Le pouvoir royal et l introduction en France de la Couronne fermée - article ; n°2 ; vol.106, pg 404-413
11 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le pouvoir royal et l'introduction en France de la Couronne fermée - article ; n°2 ; vol.106, pg 404-413

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
11 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1962 - Volume 106 - Numéro 2 - Pages 404-413
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 0
Langue Français

Extrait

Monsieur Michel François
Le pouvoir royal et l'introduction en France de la Couronne
fermée
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 106e année, N. 2, 1962. pp. 404-
413.
Citer ce document / Cite this document :
François Michel. Le pouvoir royal et l'introduction en France de la Couronne fermée. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 106e année, N. 2, 1962. pp. 404-413.
doi : 10.3406/crai.1962.11487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1962_num_106_2_11487404
COMMUNICATION
LE POUVOIR ROYAL
ET L'INTRODUCTION EN FRANCE DE LA COURONNE FERMÉE, .
PAR M. MICHEL FRANÇOIS.
J'ai l'intention de proposer, en faisant état de recherches qui sont
toujours en cours, une réponse à un certain nombre de questions
qui se posent inévitablement au sujet de l'apparition en France de
la couronne fermée comme symbole du pouvoir royal :
multiples et qui ne sont pas d'hier mais qu'au-delà des cas d'espèces
et des considérations secondes je voudrais réduire à deux : est-il
possible, d'une part, d'établir sur les données d'une chronologie
sûre les conditions dans lesquelles la couronne fermée a été adoptée
définitivement comme insigne de la royauté française 7 d'autre
part, existe-t-il un lien entre l'apparition de cette couronne et les
conceptions que l'on a pu se faire alors du pouvoir royal ?
La réponse apportée depuis longtemps, admise encore commu
nément et qui, si on la retenait, satisferait aux deux questions est
que la couronne fermée a été adoptée de parti pris par François Ier
du jour où il est entré en compétition avec Charles-Quint à l'occa
sion de l'élection à l'Empire en 1519. Or il y a là une affirmation
qui me paraît s'accorder mal, dans sa formulation abrupte, avec
une réalité qui se révèle plus complexe, qu'il s'agisse aussi bien
des figurations de la couronne que nous avons conservées de
l'époque que de la valeur de symbole que leur ont apportée les
contemporains.
Je dois préciser tout de suite que la couronne fermée se distingue
de la couronne ouverte en ceci que la ouverte est essentie
llement faite d'un cercle ou bandeau, lequel était en France orné de
plaques et de pierres précieuses et surmonté d'un nombre variable
de fleurons en forme de fleur de lis, alors que la couronne fermée
comporte, outre ce bandeau, un nombre, variable lui aussi, d'arcs
ou arceaux (deux, trois ou quatre) qui se croisent en leur milieu et
qui sont — ou non — sommés en ce milieu d'un ornement, une pierre,
une croix ou une fleur de lis.
L'expression « couronne fermée » est constante en France depuis
le xvne siècle. On parlait au xvie de couronne « ansée » ou « close »
comme on dit encore en anglais « closed crown » et en allemand
« geschlossene Krone », l'expression de « Bûgelkrone » paraissant
réservée de préférence pour désigner la couronne à un seul arceau
allant du front à la nuque, telle que l'ont portée les empereurs INTRODUCTION EN FRANCE DE LA COURONNE FERMÉE 405
saxons, les Otton, au xe siècle1. Froissart, relatant le couronnement
du roi d'Angleterre Henri iv en 1399, avait dit de sa couronne qu'elle
était « archée en croix » mais on disait aussi en France de cette cou
ronne qu'elle était « impériale » ou « à l'impériale ». Bien plus l'abbaye
de SaintrDenis aurait déjà possédé une couronne de ce type au
xive siècle puisque « un grand couronne impériale » figure parmi
les joyaux que Philippe vi emprunta à l'abbaye comme gage des
emprunts qu'il dut contracter en 1340 pour faire face aux premières
actions offensives d'Edouard ni2.
C'est à dessein que j'ai employé plus haut l'expression de « figu
rations de la couronne » car nous sommes en France plus mal placés
que partout ailleurs en Europe pour parler des regalia en raison du
fait que le trésor de l'abbaye de Saint-Denis où ils étaient conservés
en tout cas depuis Philippe Auguste a été, on le sait, dispersé à
la Révolution et que les deux seules couronnes que nous possédions
encore et qui sont conservées à la galerie d'Apollon au Musée du
Louvre sont celle, privée de ses pierres, de Louis xv et celle que
Napoléon fit faire pour son sacre alors que, dans une communicat
ion qu'il présentait aux semaines de Spolète en 1955 sur Lo stato
post carolingio e i suoi simboli del potere?, le professeur Percy
E. Schramm pouvait faire état d'environ deux douzaines de cou
ronnes de souverains du Moyen Age (exception faite des rois de
France) conservées dans les musées ou trésors d'églises d'Europe.
On ne s'étonnera pas non plus que dans le beau livre qu'il a consa
cré au roi de France, le même professeur Schramm ait été parti
culièrement réservé sur la forme des couronnes des rois de France
pendant le Moyen Age et au xvie siècle4.
Si d'autre part nous interrogeons les travaux qui ont été plus
ou moins récemment consacrés à l'étude du pouvoir royal en France
1. Sur l'origine de cette couronne et son évolution du Xe au xme siècle nous sommes
particulièrement bien renseignés par les travaux de Joseph Leer, < Der Ursprung der
Kaiserkrone », Schweizer Beitrâge zur allgemeinen Geschichte, t. VIII (1950), p. 51-87 ;
Percy E. Schramm, Herrschaftszeichen und Staatssymbolik (Schriften der Monumenta
Germaniae Historica, 13/I-III, 1956) ; « Die Biïgelkrone, ein karolingisches Herr-
schatszeichen », Festschrift fur K. G. Hâgélmann, Aalen, 1959, in-8°, p. 561-578;
A. Grabar, « L'archéologie des insignes médiévaux du pouvoir », Journal des Savants,
1956.
2. Dom Jacques Doublet, Histoire de l'abbaye de Saint-Denys, Paris, 1625, in-4°,
p. 9. — Je dois à M. le comte Biaise de Montesquiou, et je l'en remercie, de pouvoir
signaler que l'inventaire du trésor de Saint-Denis de 1634 qui reproduit ceux de 1504
et de 1534 (les premiers que nous en ayons conservés) fait état d'une couronne à quatre
arcs surmontés d'un rubis offert par Jean le Bon.
3. Dans I problemi comuni dell' Europa postcarolingia* Spolète, 1955, in-8°, p. 149-199.
4. Der Kônig von Frankreich. Dos Wesen der monarchie vom 9. bis zum 16. Jahrhundert,
2e édit., Weimar, 1960, 2 vol. in-8°. L'histoire des couronnes des monarchies d'Europe a
fait l'objet tout récemment d'un magnifique volume, que je dois à l'obligeance de
M. Pierre Verlet d'avoir connu, de Lord Twinning, A history o/ crown jewels in Europe,
Londres, 1960, in-4°, précieux complément à l'ouvrage classique de G. Bapst, Histoire des
joyaux de la couronne de France, Paris, 1889, in-8°. 406 COMPTES RENDUS DE iJ ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
au xvie siècle1, nous ne voyons pas qu'une place quelconque ait été
faite par leurs auteurs à la couronne, j'entends à la couronne comme
objet, dans sa matérialité2.
En l'absence donc de toute couronne authentique, quels ense
ignements pouvons-nous retirer des témoignages figurés que nous
en avons conservés ? Et d'abord le sceau de France. Aussi bien
c'est par lui qu'il convient de commencer puisqu'il est le signe sen
sible de l'autorité du souverain, l'un des éléments essentiels de la
validation de ses actes et que, d'autre part, nous disposons avec lui
d'une chronologie sûre. Or, depuis qu'il a pris avec Henri ier sa forme
ronde au type de majesté et jusqu'à la fin du règne de François Ier,
le grand sceau nous montre le roi portant une couronne ouverte
de même qu'au revers lorsqu'à partir de Louis xi une couronne
vient sommer l'écu aux trois fleurs de lis, celle-ci sera toujours
ouverte. On ne peut retenir comme une exception à cette règle la
présence au bas de la ratification par François ier du traité de paix
perpétuelle qu'il venait de conclure en 1527 avec Henry vin d'un
sceau d'or où le roi apparaît à l'avers avec une couronne fermée,
laquelle se retrouve au revers surmontant l'écu de France : il s'agit
ici, comme l'a bien montré M. Clovis Brunel3, d'un sceau de ci
rconstance, d'une œuvre d'orfèv

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents