Les conditions de l obligation de conscience - article ; n°1 ; vol.18, pg 55-120
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Description

L'année psychologique - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 55-120
66 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Pierre Bovet
Les conditions de l'obligation de conscience
In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 55-120.
Citer ce document / Cite this document :
Bovet Pierre. Les conditions de l'obligation de conscience. In: L'année psychologique. 1911 vol. 18. pp. 55-120.
doi : 10.3406/psy.1911.3853
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1911_num_18_1_3853CONDITIONS LES
DE L'OBLIGATION DE CONSCIENCE
Introduction a l'étude psychologique des faits moraux.
Préambule. — I. La psychologie de la pensée et la psychologie des faits
moraux. — II. L'introspection provoquée et la vie réelle. — III. Remarq
ues de méthode. — IV. Qu'est-ce qu'une consigne? — V. L'habitude et
l'obligation. — VI. La coutume et l'obligation. — VII. L'obligation et
la raison. — VIII. L'obligation et les sentiments. — Conclusions.
PRÉAMBULE
Les psychologues n'ont jamais eu plus nettement qu'aujour
d'hui conscience de l'immensité du champ ouvert à leurs
études. Les uns, exercés aux patientes méthodes de recherche
qui ont été appliquées d'abord aux domaines si vastes de la
sensation et de la mémoire, ambitionnent de tirer parti des
expériences qu'ils savent désormais conduire avec tant de
maîtrise technique, en abordant l'étude des fonctions supé
rieures de l'esprit; ils espèrent analyser enfin les processus, si
complexes et si mystérieux encore, que recèlent les grands
mots abstraits d'intelligence et de volonté. Les autres, puisant
d'emblée dans le riche trésor d'observations accumulées que
représentent les mémoires, les lettres, les confessions des
hommes de tous les temps, ne se contentent plus des cadres de
la psychologie générale; ils ont porté leur attention sur les
variétés de l'expérience humaine, ils ont tenté la psychologie
de l'artiste, du savant ou de l'homme religieux, en appelant —
avec quelque impropriété — leurs écrits : psychologie de l'art,
psychologie de la science, psychologie de la religion.
L'étude des faits moraux se trouve en quelque sorte au
confluent de ces deux courants : la psychologie expérimentale 56 MÉMOIRES ORIGINAUX
de l'intelligence et de la volonté d'une part, la psychologie
descriptive des grandes valeurs humaines de l'autre. La « psy
chologie de la morale » ne peut manquer de prendre une
importance essentielle. Elle doit se faire; elle n'est pas faite.
Nous aimerions dans les pages qui suivent écrire comme
une Introduction à cette psychologie. Ce sera en partie une
revue de recherches passées — et nous nous excusons d'avance
de ce qu'il y aura là de trop, — ce sera surtout un programme
de travaux futurs, amorcés, mais non pas accomplis; nous
pardonnera-t-on ce qu'il y aura ici de trop peu ?
Alfred Binet, qui avait bien voulu analyser lui-même dans
la dernière Année psychologique un travail dont celui-ci est le
complément, avait encouragé notre projet, malgré les lacunes
que nous y signalions d'avance. Puissent les lecteurs nous être
aussi indulgents que ce maître, dont il nous eût été si précieux
de recevoir encore les critiques.
Rappeler comment des expériences de laboratoire sur l'inte
lligence ont amené à des recherches sur le devoir, montrer que
le devoir dont il est question dans ces introspections provo
quées est bien le même fait que celui qui tient une si grande
place dans la vie morale de l'humanité, noter en passant
quelques problèmes de méthode, enfin et surtout, en étudiant
les rapports de l'habitude et de la conscience morale, donner
par un exemple une idée de la façon toute nouvelle dont se
posent, susceptibles d'une étude expérimentale, plusieurs ques
tions classiques sur la nature et l'origine du fait moral, — tel
est en substance le programme de cette introduction. •
I. — LA PSYCHOLOGIE DE LA PENSÉE ET LA PSYCHOLOGIE
DES FAITS MORAUX
Dans son Etude expérimentale de l'intelligence *, Binet écri
vait : « Je crois que pour l'étude des fonctions supérieures,
nous n'avons pas besoin d'une technique nouvelle. L'ancienne
technique sera suffisante à la condition qu'on l'élargisse..., à
la condition qu'on donne dans ces recherches la première place
à l'introspection attentive, détaillée et approfondie. » Tout le
livre illustrait cette affirmation à laquelle Binet était arrivé
après des années de patientes recherches expérimentales et
qu'il avait appliquée déjà dans plusieurs de ses écrits.
i. Paris, 1903, p. 4. — CONDITIONS DE L'OBLIGATION DE CONSCIENCE 57 BOVET.
En 1900, tout à fait indépendamment du psychologue franç
ais, Karl Marbe avait inauguré à Wurtzbourg, par une
méthode semblable, des études sur la nature psychologique du
jugement, l'acte de pensée qui s'énonce en une proposition
logique. Et l'opuscule i dans lequel Marbe énonçait les résul
tats négatifs de ses expériences devenait le point de départ
d'une série de travaux sur les processus de la pensée. Nous
avons résumé ailleurs 2 l'ensemble de cette littérature un peu
touffue que, en dehors de l'Allemagne, Titchener3, Kostylefï 4
et Gemelli5 ont étudiée aussi depuis nous.
Ce qu'il faut relever ici, c'est la place que dès le début8 on
a reconnu, dans le jugement, à une intention du sujet.
Watt 7 et Messer 8 ayant procédé par expériences d'association
prédéterminée, on fut conduit à se demander quel rapport il y
avait entre la consigne qu'ils assignaient à leurs sujets et
Vintention que leurs procès-verbaux les amenaient à reconnaître
dans celles de ces associations que les sujets assimilaient à des
jugements. L'attention se concentrait ainsi sur la consigne
donnée. De là, par cette même méthode de l'introspection pro
voquée, plusieurs recherches nouvelles. Tandis que d'autres
étudiaient les « pensées » et la mémoire des pensées (Bühler 9)
l'inférence rationnelle et l'impression de validité logique (Stör
ring 10), ou les sentiments et les attitudes intérieures, Bewussts
einslagen (Külpe, Orth u, Schultze 12), Ach 13, puis Michotte et
1. Experimentelle Untersuchungen über das Urtheil, 1900.
2. L'étude expérimentale du jugement et de la pensée, Genève, 1908
(Extr. des Archives de psychologie, t. VIII).
3. Lectures on psychology of the thought-process., New York, 1909.
4. Les travaux de l'école de Wurzbourg. (Contribution à l'étude objec
tive de la pensée). Rev. philosophique, 1910, LXX, 553-580.
5. Lo studio sperimentale del pensiero e délia volonté. Riv. di fil. neo-
scolaslica, 1911.
6. Marbe (op. cit.) définit les jugements : « des faits de conscience
(Erlebnisse) qui, dans l'intention du sujet, doivent s'accorder avec d'autres
objets » ; cette intention peut n'être pas présente à la conscience du sujet.
7. Experimentelle Beiträge zu einer Theorie des Denkens, 1905. Archiv
f. ges. Psychologie, IV. Voir Année psychol., 1907.
8.psychologische Untersuchungen über das Denken,
1906. Archiv f. ges. Psychologie VIII. 1-224.
9. Tatsachen und Probleme zu einer Psychologie der Denkvorgänge.
Arch. f. ges. Psych., IX, 1907 et XII, 1908, cf. Année psychol., XIV.
10. Experimentelle u. psychopathol. über das Bewussts
ein der Gültigkeit. Arch. f. ges. Psych., XIV, 1909.
11. Gefühl und Bewusstseinslage. Thèse Zurich, 1903.
12. Erscheinungen und Gedanken. Arch. f. ges. Psychologie, VIII, 1906.
13. lieber die Willenstätigkeit und das Denken, Göttingen, 1905. Willensakt
und Temperament, Leipzig, 1910. MÉMOIRES ORIGINAUX 58
Prüm l passaient de l'étude de ces états à celle de l'intention et
de l'acte volontaire, et nous-mêrae, qui avions refait après eux la
plupart des premières expériences, nous portions notre atten
tion sur la consigne donnée, sur ses altérations et sur la con
science que le sujet en prend, non comme d'un objet de pensée
seulement, mais comme d'une tendance se heurtant en lui à
une autre tendance 2.
L'étude du jugement avait conduit à celle de l'intention;
l'étude de l'intention menait à celle du devoir.
On a beaucoup critiqué les travaux que je viens de rappeler.
Wundt3 en a flétri la méthode : celle-ci, non seulement ne
m

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