Le Punyavantajâtaka : analyse structurale d un jâtaka - article ; n°4 ; vol.19, pg 685-695
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 685-695
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Atsuhiko Yoshida
Le Punyavantajâtaka : analyse structurale d'un jâtaka
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N. 4, 1964. pp. 685-695.
Citer ce document / Cite this document :
Yoshida Atsuhiko. Le Punyavantajâtaka : analyse structurale d'un jâtaka. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e
année, N. 4, 1964. pp. 685-695.
doi : 10.3406/ahess.1964.421197
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_4_421197Le Punyavantajâtaka,
analyse structurale ďun Jâtaka
juillet-août Une précédente 1962, pp. étude 647-662), de M. Atsuhiko avait décelé Yoshida une expression (Annales,
de Vidéologie indienne dans un roman bouddhique chinois.
Les pages qui suivent examinent un Jâtaka du même point
de vue. Un des principaux intérêts de cette rigoureuse analyse
structurale est de mettre fortement en valeur une distinction
que méconnaissent presque tous mes critiques : dans VInde
même, à plus forte raison chez les autres peuples indo-euro
péens, Vidéologie tripartie ne se réduit pas à la division des
hommes en trois classes, ne se centre même pas sur elle, peut
exister sans elle et, en tous cas, la déborde largement.
M. Yoshida montre fort bien que les cinq concepts qui sont
incarnés dans les cinq personnages du Jâtaka ne se réfèrent
pas à une organisation sociale, mais à un système idéologique.
On comparera quelques remarques de mes Aspects de la
Fonction Guerrière, p. 79.
Georges Dumézil.
Le Punyavantajâtaka a attiré l'attention des folkloristes par le motif
du « Jugement de Salomon » qu'il contient 1. Sa structure, d'autre part,
a donné lieu à des rapprochements avec le système des castes 2. C'est
ce dernier problème que nous nous proposons d'aborder ici. Il existe
de ce Jâtaka quatre versions principales en quatre langues : une
version indienne, dans le Mahâvastu 3, une version tibétaine, dans le
1. Cf. R. Fick, F.F.C., XXXV, n° 98, 1932 (Introduction à Th. Benfey, Die Reise
der Drei Sônhe des Kônigs von Serendippo), pp. 19-23.
2. J. Hertel, Das Pancatantra, 1914, pp. 374-375.
3. Б. Sénart, Le Mahâvastu, III, 1882, pp. 33-41. Pour le Mahâvastu, voir
M. Winternitz, Geschichte der Indischen Literatur, II, 1913, pp. 187-193 ; L. de la
Vallée Poussin, dans YEncycl. de Hastings, au mot « Mahâvastu ». D'après A. Barth,
Journal des Savants, 1899, pp. 459, 517, 623, la rédaction du livre tel que nous l'avons
i n'a probablement pas été achevée avant le VIe siècle ». Mais, comme les savants le
685 ANNALES
Kandjour г, une version chinoise, dans le Cheng King 2, une version
tokharienne 8. En voici de brefs résumés.
Version indienne.
Puwyavanta, fils d'un roi de Bénarès, avait quatre amis nommés
Vîryavanta, Çilpavanta, Rûpavanta et Prajnâvanta, tous quatre fils
des ministres de son père. Les cinq jeunes gens se distinguaient par les
vertus que leurs noms, en effet, désignent : vîrya (force physique), çilpa
(ingéniosité), rûpa (beauté), prajinâ (intelligence), ршгуа (chance) 4, et
chacun prétendait que sa vertu propre surpassait celle des autres. Un
jour, voulant prouver la supériorité du ршгуа, le prince Punyavanta
proposa à ses amis d'aller faire l'épreuve de leurs vertus dans un pays
étranger. Ils acceptèrent et se rendirent au royaume de Kampilla.
Voyant une énorme pièce de bois de santal qui flottait sur le Gange,
Vîryavanta, grâce à sa force, la ramena jusqu'à la rive et gagna cent mille
purâna par la vente de ce santal.
Çilpavanta participa à un concours de musique où, grâce à son habileté
à jouer du luth, il battit les fils de ministres et de marchands, et gagna
beaucoup d'or et d'argent.
Rûpavanta, par sa beauté, se fit aimer d'une riche courtisane qui
l'invita chez elle et le combla de cadeaux. A la demande de son amant,
elle invita ses amis et leur offrit cent mille pièces d'or.
Prajnâvanta sut terminer élégamment un curieux procès en rendant
un véritable « Jugement de Salomon » : une courtisane réclamait cent
mille pièces d'or au fils d'un marchand qui s'était diverti avec elle en
rêve au cours de la nuit précédente ; Prajnâvanta fit déposer la somme
réclamée devant un miroir et invita la courtisane à s'enparer de l'image
de l'or. En récompense de ce verdict, il reçut, lui aussi, beaucoup d'or et
d'argent.
Puwyavanta, enfin, se fit inviter par un fils de ministre qui, après
l'avoir fait festoyer, le laissa reposer et dormir dans un carrosse. Sur
reconnaissent unanimement, l'ouvrage, dans son ensemble, n'en est pas moins très
ancien.
1. Le Jâtaka en question occupe les feuilles 1-22 de l'édition Nartung des Sûtras
(Mdo), cinquième grande section du Kandjour. Nous avons suivi la traduction all
emande de É. A. von Schiefner, que reproduit Th. Benfey, Pantschatantra, II, 1859,
pp. 535-537. Pour le Kandjour, voir A. Cosma Kôrôsi, Asiatic Researches, XX, 1836,
pp. 41-93 et 391-585. D'après ce savant, la traduction du canon tibétain daterait,
pour la plus grande partie, du ixe siècle. Mais les sources indiennes que les traduc
teurs tibétains ont rendues en leur langue avec l'exactitude qui les distingue de leurs
homologues chinois ou japonais, sont naturellement beaucoup plus anciennes.
2. E. Сна vannes, Cinq cents contes et apologues, III, 1911, n° 427. La traduction
chinoise date de l'an 285 ; la qualité en serait toutefois très médiocre (ibid., I, 1910,
Introduction, p. vu).
3. E. Sieg et W. Siegling, Tocharische Sprachreste, I, 1921, feuilles 1-17.
4. Pour la signification de puraya, voir ci-dessous, pp. 692-693.
686 JATAKA UN
ces entrefaites la fille du roi le trouva dans le carrosse, et y passa la nuit
avec lui ; puis elle l'amena à son père. Le prince plut au roi et, comme ce
dernier était vieux et sans héritier, il céda son royaume à Punyavanta,
qui gagna ainsi, par son «punya», à la fois un et la fille d'un roi.
Version tibétaine.
Un roi avait déjà quatre fils : Rûpavant, Vîryavant, Çilpin et Pra-
jnâvant, lorsque, sous les signes les plus favorables et les plus merv
eilleux, la reine donna naissance à un cinquième enfant que l'on nomma
Punyabala à cause des miracles qui avaient accompagné aussi bien sa
conception que sa naissance. Conformément à son nom, l'enfant pratiqua
l'aumône et les bonnes œuvres et, par les mérites de ces œuvres, acquit
un immense pouvoir.
Les cinq princes se rendirent à l'étranger pour éprouver leurs vertus
et chacun se fit rapidement une fortune : Rûpavant par sa beauté, Vîrya
vant en retirant d'un fleuve rapide et profond une grande pièce de santal,
Çilpin par son habileté et Prajnâvant en s'associant à deux chefs de
marchands.
Quant à Punyabala, grâce au pouvoir de ses vertus, il fit de nom
breux miracles. Un pauvre homme qui le reçut chez lui devint riche. Le
quartier où il séjournait prospéra. Et lorsqu'il donna en aumône ses
bras et ses jambes, de nouveaux membres lui poussèrent en présence
de Cabra (Indra). Aussi, quand le roi du pays vint à mourir sans héritier,
ce fut Punyabala qu'on alla chercher pour lui donner le trône. On le
trouva dans un bois sacré, couché à l'ombre d'un figuier açoka. Des
rêves merveilleux flottaient alentour et toutes les fleurs tournaient vers
lui leurs corolles. Devenu roi, il procura la prospérité à son royaume.
La renommée de ses vertus se répandit et attira à sa cour d'abord ses
frères aînés, qu'il reçut avec amitié et respect, puis un grand nombre
de rois, y compris son père, qui tous se soumirent volontairement à son
pouvoir. Il devint ainsi l'empereur de toutes les Indes qui, sous le règne
de ce souverain vertueux, parvinrent à une grande prospérité.
Version chinoise.
Un roi avait cinq fils, dont le premier était avisé, le second ingénieux,
le troisième beau, le quatrième énergique et le cinquième doué de la
vertu qui procure le bonheur. Un jour, après avoir chacun célébré en
vers sa propre vertu, ils décidèrent de partir séparément dans des pays
étrangers et d'y essayer leurs mérites.
Parti le premier, l'A

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