Les chevaliers romains et les grains de Cérès au Ve siècle avant J.-C. À propos de l épisode de Spurius Maelius - article ; n°2 ; vol.25, pg 287-311
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Les chevaliers romains et les grains de Cérès au Ve siècle avant J.-C. À propos de l'épisode de Spurius Maelius - article ; n°2 ; vol.25, pg 287-311

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 287-311
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Gagé
Les chevaliers romains et les grains de Cérès au Ve siècle
avant J.-C. À propos de l'épisode de Spurius Maelius
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 2, 1970. pp. 287-311.
Citer ce document / Cite this document :
Gagé Jean. Les chevaliers romains et les grains de Cérès au Ve siècle avant J.-C. À propos de l'épisode de Spurius Maelius.
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 2, 1970. pp. 287-311.
doi : 10.3406/ahess.1970.422218
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_2_422218ÉTUDE
Les chevaliers romains
et les grains de Cérès
au Ve siècle avant J.-C.
A PROPOS DE L'ÉPISODE DE SPURIUS MAELIUS
Le thème de l'aspiration à la royauté, Yadfectatio regni — ou tyrannidis —
chez un particulier, dépourvu de titre politique mais gagnant la faveur populaire
parses promesses démagogiques ou son assistance alimentaire, est si insistant dans
la tradition romaine pour les Ve et IVe siècles, que les détails de chaque épisode
éveillent d'autant plus le doute quant à l'authenticité. Non seulement il y entrait
visiblement tant de parti-pris, ou de « propagande », que la suspicion a pu frapper
injustement des personnages qui voulaient sincèrement défendre les intérêts
de groupes populaires opprimés, et sans développer pour autant d'ambitions
formellement politiques. La critique de principe des modernes va nécessairement
plus loin : qu'y-a-t-il eu d'historique dans l'étrange procédure qui, chaque fois,
a sanctionné la tentative, mettant le personnage en quelque sorte hors- la-loi et
infligeant à sa mémoire le châtiment caractéristique de la destruction jusqu'au
ras du sol de la maison personnelle à partir de laquelle il avait prétendu « régner »?
Aedes dirutae ; un thème constant, ici encore, et de portée archéologique positive,
puisque, pour les Romains de la fin de la République, c'était le souvenir topogra
phique qu'ici s'était dressée la maison de Manlius Capitolinus, là celle de Spurius
Maelius — représentée, croyait-on, par YAequimaelium, ou Plan de Maelius —
qui paraissait le mieux garantir l'authenticité de l'épisode, la ruine ou le rempla
cement des aedes Manlianae, ou des aedes Maelianae, évoquant l'image du
temps d'illégitime puissance.
Notons, d'ailleurs, que la notion de cette sanction survivait manifestement
dans la psychologie politique romaine à la fin de la République, lorsque Clodius,
jugeant insuffisant le départ de Cicéron pour l'exil, fit décider d'élever un temple
à Libellas sur l'emplacement de sa demeure du Palatin, confisquée et démolie \
1. On sait que le dossier de l'affaire est réuni dans le plaidoyer de domo sua de CICÉRON
(cf. l'éd. par P. Wuilleumier dans la coll. G. Budé, Discours XIII). Pour notre part, l'expression
hostem Capito/inum, que Clodius, comme le rappelle l'orateur, 3, 7, avait appliquée à l'exilé,
nous paraît signifier « celui qui est devenu ennemi public pour avoir abusé du Capitole » — ce
287
Annales (25* année, mars-avril 1970, n° 2) ÉTUDE
Procédure volontairement archaïsante, comme celle dont César avait menacé
Rabirius ! Mais le motif des aedes dirutae, malgré cette vraisemblance générale,
demanderait plus d'un éclaircissement. Nous tenterons cette enquête ailleurs.
Contentons-nous de rappeler un cas, le plus légendaire, peut-être, capable d'é
clairer les autres : tous les biographes antiques de Valerius Poplicola, le premier
personnage de ce nom, croyaient savoir que, pour avoir eu quelque temps les
apparences d'un homme placé au-dessus des citoyens, par le faste et la situation
même de la maison qu'il occupait (sur la Vélia), Poplicola se décida un jour à
la détruire lui-même; les Romains, comprenant la leçon, l'auraient tous aidé
à en reconstruire une nouvelle moins orgueilleusement placée 4 C'est encore
d'une autre maison, offerte à un frère de Poplicola, que nous est contée une
particularité allant dans le même sens : les portes s'ouvraient en dehors 2 !
Visiblement, sous ses deux formes successives et en principe opposées, la maison
de Valerius Poplicola, d'abord château -fort trop arrogant, puis maison d'un
citoyen exemplaire, avait laissé chez les Romains le souvenir d'une demeure
avant tout « patronale » plus encore que familiale. Et l'image surprenait d'autant
plus à la fin de la République que les grands patronats s'exerçaient alors à partir
des maisons gentilices des nobles.
Pour le début du IVe siècle, nous n'entrevoyons que vaguement la forme que
pouvaient avoir les demeures, à Rome, des principaux chefs politiques. Ceux
qui, entre 395 et 390, obligèrent sans doute Marcus Furius Camillus à l'exil, ne
sont pas accusés par la tradition d'avoir touché à sa maison. Mais cette demeure,
où était-elle? Nous ne le savons; c'est là, d'après les récits, qu'il reçoit ses amis,
ses clients et ses compagnons de tribu (sic), avant de partir pour l'exil 3. Malgré
la popularité à laquelle il atteint après son retour et ses nouveaux exploits, nulle
part la domus de Camille ne reparaît pour nous. Il en va autrement, on le sait,
à dix ans de distance, pour son principal rival ou adversaire Marcus Manlius
Capitolinus : lorsque ce personnage, retranché sur le Capitule qu'il vient, d'après
la tradition, de défendre contre les Gaulois, ameute contre Camille et les principaux
patriciens une foule de plébéiens debitores, auxquels il promet la liberté — enten
dez : le rachat de leurs dettes — avec les thesauri auri Gallici, illégalement acca
parés par ces nobles, il est chez lui, près des sanctuaires capitolins par lesquels
il se fait protéger; et c'est dans sa maison, non loin de \'arx, qu'il conserve sans
doute, avec son étonnante collection de « décorations » pour faits militaires,
quelque chose comme un magasin de vivres, accessible aux plus deshérités
de ses clients 4.
Ces remarques préliminaires tendent seulement, dans notre intention, à faire
mieux ressortir, à travers des ressemblances générales, les particularités qui
définissent Yadfectatio regni de Spurius Maelius (en 439 av. J.-C), par compar
aison avec celle d'un Spurius Cassius au début du Ve siècle, d'un Manlius
qui devait évoquer le sort de Manlius Capitolinus — et non simplement « celui qui est hostile
au Capitole ».
1. Voir PLUTARQUE, Poplic. 10; et LIV., Il, 7, 11-12.
2. PLUT., Pop/., 20 ; DENYS, V, 39.
3.Cam., 12; LIV., V, 32, 8 : « accitis domum tribulibus et clientibus, quae magna
pars plebis erat (sic) ». Soit dit en passant, il nous manque de savoir quelle était la « tribu » de
Camille.
4. Voir notre étude sur « Les clients de Manlius Capitolinus et les formes de leur libération »,
dans la Rev. hist, de droit franc, et étr., 1 966, pp. 342-377.
288 CHEVALIERS ROMAINS AU Ve SIÈCLE AVANT J.-C. J. GAGÉ LES
Capitolinus au IVe. Il va nous apparaître, en effet, que Sp. Maelius inquiéta
particulièrement les patriciens au pouvoir par le rapprochement, en sa personne et
en ses entreprises, entre la plèbe urbaine traditionnelle et des « chevaliers », les
équités Romani. Or, non seulement, à première vue, l'on n'aperçoit rien de semb
lable chez les deux grands ambitieux frappés de brusque ruine comme lui; mais
ce qui apparaît dans leur cas comme le motif politique de la rancune dont ils sont
poursuivis par la noblesse patricienne, c'est que, de quelque manière,en excitant
ou en prétendant servir par des voies irrégulières des revendications de la plèbe,
ils ont brisé, «trahi » même la solidarité d'intérêts de la classe à laquelle ils apparten
aient, dans le cadre de laquelle, en tout cas, ils avaient commencé leur carrière.
Le fait est évident dans le cas de Marcus Manlius Capitolinus, que le thème
de la transitio ad plebem ait eu ou non authenticité, et tout porte à croire qu'il
se développa tardivement par anachronisme. Le personnage était nettement
issu du patriciát; en interdisant, après sa chute, à tout patricien d'établir sa maison
au Capitole, l'on confirmait ce point, jamais gravement contesté par les Manlii
qui portèrent ce no

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