Le XVIIe siècle religieux. Réflexions préalables - article ; n°2 ; vol.22, pg 279-302
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1967 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 279-302
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Chaunu
Le XVIIe siècle religieux. Réflexions préalables
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 22e année, N. 2, 1967. pp. 279-302.
Citer ce document / Cite this document :
Chaunu Pierre. Le XVIIe siècle religieux. Réflexions préalables. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 22e année, N.
2, 1967. pp. 279-302.
doi : 10.3406/ahess.1967.421521
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1967_num_22_2_421521XVIIe SIÈCLE RELIGIEUX LE
Réflexions préalables
A Christiane Marcilhacy, « in piana memoriam. »
L'histoire religieuse, et plus spécialement l'histoire du classique
et mystérieux xvne siècle, est en pleine mutation. La recherche fuse
en tous sens. Des pistes nouvelles s'ouvrent, elles passent par des
interrogations et des mises en cause. Sur ces routes rapidement ascen
dantes, il peut être utile de tenter, trop tôt et trop hâtivement, un point
provisoire 1. Nous avons eu l'occasion, déjà, d'attirer l'attention sur
des secteurs qui nous paraissent essentiels 2 et à leur niveau marquer
quelques jalons bibliographiques. L'historien désireux de pénétrer
dans ce vaste domaine n'est pas pris au dépourvu. Voici les grandes
collections qui établissent le bilan de l'acquis 3. Voici les grands clas
siques toujours valables, de Sainte-Beuve à l'abbé Brémond 4. Et
1. Cette mise au point nous a été demandée par la Rédaction des Annales. Qu'elle
en soit remerciée. Précisons, bien, toutefois qu'il s'agit d'un jalon hâtif et tout à fait
provisoire, sur la voie d'une synthèse à laquelle nous nous appliquons.
2. « Réformes et Nations », La Table Ronde, mars 1960, n° 147, pp. 52-65 ; « Jan
sénisme et frontière de catholicité (xvne et xvnie siècles). A propos du jansénisme
lorrain », Revue Historique, janvier-mars 1962, fasc. 461, pp. 115-138 ; « Réforme et
Église au xvie siècle », Revue Historique, avril-juin 1962, fasc. 462, pp. 161-176 ;
« Les crises au xvne siècle de l'Europe réformée », Revue Historique, janvier-mars 1965,
fasc. 473, pp. 23-60 ; « Une histoire religieuse sérielle. A propos du diocèse de La
Rochelle (1648-1724), et sur quelques exemples normands », Revue ďhistoire moderne
et contemporaine, janvier-mars 1965, pp. 5-34 ; « la Correspondance de Bèze », Revue
suisse ďhistoire, tome 15, fasc. 1, 1965, pp. 107-116.
3. Les volumes de Fliche et Martin, le pénétrant Willaert, que la mort a
arraché trop tôt à l'histoire et les volumes étroitement institutionnels et politiques de
Pjbéclin et Jarky, la justement classique Histoire du Catholicisme en France d'A. La-
treille et E. Delartielle (tomes II et III), le vigoureux tome II de VHistoire Génér
ale du protestantisme du regretté Emile G. Léonard, les grands dictionnaires,
Vacant, Mangenot, Amann ; R. Aubert et E. Van Cauwenbergh ; A. Rayez et Ch. Baum-
gartner ; Naz, etc.
4. Il est plus difficile de critiquer Henri Brémond, ses tics d'écriture, son irritante
279
Aknaies (22e année, mars-avril 1967, n° 2) i ANNALES
parmi nos contemporains, ces guides qui sont des maîtres. L'œuvre
capitane de Jean Orcibal, le travail en profondeur du père Blet, de
René Taveneaux, du père Pérouas, de L. Cognet, de L. Ceyssens, du
père Julien Eymard d'Angers, et de tant d'autres qu'il est injuste
de ne pas citer d'entrée de jeu x. Qu'on nous pardonne, donc, de ne point
rendre assez justice. Nous n'oublions personne 2, mais il faut aller de
l'avant.
Donc ne perdre aucun des fils de l'écheveau complexe. L'histoire
religieuse a muté au cours des dix dernières années. Le mérite en revient
à Gabriel Le Bras. Créateur de la sociologie de la pratique religieuse,
il a porté une génération d'historiens en direction d'une étude de la
piété des masses. En quelques annéee, Louis Pérouas, Christiane Mar-
cilhacy, récemment arrachée à l'estime et à l'affection de ses collègues,
Jacques Toussaert, Paul Adam, après les tentatives moins heureuses
de Jeanne Ferté et de Thérèse Jean Schmitt 3, ont inventé ce que nous
avons proposé d'appeler une « histoire religieuse sérielle » *. Du même
coup, voilà affirmée au niveau de l'histoire cette unité profonde de la
pensée liant passé et présent, angoisse et certitude, l'homme et le
monde : cette évidence réconfortante, sans laquelle nul ne saurait
vivre l'aventure dévorante de l'esprit. Mais prenons bien garde. On
mute à partir d'une donnée, on avance sur un acquis, pas de révolution
vraie qui ne soit, d'abord, conservatrice : l'histoire religieuse sérielle,
assoiffée du vécu au niveau des humbles ne saurait oublier l'aventure,
des élites б et l'enchaînement dialectique des pensées. Il importe, donc,
prolixité, ses préjugés qui sont ceux d'un début de xxe siècle que la grâce irénique n'a
guère touché, que de remplacer les 12 volumes de la monumentale Histoire littéraire
du sentiment religieux (Paris, Pion, 1915-1933), où le meilleur côtoie le pire, la Pro
vence mystique au XVIIe siècle, le Bossuet (3 vol.) ; V Apologie pour Fénelon.
1. Nous abandonnons avec d'autant moins de regret cette présentation bibli
ographique que le travail vient d'être fait et bien fait par un des meilleurs spécialistes
de ces problèmes, René Taveneaux : « La vie religieuse en France de l'avènement
d'Henri IV à la mort de Louis XIV (1589-1715) », Bulletin de la Société des Professeurs
ďhistoire et de géographie de l'enseignement public, octobre 1966, n° 200, pp. 119-130.
2. Pour une bibliographie, encore, notre Civilisation de VEurope classique, Paris,
Arthaud, 1966, gr. in-8, 706 p., 272 planches hors texte, p. 680 sq. Et, bien sûr, Henri
Gouhier, René Pintaed, Y. Belaval, Lucien Goldmann, A. Dupbont, Georges
Namer, Robert Mandkou, R. Delcambbe, Pierre Claie, François Gikbal, sans
oublier le grand et combien regretté Alexandre Koyré, car l'histoire religieuse s'éclaire
souvent d'une manière décisive, de la périphérie. Lucien Febvre l'avait vigoureuse
ment marqué {Au cœur religieux du XVIe siècle..., Paris, S.E.V.P.E.N., 1957, plus
spécialement pp. 293-358).
3. Pour une bibliographie plus complète, nous renvoyons à nos articles cités,
R.H., 1962, n° 1 et R.H.M.C, 1965, n» 1.
4. « Une histoire religieuse sérielle. » R.H.M.C, 1965, n° 1, pp. 5-34.
5. L'historien ne juge pas au fond et l'historien chrétien du christianisme, moins
encore. Les plus hautes valeurs spirituelles se répartissent suivant une logique qui
280 XVIie SIÈCLE RELIGIEUX LE
de pousser hardiment sur les voies nouvelles, sans rien sacrifier des
victoires d'antan. Il importe mieux encore de briser les barrières et d'en
chaîner et d'insérer hardiment l'histoire religieuse, qualitative, ou sérielle,
dans l'aventure globale de l'esprit et dans toute l'épaisseur du vécu.
Les barrières et les cloisonnements sont nécessaires mais ils sont
dangereux. L'histoire religieuse a été écrite dans les cadres clos des
églises, comme si les ponts, un instant rompus, les barrières juridiques,
un instant dressées, la colère et la haine jaillies de divergences, somme
toute, minimes, mais sur un essentiel, avaient totalement retranché,
irrémédiablement rompu une profonde et indéracinable manière
commune de penser, de sentir, d'exister. Suffit-il d'une génération
pour détruire dix ou douze siècles de souvenirs communs, mille ans
d'expérience ensemble, alors que chaque église dressée conserve l'e
ssentiel du trésor commun, véhémentement dénié à l'autre ? A la limite,
la violence des affrontements est le meilleur gage de l'unité sous-
jacente. C'est bien parce qu'on parle la même langue, parce qu'on
partage les mêmes valeurs, se dispute le même essentiel, que la
guerre de religions est aussi implacable. Les guerres de religions ren
ferment l'évidence de l'unité conservée jusqu'à un certain point de la
Chrétienté, mieux encore, de l'Église. Donc pas d'histoire du protes
tantisme face aux histoires de l'Église, mais une histoire une des églises
déchirées

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