Le culte de la Mère des dieux dans le Péloponnèse - article ; n°1 ; vol.130, pg 29-48
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1986 - Volume 130 - Numéro 1 - Pages 29-48
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Juliette de La Genière
Le culte de la Mère des dieux dans le Péloponnèse
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 1, 1986. pp. 29-
48.
Citer ce document / Cite this document :
de La Genière Juliette. Le culte de la Mère des dieux dans le Péloponnèse. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 1, 1986. pp. 29-48.
doi : 10.3406/crai.1986.14336
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1986_num_130_1_14336COMMUNICATION
LE CULTE DE LA MÈRE DES DIEUX DANS LE PÉLOPONNÈSE,
PAR Mme JULIETTE DE LA GENIÈRE
Après les bilans présentés à Strasbourg en 1960 par E. Laroche et
E. Will1, les études menées sur la Mère des dieux en Anatolie comme
en Grèce n'ont pas modifié sensiblement le cadre qui avait été alors
tracé. La documentation s'est enrichie pour le monde classique avec
le Corpus de M. J. Vermaseren2; tout récemment l'ouvrage de
F. Naumann a tenté une analyse systématique des documents
iconographiques dans les cultures anatoliennes comme dans le
monde grec3. Pour ces auteurs, comme pour leurs prédécesseurs,
l'arrivée de la déesse en Grèce était annoncée par les rugissements
des lions de la frise de Siphnos et ne remontait donc pas avant le
dernier quart du vie siècle. Toutefois, depuis que V. Brinkmann
a reconnu sur les reliefs du trésor de Siphnos le nom de Thémis4 à
côté de la déesse au char traîné par des lions, cette unique certitude
s'efface, même si l'on ne peut exclure qu'il ait existé entre Thémis
et la Grande Mère des relations particulières.
En Grèce, lorsqu'elle n'est pas invoquée comme MYjrrçpGs&v ou
encore MeyàXY] M-rçr/jp, la divinité est appelé Ku(3t)Xiç chez Hipponax5,
Ku(3éX<x chez Pindare6, Ku^éXt) chez Euripide7, ou encore Kubala à
Locres Épizéphyrienne8 ; à Thèbes9, en plusieurs sites d'Achaïe10
1. E. Laroche, in Éléments orientaux dans la religion grecque ancienne, Paris
1960, p. 113-128. E. Will, ibid., p. 95-111.
2. M. J. Vermaseren, Cybele and Attis, the Myth a. the Cuit, 1977 ; Id., Corpus
Cultus Cybelae Attidisque, Leiden.
3. F. Naumann, Die Kult der Kybele in der phrygischen u. griechischen Kunst,
Beitràge Ist. Mitt. 1983.
4. Vinzens Brinkmann, Die aufgemalten Namenbeiinschriften an Nord- u. Ost-
fries des Siphnierschatzhauses, BCH 1985, p. 101 et 123-126.
5. O. Masson, Les fragments du poète Hipponax, Paris 1962, p. 95, fr. 156
et 177.
6. Pind. fr. 80 ; il s'agit d'une restitution : @sœ[v] Ku(3é[Xav] fi<XT[épa] éd.
B. Snell, Teubner 1964, p. 83. Dans la troisième Pythique (137-140) Pindare
invoque la Mà-nrjp ; au fragment 95 (éd. Snell, p. 93), la Màxiqp y-eyôûcri.
7. Eur. Bacchantes, 79.
8. Inscription sur un de vase, probablement local, datable dans les
premières décennies du vie siècle, cf. M. Guarducci, Klio LXXIV, 1970, p. 133-
138. Article republié in Scritti scelti sulla religione greca e romana e sul cristiane-
simo, Leiden 1983, p. 20-25. L'inscription est discutée in J. de La Genière, De la
Phrygie à Locres Épizéphyrienne, les chemins de Cybèle, MEFRA 1985, p. 693-
718.
9. Paus. IX, 25, 3.
10.VII, 17, 9 et 19, 3.
1986 3 30 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
comme à Cyzique11, c'est une Dindumene. Ces noms l'apparentent à
la Grande Mère de Phrygie qui peut avoir entre autres épiclèses,
probablement liées à des toponymes, celle de Kubileyia12, ou de
Dindumene13. En revanche la déesse, en Lydie, porte un nom qui
semble la rattacher plus directement à la divinité Kubaba deKar-
gamis : elle est nommée Kuvav dans les inscriptions14 et Hérodote
l'appelle Kubtbe15.
Cette constatation invite à penser avec Graf, que la déesse pourrait
avoir été connue des Grecs d'Asie avant l'essor de la Lydie, dans le
cadre des multiples relations attestées entre Phrygiens et Grecs
avant le passage des Cimmériens16. Rappelons le philhellénisme du
roi Midas, qui offrit au dieu de Delphes son bien le plus précieux,
le trône royal17 ; le mariage d'un Midas avec la fille du roi Aga-
memnon de Cumes18 ; c'est dans un tel contexte, probablement du
vme siècle, qu'il faudrait situer les premiers contacts entre la déesse
phrygienne et les Grecs d'Anatolie. Faut-il établir un rapport entre
le voyage du père d'Hésiode19 d'Éolide à Askra et la présence de la
Meter Dindumene, à Thèbes au temps de Pindare20 ? Elle y était
vraisemblablement installée avant la naissance du poète quoiqu'en
disent les scholiastes21 ; ainsi, à propos du célèbre pithos à relief
qui servait de sema à la tombe d'un notable béotien du vne siècle,
on ne doit pas exclure que des réminiscences mycéniennes puissent
avoir été réveillées par de tels contacts22.
11. Strabon XII, 8, 11. Her. IV, 76, évoque la conversion, au cours d'une Fête
nocturne, du Scythe Anacharsis, qui devint, au prix de sa vie, un missionnaire
de la déesse en son pays.
12 Cl. Brixhe, Die Sprache, 1979, p. 40-44, Cl. Brixhe-M. Lejeune, Corpus des
Inscriptions paléophrygiennes, Paris 1984, W.04, p. 44-47 ; B.01, p. 64-68.
13. Strabon, X, 469 XII, 567, 5, 6.
14. R. Gusmani, Kadmos VIII, 2, 1969, p. 158-161, Der lydische Name der
Kybele.
15. Her. V, 102. Notons que le fragment 168 d'Hipponax (O. Masson, op. cit.)
donne Ku(ii7)X7) ou Ku{3y)(37) ; ce serait, à ma connaissance, la seule attestation
en Grèce du nom de la déesse avec une labiale et non une liquide, c'est-à-dire
dans la tradition de Kargamis et de Sardes. La patrie d'Hipponax n'est peut-être
pas étrangère à cette particularité.
16. Pour F. Graf, Actes du Y/7e Congrès de la FIEC, Budapest 1983, p. 117-
120, Cybèle est venue directement de Phrygie en Grèce de l'Est.
17. Her. 1, 14. Sur le philhellénisme de Midas, cf. G. L. Huxley, Titles of Midas,
Greek, Roman, Byzantine Studies 2, p. 85-99.
18. Pollux IX, 83. Arist. fr. 611, 37, éd. Rosé Leipzig 1888, p. 379 ; F. gr.
Hist. II, 216.
19. Le père d'Hésiode aurait quitté Cumes d'Éolide pour venir s'établir à
Askra en Béotie, Hés. Trav., 636.
20. Pythique III, 77-80.
21. Scholia vetera in Pindari carmina, Leipzig 1910, Pythique III, n. 137a,
137b, 138.
22. Le pithos est reproduit in P. Wolters, Arch. Eph. 1892, PI. 8/9, p. 213-
218 ; R. Hampe, Frùhe griechische Sagenbilder, 56. Chrysoula Kardara fait de
a figure centrale une image d'Hera, AJA 64, 1960, p. 347-350. Le schéma des CULTE DE LA MÈRE DES DIEUX
SPART/EB\®MénéWon
Amyclée ■••. ®\
Fio. 1. COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 32
L'hypothèse de la présence en Grèce de la déesse anatolienne à
une date aussi haute n'a guère été envisagée à cause du caractère
tardif de la plupart des documents qui ont été jusqu'à présent
rapportés à son culte. Seules les terres cuites de la deuxième moitié
du vie siècle trouvées sui l'acropole d'Athènes23 pourraient attester
qu'elle y était honorée à une date antérieure à celle du Métroon de
l'Agora, qui aurait été édifié au début du ve siècle24. Cette pauvreté
de la documentation s'expliquerait par les résistances rencontrées
par la déesse dans le monde hellénique25. Une telle affirmation,
fondée sur un texte tardif qui ne concerne qu'Athènes, appelle une
vérification ; c'est au Péloponnèse, me semble-t-il, dans une terre
liée à l'Anatolie par des relations aussi antiques que suivies, qu'une
enquête permettrait de vérifier si le postulat d'une arrivée taidive
de la déesse en Grèce est toujours acceptable.
Corinthe pourrait être une étape essentielle dans la transmission
du culte : sa position clef, ses liens privilégiés avec l'Anatolie26,
l'importance du culte de Cybèle attesté au temps de Denys le
Jeune27, en seraient les preuves. Malheureusement on ne dispose
d'aucun document d'époque haute qui permette de vérifier cette
éventuelle priorité de Corinthe dans l'accueil à la déesse.
En revanche on peut établir, me semble-t-'l, la grande ancienneté
de plusieurs s

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