Les conditions monétaires et la réussite d une dévaluation - article ; n°1 ; vol.13, pg 87-116
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Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 87-116
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean Fericelli
Les conditions monétaires et la réussite d'une dévaluation
In: Revue économique. Volume 13, n°1, 1962. pp. 87-116.
Citer ce document / Cite this document :
Fericelli Jean. Les conditions monétaires et la réussite d'une dévaluation. In: Revue économique. Volume 13, n°1, 1962. pp. 87-
116.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_1_407498n
LES CONDITIONS MONETAIRES
ET LA REUSSITE D'UNE DEVALUATION
La constatation des effets favorables de la dévaluation de décembre 1958
et le maintien de ces effets pendant les trois dernières années ouvrent le
temps de la recherche des conditions de cette réussite (1). Dans cette
recherche, les justifications ne manquent pas qui conduiront à privilégier
telles ou telles conditions.
Du côté des prix, on pourra privilégier la stabilité relative des prix
internes qui a permis de conserver longtemps une disparité favorable entre
les prix français et les prix étrangers.
Du côté des flux, on considérera comme une condition essentielle de la
réussite, le décalage conjoncturel qui existait en décembre 1958 entre la
France et l'étranger, notamment entre la France et les Etats-Unis. La baisse
de la consommation et de l'investissement consécutive à la récession dans
laquelle se trouvait encore la France à cette époque, a permis de dégager
les surplus de biens et de facteurs nécessaires à une augmentation des
exportations en valeur. La récession a, en outre, participé au frHnage des
importations, ajoutant ses effets propres à ceux de la hausse des prix en
francs des biens importés. L'expansion que connaissait au contraire les
Etats-Unis après la récession de 1957 et des premiers mois de 1958 a
accentué, pour sa part, l'efficacité à la baisse des prix des biens français
exprimés en dollars. Le décalage conjoncturel aura ainsi contribué à créer
des conditions d'offre et de demande favorables à l'apparition d'un « effet
normal » de la dévaluation.
Mais pour le courant doctrinal dont s'inspirait le rapport dès experts
de décembre 1958, c'est aux conditions monétaires qu'il faut imputer la
plus grande responsabilité dans la réussite de l'opération de décembre
1958. A la stabilité monétaire, on imputera aussi, dans cette optique, la
durée des effets favorables de la dévaluation.
1. Cf. sur l'analyse des effets possibles de la dévaluation, M. Byé, «L'opé
ration des 27-28 décembre 1958 ■», Revue économique, mars 1959. REVUE ÉCONOMIQUE 88
Dans la théorie classique, cependant, les effets favorables d'une déva
luation ne sauraient être que de courte durée : l'entrée nette de devises
résultant de la dévaluation doit nécessairement provoquer un accroissement
de la masse monétaire; cet accroissement doit entraîner une élévation des
prix domestiques et conduire en conséquence à la diminution des export
ations et à l'augmentation des importations; l'effet d'amélioration de la
balance extérieure imputable à la dévaluation aura tendance à se résorber.
Si l'on fait abstraction de la liaison de type quantitativiste impliquée
dans le processus ainsi décrit, l'essentiel du mécanisme repose sur l'affi
rmation selon laquelle la masse monétaire est une variable dépendante de
l'entrée nette de devises. Toute dévaluation réussie entraînerait donc une
détérioration induite des conditions monétaires qui, à leur tour, entraîne
raient une réduction du solde de la balance extérieure et tendraient à
annuler l'effet favorable initial.
L'objet de notre étude est de tenter de montrer qu'il n'est pas certain
qu'une dévaluation réussie entraîne une détérioration des conditions monét
aires favorables au maintien d'un solde positif de la balance extérieure.
La raison en est que la masse monétaire n'est pas une variable dépendante
de l'entrée nette de devises. En effet, les conditions monétaires et en
particulier, l'évolution de la masse monétaire, sont déterminées par le
comportement monétaire des agents nationaux : la « souveraineté des util
isateurs de monnaie» (2) n'est pas limitée à la création de monnaie d'ori
gine interne; elle s'étend aussi à la création de monnaie d'origine externe.
Ce sont les conditions monétaires ainsi déterminées d'une manière
autonome qui commandent les effets d'une dévaluation et la durée de ces
effets.
Cela implique, en conséquence, que toute théorie des effets d'une
dévaluation intègre et spécifie les mécanismes financiers qui engendrent
des conditions monétaires favorables ou défavorables à la réussite d'une
dévaluation.
Afin de justifier ces propositions, nous montrerons tout d'abord que
les effets monétaires d'une entrée nette de devises dépendent essentiell
ement du concours des comportements monétaires des agents économiques
nationaux. Nous serons ensuite conduits à voir comment les effets moné-
2. J. Rueff. « La régulation monétaire et le problème institutionnel de
la monnaie », Revue d'économie politique, 1953 ; — « Eléments pour une
théorie du taux d'escompte et de la balance des comptes », Revue écono
mique, 1957. LA RÉUSSITE D'UNE DÉVALUATION 89
taires doivent être pris en compte dans la théorie des effets d"une déva
luation. Enfin, dans un dernier point, nous appliquerons ces analyses à
l'étude des conditions monétaires qui ont accompagné la dévaluation de
décembre 1958.
I
LES EFFETS MONETAIRES D'UNE ENTREE NETTE DE DEVISES
Les excédents de devises résultant de l'effet favorable d'une dévaluation
sont vendus aux banques par leurs clients contre création de dépôts ; les
banques, à leur tour, vendent ces devises à la Banque centrale qui inscrit
la contrepartie en francs aux comptes des banques à la Banque centrale.
L'entrée nette de devises entraîne ainsi un accroissement de la capacité
d'offre des banques commerciales. La notion de capacité d'offre doit être
distinguée de deux notions voisines qui sont la disponibilité pour l'offre
d'une part et l'offre de monnaie d'autre part. La capacité d'offre résulte
des variations du stock à offrir des banques avant qu'il ne soit procédé
aux emplois de ce stock. La disponibilité pour l'offre, c'est la fraction du
stock à offrir initial qui demeure disponible après la réalisation de certains
emplois destructeurs de liquidité. Enfin l'offre de monnaie est la relation
qui existe entre les quantités offertes et les variations de valeur d'une
variable causale, par exemple la relation qui peut exister entre la quantité
offerte et le taux de l'intérêt. L'offre à un moment donné est la
effectivement offerte, compte tenu de la valeur et de l'état des variables
« causales ».
La capacité d'offre accrue des banques à la suite d'un afflux de devises
sert de fondement aux emplois effectués par ces dernières. Le stock initiai
peut pour une certaine fraction être à l'origine d'un processus de destruction
de monnaie, il peut ensuite donner lieu à offre de crédit, il peut enfin pour
une dernière partie se transformer en thésaurisation et entraîner la mise
hors circuit d'une certaine quantité de monnaie.
A. L'élimination d'un« fraction du stock initial
II y aura destruction de monnaie lorsque les banques emploieront une
fraction de l'accroissement de leur stock à offrir résultant de l'afflux de
devises, à réduire leurs engagements vis-à-vis de la Banque centrale. Les ï
t
|
i
REVUE ÉCONOMIQUE 90
banques ne solliciteront pas le renouvellement du réescompte pour les efFets
| arrivés à échéance. Elles vont ainsi diriger vers la Banque centrale une
fraction de la monnaie reçue par elles et en agissant ainsi elles aboutissent
a l'éliminer du marché (3), car toute monnaie rentrant à la Banque centrale
peut être considérée comme détruite. Une question se pose alors : dans
quels cas les banques commerciales auront-elles intérêt à employer une
j fraction d

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