avait de chance d'aboutir.
Il s'agissait donc de combler peu à peu le fossé qui existait entre
le niveau de vie, autre critère imprécis, des riches et celui des pauvres.
Il serait fort long de simplement décrire l'ensemble des variables compos
antes qui intervenaient dans le processus, que l'on désirait accélérer, de
la croissance économique; mais chacun s'accorde à reconnaître l'impor
tance de la population non seulement dans ses aspects qualitatifs (éducat
ion, activité) mais surtout quantitatifs.
Un calcul fort simple permet de préciser les choses : Imaginons une
nation dont le rythme de croissance économique est de 3 % par an
si le nombre de ses habitants reste constant, on pourra dire que leur
revenu par tête (1) augmente chaque année de 3 %. En fait le terme de est ici trompeur car la répartition de ce surplus est fort rarement
équitable î... Tout en conservant un même rythme pour la croissance
de l'économie, adoptons l'hypothèse selon laquelle la population croît
également de 3 % par an : un raisonnement global permettra de dire
que le surcroît de richesses dégagées a servi exclusivement à fournir
aux nouveaux venus un niveau de vie comparable à celui des autres
habitants. Л fortiori si la population se développe à un rythme plus
rapide que l'économie, on n'enregistre plus aucun gain mais un appau
vrissement continuel de la population, or cette dernière situation est
loin d'être une hypothèse d'école, un nombre trop grand de pays voient
actuellement, impuissants, leurs faibles richesses se diluer dans une masse
de plus en plus importante d'individus. Inutile d'ajouter que pendant
ce temps dans les pays riches le revenu par tête croît régulièrement.
(1) Cet indicateur, très utilisé, est particulièrement inadapté aux pays en voie de déve
loppement où la structure de la consommation inclut une grande part d'autoconsommation
et de troc difficilement quantifiable.
104 LE CONTROLE DÉMOGRAPHIQUE
Evolution
/^"^Vde la richesse
ARN< AP f y/» individuelle —
/** REVENU ARN= AP \ g NATIONAL POPULATION
1////////////////////////K \ Др..ч Др
= A= Accroissement en %
FlG. I
Loin de se combler peu à peu, le fossé se creuse tendant à devenir un
abîme sans fond.
On peut très certainement se refuser à considérer la variable popul
ation dans un modèle de croissance, on cherchera alors tout naturell
ement à compenser un accroissement trop rapide du nombre d'habitants
par une action sur d'autres variables socio-économiques. Hélas, en
dehors des tendances favorables sur les techniques agricoles, rares sont
les secteurs où l'action sera efficace, en particulier dans le domaine de
l'épargne où la pression à la consommation sera souvent fatale. Une fois
de plus nous venons de décrire un « cercle vicieux », une « spirale infer
nale» du sous-développement, la course sans fin : croissance économique-
croissance de la population.
Il y a quelques années ayant posé le problème en ces termes nous
aurions pu dès maintenant développer le processus du « contrôle des
naissances » et répondre à certaines des questions que l'on est en droit
de se poser. Aujourd'hui il est nécessaire au préalable de souligner
l'importance grandissante de tout un courant de pensée qui vient ren
forcer les thèses néo-malthusiennes (i). La plupart des études qui sont
à la base de ce regain d'antipopulationnisme viennent d'horizons nou
veaux que l'on découvre sans cesse à partir de ce thème un peu fourre-tout
de l'environnement.
Le cri d'alarme, qui a suscité les plus nombreuses prises de position (2)
prônant la limitation générale des naissances dans le monde avec une
(1) A la différence de Malthus qui préconise des méthodes naturelles pour limiter le
nombre des naissances, les néo-malthusiens acceptent toutes les pratiques antinatales dont
les moyens contraceptifs.
(2) Commission américaine sur la Population et l'avenir de l'humanité, C. Mansholt,
président de la Commission de la C.E.E.
105 BERNARD-MARIE GROSSAT
vigueur toute particulière, a été lancé par un groupe de chercheurs et
d'experts connus sous le nom de Club de Rome (i).
Une fois de plus les craintes qui sont exprimées sont le fait de spécial
istes des économies les plus riches, fidèles en cela à la démarche de
Malthus : sans doute la variable population n'est pas la seule incriminée,
la croissance industrielle accélérée est jugée tout aussi dangereuse, bien
sûr les mesures proposées dans le domaine démographique s'appliquent
tant aux pays développés qu'aux pays sous-développés, il n'en reste pas
moins que le rythme de croissance démographique des pays pauvres
est tel qu'il est jugé comme le principal responsable !
Le « contrôle des naissances » prend une dimension nouvelle avec
ce débat sur la « croissance zéro », il ne s'agit plus de faciliter l'accession
d'un moins grand nombre à un monde qualifié de moderne, il ne s'agit
plus d'éloigner l'épée de Damoclès que représente la naissance d'un
nouvel enfant pour la santé d'une mère ou l'équilibre d'une famille,
l'objectif prioritaire devient le sauvetage de l'humanité, nous devrions
dire d'une certaine humanité.
DE LA CROISSANCE DE LA POPULATION...
Les êtres humains ne vivent pas dans des compart
iments isolés et séparés... De même l'habitant d'

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