Les Indiens Uro-Čipaya de Carangas. - article ; n°1 ; vol.27, pg 111-128
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1935 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 111-128
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Métraux
Les Indiens Uro-Čipaya de Carangas.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 27 n°1, 1935. pp. 111-128.
Citer ce document / Cite this document :
Métraux Alfred. Les Indiens Uro-Čipaya de Carangas. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 27 n°1, 1935. pp. 111-
128.
doi : 10.3406/jsa.1935.1919
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1935_num_27_1_1919INDIENS URO-CIPAYA4 LES
DE CARANGAS,
Directeur de l'Institut d'ethnologie PAR A. de MÉTRAUX, l'Université de Tucumán (Argentine).
(Planche VI).
Avant-propos.
Dans les .pages suivantes je me propose d'exposer les observations que
j'ai pu faire sur l'organisation sociale, la religion et la vie matérielle
des Indiens Uro-Cipava parmi lesquels j'ai vécu au cours d'une expédi
tion réalisée sur le haut-plateau bolivien pendant l'été 1930-1931. La
chance m'a singulièrement favorisé tout au long de mon séjour. Je 'me
suis trouvé là au moment même où ces Indiens célébraient la plupart de
leurs fêtes, et, un heureux hasard m'ayant permis d'assister à la première,
les Gipaya, convaincus de mes sentiments respectueux et enchantés de
mes distributions de coca et d'alcool, ne craignirent pas de me convier
1. On trouvera dans Créqui Montfort (G. de) et Rivet (P.), La langue uru ou pukina
(Journal de la Société des Américanistes de Paris, nouvelle série, t. XVII, 1925,
pp. 211-244; t. XVIII, 1926, pp. 111-199 ; t. XIX, 1927, pp. 57-116) la bibliographie
complète et des extraits de toutes les publications concernant les Uro-Čipaya parues
jusqu'en 1927. Je ne signalerai ici que les articles postérieursà cette date où l'on peut
obtenir quelques renseignements sur cette curieuse tribu. Buck (Fritz), Ein wenig
bekannter Indianerstamm des bolivianischen Hochlandes (« Cosmos », 26 Jahrgang, 1929
pp. 12-1 5 et 54-56) ;Tuoll (Karl) , An expedition to the central Andes 1926 to 1928 (Geographical
Review, published by the American Geographical Society of New- York, april 1929,
pp. 234-247). J'ai fait connaître quelques-uns des résultats de mon expédition dans
divers articles de vulgarisation dont voici la liste : Métraux (Alfred), Los Chipayas
constituyen un pueblo de antigua data ètnica en una de las regiones nids desoladas del altiplano,
(« La Patria ». Oruro, 13 et 14 mars, 1931] ; Id. : Un mundo perdido. La tribu de los Chi
payas de Carangas (« Sur », Aùo 1, n° 3, Buenos Aires, 1931, pp. 98-131) ; Id. : Un rincôn
delà America preliis tór ica en el altiplano boliviano («LaPrensa », Buenos-Àires, 9 août 1931) ;
Id. : Fran en Fôrsvunnen Varld, Chipayaindianerna pâ Bolivias hôgslàlt (Gôteborgs Handels-
Och Sjôfarts-Tidning, samedi, 3 octobre, 1931, pp. 3 et 7) ; Id. : El Institute de
etnologia de la Universidad Nacionál de Tucumán (« La Nación », Buenos-Âires,
sa medi, 9 juillet 1932, p. 9) ; Id. : Chipayaindianerna. En folkspillra /rán en J or gang en andinska
Kultur (Y me v. Stockholm, âig. 1932, II. 2 o. 3, pp. 233-271,. ,
|
,
,
112 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES
aux suivantes. Je fus secondé dans mon enquête par un interprète
aymara que j'avais amené avec moi d'Oruro et qui déploya un zèle que
j'étais loin d'attendre d'un représentant de sa race. 11 me servit cons-
Liecjen.de. : Routes -
Millps Anglais О 1О 20 30 ЬД SO
Kilomètres
о 1О го so to so so 70
Carte 1. — Province de Carangas, d'après J.-B. Minchin.
tamment d'intermédiaire auprès des Gipayaet il lui arrivait de mener pour
son propre compte des recherches dont il me communiquait les résultats.
Sans lui, l'intelligence des prières et des formules sacrées que je
recueillis m'eût été très difficile. Les Gipaya, s'ils parlent tous couram
ment l'aymara, connaissent mal l'espagnol. Ceux qui le baragouinent LES INDIENS URO-ČIPAYA DE CARANGAS 113
ne sont ni les plus doués ni les plus instruits des choses du passé et je
n'aurais eu en eux que de piètres informateurs.
Un contact encore plus prolongé avec les Gipava ne m'eût guère apporté,
je le crains, de faits nouveaux. Lorsque je quittai ces Indiens, ils avaient
célébré en ma présence presque tout le cycle de leurs grandes fêtes et
pour participer à la prochaine il m'eût fallu attendre près de six mois.
Leur rituel est d'ailleurs fort pauvre : toutes les cérémonies, quel qu'en
soit l'objet, se déroulent toujours suivant un scheme identique. Quant
aux croyances religieuses proprement dites, je doute fort qu'une inti
mité plus étroite avec ces Indiens m'en eût fait découvrir de nouvelles.
N'oublions pas que les Cipaya ne sont plus qu'une poignée, que depuis
trois cents ans au moins ils sont chrétiens et qu'ils se trouvent aujour
d'hui dans un état d'infériorité intellectuelle réellement affligeant. Les
individus que j'ai traités de près m'ont toujours donné l'impression de
m'avoir communiqué tout ce qu'ils savaient sur les points que je désirais
connaître. C'était généralement peu de chose. Je crois n'avoir pas été
victime de leur réserve ou de leur dissimulation, car mes informateurs
n'ont jamais nourri de sentiments hostiles à mon endroit, en apparence
du moins. J'ai aussi la conviction qu'ils ont fait effort pour me donner
satisfaction. Ils y étaient poussés par leur propre intérêt, puisque j'ai
toujours cherché à récompenser généreusement chaque renseignement.
Ici comme en beaucoup d'autres endroits, l'ossature de l'ancienne religion
s'est maintenue presque intacte, mais les représentations dont cet ensemble
de rites était l'expression ont disparu à jamais. Les mythes que j'ai pu
recueillir ne sont eux-mêmes que de vagues réminiscences de traditions
plus complexes. Mes documents n'en offrent pas mains un certain intérêt
en ce qu'ils nous donnent sous une forme complète la description d'un
grand nombre de fêtes et de rites caractéristiques de la religion populaire
dans l'empire des Incas et qui, jusqu'ici, n'étaient connus que fragmen-
tairement. Ils permettent d'établir l'existence de certains cultes, comme
ceux des animaux ou des plantes mal'ku, sur lesquels nous n'avions que
des indications imparfaites.
La transcription phonétique des sons indigènes adoptée au cours de
cet article est la même que celle qu'emploie le Dr. Paul Rivet dans l'ar
ticle cité ci-dessus (note 1, p. 111) с correspond au « ch » espagnol : š au
« ch » français, j est une aifriquée qui en français serait transcrite par
« dj » ; x est le « j » espagnol et /', le « 11 » de la même langue. Le signe
combiné kx est une mi-occlusive dont la détente produit un son voisin du
«j» espagnol. L'occlusion gutturale est indiquée par l'esprit rude. La
voyelle e est un e très ouvert voisin du a fermé.
Société des Américanisles, 1935. 8 ,
114 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
La tribu et le milieu.
Situation des Cipaya. — Les Indiens Cipaya forment aujourd'hui encore
une petite tribu semi-indépendante, située dans le sud de la province de
Carangas, dans le département d'Oruro (Bolivie) (Carte 1). La superficie
de leur territoire est approximativement de 100 km2. a
Le village de Chipaya proprement dit se trouve à une trentaine de
kilomètres au nord des marais salants de Coipasa et à une ving-taine de du Cerro Camacha, premier éperon de la Cordillère à l'ouest.
A l'est, Chipaya est éloigné de plus d'une centaine de kilomètres des bords
marécageux duPoopó. Le village ne s'élève pas sur les rives durio Barras
ou Chipaya comme l'indique la carte de la Mission de Créqui-Montfort,
la meilleure que nous possédions du haut-plateau bolivien. Le rio Llauca
qui coule à l'ouest, en est distant de 10 à 12 kilomètres. Comme toutes
les cartes que j'ai eues sous les yeux font passer le rio Barras entre le
Llauca et le village de Chipaya, j'ai entrepris quelques excursions de
différents côtés pour vérifier la chose. Au nord-est de Chipaya, à environ
7 kilomètres, j'ai rencontré le lit d'une rivière à sec qui correspond peut-
être au cours du rio Barras tel qu'il est tracé sur quelques car

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