Les caractères anormaux et morbides - article ; n°1 ; vol.2, pg 1-17
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Description

L'année psychologique - Année 1895 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 1-17
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1895
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Extrait

Th. Ribot
Les caractères anormaux et morbides
In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 1-17.
Citer ce document / Cite this document :
Ribot Th. Les caractères anormaux et morbides. In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 1-17.
doi : 10.3406/psy.1895.1525
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1895_num_2_1_1525L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
1895
PREMIERE PARTIE
MEMOIRES DES COLLABORATEURS
l
LES CARACTÈRES ANORMAUX ET MORBIDES1
Dans plusieurs ouvrages publiés durant ces dernières années
(Perez, 1892 ; Paulhan, 4894 ; Fouillée, 1895), les diverses formes
de caractère ont été classées, décrites, ramenées à des principes
explicatifs. Malgré des divergences d'interprétation et des dif
férences de nomenclature, il y a des types acceptés par tous ;
ainsi les actifs, les sensitifs, les apathiques. Mais sont-ils équi
valents ? telle est la question qui se pose d'abord comme transi
tion des caractères normaux aux caractères morbides. On
semble admettre implicitement que chaque type ayant ses qual
ités et ses défauts, ses avantages et ses inconvénients, on doit
les mettre sur la même ligne. Celui qui se borne à classer et à
décrire peut s'en tenir là et ne pas affronter la difficulté. Mais,
dès qu'on entre sur le terrain des caractères franchement morb
ides, on est conduit à se demander préalablement si les carac
tères réputés normaux le sont tous au même degré, ou si quel
ques-uns, par leur nature même, ne sont pas plus près des
(1) Cet article fait suite à une classification des caractères publiée dans la
Revue philosophique (octobre 1893) que j'avais pris l'engagement un peu
imprudent de compléter par celle des caractères morbides.
ANNÉE PSYCHOLOGIQUE. II. \
1 2 MEMOIRES DES COLLABORATEURS
formes pathologiques, plus aptes à subir une métamorphose
régressive ; en d'autres termes, il s'agit d'établir non plus une
classification, mais une hiérarchie, une appréciation de valeur
souvent contestable et difficile à fixer.
Un anthropologiste russe, N. Seeland, est le seul à ma con
naissance qui ait pris la question par ce biais. A la vérité, les
anciens auteurs classant les tempéraments- e£ par contre-coup
les caractères, les divisaient en forts (colérique, mélancolique)
et faibles (sanguin, flegmatique). Cette division, acceptée par
Wundt, donnerait lieu à beaucoup d'objections que je passe
sous silence. Seeland, rompant avec la tradition, abandonne
résolument la division quadripartite. Il ne considère pas « tous
les tempéraments comme ayant la même valeur; les uns s'a
pprochent plus de l'idée de perfection, les autres moins. On a
avancé que chacun des tempéraments en vaut un autre et que
tous sont également nécessaires pour le progrès de l'humanité :
je ne le crois pas. » Sa classification est donc en fait une hié
rarchie et voici en résumé celle qu'il propose i, en commenç
ant par les formes les plus parfaites du caractère.
I. -r— Les tempéraments forts ou positifs qui comprennent :
1° Le tempérament gai, qui est un type dont le « sanguin »
des divisions classiques n'est qu'une variété, renferme trois
espèces principales : a) le sanguin fort : prédominance de la vie
végétative, réactions rapides mais appropriées, conformes au
but, sans agitation, b) le sanguin moins fort : ressemble au
précédent avec mélange du tempérament nerveux, les réactions
ont moins de modération et de mesure ; tels sont les Français
et les Polonais, c) le serein : se tient entre le
sanguin fort et le flegmatique, réunissant les avantages des
deux.
2° Le tempérament flegmatique ou calme ne dépasse pas
l'intensité moyenne et présente une uniformité singulière : c'est
une masse qui dans son mouvement ne se laisse ni accélérer
ni ralentir; mais le calme n'exclut pas la force, il la suppose
tout au contraire. Comme peuples, les Hollandais, les Anglais,
les Norvégiens appartiennent à ce type.
II. — Nous descendons à un degré plus bas avec le tempéra
ment moyen ou neutre c inconnu dans la science, quoiqu'il
(1) Le tempérament au point de vue psychologique et anthropologique.
Mémoire publié dans les Bulletins du Congrès international d'anthropol
ogie, IV, 1892. Saint-Pétersbourg (en français), p. 91 à 154.
J RIBOT. — LES CARACTERES ANORMAUX ET MORBIDES 6 TO.
soit celui de la plupart des hommes ». Il correspond aux équi
librés de Paulhan et à ceux qu'ailleurs nous avons appelés les
amorphes, parce qu'ils n'ont pas de marque nette qui leur soit
propre.
III. — Enfin nous descendons encore avec les tempéraments
faibles ou négatifs : « leur réaction peut être lente ou rapide,
mais ce qui les caractérise c'est l'irrégularité, le superflu et
même la perversité des manifestations. Trois variétés : a) le
mélancolique pur se distingue par la tristesse et l'apathie sans
symptômes nerveux, du moins dominants; b) le nerveux, ver
satile avec alternances d'activité normale ou d'abattement et
d'excitation; c) le colérique qui n'est pas un genre, est assez
rare ; il se distingue par l'irascibilité et peut se combiner avec
le mélancolique ou le sanguin moins fort ; le serein et le fle
gmatique l'excluent.
A l'appui de cette classification suit une longue enquête
anthropologique exposée en seize tableaux. Elle a été faite sur
160 hommes et 40 femmes appartenant aux quatre types princi
paux gai, flegmatique, neutre, mélancolique ; et comprend des
recherches comparatives sur la taille, la circonférence du thorax,
du cou, des bras, la capacité pulmonaire, la respiration, le
pouls, la température, la force dynamométrique, les indices
céphaliques, l'état des sens, etc., etc. Les résultats sont décidé
ment favorables aux tempéraments gais et très défavorables
aux mélancoliques (voir partie, tableau V, p. 114) chez lesquels
on constate moins deforce et de finesse sensorielle, sauf pour la
sensibilité à la douleur. Pour les femmes, le groupe nerveux,
qui remplace le groupe mélancolique des hommes, est le seul
qui offre des anomalies.
Dans ses conclusions, l'auteur combat « la tendance enra
cinée à chercher l'essence des tempéraments dans les phéno
mènes de la circulation et de son satellite, l'échange matériel ».
Huit soldats bien portants dont quatre appartenaient au type
gai et quatre au type mélancolique ont été soumis par lui à
une alimentation identique et rigoureusement surveillés : le
résultat de l'analyse du poids, des sécrétions et excrétions « ne
montre pas que l'échange matériel, des sanguins ait été plus
intense que celui de leurs collègues mélancoliques ». Une
expérience si courte et si limitée est-elle probante ?
Quoi qu'il en soit, rejetant la théorie chimique, Seeland pré
fère une explication physique. Pour lui, « le tissu nerveux,
outre son activité générale, possède une vie élémentaire qui est
_ J MÉMOIRES DES COLLABORATEURS 4
la base du tempérament et du caractère ». Tout dépend de la
façon dont le système nerveux reçoit les excitations extérieures
et intérieures. Le tempérament gai correspondrait à des vibra
tions moléculaires rapides et harmonieuses ; le flegmatique à
des vibrations moins rapides, mais d'une constance impertur
bable ; le neutre à des vibrations peu rapides mais consonnantes ;
les formes négatives à des vibrations lentes et discordantes ou
rapides mais interrompues.
Cette disposition hiérarchique n'est pas à l'abri des objec
tions. Je la donne seulement comme exemple d'une classifica
tion d'après la valeur présumée des caractères et comme intro
duction à l'étude des formes morbides que nous allons mainte
nant aborder.
I
11 faut, avant tout, savoir à quels signes on peut, reconnaître
qu'un caractère est une dérogation aux types normaux. Sans
revenir sur un sujet traité dans l'article précité, on peut dire
brièvement :
1° Un caractère vrai est réductible à une marque, à une ten
dance prépondérante qui en fait l'unit

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