Le Libéria et l opinion publique en France - 1821-1847 - article ; n°17 ; vol.5, pg 96-144
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1965 - Volume 5 - Numéro 17 - Pages 96-144
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude Nardin
Le Libéria et l'opinion publique en France - 1821-1847
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 5 N°17. 1965. pp. 96-144.
Citer ce document / Cite this document :
Nardin Jean-Claude. Le Libéria et l'opinion publique en France - 1821-1847. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 5 N°17. 1965.
pp. 96-144.
doi : 10.3406/cea.1965.3027
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1965_num_5_17_3027NARD JEAN-CLAUDE
Le Libéria et opinion publique en France
1821-1847
Initiative et réalisation américaines la création du Libéria suscita
un vif intérêt en Angleterre le pays négrophile par excellence En
revanche on ne attendrait guère voir affaire suivie en dehors des
pays anglo-saxons et particulièrement dans la France de Charles
et de Louis-Philippe Ier Or une enquête sommaire dans les publica
tions périodiques du temps révèle que non seulement les sociétés géo
graphiques et les cénacles philanthropiques mais aussi le grand public
de époque est-à-dire un public éclairé cultivé mais non spécia
liste furent tenus au courant de entreprise de ses développements
et se virent expliqués sa signification et son caractère exemplaire
Nous nous en tiendrons presque exclusivement ici la première
époque de histoire du Libéria des origines la proclamation de la
République en 1847 Dans histoire européenne de Afrique occi
dentale est encore le Moyen Age les comptoirs fran ais qui donne
ront naissance la Côte Ivoire et au Gabon ne sont fondés en
1843 la Guinée viendra plus tard encore comme la Côte de Or
en tant que colonie de la Couronne et le Nigeria Seule la Sierra
Leone existe déjà mais expérience libérienne est bien plus originale
et audacieuse nouveau flambeau de la civilisation fiché dans le
sol sur le seuil de Afrique dissipant les ténèbres de antique bar
barie de Afrique un autre brûle déjà au sud le Sénégal en est un
troisième et un autre encore allumera bientôt Alger image frappe
esprit des contemporains et fait inouï confié des hommes de race
noire voilà il est vrai de quoi attirer les regards Et pour nous est
occasion évaluer intérêt porté Afrique noire par les Fran ais
de la Restauration est aussi la possibilité un contact direct avec
la réalité historique en Afrique occidentale dans la première moitié
du xixe siècle là réside pour une bonne part intérêt on pas
toujours vu de histoire du Libéria aux temps héroïques Après les
perspectives se transforment les problèmes ne sont plus les mêmes LE LIB RIA ET OPINION FRAN AISE 1821-1847 97
Si la paternité de idée de déportation des Noirs américains revient
Jefferson qui exprima dès 1784 devant assemblée de Virginie
puis en 1787 dans ses Notes on the- State of Virginia homme qui se nt
le promoteur de cette idée était un personnage beaucoup plus modeste
le révérend Robert Finley directeur du séminaire presbytérien de
Princeton Cherchant une noble cause laquelle se vouer tout entier
en un temps où florissaient sur le sol américain les sociétés pieuses et
philanthropiques Finley exposa automne 1816 devant les synodes
presbytériens des tats de New York et du New Jersey le projet
une société de colonisation qui occuperait des Noirs libres Une telle
société résoudrait un coup plusieurs problèmes les tats-Unis
seraient débarrassés une portion peu utile sinon dangereuse de la
population Afrique connaîtrait la civilisation chrétienne et la condi
tion des Noirs libres en trouverait améliorée idée de Finley était
que les assurément perfectibles ne pourraient jamais épanouir
en pays blanc et il fallait donc les réinstaller dans leur Afrique
originelle Finley précisa ses conceptions en novembre 1816 Prince
ton devant un auditoire de professeurs étudiants et de notabilités
on reconnut il était indispensable obtenir la collaboration et le
soutien actif du Congrès et du gouvernement fédéral est pourquoi
Finley se rendit Washington en décembre 1816 peu de temps avant
ouverture de la session du Congrès
Washington Finley avait un allié précieux en la personne de
son beau-frère Elias Boudinot Caldwell greffier de la Cour Suprême
très introduit dans les hautes sphères gouvernementales et en même
temps très porté sur les activités para-religieuses Finley exposa ses
idées dans le National Intelligencer de Washington dans une brochure
il distribua Thoughts on Colonization et quand le terrain eut été
un peu préparé il convia par voie de presse les personnes intéressées
par le projet de colonisation une réunion le 21 décembre 1816 dans
un hôtel de la jeune capitale1
Staudenraus The African colonization movement 1816-186 New
York 1961 pp 2-27 Le livre de Staudenraus est un guide aussi riche et
lucide élégant et sur Mais son objet est de retracer les grandeurs et les misères
de la Société de Colonisation Aussi ne étend-il pas beaucoup sur le dévelop
pement du Libéria proprement dit passé la première décennie de son histoire
Le Pierre Bourzeix C.S.Sp. donnait dans La République de Libéria Paris
1887 pp 18-19 le 20 décembre 1816 comme date de la réunion ce jour-là avait
eu lieu seulement une veillée de prières réunissant les principaux organisateurs
auteur anonyme de la notice intitulée Libéria publiée la suite de adaptation
fran aise de la Vie de Buxton par Charles Buxton Paris 1853 pp 273-276
place la veillée le 30 décembre 1816 donc le meeting le 31 propos de cet
ouvrage disons que idée accoler un éloge du Libéria une vie de Thomas NARD JEAN-CLAUDE
La réunion se tint sous la présidence Henry Clay Speaker de la
Chambre des Représentants elle groupait une vingtaine de person
nalités appartenant au Congrès au clergé la classe dirigeante tous
gens soucieux de trouver un heureux moyen de régler la question des
Noirs libres américains Des discours de Clay et de Caldwell posèrent
le problème et indiquèrent la solution La misère des gens de couleur
libres en position fausse dans une société esclavagiste donc fonda
mentalement raciste est souvent dépeinte chez les auteurs du temps
The more you improve the condition of these people the more you
cultivate their minds the more miserable you make them constata
Caldwell lors de la réunion Les antiesclavagistes souffraient de cette
situation qui leur faisait appréhender affranchissement esclaves
en nombre et contribuait consolider indirectement esclavage
Quant aux partisans de esclavage ils étaient désireux de faire dispa
raître du sol américain cette aberration et ce mauvais exemple per
manents que constituait leurs yeux la présence de Noirs libres côté
des esclaves est cette ambiguïté ou si on veut cette convergence
attitudes fondamentalement opposées au départ qui caractérisa
le mouvement de colonisation américain tout au long de son histoire
Un plus pur et exclusivement philanthropique aurait-il
pu aboutir Il est permis en douter ce que la compromission avec
les propriétaires esclaves fit perdre appui de la part des adeptes
de émancipation aurait peut-être été regagné mais un tel mouve
ment aurait pas désarmé pour autant opposition de la partie de
opposition négrophile qui était hostile au principe de la colonisation
en cette Afrique irrémédiablement insalubre
La société dont la création était proposée devait donc avoir pour
but de conseiller et aider le gouvernement fédéral dans établisse
ment une colonie en Afrique ou tout autre endroit jugé préférable
par le Congrès Une deuxième réunion eut lieu le 28 décembre cette
fois dans la salle des séances de la Chambre des Représentants les
participants adoptèrent les statuts et le nom de association American
Society for colonizing the free people of colour in the United States plus
communément appelée American Colonization Society élection du
conseil administration et du bureau board of managers eut lieu
quelques jours plus tard On porta la présidence Bushrod Washing
ton au nom prestigieux le général et futur président des tats-
Unis Andrew Jackson fut un des treize vice-présidents ainsi que
Clay et Finley Quant Caldwell il devint avec le titre de secré-
Fowell Buxton pu venir un éditeur fran ais Buxton chef de file des
abolitionnistes puis promoteur de la civilisatio

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