Les industrialisations endogènes - article ; n°118 ; vol.30, pg 413-421
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Description

Tiers-Monde - Année 1989 - Volume 30 - Numéro 118 - Pages 413-421
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 40
Langue Français

Extrait

Claude Courlet
Les industrialisations endogènes
In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°118. pp. 413-421.
Citer ce document / Cite this document :
Courlet Claude. Les industrialisations endogènes. In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°118. pp. 413-421.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1989_num_30_118_3846LES INDUSTRIALISATIONS ENDOGENES
par Claude Courlet*
l'industrialisation comme processus émergent
Le mode de développement qui a prédominé ces trente dernières années et qui
a tendu à se généraliser est désormais en crise.
Cette crise que les difficultés économiques font mieux ressortir s'accompagne
d'une remise en cause de l'idéologie même du développement et de la modern
isation, concepts jusqu'alors étroitement liés à l'industrialisation de l'agriculture,
à la grande industrie, aux pôles de croissance et à la grande dimension. L'indust
rialisation et le développement ne peuvent plus être présentés comme une rupture
ou un scandale, ni comme un mouvement centrifuge prenant son origine de
quelques secteurs, industries, de certains centres d'où il diffuse au reste de
l'économie1.
L'observation de la réalité (au Nord comme au Sud) montre, au contraire, la
possibilité d'orientations plus endogènes et davantage territorialisées. Celles-ci
ouvrent des marges de manœuvres nouvelles et permettent de poser les problèmes
de développement dans de nouvelles conditions. L'industrialisation et le déve
loppement ne nécessitent pas forcément l'harmonie forcée ou planifiée des acteurs
et celle des facteurs de croissance. Le dynamisme économique ne se conçoit
pas sans incertitudes et sans irrationalité et peut être étranger à tout contrôle
central et à tout ordonnancement contraignant*. Le développement peut être
le résultat d'une séquence d'initiatives à la fois volontaires et non ordonnées
pour affronter et pour tenter de résoudre un problème central d'une société.
Les mouvements évoqués renvoient à un mode d'industrialisation tout à fait
original car ils mettent en évidence des dynamiques nouvelles : l'industrialisation
à partir de petites initiatives et le développement de pme par essaimage. Ces
dynamiques industrielles recoupent également des comportements spatiaux nou
veaux. Il s'agit d'un type d'industrialisation en constante évolution permettant
un progrès sans ruptures par rapport à ses racines historiques et culturelles.
* IREP-Développement, Université des Sciences sociales de Grenoble.
1. C. Courlet, P. Judet, Industrialisation et développement : la crise des paradigmes,
Bévue Tiers Monde, n° 107, juillet-septembre 1986.
2. A. O. Hirschmann, Face au déclin des entreprises et des institutions, Ed. Ouvrières, 1973.
Revue Tiers Monde, t. XXX, n° 118, Avril- Juin 1989 414 CLAUDE COURLET
Cet état soutenu de dynamisme industriel endogène est l'objet d'une impulsion
initiale d'acteurs privilégiés et il tend par la suite à se soutenir face à l'extérieur et
face à la venue d'autres acteurs attirés par cet activisme.
I. — UN PHÉNOMÈNE À LOCALISATION VARIABLE
Les industrialisations endogènes, qualifiées également de diffuses, spontanées
ou rampantes, se développent au Nord comme au Sud.
Dans les pays européens, elles se développent dans certaines zones sous
forme d'entreprises personnelles et familiales.
En France, on les rencontre dans le Choletais (autour de la chaussure et du
prêt-à-porter), en Auvergne, à Thiers (capitale française de la coutellerie), en
Rhône-Alpes, dans la vallée de l'Arve (décolletage), à Oyonnax (transformation
des plastiques), dans le Roannais (textile).
En Italie, les industrialisations endogènes se situent dans les régions du
Nord-Est et du Centre; elles recoupent un territoire regroupant 37 % de la
population nationale.
En Espagne, elles se développent : dans la province de Valence, où la population
animée par la présence des classes moyennes, enrichie des relations avec les
immigrés, s'oriente de façon massive vers une industrialisation spontanée qui
profite d'une tradition manufacturière3; dans les plaines au nord de Barcelone,
où alternent zones de cultures spécialisées et petites villes devenues le siège
d'industries nouvelles comme la maille à Matara; dans la vallée du Vinalopo, entre
Madrid et Alicante, qui est la première région espagnole pour l'industrie de la
chaussure4.
Au Portugal, les industrialisations endogènes se concentrent dans le nord
du pays, dans les districts de Braga, Aveiro et Porto qui regroupent 48 % de
l'emploi et 43 % de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière portugaise.
Dans les pays en développement, les initiatives autochtones qui répondent
aux critères de l'industrialisation endogène sont également multiples.
Il y a le foisonnement asiatique avec les centaines de fabricants de parapluies
et le millier de producteurs de meubles à Taiwan; avec les nombreux petits relami
neurs dans la sidérurgie en Corée du Sud; avec les cottage industries en asean5.
Il y a le développement des petites entreprises en Tunisie où la multipli
cation des promoteurs venant d'horizons divers (techniciens, ingénieurs, cadres
supérieurs, enseignants, artisans) prouve à l'évidence que le désintérêt général
3. T.-P. Houssel, Géographie rurale, géographie sociale, Revue de Géographie de Lyon,
1984/3.
4. J.-P. Les industries autochtones en milieu rural, Revue de Géographie de
Lyon, 1980/4.
5. J.-R. Chaponnière, Petite production marchande dans les pays de Г asean, in Secteur
informel et industrialisation diffuse dans les nouveaux pays industrialisés, Cahier IREPj Dévelop
pement, 9/1985. LES INDUSTRIALISATIONS ENDOGÈNES 415
pour la production industrielle moderne de petite ou de moyenne échelle n'est
plus d'actualité dans ce pays.
Le même constat peut être effectué au Cameroun où existe un dynamisme
industriel porté par des acteurs locaux jusque-là identifiés ou reconnus. On
assiste à la montée en puissance d'un secteur privé de pme par la transformation
d'artisans, de certains grands chefs coutumiers, de grands planteurs, en agents
économiques modernes et par l'entrée en entreprise déjeunes diplômés nationaux9.
II. — UN PROCESSUS D'INDUSTRIALISATION SPÉCIFIQUE
Importance des initiatives entrepreneuriales
Les entrepreneurs sont les acteurs économiques et sociaux principaux pour
expliquer le nouveau dynamisme industriel. Souvent, leurs initiatives l'emportent
sur celles de l'extérieur et sur celles des institutions. Ces dernières sont cependant
indispensables et complémentaires.
La création d'entreprise peut avoir plusieurs origines :
— création de petites entreprises à partir de l'artisanat ou du secteur informel;
— installation sous forme artisanale d'un ouvrier ou d'un agent de maîtrise;
—d'un cadre, d'un diplômé à son compte;
— les petites et moyennes entreprises qui essaiment autour d'elles.
Souvent, on note la jeunesse et la fragilité des établissements (forte natalité,
mais aussi forte mortalité durant les premières années d'existence).
Une industrialisation de mouvement
Les petites entreprises sont mues par un capital limité. Les entrepreneurs
des industrialisations endogènes sont des fondateurs. Us conçoivent et lancent
l'affaire même s'ils sont plusieurs. Ils ont la propriété de l'affaire ou sont fort
ement impliqués dans celle-ci. L'entrepreneur prend le risque et reste attaché
à son entreprise. Il s'agit d'une industrialisation de mouvement et non d'un
capitalisme patrimonial.
Plusieurs traits caractérisent ce processus de création :
— prise de risque commercial, financier et technique;
— imitation comme mode d'entrée des entreprises dans l'économie. Mais cette ne se résume pas à des groupes d'imitateurs individuels autour
d'initiateurs individuels; elle est médiatisée par un milieu, un contexte, d'où
une autre caractéristique fondamentale ;
6. C. Courlet, R. Tiberghien, Développement décentralisé des petites et moyennes entre
prises en Afrique sub-saharienne : monographie sur le Cameroun, irep-d., janvier 1986. 416 CLAUDE COURLET
— permanence et importance d'une base communautaire et de sol

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