Les conglomérats : phénomène transitoire ou nouveau type de concentration industrielle ? - article ; n°52 ; vol.13, pg 779-789
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Description

Tiers-Monde - Année 1972 - Volume 13 - Numéro 52 - Pages 779-789
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

Pierre Goulène
Les conglomérats : phénomène transitoire ou nouveau type de
concentration industrielle ?
In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°52. Le capitalisme périphérique. pp. 779-789.
Citer ce document / Cite this document :
Goulène Pierre. Les conglomérats : phénomène transitoire ou nouveau type de concentration industrielle ?. In: Tiers-Monde.
1972, tome 13 n°52. Le capitalisme périphérique. pp. 779-789.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1972_num_13_52_1883LES CONGLOMÉRATS :
PHÉNOMÈNE TRANSITOIRE
OU NOUVEAU TYPE
DE CONCENTRATION INDUSTRIELLE?
par Pierre Goulène
La dernière en date des grandes vagues de fusions de l'industrie
nord-américaine s'est développée à partir de i960, sous le signe du
conglomérat. L'émergence de ce type de structure, bâti sur des activités
« non intégrées (ou intégrées seulement au niveau financier ou à celui
du management directionnel) qui produit et office des biens ne bénéficiant
pas entre eux d'un rapport opératif et fonctionnel » (1), se situe aux
environs de la seconde guerre mondiale.
Ainsi que le montrent les diverses statistiques, leur essor coïncide
bien avec la hausse spectaculaire du nombre des fusions. Entre 1948
et 1953, pour 58 acquisitions effectuées par des sociétés manufacturières
et portant sur des actifs supérieurs ou égaux à 10 millions de dollars,
30 étaient de type conglomérai soit 51,8 %; entre i960 et 1964 il y en
a 230 pour un total de 348, soit 71 % ; à l'apogée du mouvement, en 1967,
on en dénombre plus de 80 % (638 concentrations, 137 de type vertical
ou horizontal, 561 de type conglomérai de 1965 à 1969).
La croissance des principales entreprises « conglomérées » est prodi
gieuse : le chiffre des ventes de Litton Industries passe de 83 millions de
dollars à 1 900 millions durant la décennie 195 8-1968, grâce notamment
à environ 60 acquisitions, ce qui lui permet de se hausser de la 395e à la
40e place du classement des plus grandes entreprises américaines de la
revue Fortune; Lingo Temco Vought (L.T.V.) qui ne figurait pas à ce
(1) Selon la Commission antitrust du Sénat américain.
779 ,
,
,
PIERRE GOULÈNE
classement en 195 8, se retrouve à la 25e place dix ans plus tard, après plus
de 25 acquisitions, son chiffre de ventes passant de 7 à 2 800 millions de
dollars !
A titre d'exemple voici un tableau mettant en évidence la progression
de certains conglomérats (1) :
Approximate
number Fortune's
Sales in millions rank of acquisitions
1958 1968 1958-1968 1958 1968 Company
Bangor Punta 18 20 326 257 Illustration non autorisée à la diffusion
12 380 5 207 City Investing
Gulf and Western 8 1 300 80 69
Kidde 31 566 50 176
1 900 60 Litton Ind 395 40 83
2 800 L.T.V 7 25 25
Ogden 1 000 30 94 299
Textron 1 700 60 244 174 47
II ne s'agit pas, ici, de revenir en détail sur la description du conglo
mérat; rappelons seulement que la croissance de ces entreprises ne cor
respond pas aux critères de la classique concentration horizontale ou
verticale avec recherche d'économies d'échelle et de positions de monop
ole, en outre, elle ne semble pas devoir répondre à des impératifs
d'ordre technologique étant donné le caractère hétérogène des domaines
d'intervention et des produits fabriqués.
Cela nous amène à nous interroger puis à formuler certaines hypot
hèses. La problématique est la suivante : à quoi peut correspondre
l'essor des conglomérats dans l'évolution de l'économie capitaliste et de
ses structures ?
Il y a encore quelques années l'économie capitaliste était abordée
suivant le schéma type de la fin du xixe siècle, le secteur moteur, base de
la reproduction élargie du capital, se confondant avec l'industrie dite
lourde ayant comme épine dorsale la sidérurgie. Ce schéma est en partie
remis en cause à l'heure actuelle, certains travaux (2) et la réalité écono-
(1) Extrait de Harvard Business Review, nov. -dec. 1969.
(2) Voir notamment J. Thibaut, Economie et politique, n0B 149-150.
780 LES CONGLOMÉRATS
mique y contribuent. On peut en effet considérer que dans un pays
« développé » il faille distinguer, à l'intérieur du secteur moteur, les
industries de base et les industries de pointe. Quelles mutations sont
intervenues permettant semblable distinction ?
Depuis la seconde guerre mondiale les industries de base ont été,
en partie, renouvelées à la suite d'applications à l'industrie de découv
ertes scientifiques (par exemple dans le domaine du traitement de l'i
nformation, de l'électronique, de l'aérospatiale, etc.), la sidérurgie perdant
son rôle de leadership. On a ainsi déterminé trois stades dans le dévelop
pement des nouvelles industries : de la découverte de laboratoire à
l'industrie de pointe, et de l'industrie de pointe à l'industrie de base.
Ces mutations ont leurs incidences au niveau de l'activité industrielle.
Depuis vingt-cinq ans le rythme des innovations est tel, que la vitesse
d'utilisation des découvertes à des fins industrielles n'a cessé d'augmenter
contribuant ainsi à raccourcir considérablement le cycle « stratégie-
exploitation-stratégie» de la grande entreprise. En fait, il semblerait qu'il
n'y en ait même plus pour des industries comme celle de l'électronique,
des produits chimiques et pharmaceutiques, ou de l'aéronautique (i).
La valeur des nouveaux produits commercialisés chaque année (en pour
centage du montant total des ventes) est d'ailleurs nettement plus élevée
dans ces industries.
Ces observations sont particulièrement évidentes aux Etats-Unis où
la tendance est depuis longtemps au raccourcissement maximum du
délai entre la découverte et l'exploitation commerciale. Les dépenses
pour la recherche y sont passées de deux milliards de dollars en 1950,
à onze milliards en 1965 dont les trois quarts sont absorbés par le poste
Recherche-Développement axé vers l'exploitation industrielle.
Les activités de recherche et développement des industries s'orientent
principalement vers la mise au point de produits nouveaux, ou perfec
tionnés à quelque stade de leur conception, plutôt que vers celle de
procédés de fabrication. Au cours de l'année 1966 l'objectif principal
des programmes de recherche-développement visait la mise au point
de nouveaux produits dans 45 % des entreprises, l'amélioration des
produits dans 41 %, et la création de nouveaux procédés seulement
dans 15 %.
(1) Voit H. Igor Ansov, Stratégie du développement de l'entreprise, Edit. Hommes et
Techniques.
781 PIERRE GOULÈNE
La formalisation et la commercialisation des résultats de la recherche
se font par le dépôt de brevets et la vente de licences. Leur diffusion peut
être considérée comme un facteur de domination entre deux partenaires
quand le rythme et l'importance des découvertes échangées sont par trop
inégaux.
Sans aller jusqu'à conclure qu'il y a domination des Etats-Unis sur
l'Europe, on peut illustrer ce problème par quelques données. En 1930,
70 % des brevets étaient d'origine européenne et 25 % d'origine amér
icaine. Un changement radical s'est opéré depuis la seconde guerre
mondiale; en 1952, l'Europe enregistre encore 58 % des brevets, ce
pourcentage n'est plus que de 44 % en 1963. La balance technologique
résultant du paiement des licences d'exploitation des brevets, qui le plus
souvent se rapportent aux secteurs de pointe, est largement favorable
aux Etats-Unis. Pour l'ensemble dex pays de l'O.C.D.E., les recettes
des Etats-Unis représentent 50 à 60 % du montant total des
procurées à cet organisme par la transmission des connaissances
techniques (1).
La question se pose avec beaucoup plus d'acuité en ce qui concerne
les rapports avec les pays qui n'accèdent pas, ne serait-ce qu'en partie,
à une maîtrise des secteurs principaux. La possession du savoir techno
logique tend à devenir un mode de domination privilégié. Le contrôle
de certains secteurs par les grandes firmes, et notamment les conglomér
ats, dans les pays du « Tiers Monde » correspond de moins en moins
à une prise de

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