Le Mixtécapan - article ; n°1 ; vol.3, pg 15-43
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1906 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 15-43
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Léon Diguet
Le Mixtécapan
In: Journal de la Société des Américanistes. Nouvelle Série. Tome 3 n°1, 1906. pp. 15-43.
Citer ce document / Cite this document :
Diguet Léon. Le Mixtécapan. In: Journal de la Société des Américanistes. Nouvelle Série. Tome 3 n°1, 1906. pp. 15-43.
doi : 10.3406/jsa.1906.3453
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1906_num_3_1_3453CONTRIBUTION A L'ÉTUDE GEOGRAPHIQUE
DU
MEXIQUE PRÉCOLOMBIEN
LE MIXTECAPAN
Par M. Léon DIGUET
Chargé de missions du Ministère et du Muséum,
Membre de la Société des Américanistes.
La région montagneuse et accidentée qui constitue encore
aujourd'hui le pays des Indiens mixtecs et qui vint former, après
l'établissement des Espagnols, la province de la Mixteca, était
désignée par les Nahuatls sous le nom de Mixtécapan. Ce territoire,
compris à peu de choses près entre le 16 et le 18° de latitude nord
et le 99° et le 101° de longitude, occupe, dans la division géogra
phique actuelle, une partie assez importante de l'état de Oaxaca,
plus une fraction des états de Puebla et de Guerrero.
Le nom que les indigènes donnaient à leur pays à l'époque de
leur indépendance est inconnu. On sait seulement, par le père
Antonio de los Reyes, missionnaire de Teposcolula et auteur d'une
grammaire sur la langue du pays *, que les Mixtecs étaient désignés
par leurs voisins les Zapotecs sous le nom de Mixtoguijxi (chats
sauvages), denomination probablement ironique et venue de l'a
spérité des sites que ces Indiens avaient choisis pour s'y établir.
D'après Pimentel 2, les dénominations de Mixtecs ou Mixtecatl
\. Arte en lengua mixteca compuesta por el padre Fray Antonio de los
Rryes de In orden de predicadores, vicario de Tepuzculula (1593), publié par
ie comte H. de Gharencey ; Alençon, 1889.
2. Francisco Pimentel, Cuadro descriptivo y comparativo de las lënguas de
Mexico, i. II, chap. -34. 16 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
et àe Mixtécapan dérivent du mot nahuatl Mixtlan (terre des nuages
ou des brumes), terme composé de Mixtli (nuée) et du suffixe
tlan, locatif. Ce nom aurait été donné au pays à cause du climat
froid et brumeux qui règne très fréquemment sur les régions éle
vées du massif de la Haute Mixtèque.
Les limites du Mixtécapan étaient : au nord, le pays des Popolo-
cos, restés indépendants, et dont la ligne frontière avec le Mixtéca
pan s'étendait de Zapotitlan de las Salinas à Acatlan ; à l'ouest, les
provinces conquises par les Aztecs sur certaines tribus de Popo-
locos, et dont les limites, depuis Acatian, venaient aboutir aux
rivages du Pacifique en passant par Tlalpan ; à l'est, les rios de *
Tehuacan, de las Vueltas et Atoyac oaxaqueîlo, qui,» formant de
profondes vallées dans cette région éminemment montagneuse,
séparent, du nord au sud, le Mixtécapan des pays occupés par les
populations mazatèques, cuicatèques et zapotèques ; au sud, les
rivages du Pacifique que les Mixtècs appelaient Sahaandevoni (pied
du ciel).
Cette délimitation du pays habité par les Mixtecs est d'ailleurs
loin d'être rigoureuse. Les frontières ont plusieurs fois varié. Ainsi
dans le nord, les indigènes du territoire de Coixtlahuaca étaient
unis avec certaines tribus de Popolocos qui s'étaient rendues indé
pendantes des autres tribus de même race dont le grand centre
était Tecamachalco. La domination ou l'influence mixtèque s'éten-
dit donc à une époque jusqu'à Tehuacan. A l'est, les habitants
d'Almoloyas, alliés à ceux de Yanhuitlan agrandirent leur
domaine en soumettant les Cuicatecs jusqu'à la sierra de Teo-
titlan. Plus au sud, les Mixtecs envahirent le pays des Zapotecs et
établirent des colonies dans la vallée d'Oaxaca. Aussi les
furent-ils obligés, pour empêcher les incursions mixtèques, d'élever
des forteresses, auprès de Zimatlan et de Huizo, et d'y entretenir
des garnisons.
Le Mixtécapan était partagé en trois grandes divisions dont les
dénominations, subsistant encore aujourd'hui, correspondaient à des
altitudes et climats différents. C'étaient :
1° La Haute Mixtèque, comprenant toute la partie culminante
du massif montagneux, contrée au climat généralement froid et
humide, offrant des escarpements abrupts, bordés de profonds
ravins. C'est là que la tradition place le berceau de la civilisation CARTE DU
MIXTÈCAPAN
ч> TERRITOIRE
Tecomaxrkhua
JuxtlaWaca
TJQCOlchis]alnuca . , Huelut/eiono
ZAPOTECAPAN
O
Q v
Société des Américanistes de Paris. SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES DE PARIS 18
mixtèque et c'est ce qui lui a valu le nom de Nudzaviňuhu (terre
estimée, vénérée).
2° Là Basse Mixtèque ou Nuňine fterre chaude), région relativ
ement basse, chaude, aride, beaucoup moins accidentée que la
précédente, formant toute la partie nord et ouest du Mixtécapan
3° La Mixtèque de la côte, comprenant les plaines basses et géné
ralement peu accidentées qui s'étendent jusqu'à l'océan Pacifique.-
Les indigènes donnaient à cette partie de leur territoire le nom de
Nuňdaa (terre plane) ou Nunama (terre de maïs).
Outre ces trois principales divisions, les Mixtecs employaient
encore quatre autres dénominations pour désigner certaines régions
offrant quelques particularités.
Ainsi la partie nord-est de la Basse Mixtèque qui confinait avec
le pays des Popolocos et qui avait une population mélangée, où
Mixtecs et vivaient en harmonie sous-un même régime,
se nommait Toxijnudzahui. Les contreforts escarpés de la Haute
Mixtèque avaient reçu pour la partie qui confine avec la vallée
d'Oaxaca le nom de Tocuixiňuhu et, pour la zone qui, faisant suite
à cette dernière, descendait vers le sud, le nom de Nuňdehoui (terre
du ciel). Enfin Nunuma (terre des brumes) désignait le contrefort
occidental, c'est-à-dire la crête montagneuse connue sous le nom de
Sierra de Putla. Ce nom de Ňunuma lui fut donné parce que la
vapeur d'eau qui s'élève du Pacifique vient s'y fixer en formant des
brouillards.
TOPONYMIE
Les dénominations géographiques du Mixtécapan, telles qu'elles
sont encore usitées, sont pour la plupart d'origine nahuatle, du
moins en ce qui concerne les localités un peu importantes. Cette
substitution d'une langue étrangère à celle couramment encore
parlée dans le pays pour la désignation des localités peut trouver explication*
son dans les événements de diverses époques. D'abord,
le commerce florissant, établi depuis une époque sans doute reculée,
entre les Mixtecs et les populations civilisées des différentes parties CONTRIBUTION A l'ÉTUDE GÉOGRAPHIQUE DU MEXIQUE PRÉCOLOMBIEN 49
du Mexique. Ensuite, plusieurs guerres ayant été engagées avec les
puissants souverains de la vallée de Mexico, les Mixtecs, sans avoir
été complètement vaincus et asservis, durent néanmoins subir des
relations continuelles avec les Aztecs pour le règlement des tributs.
Enfin l'arrivée des Espagnols et surtout l'établissement des mis
sionnaires fit prévaloir la nomenclature nahuatle, laquelle, quoi
qu'un peu altérée, s'est maintenue jusqu'à nos jours. Toutefois, les
anciennes dénominations en langue mixtèque ne sont pas perdues :
elles sont demeurées quelque peu courantes parmi les indigènes,
qui, tout en adoptant les us et coutumes espagnols, ont su conser
ver leur langue, ainsi qu'une grande partie de leur ancien caractère
national.
La dénomination des petites localités dont le nom mixtèque n'a
pas été changé offre quatre affixes qui reviennent fréquemment
dans la composition des mots, ce sont :
1° Yodo ou Yoso, plateau, plaine (Yodocono, Yodohino, Yodo-
yuxi, Yodanaňa, Yosocani, Yosocuta) ;
2° Yucu ou Youcou, montagne (Yucuane, Yucucuy, Yucuyachi,
Yucutandua, Yucutindo, Yucuxaco) ;
3° Yuta, Yusa ou Youta, rivière (Yutachi, Yutacoyo, Yutandu,
Yutanduchi, Yutatiana, Yuteche) ;
4° $uhu ou gnohou, terre, village (ftuňu, nuňuma, iïuxaa,
nuxano, îluxini, îiudiche, mindeya, Yucuňuňu).
Le P. Antonio de los Reyes do

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