Le modèle brésilien - article ; n°55 ; vol.14, pg 477-490
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le modèle brésilien - article ; n°55 ; vol.14, pg 477-490

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 55 - Pages 477-490
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Celso Furtado
Le modèle brésilien
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°55. pp. 477-490.
Citer ce document / Cite this document :
Furtado Celso. Le modèle brésilien. In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°55. pp. 477-490.
doi : 10.3406/tiers.1973.1942
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_55_1942LE MODÈLE BRÉSILIEN
par Celso Furtado*
L'économie brésilienne montre d'une manière intéressante jusqu'où
un pays peut aller dans le processus d'industrialisation tout en conservant
les principales caractéristiques d'une économie sous-développée : une
grande disparité de la productivité entre zones rurale et urbaine, une
forte majorité de la population ayant un niveau de vie atteignant juste le
niveau de subsistance physiologique, des masses croissantes de tra
vailleurs sous-employés dans les zones urbaines. Elle a démontré l'inexac
titude de la théorie implicitement admise dans les modèles de croissance
du type établi par Lewis, selon laquelle diriger le surplus d'une économie
sous-développée vers le secteur industriel (dont les activités absorbent
le progrès technique) créerait ultérieurement un système économique
d'une plus grande homogénéité (dans lequel le taux des salaires tendrait à
augmenter dans toutes les activités économiques proportionnellement à
la productivité moyenne du système).
L'objet de cette étude est : i) de chercher pourquoi la diffusion
mondiale du progrès technique et sa conséquence sur l'accroissement de
la productivité ne tendent pas à faire disparaître le sous-développement ;
et 2) de démontrer qu'une politique de développement orientée vers la
satisfaction d'un haut niveau de consommation d'une petite minorité
de la population, telle que celle qui a été pratiquée au Brésil, tend à
aggraver les inégalités sociales et à accroître le coût social du système
économique.
Une hypothèse admise dans notre modèle est que le capitalisme
* Professeur associé à l'Université de Paris I.
477
т. m. 55 31 CELSO FURTADO
industriel a été dès son origine un processus multinational dans sa péri
phérie et que le sous-développement est inhérent à sa croissance et à son
expansion géographique. On ne doit pas oublier que la révolution
industrieUe s'est faite au sein d'une économie dans laquelle les activités
commerciales étaient prépondérantes et le commerce extérieur l'activité
la plus profitable; plus tard l'activité industrielle à son tour stimula ces
échanges. Dans le cas particulier et fondamental de la Grande-Bretagne,
la part du commerce extérieur dans l'économie augmenta considéra
blement, donnant naissance à un système complexe de division inter
nationale du travail. L'étude du sous-développement doit commencer
par la détermination des types particuliers de structures nées dans la
périphérie de l'économie capitaliste grâce à ce système de division inter
nationale du travail. Ainsi c'est une erreur complète que de vouloir
bâtir le modèle d'une économie sous-développée comme un système
fermé. Isoler une économie du contexte général déter
miné par le système capitaliste, c'est ignorer dès l'origine le problème
fondamental de la nature des relations extérieures de cette économie,
voire le fait de sa dépendance globale (i).
La première partie de cette étude traitera ce problème général d'une
manière succincte. La plupart des hypothèses de base exigent d'être
davantage confrontées avec les faits pour être établies avec certitude.
Cependant, si la brève étude présentée ici aide à mieux comprendre les
différents types de sous-développement, elle servira aussi à fournir des
interprétations plus pertinentes des résultats des nombreuses études
empiriques faites dans les pays appelés en voie de développement.
DÉVELOPPEMENT ET MODERNISATION
Nous définissons le progrès technique comme l'introduction de
nouveaux procédés de production destinés à augmenter le rendement de
ressources rares et/ou l'introduction de nouveaux produits pouvant être
ajoutés dans le panier de biens de consommation et de services. Et nous
supposons aussi que le développement économique implique la diffusion
(i) Cf. C. Furtado, Dependencia externa y teoria economica, El Trimestre Hconomico,
avril-juin 1971; et Sous-développement-Dépendance : une hypothèse globale, revue Tiers
Monde, octobre-décembre 1972, n° 52, p. 697.
478 LE MODÈLE BRÉSILIEN
de l'emploi de produits déjà connus ou/et l'introduction de nouveaux
produits dans le panier du consommateur.
Parce que l'accès aux nouveaux produits est, à de rares exceptions
près, limité, au moins pendant la première phase, à une minorité consti
tuée par les classes à hauts revenus, le développement qui s'appuie princ
ipalement sur l'introduction de nouveaux produits correspond à un
processus de concentration des revenus. Et parce que la diffusion
signifie l'accès d'un plus grand nombre à des produits connus, le déve
loppement axé principalement sur la diffusion correspond à un processus
d'égalisation des revenus. En outre, une condition nécessaire à tout
développement économique est l'accumulation du capital, aussi import
ante pour la diffusion des produits existants que pour l'introduction de
nouveaux produits. Mais il y a des raisons de croire que
de produits dans le panier du consommateur demande une
accumulation plus forte de capital que la diffusion de produits déjà
existants. Par exemple l'introduction d'un nouveau modèle d'auto
mobile d'une certaine catégorie exige plus d'investissements (comprenant
la recherche et le développement) par unité que l'augmentation de la
production du modèle correspondant déjà fabriqué. Voici une manière
différente de présenter ce problème : plus sont diversifiés les biens du
consommateur, plus élevé doit être le revenu de ce dernier et plus import
ant le montant du capital nécessaire pour satisfaire les besoins de ce
consommateur. La moyenne des citoyens américains perçoit un revenu
de 4 ooo dollars et un certain panier de biens de consommation corre
spond à ce niveau de revenu. Ce de a pu être rendu possible
par un processus d'accumulation de capital qui atteint maintenant
environ 1 2 ooo dollars par personne habitant les Etats-Unis. La moyenne
des Brésiliens reçoit un revenu d'environ 400 dollars et le capital
accumulé au Brésil atteint quelque chose comme 1 000 dollars par
personne. Ainsi le panier de biens auquel le Brésilien moyen peut accéder
est forcément beaucoup moins diversifié que celui qui est le plus répandu
aux Etats-Unis.
L'accroissement des revenus d'une communauté peut provenir d'au
moins trois processus différents : a) le développement économique,
c'est-à-dire l'accumulation de capital et l'adoption de procédés de pro
duction plus efficaces; b) l'épuisement de ressources naturelles non
renouvelables; et c) la redistribution des en vue d'une meil
leure spécialisation géographique permettant d'obtenir des avantages
479 CELSO FURTADO
comparatifs dans un système de division internationale du travail.
L'accroissement des revenus entraîne la diversification de la consommat
ion, l'adoption de nouveaux produits, etc. Cet accroissement, cependant,
peut exister dans une communauté avec un développement économique
nul, c'est-à-dire qui n'a ni effectué une accumulation de capital, ni
introduit des procédés de production plus efficaces. Ils peuvent être
suscités avant tout par soit b), soit c). Appelons modernisation ce processus
qui conduit à adopter des modèles de consommation correspondant à
des revenus élevés sans qu'il y ait eu développement économique.
Les pays dits actuellement sous-développés sont ceux où se produisit
un processus de modernisation : de nouveaux modèles de biens de
consommation (introduction de nouveaux produits) ont été adoptés
comme le résultat d'un accroissement du revenu créé par des trans

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents