Le livre grec en Russie : l apport des presses de Moldavie et de Valachie (1682-1725) - article ; n°1 ; vol.26, pg 69-87
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Le livre grec en Russie : l'apport des presses de Moldavie et de Valachie (1682-1725) - article ; n°1 ; vol.26, pg 69-87

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Description

Revue des études slaves - Année 1950 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 69-87
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Émile Turdeanu
Le livre grec en Russie : l'apport des presses de Moldavie et de
Valachie (1682-1725)
In: Revue des études slaves, Tome 26, fascicule 1-4, 1950. pp. 69-87.
Citer ce document / Cite this document :
Turdeanu Émile. Le livre grec en Russie : l'apport des presses de Moldavie et de Valachie (1682-1725). In: Revue des études
slaves, Tome 26, fascicule 1-4, 1950. pp. 69-87.
doi : 10.3406/slave.1950.1507
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1950_num_26_1_1507LE LIVRE GREC EN RUSSIE :
L'APPORT DES PRESSES
DE MOLDAVIE ET DE VALACHIE
(1682-1725)
PAR
EMILE TURDEANU
Lorsqu'il créa , en 1682, l'imprimerie grecque du monastère de
Cetatuia, à Iassy, le patriarche Dosithée de Jérusalem n'ignorait
pas l'importance de cet événement : cette date fixait un terme
entre la longue période pendant laquelle les Grecs, empêchés par
les Turcs d'installer leurs presses dans les pays soumis au Sultan,
s'étaient vus contraints de demander asile aux pays catholiques
et protestants de l'Occident pour pouvoir imprimer leurs livres,
et entre une période nouvelle où cette activité allait se donner
libre carrière en Moldavie et en Valachie, sous la protection et
avec l'appui matériel des princes orthodoxes de ces pays.
Ambitieux et plein d'ardeur pour le prestige de son Eglise,
Dosithée ^ ressentit mieux que nul autre de ses contemporains
combien il était nécessaire pour l'Eglise grecque, à une époque
où les discussions religieuses se transportaient sur le domaine
politique, de recouvrer son indépendance absolue à l'égard des
pays hétérodoxes. En effet, depuis 1Д76, tous ses livres d'office,
tous ses traités de doctrine, tous ses ouvrages d'édification ont
vu le jour dans les grands centres d'édition de l'Occident :
Milan, Padoue, Venise, Florence, Rome, Paris, Oxford, Francfort,
Досиеей, 1878, (lî Plusieurs 1З6 патрјархЂ pages; monographies Chrysostome Іерусалимскій lui Papadopoulos ont , été extrait consacrées , du Aocr/Šeoí, Душеполезное jusqu'à о патрихр-^ус présent Чтеніе, : I. íepocroAtíf/wi» Matčenko, Moscou,
(іб'л-1707), Jerusalem, 1907; Aurelio Palmieri, Dositeo, patriarca greco di
Gfrusaîeme. Contributo alla storia delia teologia grcco-orlodossa nel secolo xvii ,
Florence, 1909, 96 pages; Dumitru Stániloae, Viata si activitatea patriarhului
Dosofteiu al Ierusalimului si legäturile lui си turile românesti, Cernäuh, 1929»
ти -f 69 pages.
Revue des Etudes slaves, t. XXVI, 1900, fasc. i-i. EMILE TURDEANU. 70
Augsburg, Cologne, Wittenberg — pour ne citer que les centres
les plus réputés — se sont partagé au cours des siècles le mérite
de contribuer à la formation du patrimoine littéraire des Grecs.
Rédigés par des émigrés ou auprès des patriarcats de l'Orient,
mais publiés invariablement dans la diaspora, ces livres, même
s'ils n'étaient pas toujours marqués d'influences étrangères,
étaient presque suspectés de concessions faites aux
milieux religieux des pays d'où ils venaient. Aussi les Grecs de
la métropole s'en méfiaient-ils, et les discussions sur l'intégrité
de leur doctrine s'enchaînaient sans fin. A la veille même de l'i
ntronisation de Dosithée comme patriarche de Jérusalem ( 1 669), la
grande controverse qu'avait soulevée le Catéchisme paru à Genève,
en 16s 0,, sous le nom de Cyrille Lucaris, et republié en plusieurs
éditions, avait excité au plus haut degré l'appréhension des Grecs
à l'égard des livres qu'on imprimait à leur intention en Occident.
D'autre part, son expérience personnelle avait suffisamment
instruit le patriarche Dosithée sur les limites du concours qu'il
pouvait attendre des pays occidentaux (1). Cette expérience
datait du moment où, les théologiens de Port-Royal ayant déclen
ché leur offensive contre les Calvinistes, Louis XIV chargea son
ambassadeur à Constantinople de recueillir les témoignages des
prélats grecs en faveur du dogme de la transsubstantiation.
Ce fut pour Dosithée une occasion inespérée pour envoyer à Paris,
afin d'y être imprimés, plusieurs volumes où les meilleurs théo
logiens grecs de tous les temps exposaient leur thèse concernant
l'Eucharistie. Mais avec quel désenchantement Dosithée dut-il
constater, quelques années plus tard, que tous ces manuscrits,
au lieu de voir le jour, n'avaient servi qu'à fournir quelques
dizaines de pages au troisième tome de la grande Perpétuité de
la Foy d'Arnauld et de Pierre Nicole (1 67a) et que, pour le reste,
on les laissait dormir dans la Ribliothèque du Roi ou à l'abbaye
de Saint-Germain-des-Prés. Mécontent, le fougueux patriarche
n'attendit pas longtemps pour prendre sous le feu de ses attaques
non seulement les Calvinistes, mais aussi les Catholiques. Son
hostilité vis-à-vis de ces derniers s'accentua d'ailleurs en 167a,
lorsque l'ambassadeur de Louis XIV entama des négociations avec
la Sublime Porte afin qu'elle accordât aux Franciscains un accès
plus large aux Lieux Saints. Touché au vif, le patriarche de Jéru-
M On trouvera les détails de cette question dans notre article Les controverses
des Jansénistes et la création de l'imprimerie grecque en Moldavie, dans les Mélanges
offerts à M. Mario Roques, t. Il (sous presse). LIVRE GREC EN RUSSIE (1682-1725). 71 LE
salem, qui y vit à juste titre un préjudice porté à son Église et à
sa propre autorité, mit tout en œuvre pour entretenir les réticences
des Turcs vis-à-vis de cette intervention française. Il y parvint
pour un instant, à force de bourses d'or fournies par ses amis,
les princes régnants de Moldavie et de Valachie. Mais il ne pouvait
donner une véritable riposte à ses adversaires sans disposer d'une
imprimerie. Le problème de la création de presses grecques dans
un des pays orthodoxes qui échappaient au contrôle turc se posait
donc impérieusement.
Mais quel pouvait être ce pays d'élection? La Russie, dont la
capitale s'efforçait de prendre le pas sur cette Byzance agonisante,
accablée par l'occupation, les dettes et les intrigues, ou bien l'une
des principautés roumaines dont les Turcs respectaient encore
les libertés culturelles?
Déjà bien avant Dosithée, l'idée de créer une imprimerie grec
que à Moscou avait tenté l'esprit des prélats orientaux. En i645,
le métropolite Théophane de Paleapatras formulait sa requête au
tsar dans ces termes : « Puisque les papistes et les luthériens ont
leur imprimerie grecque, et qu'ils y impriment tous les jours les
livres théologiques des saints Pères, et qu'ils mêlent à ces livres
leur poison terrible, leur hérésie païenne. . ., ordonne qu'on crée
une imprimerie grecque (à Moscou) et qu'on y fasse venir un
maître grec pour apprendre aux enfants russes la philosophie et
la théologie en langue grecque et russe ; ainsi on pourra traduire
un grand nombre de livres grecs en russe... »(1). La même
démarche est réitérée quelques années plus tard, en 1 653, par
l'ancien patriarche de Constantinople, Athanase Patelarios^.
Créer une imprimerie grecque à Moscou, c'est aussi l'idéal de
Dosithée. Mais le raskol qui s'était acharné contre l'usage des livres
grecs et contre la correction des textes russes sur leur modèle, et
qui avait, d'autre part, troublé si douloureusement l'Eglise russe
pendant plus de trois décades, rendit vaine pour longtemps la
réalisation d'un tel idéal. La mort du patriarche Nikon, en 1681,
affaiblit davantage la position des partisans du livre grec, au profit
d'une confusion où les tendances populaires se dressaient contre
toute forme de théologie érudite, et cette situation ne fit qu'emp
irer pendant les premières années du règne de Pierre Aiekseevič
et de son frère Ivan.
C> N. Kapterev, Сношенія Іерусалимскаго патріарха Досиеея съ русским-ь,
правительствомъ (1669-1707 г-)' М., і8ді, p. 97-
№ Ibid., p. 99. 72 EMILE TURDEANU.
Aussi ne restait-il à Dosithée, dans ces conditions, qu'à profiter
de l'accueil cordial dont il était l'objet en Moldavie et en Valachie.
En 1682, il organise, avec l'aide d'un typographe roumain, les
presses de Cetätu

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