Le père de Nicolas Gogol  - article ; n°1 ; vol.24, pg 82-106
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Le père de Nicolas Gogol' - article ; n°1 ; vol.24, pg 82-106

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Description

Revue des études slaves - Année 1948 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 82-106
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Robert Triomphe
Le père de Nicolas Gogol'
In: Revue des études slaves, Tome 24, fascicule 1-4, 1948. pp. 82-106.
Citer ce document / Cite this document :
Triomphe Robert. Le père de Nicolas Gogol'. In: Revue des études slaves, Tome 24, fascicule 1-4, 1948. pp. 82-106.
doi : 10.3406/slave.1948.1471
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1948_num_24_1_1471LE PÈRE
DE
NICOLAS GOGOĽ,
PAR
ROBERT TRIOMPHE.
Темно и скромно происхождение нашего
героя. Родители его были дворяне , но стол
бовые или личные, Бог ведает. . . Отец —
больной человек.
(Les âmes mortes, ch. xi.)
Le père de Nicolas Gogoľ, Vasilij Afanasjevič Janovskij (qui
deviendra plus tard V. A. Gogoi'-Janovskij ) , est né en 1777, au
chutor (chutir) de Kupcin (Kupcyn) de la sotnja^ de Sišak (Syšak), non
loin de la rivière Goltva(2), dans le district de Mirgorod (Myr-
horod) du gouvernement de Poltava. Quand il sera propriétaire à
son tour de la terre natale, celle-ci perdra le nom de Kupčin pour
devenir le domaine de Vasilij : Vasiljevka.
Le père de Vasilij, Afanasij Demjanovic, était né en 17 38.
C'était un obscur popoviè, que son père, curé de la paroisse de
Kononovka (3), avait fait instruire de son mieux : il avait achevé ses
études à l'Académie ecclésiastique de Kiev et passait pour savoir
W La division administrative de l'Ukraine, au xvme siècle, était de caractère
militaire. Tout le pays était divisé en dix polky qui englobaient les anciens gou
vernements de Poltava, Černyhiv et la ville de Kiev, chaque polk étant partagé
en sotnja de nombre variable. Les polkovnyky et les sotnyky détenaient en temps
de paix le pouvoir administratif, judiciaire et financier ; en temps de guerre ils
commandaient leur polk et leur sotnja dont les effectifs étaient composés par les
Cosaques de ces mêmes unités administratives.
® Affluent de la rive gauche du Psël (Pslo), lequel se jette à son tour dans le
Dnepr.
(î) Du district de Lubny, un peu à ľouest de Mirgorod, en direction de
Kiev.
Revue des Études slaves, t. XXIV, io,48, fasc. \-h. LE PÈRE DE NICOLAS GOGOL'. 83
plusieurs langues étrangères (1). De retour dans son village, il avait
été précepteur dans la famille des Lizogub (Lyzohub), et il
mis à profit ce séjour chez les riches pour cueillir la fortune : c'est
ainsi que, n'ayant pour tout bagage que son instruction et les
cinq paysans de son père (2), il avait su faire la conquête de la fille
de la maison, Taťjana Semënovna. Il dut, a dire vrai, pour
mener à bien ce mariage inégal, enlever la riche héritière et
l'épouser secrètement. Les Lizogub auraient d'abord refusé toute
dot et même rompu avec leur fille. Mais bientôt Taťjana reçut,
peut-être grâce aux bons offices de ses frères (3), le village de Kup-
čin, où elle vécut jusqu'à sa mort, avec près de 3oo paysans.
Ce mariage ne fut pas le dernier succès d'Afanasij : dès 1767
il avait pris du service à la Chancellerie Régimentaire (Polková
Kanceljarija) de Mirgorod, puis en 1768 à la Chancellerie Cent
rale de l'Hetman à Hluchiv (General' na Vij s' kova Kanceljarija};
promu d'abord porte-drapeau {vijs'kovyj chorunzij), ensuite (en
pysar1 et sekund-major^, il 1 781) buncukovyj tovaryš, enfin polkový j
réussit à se créer une place honorable dans cette hiérarchie cosaque
qui formait alors une caste pratiquement héréditaire. Il le dut à
ses qualités : constamment plongé dans les écritures administrat
ives, il avait « de l'énergie et le sens des affaires »(5). Mais il sut
aller plus loin encore.
A celte époque de décadence de la cosaquerie, la starsyna
cosaque, constituée généralement par d'anciens paysans qui avaient
su bien gérer leur lopin de terre, mais soucieuse de mieux conser
ver les avantages acquis et d'illustrer ses mérites, désirait posséder
M Cagovec, «Семейная хроника Гоголей я (по бумагам семейного архива),
Памяти Гоголя, Чтения в Йстор. Общ. Нестора, ід03» отДел НІ, р. 27.
(2' En réalité, le clergé d'Ukraine, issu souvent de familles ayant eu jadis
droit de noblesse en Pologne, ne reçut qu'en 1785 le droit propre aux nobles de
posséder des serfs.
(3) Cf. 0. V. Gogol'-Golovnja, citée par Veresaev, Гоголь в жизни, ідЗЗ,
p. i5.
(4) Опыт биографии H. В. Гогогя, Спб., i85i, p. soi. Telle est la forme ori
ginelle de ce titre dans le document officiel reproduit par l'auteur anonyme de la
biographie, Kulis : bunbukovyj russifié par ailleurs (p. 2) par ce même auteur en
bunčukovskij. 11 s'agissait là d'un grade honorifique conféré aux officiers attachés à
pysar' la personne était le de secrétaire l'Hetman général et chargés du polk. par celui-ci Quant au de diverses grade de missions. sekund^najor, Le polkovyj il cor
pysar' depuis que les grades cosaques avaient été respondait à celui de polkovyj
supprimés, en 1785, et^que l'ancienne starsyna avait reçu les droits de noblesse
de l'Empire. Gest à M .Élie Borščak , à qui j'exprime mes bien vifs remerciements ,
que je suis redevable de ces précisions sur l'histoire de l'Ukraine.
(5) Durylin, Из семейной хроники Гоголя, M., ío,2^' P- 8. ROBERT TRIOMPHE.
des titres de noblesse. Elle se cherchait des ancêtres, notamment
du côté des vieilles familles ukrainiennes orthodoxes ayant appar
tenu jadis à la noblesse du royaume de Pologne, et il lui suffisait
de fournir à l'appui de la généalogie invoquée des témoignages et
des documents écrits (1) pour obtenir à l'ordinaire gain de cause.
Afanasij, bien que son grade de sekund-major lui eût déjà donné
la noblesse à titre personnel, Ht comme tant d'autres. Son nom
de Janovskij n'évoquait-il pas la Pologne? Il ne devait que découv
rir le grand ancêtre nécessaire : ce fut un certain colonel Ostap
Gogoľ, doté d'une propriété terrienne en récompense de services
rendus au roi de Pologne Jean-Casimir dans la seconde moitié du
xvii6 siècle (2). Afanasij se l'annexa par une généalogie pleine d'in
certitudes et de contradictions (3), mais qui fut pourtant jugée
suffisante. C'est à partir de ce moment (1792) que, pour mieux
manifester l'authenticité de sa race, il adjoignit à son nom celui
de Gogoľ W.
A l'approche de ses vieux jours, le popovic, n'ayant plus rien à
désirer, se laissa vivre honnêtement sur ses terres de la douce vie
patriarcale de l'Ukraine, et il devint peut-être semblable à ce
vieillard affectueux, naïf et gourmand des Propriétaires de l'ancien
temps, dont le nom et le prénom font penser à lui(5). Il avait laissé
la parole au fils qui lui était né après de longues années d'un
mariage sans enfant : Vasilij.
Ce fils sut accroître l'héritage déjà considérable de son père. Il
avait fait ses études au Séminaire ecclésiastique de Poltava : une
lettre d'un de ses professeurs affirme prudemment : «Vasjuta,
Dieu merci , fait des progrès dans ses études selon la mesure de
ses forces et de ses dons ; je le fais travailler en me réglant sur ses
W Dans un pays où guerres, pillages, incendies avaient détruit toutes les
archives, on ne trouve pas moins de 100.000 documents de noblesse. Les falsif
icateurs ne devaient pas se faire payer très cher. Voir A. N. Efimenko, «Мало
русское дворянство и его судьба» (Вестник Европы, 1891, août, p. 555).
(ï) Ostap Gogoľ, colonel ďUman' et de la Podolie, hetman par intérim de
167/1 à 167g, avait pris part, dans l'armée du roi Sobieski, au siège de
Vienne.
í3) Cf. Veresaev, op. cit., pp. 1З-16. Cependant A. M. Lazarevskij (a Сведения о
предках Гоголя», Памяти Гоголя, Чтения в Истор. Общ. Нестора, і доз,
отдел II, pp. 3-і з) admettait que cette généalogie pouvait avoir pour base quelque
tradition de famille.
W C'est l'avis de Veresaev, op. cit., p. 16. Korobka («Детство и юность
Гоголяя, Среда и семья, Ж. М. Н. П., février ідоз, pp. зЗд et suiv.) interprét
ait le nom de Gogoľ comme le véritable et faisait de Janovskij une šljachet-
ikaja pribavka. Mais les arguments fournis par Veresaev paraissent décisifs.
{5> Le prénom est le même; le nom, Tovstogub, fait penser à Lizogub. LE PÈRE DE NICOLAS GOGOĽ. 85
forces physiques qui se révèlent médiocres 

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