Le renversement du souverain injuste. Un débat sur les fondements de la légitimité islamique en Afrique noire au XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.40, pg 509-519
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Le renversement du souverain injuste. Un débat sur les fondements de la légitimité islamique en Afrique noire au XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.40, pg 509-519

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1985 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 509-519
The Overthrow of the Unjust Sovereign : the Islamic Legitimacy in Black Africa in the 19th Century
The 19th century Sudano-Sahelian Africa is characterised by ideological wars of inconsiderable dimension better known under the name of jihad. The conduct of these jihad, which gave rise to an important literacy production, cannot be separated from the definition of political models. An extreme case has here been chosen as a mean of providing a clear and illuminating example. This case concerns conflict which confronted two Moslem forces both products of jihad movements and drawing upon the same ideological sources Thus two conceptions power and islamie legitimacy are in conflict. The protagonists of this story are al-Hajj Umar Tal, leader ot the Tijaniyya brotherhood, and Amadu Amadu, sovereign of the Islamic State of Masina, in present day Mali. The argument of al-Hajj Umar, as it is notably expressed in Bayan ma waqa a, tends to establish that Amadu Amadu is a corrupt amir, guilty of collusion (muwalat) with the Infidelity (Kufr). This argument borrows its model from the literature of the caliphate of Sokoto and, through this, returns to the founding teachings of a modest Algerian faqih of the 15th century by the name of al-Maghili.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Triaud
Le renversement du souverain injuste. Un débat sur les
fondements de la légitimité islamique en Afrique noire au XIXe
siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 3, 1985. pp. 509-519.
Abstract
The Overthrow of the Unjust Sovereign : the Islamic Legitimacy in Black Africa in the 19th Century
The 19th century Sudano-Sahelian Africa is characterised by ideological wars of inconsiderable dimension better known under
the name of jihad. The conduct of these jihad, which gave rise to an important literacy production, cannot be separated from the
definition of political models. An extreme case has here been chosen as a mean of providing a clear and illuminating example.
This case concerns conflict which confronted two Moslem forces both products of jihad movements and drawing upon the same
ideological sources Thus two conceptions power and islamie legitimacy are in conflict. The protagonists of this story are al-Hajj
Umar Tal, leader ot the Tijaniyya brotherhood, and Amadu Amadu, sovereign of the Islamic State of Masina, in present day Mali.
The argument of al-Hajj Umar, as it is notably expressed in Bayan ma waqa a, tends to establish that Amadu Amadu is a corrupt
amir, guilty of collusion (muwalat) with the Infidelity (Kufr). This argument borrows its model from the literature of the caliphate of
Sokoto and, through this, returns to the founding teachings of a modest Algerian faqih of the 15th century by the name of al-
Maghili.
Citer ce document / Cite this document :
Triaud Jean-Louis. Le renversement du souverain injuste. Un débat sur les fondements de la légitimité islamique en Afrique
noire au XIXe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 3, 1985. pp. 509-519.
doi : 10.3406/ahess.1985.283180
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1985_num_40_3_283180JEAN-LOUIS TRIAUD
LE RENVERSEMENT DU SOUVERAIN INJUSTE
UN BAT SUR LES FONDEMENTS DE LA GITIMIT ISLAMIQUE
EN AFRIQUE NOIRE AU XIXe SI CLE
Le xixe siècle en Afrique de Ouest soudano-sahélienne est caractérisé par
des guerres idéologiques de grande ampleur plus connues sous le nom ae ihad
Ces ont donné lieu une intense production littéraire polémique et jus
tificative qui témoigne notamment du développement une classe de clercs
dans toutes ces sociétés et de aspiration au moins une partie de ces clercs
la conquête du pouvoir politique1 Ces ihad sont certes dirigés contre le
paganisme mais ils visent au premier chef un certain nombre de pouvoirs éta
blis qui pratiquent Islam depuis plusieurs siècles mais accommodent en
même temps de coutumes et usages anté-islamiques et vivent en bonne intelli
gence avec les non-musulmans est ce que les tenants des ihad dénoncent
sous le nom de ikhtilat mélange est-à-dire mélange avec le paganisme)
Ces jihad représentent donc plus des mouvements de purification et de
réforme de Islam que des entreprises de conquête systématique en territoire
infidèle Des groupes de clercs qui pour telle ou telle raison historique et par
leur origine ethnique ou sociale se trouvaient écart de cet Islam établi Islam
de cour et de marchands se posent travers ces luttes en candidats au pouvoir
Pour ces mujahidun la construction une société musulmane authentique
passe par édification un véritable tat islamique libéré de toute contami
nation païenne La conduite de ces ihad est donc inséparable de la définition
de modèles politiques
Mais le déroulement de ces ihad entraîne ici et là des conflits ouverts
avec autres autorités musulmanes Certaines effondrent et histoire apo
logétique issue des jihdd efforcera de démontrer aux générations sui
vantes le paganisme foncier des vaincus autres pouvoirs tiennent bon et
Annales ESC mai-juin 1985 no pp 509-519
509 SOCIOLOGIE DU RELIGIEUX
portent un coup arrêt au mouvement ae jihad ainsi le Borno face au califat
de Sokoto Dans un cas extrême on voit même deux groupes musulmans issus
un et autre de jihad presque contemporains affronter directement
ce que mort ensuive pour les deux champions en présence est précisément
intérêt des cas extrêmes que de servir de révélateur et est analyse de ce cas
que nous voudrions présenter ici
affrontement fratricide et qui fut bien ressenti comme tel époque
pose une autre série de problèmes juridiques comment justifier au nom de
la foi une guerre entre musulmans déclarés Deux conceptions du pouvoir de
la légitimité islamique et de appartenance Islam sont donc ici aux prises Et
est ce qui nous intéresse car cet affrontement nous donne occasion de mieux
cerner les outils juridiques utilisés par les musulmans ouest-africains de
époque
Ces constructions juridiques il est bon de le rappeler sont le produit de
professionnels de la religion Ils sont des modèles cléricaux et la littérature qui
leur est consacrée est une littérature cléricale Mais ces leaders et ces modèles
ont servi de référence idéologique des groupes sociaux qui se sont reconnus
dans les combats des jihad Il faut donc garder en perspective le lien étroit qui
existe avec des médiations multiples entre les elaborations savantes et les
mouvements sociaux entre la cohérence une tradition juridique et les aspira
tions des groupes qui en font les porteurs
Deux figures islamiques deux légitimités
Les deux protagonistes de cette histoire sont al-Hajj Umar El Had Omar
le Futanké est-à-dire originaire du Futa Toro au nord du Sénégal actuel et
Ahmad Ahmad ou Amadu Amadu souverain de tat islamique ou
Dima du Masina
Al-Hâjj Umar est né vers 1794 dans une famille de maîtres école cora
nique Initié assez tôt dans la confrérie Tijaniyya qui commence peine son
expansion au sud du Sahara il prend la route du pèlerinage autour de 1825 Ce
voyage aller puis au retour lui donne occasion de traverser les principales
sociétés musulmanes entre Atlantique et lac Tchad Dans les Lieux Saints il est
confirmé et promu dans la Tijaniyya par un des principaux responsables de la
confrérie son retour en Afrique al-Hajj Umar séjourne près de sept ans
auprès de Muhammad Bello fils Usm dan Fodio et deuxième calife de
Sokoto est là il initie aux mécanismes un jihad victorieux Lui-même
installé plus tard aux confins de la Guinée et du Mali actuels lance son propre
jihad en 1852 et par un mouvement tournant en Sénégambie renverse un cer
tain nombre Etats païens ou nominalement islamisés de la zone Il se frotte
aux Fran ais sans succès avant de se tourner vers est en direction du fleuve
Niger partir de 1855 les forces al-Hajj Umar approchent de la zone
influence un autre tat musulman de la région le Masina2
Le Masina occupe le delta intérieur du Niger est un tat islamique de
constitution récente issu un jihad mené contre les dirigeants païens de la
région mais aussi contre establishment islamique des centres urbains locaux
notamment les lettrés de la ville de enne Le mouvement été dirigé par un
510 J.-L TRIAUD LA GITIMIT ISLAMIQUE EN AFRIQUE NOIRE
clerc de rang modeste connu sous le nom de Seku Amadu Cheikou/Sékou
Amadou La victoire décisive de ce ihad est survenue en 1818 tat
construit de toutes pièces sur cette base comporte des traits caractéristiques
est une sorte tat ethnique pullo peul gouverné par une bureaucratie clé
ricale Au sommet imam âmir minm donc pourvu une titula-
ture califale est entouré un Grand Conseil composé de savants et de lettrés
La religion pratiquée est austère voile imposé aux femmes interdiction du
tabac etc. époque al-Hajj Umar le souverain en place est le deuxième
successeur et petit-fils du fondateur il se nomme Amadu Amadu Ce person
nage est pas lui-même un grand savant Une génération peine après la fon
dation de la Diina une certaine décadence de inspiration religieuse du début se
manifeste donc comme dans tous les tats de ce type Mais la législation isla
mique le contrôle de administration par les clercs et les références Islam
sont bien implantés3
un côté par conséquent un tat en formation vocation impériale qui
brasse sur de vastes étendues des populations variées est celui al-Hajj
Umar De autre un tat quasi national limité dans son espace et soumis un
quadrillage administratif solide En dépit une commune référence Islam
voire la culture peul qui est aussi celle des Futanké) les modèles politiques
on va le voir ne fonctionnent pas de la même manière
Le Masina se définit comme un califat constitué et son souverain comme
nous avons vu revendique la titulature

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