Le masquage visuel rétroactif - article ; n°1 ; vol.67, pg 153-193
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Description

L'année psychologique - Année 1967 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 153-193
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jeanine Blanc-Garin
Le masquage visuel rétroactif
In: L'année psychologique. 1967 vol. 67, n°1. pp. 153-193.
Citer ce document / Cite this document :
Blanc-Garin Jeanine. Le masquage visuel rétroactif. In: L'année psychologique. 1967 vol. 67, n°1. pp. 153-193.
doi : 10.3406/psy.1967.27559
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1967_num_67_1_27559REVUES CRITIQUES
LE MASQUAGE VISUEL RÉTROACTIF
par Jeanine Blanc-Garin
Institut de N euro physiologie et Psycho physiologie du C.N .R.S.
Marseille
« On fait quelquefois appel, en psychophysiologie, à la notion
d'inhibition rétroactive... En réalité, la notion de « rétroactivité »...
n'intervient que dans la mesure où l'on se représente l'esprit saisissant
instantanément les phénomènes au moment où ils se produisent... Mais,
quand un stimulus aborde la périphérie de l'organisme, il ne pourra
susciter la réaction perceptive, au niveau de l'écorce cérébrale, qu'après
une série complexe de processus physiologiques qui exigent un temps
fort appréciable, et de longueur variable, dépendant de multiples
conditions » : Piéron introduisait ainsi, dans L'Année psychologique
de 1925, une recherche expérimentale sur les phénomènes de masquage
visuel, qu'il décrivait en ces termes : « Une excitation lumineuse intense,
consécutive à une excitation plus faible, dans la même région de la
rétine, masque la première. »
L'intérêt porté à ces phénomènes se trouve actuellement renouvelé,
aussi bien par les récents travaux de neurophysiologie sensorielle que
par les développements théoriques qui essaient d'élaborer des modèles
de cette « série complexe de processus physiologiques ».
La dimension temporelle est une caractéristique essentielle du
fonctionnement nerveux. On sait depuis longtemps que l'intensité de
la stimulation est convertie, dans le message nerveux unitaire, en
fréquence d'impulsions et par conséquent traduite selon un code temp
orel. Il y a vraisemblablement d'autres propriétés qui imposent aux
entrées une mise en forme dans le temps : c'est ce que supposent par
exemple les hypothèses d'un mécanisme de scanning ou de shutter. La
mise en jeu de mécanismes de ce genre et les particularités d'un tel
système de codification doivent entraîner des contraintes pour le
traitement des données sensorielles. Certains phénomènes perceptifs,
tels que les effets de masquage rétroactif, peuvent représenter des consé
quences de ces processus.
C'est dans cette perspective que nous voudrions analyser les travaux
concernant le masquage rétroactif : il ne semble pas possible, actuelle- 154 REVUES CRITIQUES
ment, de saisir exactement le déterminisme de ce phénomène ; cepen
dant, une description fine des conditions dans lesquelles il se produit
et des facteurs qui le favorisent ou le suppriment, peut apporter une
contribution utile à l'étude des aspects temporels de la perception
visuelle.
On peut regrouper, sous ce vocable suffisamment large de « mas
quage », divers effets particuliers, mis en évidence depuis le début du
siècle par des expérimentateurs s'intéressant à la psychologie et à la
physiologie de la perception, et décrits à l'aide de termes divers :
dépression, inhibition, métacontraste, retard de la sensation, appro
priation du contour, effacement perceptif...
La prolifération d'expressions complexes et de vocables alourdis
de préfixes ne paraît pas souhaitable et il vaut mieux utiliser des termes
descriptifs qui ne préjugent pas d'une interprétation.
Le terme de masquage est utilisé pour décrire des faits analogues
dans d'autres modalités sensorielles et désigne un phénomène très
général (Raab, 1963) ; on peut éventuellement ajouter un qualificatif
précisant la modalité ou certaines conditions essentielles : ainsi, nous
serions d'accord avec G. Durup1 pour employer, à la place du terme de
métacontraste, celui de masquage latéral, indiquant par là que les
deux stimulus ne sont pas spatialement superposés. De même, certains
auteurs parlent de masquage figurai pour indiquer que les stimulus-
tests ne sont pas des éclairs lumineux à détecter mais des formes à
discriminer (Pollack, 1965).
Ces précisions de vocabulaire nous aideront à classer les travaux sur
le masquage visuel (au sens large) à partir de deux critères :
— le type de stimulus-test (ou stimulus masqué) :
— éclair lumineux d'intensité liminaire ;
— figure à discriminer ;
— la relation spatiale des stimulus :
— superposition ;
— séparation.
Nous parlerons donc de :
1. Masquage classique. — Un éclair d'intensité faible (le stimulus-
test) est masqué par un flash, éclair bref et intense ; le stimulus-test
est situé au centre du stimulus masquant qui occupe habituellement
une surface beaucoup plus large.
2. Masquage figurai. — Une forme à discriminer (stimulus-test)
est masquée, soit par un éclair intense, soit par une autre figure. St
imulus-test et stimulus masquant se projettent sur la même région
1. Communication personnelle. BLANC-GARIN 155 J.
rétinienne, le stimulus masquant a généralement de plus grandes
dimensions.
3. Masquage latéral. — Les deux stimulus (test et masquant) excitent
des régions rétiniennes différentes, contiguës ou seulement voisines.
Comme dans les deux cas précédents, le stimulus-test peut être, soit
une forme lumineuse, soit une figure structurée.
Cette classification est loin d'être satisfaisante. La distinction entre
masquage classique et masquage figurai, fondée sur les différences des
stimulus-tests et donc des tâches perceptives demandées au sujet, n'est
pas toujours facile.
Sperling (1964) propose comme critère la nature du stimulus mas
quant ; il parle de masquage de type 1 (par flash) et de type 2 (par
pattern) mais les effets de masquage latéral ne sont pas envisagés.
Nous verrons que les facteurs en jeu, aussi bien que les mécanismes
supposés ne peuvent opérer de distinction nette parmi ces phénomènes.
Les termes que nous employons ici n'ont pas de valeur générale, nous
voulons seulement distinguer quelques faits pour les présenter avec
plus de clarté.
Un fait constant se retrouve dans ces différents types de masquage :
on observe une diminution de la stimulation perçue qui évolue avec le
facteur temps.
Il s'agit donc là d'un phénomène d'inhibition, qui est un processus
très général, constaté, à divers niveaux biologiques, dans de nombreuses
activités, physiologiques et psychologiques. Les phénomènes de mas
quage nous permettent d'en saisir un aspect particulier, qui se développe
dans les systèmes sensoriels, d'en dégager les lois d'évolution tempor
elle, de mettre en évidence le rôle de divers facteurs et de comprendre
quels mécanismes sont responsables de tels effets et à quel niveau de
l'analyseur visuel.
L'évolution temporelle est le problème qui préoccupe le plus les
chercheurs.
La controverse engagée depuis quelques années sur la forme de la
fonction qui traduit l'évolution de l'inhibition n'est pas terminée ; on
observe deux types de courbes qui décrivent les modifications de la
perception du stimulus-test en fonction de l'intervalle qui le sépare
du stimulus masquant consécutif : une courbe monotone et une courbe
à maximum (Kolers, 1962, les nomme courbes A et B).
Le problème est de savoir si ces n'ont de signification que
dans le cadre de la situation expérimentale artificielle qui permet de
les obtenir ou si elles sont l'expression d'une même réalité fonctionnelle
dans des conditions différentes.
De nombreux facteurs peuvent entrer en jeu, concernant les variations
des stimulations (forme, intensité, durée), des récepteurs sensoriels
(adaptation à la lumière ou à l'obscurité, stimulation fovéale ou péri- REVUES CRITIQUES 156
phérique, en vision monoculaire ou dichoptique...) et de l'état du sujet
(sous drogue, après entraînement, etc.).
Les facteurs de différenciation inter et intra-individuels ont été peu
étudiés ; c'est un vaste domaine qui reste à explorer et

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