Le libéralisme à la croisée des chemins au Brésil - article ; n°167 ; vol.42, pg 515-536
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le libéralisme à la croisée des chemins au Brésil - article ; n°167 ; vol.42, pg 515-536

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 2001 - Volume 42 - Numéro 167 - Pages 515-536
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Brasilio Sallum Jr
Le libéralisme à la croisée des chemins au Brésil
In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°167. pp. 515-536.
Citer ce document / Cite this document :
Sallum Jr Brasilio. Le libéralisme à la croisée des chemins au Brésil. In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°167. pp. 515-536.
doi : 10.3406/tiers.2001.1522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2001_num_42_167_1522LE LIBÉRALISME
À LA CROISÉE DES CHEMINS
AU BRÉSIL
par Brasilio Sallum Jr*
Cet article étudie la genèse et la consolidation de l'hégémonie libé
rale au Brésil, à travers les relations entre pouvoir politique, société et
économie pendant les deux gouvernements de F. H. Cardoso. Il souligne
les divergences à l'intérieur du bloc hégémonique libéral et essaie
d'expliquer pourquoi le courant le plus proche du néolibéralisme a été
prépondérant au cours du premier mandat tandis que les adeptes du libé-
ral-développementisme ont pris de l'importance durant le second.
Depuis les années 1980, presque tous les pays d'Amérique latine
connaissent des processus de transition politique majeurs. Il ne s'agit
pas seulement de changements de régime politique, mais de transfo
rmation de la relation entre pouvoir politique, société et marché, et du
mode d'insertion internationale des économies nationales. Cependant,
chaque pays latino-américain a connu des rythmes et des particularités
de transformation très différents dans les divers domaines.
Le changement de régime politique s'est effectué au Brésil plus
rapidement que dans d'autres domaines. Fernando Henrique Cardoso,
avant même la cérémonie de son investiture comme président de la
République en 1995, situait son gouvernement au-delà de la transition
politico-institutionnelle vers la démocratie, qui aurait trouvé son terme
dans l'élection qui l'a porté au pouvoir1. Il se proposait, dans le cadre
* Professeur, Université de Sâo Paulo, dépt. de sociologie.
1. Selon le Président élu : « Ces élections (d'octobre 1994) mettent, à mes yeux, un point final à la
transition... Au bout de seize années de marches et de contremarches, l'ouverture lente et graduelle de
Гех-président Geisel semble enfin arriver au bon port de la démocratie consolidée » (F. H. Cardoso, Dis
cours au Sénat, du 14 décembre 1994).
Revue Tiers Monde, t. XLII, n° 167, juillet-septembre 2001 516 Brasilio Sallum Jr
d'une démocratie politique consolidée, de rompre avec les articulations
entre pouvoir politique, société et économie héritées de l'ère Vargas.
Cet article analyse la nature des changements intervenus dans les rela
tions entre politique et économie durant le premier gouvernement Car
doso et une partie du second.
TRANSITION POLITIQUE, MONNAIE ET ÉLECTION
Les liaisons entre politique et économie ont constitué un enjeu
essentiel de l'élection de Fernando Henrique Cardoso, et ce avant
même le début de son mandat, suscitant des analyses diamétra
lement opposées. La campagne présidentielle a vu s'affronter deux
interprétations principales du phénomène électoral, l'une volontar
iste, l'autre hyperstructuraliste. Selon la première interprétation,
F. H. Cardoso aurait conçu le « Plan real » pour se faire élire. Ainsi
a-t-on interprété sa stratégie comme une volonté de contrôler une
économie en désordre, et par conséquent de conquérir la faveur
populaire. Selon la seconde interprétation, le Plan real n'aurait pas
été conçu dans l'intention d'élire F. H. Cardoso, mais à l'inverse, sa
candidature aurait été préparée par les nouvelles élites dominantes,
pour permettre la constitution d'une coalition capable de fournir les
bases d'une mise en œuvre durable du programme de stabilisation
économique. Cette interprétation cède « à la tentation ou à
l'obstination de considérer F. H. Cardoso comme un rouage pure
ment décoratif de l'engrenage de la nouvelle étape du capitalisme
mondialisé »\
Qu'elles transforment F. H. Cardoso en démiurge ou, à l'opposé,
en marionnette de mouvements structuraux, ces deux lignes explicati
ves laissent toutes deux à l'écart soit les processus sociaux de construc
tion et d'orientation de la volonté politique, soit la politique en tant
que rouage permettant l'expression de la volonté collective.
En fait, l'alliance électorale à l'origine de la candidature Cardoso
venait couronner un long processus de construction sociale d'un nou
veau bloc hégémonique issu de l'ère Vargas, mais en rompant avec
celle-ci. Ce point mérite d'être développé. On désigne, très largement,
par « ère Vargas » un système de domination imbriqué dans la
1. Marcos Nobre et Vinicius Torres Freire, Politica Dificil, Estabilizaçâo Imperfeita : Os Anos FHC,
Novos Estudos Cebrap, n° 51, 1998. Le libéralisme à la croisée des chemins au Brésil 517
société et l'économie depuis les années 1930 et qui s'est perpétué
durant plus d'un demi-siècle1. Ce système possède en son centre un
État développementaliste guidé par une stratégie d'industrialisation
par substitution des importations, tendant à encadrer la société et
à accorder peu d'espace à l'organisation et à la mobilisation auto
nomes de groupes sociaux, surtout à celles des groupes liés aux
classes populaires.
Cette forme d'État a commencé à se désagréger, surtout à partir
de 19832. C'est à cette date qu'a lieu une crise essentiellement poli
tique, encore qu'elle ait été précipitée par l'insolvabilité entraînée par
la croissance démesurée de la dette extérieure et se soit matérialisée
en « crise budgétaire ». C'est en effet une crise d'hégémonie, dans
laquelle - comme il arrive dans des ruptures de ce type - les repré
sentants qui tenaient les rênes de l'État se sont coupés de ceux qu'ils
représentaient qui, eux, se sont fragmentés, polarisés autour d'intérêts
et d'idées distincts.
Ces ruptures, qui font craquer la poutre maîtresse du vieil État,
contribuent de façon décisive à l'écroulement du régime militaire au
pouvoir depuis 1964. Cependant, la crise d'hégémonie et l'instabilité
économique perdurent tout au long des années 1980 et se prolongent
jusqu'au début des années 1990, pour de multiples raisons. D'une part,
les difficultés internationales se sont aggravées durant cette période :
l'investissement étranger, qui avait été une composante essentielle du
«modèle» brésilien de développement, s'est transformé dans les
années 1980 en désinvestissement ; non seulement les prêts privés
étrangers cessèrent, mais il y eut d'énormes transferts de liquidités vers
l'étranger, consacrés surtout au service de la dette extérieure. D'autre
part, les mouvements sociaux, les organisations populaires, celles de la
classe moyenne et même patronales réduisirent considérablement la
marge de manœuvre dont disposaient les dirigeants de l'État pour
sortir de la crise.
Malgré cette conjoncture, les tentatives de surmonter la crise de
l'État développementiste n'ont pas cherché à sortir de l'ancien cadre
de références de celui-ci. L'effort de rétablissement de l'autorité du
gouvernement sur l'État et de l'autorité de celui-ci sur la société,
comme si l'État n'avait pas déjà perdu une grande partie de son auto-
1. Consulter à propos de l'ère Vargas : Rubens Barboza Filho, fhc : os paulistas no poder, in
Roberto Amaral (coord.), FHC : Os paulistas no Poder, Niterói-RJ, Casa Jorge Editorial, 1995.
2. On trouvera une analyse de cette crise de l'État et de ses retombées jusqu'à l'élection de Fernando
Collor dans Brasilio Sallum Jr, Labirintos. Dos Gênerais À Nova República, Sâo Paulo, Hucitec/Sociolo-
gia-usp, 1996, chap. II et IV. 518 Brasilio Sallum Jr
rite politique et de sa force matérielle, a revêtu des formes orthodoxes

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents