Le recensement indien de 1961 - article ; n°2 ; vol.19, pg 309-324

Gilbert Étienne

Description

Population - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 2 - Pages 309-324
Les travaux de Gilbert Etienne, qui enseigne à l'Institut des Hautes Études internationales à Genève, ont retenu l'attention à plusieurs reprises, en particulier, ses ouvrages et divers articles ou notes parus dans Population. De toutes les populations du monde, celle de l'Inde est peut-être celle qui donne le plus de préoccupations, du fait de sa dimension, mais aussi de sa densité et du très faible niveau de vie de sa population. Au cours d'un long séjour en ce pays, M. G. Etienne a pu procéder à de nouvelles études de caractère statistique, économique et sociologique. Il analyse ici les résultats du recensement de 1961 et les accompagne de commentaires documentés, sur la prévention des naissances et les difficultés alimentaires du pays.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1964
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
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Extrait

Gilbert Etienne
Le recensement indien de 1961
In: Population, 19e année, n°2, 1964 pp. 309-324.
Résumé
Les travaux de Gilbert Etienne, qui enseigne à l'Institut des Hautes Études internationales à Genève, ont retenu l'attention à
plusieurs reprises, en particulier, ses ouvrages et divers articles ou notes parus dans Population. De toutes les populations du
monde, celle de l'Inde est peut-être celle qui donne le plus de préoccupations, du fait de sa dimension, mais aussi de sa densité
et du très faible niveau de vie de sa population. Au cours d'un long séjour en ce pays, M. G. Etienne a pu procéder à de
nouvelles études de caractère statistique, économique et sociologique. Il analyse ici les résultats du recensement de 1961 et les
accompagne de commentaires documentés, sur la prévention des naissances et les difficultés alimentaires du pays.
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Etienne Gilbert. Le recensement indien de 1961. In: Population, 19e année, n°2, 1964 pp. 309-324.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1964_num_19_2_8329LE RECENSEMENT INDIEN DE 1961
des Les Hautes travaux Études de internationales Gilbert Etienne, à Genève, qui enseigne ont retenu à l'Institut l'atten
tion à plusieurs reprises, en particulier, ses ouvrages et divers
articles ou notes parus dans Population (1).
De toutes les populations du monde, celle de l'Inde est
peut-être celle qui donne le plus de préoccupations, du fait
de sa dimension, mais aussi de sa densité et du très faible
niveau de vie de sa population.
Au cours d'un long séjour en ce pays, M. G. Etienne a pu
procéder à de nouvelles études de caractère statistique, écono
mique et sociologique. Il analyse ici les résultats du recensement
de 1961 et les accompagne de commentaires documentés, sur la
prévention des naissances et les difficultés alimentaires du pays.
Indépendante depuis 1947, l'Inde a préservé l'usage du recensement décen
nal hérité des Britanniques. En 1951 et en 1961, l'énumération complète de la
population a été entreprise avec une précision et un soin suffisants pour nous
permettre de serrer la réalité de près.
Sur la base du recensement opéré principalement le 5 mars 1961 et compte
tenu de contrôles effectués à la fin mars, la marge d'erreur possible est de
8 à 6 °/oo en plus ou en moins, alors que les limites admises en 1951 étaient de
12 et 10 °/oo ^» Cette amélioration s'explique par la préparation poussée du
recensement et par les progrès des services statistiques. En 1951, les remous
résultant de l'accession à l'indépendance n'avaient pas tous été éliminés.
L'importance du dernier recensement mérite d'être soulignée. Tout d'abord,
nous avons à notre disposition des données abondantes sur le pays le plus
peuplé du monde après la Chine. Secondement, plusieurs renseignements
tirés de l'expérience indienne ont une valeur qui dépasse le cadre du territoire,
contribuant ainsi à clarifier les phénomènes démographiques observés dans
l'ensemble de l'Asie.
Le premier rapport de base, cité plus haut, va être suivi de plusieurs autres,
nous fournissant des informations jusqu'au niveau du village et des données
détaillées sur les classes d'âge, la mortalité, la natalité... Étant donné les délais
assez longs de ces publications, il nous paraît préférable de ne pas attendre,
même s'il nous faut présenter certains éléments de manière provisoire.
(*) La population de l'Inde. Perspectives démographiques et alimentaires. Population,
1957, n° 4, p. 661 à 678.
Quelques données récentes sur la population en Chine. Population, 1962, n° 3, p. 459
à 464.
La Grande Malaisie. Vues sur l'économie et la population de Singapour, de la Fédérat
ion de Malaisie et de Bornéo du Nord. Population, janvier-mars 1963, p. 111 à 128.
(2) Census of India, Paper no. 1 of 1962, p. VII, Delhi, Govt. of India Press, 1962. 310 LE RECENSEMENT INDIEN DE 1961
L'organisation du recensement a en outre commencé la publication de
monographies, décrivant chacune un village. Fort bien présentées, celles-ci
nous font saisir sur le vif les problèmes socio-économiques de l'Inde rurale.
La croissance Un des faits les plus saillants du recensement
de la population 1951-61. de 1951 était le faible taux de la croissance
démographique. A l'époque, la population
augmentait d'environ 1,3 % par an, la mortalité se situant entre 27 et 31 °/oo,
la natalité entre 41 et 43 °/oo ^. Si l'ordre de grandeur des deux derniers
chiffres n'a rien d'exceptionnel pour une population du Tiers Monde, en
revanche la mortalité était encore très élevée. A l'époque, nombre de pays
asiatiques indiquaient déjà des taux de 20 °/oo ou moins. Il fallait donc s'attendre
à une accélération : la mortalité baissant à la suite des progrès de l'hygiène et
des programmes de développement en général, la natalité restant à peu près
constante.
Le recensement de 1961 a largement confirmé ces prévisions, démontrant
après d'autres expériences, le caractère jusqu'à maintenant inéluctable du
phénomène. La population a passé de 361 millions à 439 millions, dépassant
ainsi toutes les prévisions :
Registrar general (en 1951), 407 millions (organisation du recensement);
Kingsley Davis, 402 millions;
Coale and Hoover (en 1956), 424
Planning Commission, 431 millions (Census, p. X).
L'accroissement décennal est de 21,5 °/o, ce qui sous-entend, aujourd'hui,
dans l'hypothèse où les deux recensements seraient rigoureusement compar
ables, un taux annuel oscillant entre 2,2 et 2,5 °/o, soit 9 à 11 millions de
personnes supplémentaires chaque année.
L'espérance de vie à la naissance a passé de 32,1 à 41,2 ans ^.
L'enregistrement des naissances et des décès demeurant trop imparfait,
malgré les efforts entrepris, seules des études limitées, ainsi que l'analyse des
tables d'âges permettent de préciser les taux réels. L'actuaire du recen
sement avance divers chiffres : tout d'abord 41,7 %o pour la natalité et
22,8 °/oo pour la mortalité, c'est-à-dire un accroissement de 1,89 % par an,
chiffre sensiblement inférieur à la moyenne du taux décennal.
Entreprenant d'autres calculs et s'appuyant sur le modèle démographique
des Nations Unies, ledit actuaire présente une autre hypothèse pour 1960 :
natalité, 41,3; mortalité, 19,7; espérance de vie à la naissance, 45 ans.
(1) 27et40°/00 sont les chiffres du recensement, 31 et 43 ceux de A. J. Coale et E.M. Hoover,
Population growth and economic development in low-income countries, Princeton, Princeton
University Press, 1958.
<2j Rising expectation of life in India, rapport ronéoté par le Registrar General of India,
Ministry of Home Affair. Reproduit dans la presse, entre autres par le Times of India du
4-12-1963. LE RECENSEMENT INDIEN DE 1961 311
Ces derniers chiffres sont sans doute près de la réalité. Ainsi que nous le
verrons, la propagande en faveur de la prévention des naissances n'a pas pris
une ampleur suffisante pour réellement affecter la natalité. L'hypothèse d'une
légère hausse de celle-ci n'a rien non plus d'anormal. Les observations faites
en Inde et à Ceylan notamment montrent que les progrès de l'hygiène ne
sont pas sans influence sur la natalité.
La baisse de la mortalité, depuis 1951, paraît certaine. La malaria, qui tou
chait alors 100 millions de personnes (1 million de décès par an) est réduite à
ses derniers retranchements. La tuberculose est attaquée en masse par le
B.C.G., les épidémies sont également en recul prononcé. Même si celles-ci
n'ont pas entièrement disparu, les chiffres suivants sont révélateurs. Du
1er janvier au 31 octobre 1963, le choléra a provoqué la mort de 4.613 personnes
au Bengale occidental, 1.780 en Andhra, 1.769 à Madras, 1.161 en Orissa, soit
un total de 9.323 pour 121 millions d'habitants. Dans d'autres états où l'épidé
mie s'est montrée plus bénigne on a compté 1.971 décès sur 183 millions
d'habitants (1).
De leur côt