Les freins au processus de démocratisation en Serbie depuis 1990 - article ; n°1 ; vol.35, pg 35-57
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2004 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 35-57
Le processus de démocratisation était, dès ses prémices, mal engagé en Yougoslavie. Il s'est en effet déroulé dans un contexte de désintégration de la Fédération et d'affirmation des aspirations nationales. Les conditions du maintien de l'État-parti en Serbie, au sein d'un pluralisme de façade, ont été posées avant l'été 1991, dans un prélude à la guerre favorable aux ambitions politiques et territoriales du président serbe Slobodan Milosevic et à l'homogénéisation autour de son parti. Les conflits permettront par la suite aux autorités de Belgrade de consolider leur pouvoir en faisant croire qu'elles sont les seules garantes de la sécurité de l'État. Plus de dix ans après la chute du communisme en Europe, même si d'importantes transformations sont en cours en Serbie, il serait prématuré de conclure à une stabilité des forces démocratiques étant donné le lourd héritage de l'ère Milosevic et les divisions profondes de l'ancienne opposition désormais au pouvoir.
The démocratisation process in Yugoslavia has from the beginning got off to a bad start. It developed in a context of disintegration of the Federation and affirmation of national aspirations. The conditions for the upholding of the State-Party in a façade pluralism were obviously set before summer 1991, in a prelude to war favourable to Serbia's President Slobodan Milosevic political and territorial ambitions and to the homogenization around its party. The following conflicts will enable Belgrade authorities to consolidate their power in advocating themselves as the only guarantors of the State's security. Ten years after the breakdown of communism in Europe, despite the important transformations underway in Serbia, it would be premature to conclude to a stability of the democratic forces, because of the heavy legacy of the Milosevic era and the deep divisions of the former opposition now in office.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Diane Masson
Les freins au processus de démocratisation en Serbie depuis
1990
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°1-2. Sortir de la transition bloquée : Serbie-
Monténégro. pp. 35-57.
Résumé
Le processus de démocratisation était, dès ses prémices, mal engagé en Yougoslavie. Il s'est en effet déroulé dans un contexte
de désintégration de la Fédération et d'affirmation des aspirations nationales. Les conditions du maintien de l'État-parti en Serbie,
au sein d'un pluralisme de façade, ont été posées avant l'été 1991, dans un prélude à la guerre favorable aux ambitions
politiques et territoriales du président serbe Slobodan Milosevic et à l'homogénéisation autour de son parti. Les conflits
permettront par la suite aux autorités de Belgrade de consolider leur pouvoir en faisant croire qu'elles sont les seules garantes de
la sécurité de l'État. Plus de dix ans après la chute du communisme en Europe, même si d'importantes transformations sont en
cours en Serbie, il serait prématuré de conclure à une stabilité des forces démocratiques étant donné le lourd héritage de l'ère
Milosevic et les divisions profondes de l'ancienne opposition désormais au pouvoir.
Abstract
The démocratisation process in Yugoslavia has from the beginning got off to a bad start. It developed in a context of
disintegration of the Federation and affirmation of national aspirations. The conditions for the upholding of the State-Party in a
façade pluralism were obviously set before summer 1991, in a prelude to war favourable to Serbia's President Slobodan
Milosevic political and territorial ambitions and to the homogenization around its party. The following conflicts will enable Belgrade
authorities to consolidate their power in advocating themselves as the only guarantors of the State's security. Ten years after the
breakdown of communism in Europe, despite the important transformations underway in Serbia, it would be premature to
conclude to a stability of the democratic forces, because of the heavy legacy of the Milosevic era and the deep divisions of the
former opposition now in office.
Citer ce document / Cite this document :
Masson Diane. Les freins au processus de démocratisation en Serbie depuis 1990. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest.
Volume 35, 2004, N°1-2. Sortir de la transition bloquée : Serbie-Monténégro. pp. 35-57.
doi : 10.3406/receo.2004.1642
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2004_num_35_1_1642Revue d'études comparatives Est-Ouest, 2004, vol. 35, n° 1-2, pp. 35-57
Les freins au processus de démocratisation
en Serbie depuis 1990
Diane MASSON *
Résumé : Le processus de démocratisation était, dès ses prémices, mal engagé
en Yougoslavie. Il s'est en effet déroulé dans un contexte de désintégration de la
Fédération et d'affirmation des aspirations nationales. Les conditions du maintien
de l'État-parti en Serbie, au sein d'un pluralisme de façade, ont été posées avant
l'été 1991, dans un prélude à la guerre favorable aux ambitions politiques et terri
toriales du président serbe Slobodan Milosevic et à l'homogénéisation autour de
son parti. Les conflits permettront par la suite aux autorités de Belgrade de
consolider leur pouvoir en faisant croire qu'elles sont les seules garantes de la
sécurité de l'État. Plus de dix ans après la chute du communisme en Europe,
même si d'importantes transformations sont en cours en Serbie, il serait
prématuré de conclure à une stabilité des forces démocratiques étant donné le
lourd héritage de l'ère Milosevic et les divisions profondes de l'ancienne opposi
tion désormais au pouvoir.
Abstract. The démocratisation process in Yugoslavia has from the beginning
got off to a bad start. It developed in a context of disintegration of the Federation
and affirmation of national aspirations. The conditions for the upholding of the
State-Party in a façade pluralism were obviously set before summer 1991, in a
prelude to war favourable to Serbia's President Slobodan Milosevic political and
territorial ambitions and to the homogenization around its party. The following
conflicts will enable Belgrade authorities to consolidate their power in advocating
themselves as the only guarantors of the State's security. Ten years after the break
down of communism in Europe, despite the important transformations underway
in Serbia, it would be premature to conclude to a stability of the democratic forces,
because of the heavy legacy of the Milosevic era and the deep divisions of the
former opposition now in office.
Introduction.
Le processus de démocratisation était, dès ses prémices, mal engagé en
Yougoslavie. Il s'est en effet déroulé dans un contexte de désintégration
de la Fédération et d'affirmation des aspirations nationales. En Serbie 1, le
* Docteur en science politique de l'Institut d'Études Politiques de Paris, analyste sur les
Balkans (dianemasson@club-internet.fr).
1. Cet article est avant tout consacré à la vie politique des Serbes de la « Serbie étroite »,
c'est-à-dire hors provinces. De même, les relations entre la Serbie et le Monténégro et leurs
éventuelles incidences sur le processus de démocratisation serbe ne sont pas spécifiquement
étudiées. Diane Masson 36
nouveau pouvoir issu des premières élections libres s'est construit en
opposition aux « ennemis » qu'il avait désignés : les ennemis extérieurs
(Croates, Slovènes, communauté internationale...) mais aussi les ennemis
intérieurs, c'est-à-dire ceux qui remettent en cause la politique et la légit
imité du parti au pouvoir, allant des opposants et des journalistes indépen
dants aux personnes différenciées sur des bases ethniques et accusées
d'agir contre l'unité et la souveraineté de l'État. Déjà éprouvé par le
nationalisme de la fin des années 1980, le processus de démocratisation est
une nouvelle fois freiné au moment de l'élaboration du nouveau système
politique, avec l'instauration d'un régime présidentiel fort. Les conditions
du maintien de PÉtat-parti, au sein d'un pluralisme de façade, sont posées
avant l'été 1991 dans un prélude à la guerre favorable aux aspirations poli
tiques et territoriales du président serbe, Slobodan Milosevic, et à l'homo
généisation autour de son parti.
L'éclatement des conflits, en Croatie puis en Bosnie-Herzégovine, va
permettre par la suite aux autorités de Belgrade de consolider leur
pouvoir en faisant croire qu'elles sont les seules garantes de la sécurité de
l'État. Grâce aux guerres, l'existence d'ennemis acquiert toute son
ampleur et devient indispensable à la survie du régime dans le sens où elle
permet, à la fois, de fausser le débat partisan et de réduire le champ d'ac
tion de l'opposition, ainsi que de déplacer l'attention des populations,
moins préoccupées de juger leurs propres dirigeants que de blâmer les
divers ennemis pour leurs problèmes quotidiens. La cause nationale
supplante toute autre cause et permet l'utilisation politique de la guerre
comme outil de consolidation du pouvoir en place. La même stratégie sera
mise en œuvre en Croatie (Masson, 2002). C'est ce processus que nous
étudierons ici en nous attachant à retracer les obstacles à la démocratisat
ion au cours de la période 1990-2000, mais également les freins subsistant
à la suite de la destitution de S. Milosevic.
1. Un pluralisme politique dévoyé
Les premières élections libres de 1990 ont contribué à accentuer le
processus de désintégration de la Yougoslavie 2. Selon Juan Linz et Alfred
Stepan, les « élections fondatrices » jouent un rôle primordial dans la lég
itimation du nouveau pouvoir. Si un pays est confronté à des problèmes
étatiques, il est très important que les élections soient d'abord organisées
sur la totalité ou, au moins, sur une grande partie de son territoire (Linz &
2. La Slovénie est la première des républiques yougoslaves a avoir organisé des élections, le
8 avril 1990, marquant la victoire de la coalition d'opposition DEMOS et du président e
xcommuniste Milan Kucan. Elle est suivie de la Croatie, avec la victoire du HDZ, puis de la
Macédoine les 1

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