Le mythe de l Amérique et Moby Dick de Melville - article ; n°6 ; vol.25, pg 1547-1565
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le mythe de l'Amérique et Moby Dick de Melville - article ; n°6 ; vol.25, pg 1547-1565

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 6 - Pages 1547-1565
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 92
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Viola Sachs
Le mythe de l'Amérique et Moby Dick de Melville
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 6, 1970. pp. 1547-1565.
Citer ce document / Cite this document :
Sachs Viola. Le mythe de l'Amérique et Moby Dick de Melville. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 6,
1970. pp. 1547-1565.
doi : 10.3406/ahess.1970.422299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_6_422299LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ
Le mythe de l'Amérique
et « Moby Dick » de Melville *
explique Sur pour réalisation d'un genre auquel Les le faire Eden « plan les circonstances romance la du écrivains littéraire, nouveau prépondérance mythe rêve, » 3 puis, de elle qui, confrontent l'Amérique pionniers constitue, la de sous dans colonisation plus sa le incessamment forme en — depuis roman plus une recherche apparemment et idée souvent, le américain, xixe l'héritage clef la de siècle, son la réalité de Nouvelle fantastique puritain la surtout effondrement. comme 2, civilisation y voyant Terre au un se ou point xixe sont Promise, américaine C'est moralisante, d'abord siècle, conjugués de ce repère rêvé qui du la \
* Cet article constitue un des chapitres d'une étude plus vaste : Paradise Lost Anew : The Vision
of America in the American Novel. A Study in Literary Continuity.
conférant Boston, American 1. Pour Atlantic, Roots son la façon caractère in Little The dont Brown Bible, unique, le puritanisme New & voir Co, York, : 1963 a) a Adams, Mentor ; laissé Gaer, son James Books, Joseph empreinte Truslow, 1964 and Siegel, ; sur Miller, The la civilisation Ben, Founding Perry, The Puritan Errand américaine of New Heritage Into England, en Willui ':
Beacon derness, Press, New York, 1961 ; Harper Schneider, Torchbooks, Hébert, 1956 The et Puritan du même Mind, auteur, Ann The Arbor, New University England Mind, of Michigan Boston,
Miller, l'homme Press, 1956de l'histoire ; b) 1961 Perry, qui Bradford, ; fut de Wertenbaker, pendant The Plymouth, American William, plus remontant de Thomas Puritans Of trente Plymouth ans aux J., : le Their The causes gouverneur Plantation, Puritan Prose qui and ont Oligarchy, New de mené cette Their York, première à Poetry, cette New Mentor imigration York, colonie New Books York, Grassev de New (édition et Anchor racontée England) & Dunlap, abrégée Dou- par ;
bleday Book, 1956. Voir aussi Leon Baritz, City on a Hill, New York, 1964, pour une étude détail
lée sur l'évolution du mythe de l'Amérique en tant que la Terre Promise.
2. Voir A. N. Kaul, The American Vision, New Haven, Yale University Press, 1963 ; aussi
Charles Sanford, The Quest for Paradise, Urbana, University of Illinois Press, 1961.
ce voir métaphysiques 1957 genre, 3.l'anthologie (traduction Richard assez et Chase, déprécié française de éthiques. Louis The en D. parue Europe American Sur Rubin la sous discussion à et Novel cette le John titre époque, and R. Lumière relative its Moore, Tradition, se prêtait au et The ténèbres, thème Idea New mieux sur of York, Paris, pour la an nature American Seghers, Doubleday décrire du la Novel, roman 1965), réalité Anchor montre New américain, en Books, termes que
York'
1961. Crowell,
1547 LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ
constitue en réalité une prise de position symbolique 1 par rapport au mythe de
l'Amérique. Moby Dick n'échappe pas à cette règle. Nous nous proposons de mont
rer dans cet article, par une analyse détaillée du texte, que le chef-d'œuvre de Melv
ille peut être interprété sous cet angle, étant bien entendu qu'il ne s'agit là que
d'une dimension de cette œuvre polyvalente.
Déjà, bien avant le commencement de la guerre civile qui mit définitivement fin
au mythe de l'Amérique comme plus bel espoir de l'humanité, Melville le remit en
question et observa la disparité qui existait entre les principes prêches et les actions
commises. Ainsi, dans ses premières œuvres, Taipi (1846) et Omoo (1847), il accuse
le mode de traitement infligé aux indigènes polynésiens par le monde civilisé, l'Amé
rique incluse ; dans son roman allégorique, Mardi (1 849), il décrit avec une violence
swiftienne le Temple de la Liberté, l'esclavage, et nous peint comme un cauchemar
l'enfer doré des chercheurs d'or. Des descriptions violentes sur la réalité améri
caine apparaissent dans ses deux ouvrages sur la vie des marins : Redburn (1 849) et
White-Jacket (1859).
Dans les œuvres qui précèdent Moby Dick, Melville oscille entre la réalité qu'il
perçoit et découvre constamment, et les vérités éternelles et immuables de la convent
ionnelle mythologie nationale. Dans son chef-d'œuvre hautement symbolique, il
met en doute toutes ces vérités acceptées et renie sa propre acceptation hésitante
du mythe. Tandis que Walt Whitman, dans son édition de Feuilles ď Herbe de 1855,
affirme et projette dans le futur le mythe de l'Amérique dans un profond acte de foi,
puisqu'il ne connaissait que trop bien par son expérience personnelle de politicien
et de journaliste les faits sordides de la réalité américaine 2, Melville, déjà en 1851,
dans Moby Dick, le brise en miettes 3.
Le voyage. Quête de l'Amérique
Moby Dick est structuré tout entier sur le motif du voyage. Nous nous trouvons
en présence d'un des thèmes fondamentaux de la ltitérature américaine depuis
Cooper, à travers Hawthorne, Melville, Whitman, Twain jusqu'aux auteurs
contemporains tels que Kerouac, Bellow, Salinger et maints autres, et les œuvres
cinématographiques comme « Easy Rider ». Le « open road » 4, à l'origine la pours
uite d'un Chanaan Nouveau et la marche des pionniers, finira par devenir une
1. Voir l'étude de Charles Feidelson, Jr., Symbolism and American Literature, University of
Chicago Press, Phoenix Book, 1966, qui fait remonter les origines du symbolisme de Poe, Hawt
horne, Melville, Whitman, à la tradition puritaine de voir le monde en termes allégoriques et au
climat intellectuel spécifique des xvne et xvnie siècles.
2. R. W. B. Lewis dans son essai « Walt Whitman : Always Going Out and Coming In »,
publié dans le recueil Trials of the Word, Yale University Press, New Haven, 1965, analyse les
différentes éditions de Feuilles d'herbe et montre comment un certain pessimisme s'infiltrait, malgré
l'effort du poète pour maintenir sa foi dans l'avenir de l'Amérique.
3. Moby Dick publié, en 1851, et Feuilles d'herbe, dont la première édition parut en 1855,
souvent considérés comme étant aux antipodes l'un de l'autre — et c'est certainement le cas pour
ce qui est du jugement porté sur l'Amérique des années cinquante — sont centrés sur les mêmes
problèmes. Comme l'écrit Lionel Trilling dans The Liberal Imagination, New York, Doubleday
Anchor Books, 1957, Melville et Whitman étaient « tous les deux les représentants de la dialectique
de leur temps — ils contenaient tous les deux le oui et le non, l'affirmation et la négation de leur
culture, et en cela ils étaient prophétiques du futur » (p. 7).
4. J'emprunte le terme au fameux poème de Walt Whitman, « Song of The Open Road, » tra
duit en français par Léon Bazalgette : « Chant de la belle route » {Feuilles d'Herbe, Paris,
Mercure de France, 1955).
1548 LE MYTHE DE L'AMÉRIQUE V. SACHS
fuite de la civilisation, telle que les Américains l'ont créée l. Dans Moby Dick, le
motif de l'« open road », au lieu de nous mener dans la forêt vierge ou aux vastes
prairies de Fenimore Cooper, nous porte aux mers profondes et lointaines. Le
monde aquatique de Melville avec ses « immensités sans côtes ni havres » a est aussi
vaste que la région Glimmerglass de Deer slayer («Le tueur de daims ») ou des
grandes prairies et il est souvent dépeint à l'aide des images de l'Ouest, suggérant
ainsi que le terrain où se déroule l'action est aussi celui de l'Amérique 3. Ainsi, « le
lointain vaisseau semble se frayer un chemin non pas à travers les hautes vagues
roulantes, mais parmi les hautes herbes d'une prairie ondulante » (pp. 598-599) ;
la chasse sauvage d'une baleine harponnée exige autant d'adresse que pour éviter
de tomber dans un piège tendu par les Mingoes ou les Sioux ; le sort des hommes
encerclés dans leur canot par des centaines de baleines n'est pas moins terrifiant
que celui d'Œil-de-F

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents