Le rôle de l armée pendant la période initiale de la réforme agraire - article ; n°89 ; vol.23, pg 27-37
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Description

Tiers-Monde - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 89 - Pages 27-37
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Colonel Pezarat Correira
Le rôle de l'armée pendant la période initiale de la réforme
agraire
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°89. pp. 27-37.
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Pezarat Correira Colonel. Le rôle de l'armée pendant la période initiale de la réforme agraire. In: Tiers-Monde. 1982, tome 23
n°89. pp. 27-37.
doi : 10.3406/tiers.1982.4090
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_89_4090LE MOUVEMENT SOCIAL
LE RÔLE DE L'ARMÉE
PENDANT LA PÉRIODE INITIALE
DE LA RÉFORME AGRAIRE*
par le colonel Pezarat Correia**
Le 2j avril fut, au départ, un coup d'Etat militaire sut generis dont
l'objectif était la libération du peuple portugais de la dictature salazariste-
caetaniste et de la domination du grand capital. Ce fut un coup d'Etat
original car, bien que déclenché par des officiers, il allait à la rencontre
des aspirations profondes d'un peuple qui luttait depuis de longues
années pour la liberté. A l'inverse de la plupart des coups d'Etat mili
taires qui s'auto-justifient par la soi-disant fragilité des Etats démocrat
iques et dont les auteurs sont motivés par des valeurs d'ordre et d'autor
ité, celui du 25 avril se proposait sans équivoque de restituer le pouvoir
à son détenteur légitime, le peuple.
Le programme du Mouvement des Forces armées (mfa), prenant en
compte ce message libérateur et démocratique, ouvrait la voie à un projet
progressiste de société et indiquait clairement que les capitaines ne pré
tendaient pas remplacer l'oligarchie renversée par une autre de nature
militaire. Cette position entraîna une enthousiaste adhésion populaire
ainsi que l'accord des organisations politiques qui s'étaient battues avec
ténacité, dans la clandestinité, contre le régime et qui avaient tant
contribué à la prise de conscience des militaires ď avril.
La réforme agraire dans le contexte du « 2/ avril »
En matière économique et sociale, le programme du mfa présentait,
dans ses mesures à court terme : « une politique économique mise au service
* Traduction : l'auteur et Bernard Roux.
** Membre du Conseil de la Révolution.
Revue Tiers Monde, t. XXIII, n° 89, Janvier-Mars 1982 28 COLONEL PE2ARAT CORREIA
du peuple portugais, en particulier des couches les plus défavorisées... ce qui
impliquera nécessairement une stratégie antimonopoliste ; une nouvelle politique
sociale qui, dans tous les domaines, aura essentiellement comme objectif la défense
des intérêts des classes travailleuses... ». De ces mesures découla le programme
du premier gouvernement provisoire, installé environ trois semaines
après le coup d'Etat et constitué presque exclusivement de civils. Il
allait déjà un peu plus loin et préconisait, parmi les tâches à accomplir
dans le domaine de la politique économique et sociale, « la dynamisation
de Г agriculture et la réforme progressive de la structure agraire ». Ainsi commenç
ait à se manifester, bien que timidement, la prise en compte par les
militaires, l'appareil d'Etat et les forces politiques représentées au gou
vernement, de la nécessaire transformation des structures agraires. Mais
il restait tout un chemin à parcourir car les programmes du mfa et du
gouvernement étaient trop vagues et les des partis, diff
icilement conciliables.
En ce qui concerne le ppd, on pouvait lire dans le chapitre « Restruc
turation foncière » de son programme : « ... garantir simultanément le
droit à la propriété privée... et la prédominance des intérêts publics sur les
intérêts privés... donner la primauté au droit d'exploitation sur le droit de
propriété... prendre des mesures d'intervention telles que V affermage obligatoire
ou Г expropriation... éliminer les situations de sous-emploi dans Г agriculture ».
Et, plus loin, au chapitre « Restructuration de l'entreprise »:«.../<? modele
préférentiel... est celui de V entreprise familiale... seront admis ď autres types
d'entreprises individuelles, en société et de préférence coopératives pour développer
V agriculture de groupe ».
Pour concrétiser les objectifs de la réforme agraire, le programme
du PS prescrivait : « Dans les ^ones latifundiaires, V expropriation des terres
au-delà dune certaine dimension..., on devra éviter Г erreur de la distribution
de petites propriétés et opter pour Г exploitation en fermes collectives ou en
coopératives. »
Selon le programme du pcp les mesures structurelles pour atteindre
les objectifs de la réforme agraire étaient les suivantes : « Expropriation
des grands latifundia et des grandes exploitations capitalistes... Dans tous les
cas, respect de la propriété privée de la terre. Remise des terres expropriées aux
salariés agricoles et aux paysans pauvres. Dans certains cas, division et distribution
de la terre pour une exploitation individuelle ou en coopératives et établissement,
dans d autres cas, de V directe par l'Etat... »
Le programme du mdp/cde établissait, dans le chapitre « Développe
ment de l'agriculture » la « priorité à l'exploitation collective, par la voie de
coopératives ou d'entreprises publiques, des terres incultes ou mal utilisées, prises
obligatoirement en fermage par l'Etat aux grands propriétaires ». LE ROLE DE L ARMEE 29
Comme on peut le voir, ces propositions constituaient un vaste
éventail de solutions pour la restructuration foncière du latifundium
privé et n'avaient en commun que le contenu innovateur de leurs projets.
Cependant, les mesures concrètes tardaient, créant une certaine
insatisfaction, visible dans les Bulletins du MF A eux-mêmes. Dans le
numéro de novembre 1974, on pouvait lire : « La révolution du 2/ avril...
impose des mesures... de réforme des structures agraires..., la terre doit être conv
enablement exploitée... et tout le peuple portugais doit en bénéficier, spécialement
ceux qui la travaillent directement. » Dans le numéro de janvier, le thème
était repris et approfondi. « // est nécessaire de transformer notre structure
agraire de manière à créer progressivement les conditions d'une répartition des
revenus en accord avec le travail fourni... Une politique de réforme agraire devra
donc nécessairement prendre en considération les grands latifundia et limiter
substantiellement les grandes exploitations capitalistes, les terres expropriées
devant servir à constituer des coopératives de petits agriculteurs ou d'ouvriers
agricoles. »
En février 1975, sous le troisième gouvernement provisoire présidé
par Vasco Gon çalves, fut achevé le Vlan de Politique économique et sociale
dit « Plan Melo Antunes » qui se contentait de reprendre les propositions
du programme du premier gouvernement : « L'indispensable réforme des
structures agraires sera réalisée, car elle s'impose... »
En vérité, les contradictions étaient chaque jour plus grandes, soit
au sein du mfa, soit dans les gouvernements successifs. Elles entraînaient
deux conséquences particulièrement importantes : l'incapacité de matér
ialiser les réformes programmées et l'engagement progressif des mili
taires dans l'appareil d'Etat soit à travers la participation au gouverne
ment, soit par l'institution d'organes superstructurels du pouvoir tels
le Conseil des Vingt après le 28 septembre 1974 et le Conseil de la dévolution
après le 11 mars 1975.
Ainsi, jusqu'à cette date, au niveau du pouvoir, il y eut de réelles
impulsions pour la mise en route d'une réforme agraire, dues aussi bien
aux militaires, aux organes institutionnels qu'aux forces politiques les
plus influentes. Mais elles restèrent timides et ne furent jamais matérial
isées dans des mesures concrètes.
Les origines de la réforme agraire
Tandis que s'aiguisaient les contradictions et que continuaient les
hésitations à certains échelons du pouvoir, la dynamique populaire
progressait en amplitude et en profondeur. Le secteur agricole n'échapp
ait évidemment pas à ce mouvement qui se manifestait surtout là où 3<Э COLONEL PEZARAT CORREIA
les structures et l'organisation sociale offraient un terrain favorable, ce
qui était notamment le cas dans la zone du latifundium. Face à l'inca

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